Citations de Romain Gary (5294)
- Rien ne vaut la peine d'être vécu qui n'est pas d'abord une œuvre d'imagination, ou alors la mer ne serait plus que de l'eau salée... Tiens, moi, par exemple, depuis cinquante ans, je n'ai jamais cessé d'inventer ma femme. Je ne l'ai même pas laissée vieillir. Elle doit être bourrée de défauts que j'ai transformés en qualités. Et moi, je suis à ses yeux un homme extraordinaire. Elle n'a jamais cessé de m'inventer, elle aussi. En cinquante ans de vie commune, on apprend vraiment à ne pas se voir, à s'inventer et à se réinventer chaque jour qui passe. Bien sûr, il faut toujours prendre les choses telles qu'elles sont. Mais c'est pour mieux leur tordre le cou. La civilisation n'est d'ailleurs qu'une façon continue de tordre le cou aux choses telles qu'elles sont...
M. Pinder fut arrêté un an plus tard et ne revint jamais de la déportation ; sa femme non plus, bien qu'elle ne fût jamais déportée.
Car la solitude n'est pas de vivre seul, mais d'aimer seul : ne jamais rencontrer celle qui ne vous aimera jamais, voilà peut-être la définition la plus juste du bonheur humain.
Vous m'avez demandé pourquoi j'ai adopté un python et je vous le dis. J'ai pris cette décision amicale à mon égard au cours d'un voyage organisé en Afrique.
Qu il suffisait de se reclamer de la liberte pour opprimer, de la fraternite pour fusiller, et de l egalite pour grimper sur le dos du peuple et s y installer a son aise
- Voilà. Je vous demande d’accorder à vos hommes la permission de venir aux petites sauteries que je compte organiser désormais chaque dimanche.
Je ne m’étonne pas facilement. Mais j’en suis resté bouche bée cinq bonnes minutes au moins !
- Alors, c’est accordé, Sergent, vous êtes un ange. Et Jean qui prétendait que vous ne voudriez jamais !
Et elle s’en fut : je n’ai pas eu le temps de placer un mot. Des petites sauteries au cœur de la forêt vierge ! Vous avez déjà entendu une chose pareille ? Moi pas.
...] il y a des instants qui ont de la mémoire. L'éphémère vit d'éclairs et je ne demande pas au bonheur une rente.
Il y avait dans ses yeux encore plus de peine qu'il n'en faut parfois pour faire un regard d'homme.
Je ne suis pas découragé. Mais mon amour excessif de la vie rend mes rapports avec elle très difficiles, comme il est difficile d’aimer une femme que l’on ne peut ni aider, ni changer, ni quitter.
c'est un livre que j'ai mis beaucoup de temps à commencer à lire malgré ma curiosité................j'ai aimé le lire tant que Romain Gary vivait avec sa mère. Cette femme et ses lubies m'ont impressionnées, Romain Gary a tourné tous ses travers en dérision. J'ai aimé ces passages. Par contre, lorsqu'il s'engage à l'armée et s'éloigne de sa mère, j'ai trouvé le livre très mais très ennuyeux donc je ne l'ai pas fini..........mais je vais tenter un autre roman de cet auteur.
Son caniche le regardait anxieusement car il n'est pas facile de comprendre un homme.
La seule valeur humaine de l'indépendance est une valeur d'échange. Quand on garde l'indépendance pour soi tout seul, on pourrit à la vitesse des années-solitude. (p78)
La frigidité, c'est lorsque la morale et la psychologie couchent ensemble. (p92)
La faiblesse a toujours vécu d'imagination. La force n'a jamais rien inventé, parce qu'elle croit se suffire. C'est toujours la faiblesse qui a du génie. (p125)
Une hirondelle ne fait pas le printemps.
S'il nous fallait des mots comme à des étrangers qui n'ont que ça à se mettre, ce n'était pas la peine de se comprendre.
-Michel, le bouche à bouche peut ramener à la vie, mais ce n'est pas une façon de vivre.
- Nous vivrons après.Pour l'instant, il s' agit seulement de donner une chance à la chance. C'est une époque où tout le monde gueule de solitude et où personne ne sait qu'il gueule d'amour. Quand on gueule de solitude, on gueule toujours d'amour.
Je suis un homme libre. Je refuse d'être l'esclave du bonheur. Tous les bonheurs se valent : on est heureux, on jouit de la vie, c'est la fin de la révolte. Là où il y a du bonheur, il n'y a pas de révolte, et je vous défie de me prouver que ce n'est pas vrai. Le bonheur, c'est l'opium du peuple, la stagnation, c'est le malheur qui fait le progrès, c'est l'aiguillon qui vous pousse en avant
Le chef d'oeuvre demeurait inaccessible, éternellement latent, éternellement pressenti, mais toujours hors de portée [...] Personne ne viendra vous aider à saisir la dernière balle, quel que soit le prix que vous y mettiez. Il y a bien toute une flopée de margoulins qui se donnent des airs, qui se déclarent preneurs, et je ne dis pas qu'on ne peut pas s'arranger avec eux un certain profit. On peut. Ils vous offrent le succès, l'argent, l'adulation des foules. Mais c'est de la bouillie pour les chats et lorsqu'on s'appelle Michel-Ange, Goya, Mozart, Tolstoï ou Malraux, on doit mourir avec le sentiment d'avoir fait de l'épicerie. (p.131-2)
Ce fut durant une de ces algarades que je devins pour la première fois et indiscutablement un homme et, pour employer la formule du vieux Chaucer, je me mis à grandir d'un seul côté.
Ce que la vieillesse a appris est en réalité tout ce qu'elle a oublié, la haute sérénité des vieillards à barbe blanche et au regard indulgent me semble aussi peu convaincante que la douceur des chats émasculés et, alors que l'âge commence à peser sur moi de ses rides et de ses épuisements, je ne triche pas avec moi-même et je sais que, pour l'essentiel, j'ai été et ne serai plus jamais.