Citations de Romain Gary (5294)
On dit tant de bêtises sur la naissance! Il ne suffit pas de venir au monde pour être né. "Vivre", ce n'est ni respirer, ni souffrir, ni même être heureux, vivre est un secret que l'on ne peut découvrir qu'à deux. Le bonheur est un travail d'équipe.
Pendant longtemps ,je n'ai pas su que j'étais un arabe parce que personne ne m'insultait .On me l'a seulement appris à l'école .Mais je me battais jamais ,ça fait toujours mal quand on frappe quelqu'un.
Annette s'était d'ailleurs découvert à cette époque un penchant pour les rois et elle regrettait qu'il n'y en eut pas davantage. Elle comprenait parfaitement qu'il fallait en tuer un, de temps en temps, pour leur apprendre à bien se conduire et à ne pas exagérer, mais elle aimait bien le panache qui entourait leur entrée, la pompe et la musique, le décor de pourpre et d'or, les sabres au clair et les plumes, les tiares et les révérences, on en avait vraiment pour son argent.[...]
Il n'y a jamais assez de couleur, d'éclat et de jolis costumes dans le monde et les rois sont là pour le plaisir des yeux. Pour le reste, il n'y avait qu'à les empêcher de gouverner. Peu lui importait d'ailleurs qu'ils finissent tous sous la guillotine, pourvu qu'on les y menât en grand tralala.
Je devais avoir trois ans quand j'ai vu Madame Rosa pour la première fois. Avant, on n'a pas de mémoire et on vit dans l'ignorance. J'ai cessé d'ignorer à l'âge de trois ou quatre ans et parfois ça me manque.
Rien de plus aberrant que de vouloir juger les siècles passés avec les yeux d'aujourd'hui.
Elle a pris une fois par toutes le parti de tout avaler. Avec enthousiasme, parce c'est Dieu qui présente le plat. Elle a eu tant de malheurs dans sa vie qu'elle ne peut plus qu'être heureuse.
Parfois, tuer la sensibilité, c'est une question de survie.
Aimer est une aventure sans carte et sans compas où seule la prudence égare.
Quand elle s'est vue entourée de Noirs à demi nus aux visages verts, blancs, bleus et jaunes qui dansaient autour d'elle en ululant comme des peaux-rouges pendant que Monsieur Waloumba jouait de son instrument magnifique, elle a eu tellement peur qu'elle a commencé à gueuler au secours au secours à moi.
Je sais qu'il existe aussi des amours réciproques, mais je ne prétends pas au luxe.
Ce qu'il y a d'affreux dans le nazisme, dit-on, c'est son côté inhumain. Oui. Mais il faut bien se rendre à l'évidence : ce côté inhumain fait partie de l'humain. Tant qu'on ne reconnaîtra pas que l'inhumanité est chose humaine, on restera dans le mensonge pieux.
J'ai eu la vérole deux fois, alors, les nazis, ça ne fait jamais que la troisième.
Ah ! l'affaire homme ! dit -il presque tendrement. Les endroits où l'homme place son honneur, c'est incroyable...Les couilles devraient pousser sur la tête, comme une couronne.
Dès qu'un homme se met à parler "femmes", au pluriel, sur un ton de complicité masculine entre connaisseurs de viande sur pied, je ressens à son égard une montée de haine presque raciste. Et j'ai toujours eu horreur de ces racolages confidentiels qui impliquent la fréquentation des mêmes bas-fonds psychologiques.
Je me méfie un peu des choses "qui s'arrangent". Cela fait parfois deux vaincus au lieu d'un seul.
J'ai parfois l'impression que l'on vit dans un film doublé et que tout le monde remue les lèvres mais ça ne correspond pas aux paroles. On est tous post-synchronisés et parfois c'est très bien fait, on croit que c'est naturel.
Il va venir, il va venir, je veux qu'il vienne. Comme à dix-sept ans. Il ne faut pas se fier aux cheveux blancs, à la maturité, à l'expérience, à tout ce que l'on a appris, à tous les coups qu'on a pris sur la gueule, à ce que murmurent les feuilles d'automne, à ce que la vie fait de nous quand elle essaie vraiment.
Car après tout les grands conflits de l'Histoire, il y a toujours eu, soit une renaissance splendide de la foi, soit des révolutions barbares.
"un seul être vos manque et tout est dépeuplé ", écrivait Lamartine, mais je dirais plutôt : "un seul être est là et tout est dépeuplé". Il suffisait que Térisina fut près de moi pour que le monde et les hommes, les princes et les humbles, les choses et les multitudes vivantes perdent leur présence, s'éloignent et deviennent les lointains éléments d'un décor en trompe l'œil dont aucun tumulte, aucune beauté ni horreur ne parvenait à attirer mon attention
Lorsque Téresina était là tout ce qui vit, tout ce qui meurt me paraissait en suspens, mis en attente par un ordre souverain.
c'est aussi la première fois que le peuple a compris quelles armes puissantes le rire et l'irrespect pouvaient devenir et c'est ainsi qu'est née la commedia, l'Arlequin et la liberté. C'est pourquoi jusqu'à ce jour toutes les pestes du monde craignent le rire par-dessus tout, car celui-ci possède des vertus désinfectantes qui sont fatales aux Puissants...