Citations de Ron Rash (745)
Au fil des années, j’avais appris que la meilleure façon de résoudre un problème c’etait parfois de lui laisser croire que vous étiez occupé à autre chose, à remplacer une ampoule grillée sur la galerie, ou à réparer un robinet qui fuit. La solution finirait par montrer le bout de son nez et vous apparaîtrait clairement.
C’était si près d’eux
S’ils avaient eu des yeux pour le voir.
(G.M. Hopkins)
Un avertisseur de voiture la fit sursauter et elle sut que, dût-elle passer ici le restant de son existence, jamais elle ne s’habituerait à la bousculade de la vie citadine, à l’idée qu’il y avait toujours quelque chose qui allait ou venait et que ce quelque chose faisait toujours du bruit. Et pas un de ces bruits apaisants comme le murmure d’une rivière, ou la pluie sur un toit de tôle, ou l’appel d’une tourterelle, mais un tapage rude et désagréable, qui n’avait aucun rythme, auquel on ne pouvait pas adapter ses pensées.
À présent, un flot régulier d’hommes en quête de travail arrivait au camp. Certains campaient au milieu des souches et des branchages, attendaient des jours durant qu’un bûcheron estropié ou mort soit redescendu des bois par ses camarades, dans l’espoir d’être celui qui le remplacerait.
Dans ce monde où qu’on vit, tout a sa place naturelle et si on enlève quelque chose, ou qu’on ajoute quelque chose que ça devrait pas être enlevé ni ajouté, tout le reste, y se retrouve bancal et mal fichu.
Les longues années passées au grand air avaient ridé son visage, toutefois ses yeux débordaient de jeunesse. Ils étaient bleus, mais d’un bleu qui allait en s’assombrissant plus on plongeait son regard profondément en eux.
Trouant l'épaisseur de la canopée, des échasses de soleil arpentent le sol.
Tout au fond de moi qui suis-je ? ... Il y a des gens qui vivent toute leur vie sans connaître la réponse. D’autres la connaissent et, la tête haute ou basse, vivent avec.
C’est pas parce qu’on a de l’instruction qu’on ne peut rien faire d’autre.
Mieux valait la solitude car elle ne permettait pas qu’existe un miroir à son propre chagrin.
Après la mort, tout dans une maison semble vaguement transformé – la couleur d’un vase, la longueur d’un lit, le poids d’un verre sorti d’un placard. Peu importe le nombre de stores qu’on relève et de lampes qu’on allume, la lumière est plus pâle. Les ombres qui, comme des toiles d’araignées, tapissent les encoignures prennent de l’ampleur et s’épaississent. Les pendules sont un peu plus bruyantes, le silence qui sépare les secondes est plus long. La maison elle-même paraît être de guingois, comme si les fondations avaient été étalonnées en fonction du poids et des déplacements du défunt.
Les deux aiguilles étaient sur le III, pointées à l’ouest en direction du vallon. Elle ne put chasser l’idée que ces aiguilles bloquées représentaient une sorte de présage. Ce pouvaient être deux flèches arrêtées en plein vol ou deux flèches réunies dans le même carquois.
Un peu de mystère, ça rend toujours une nana plus intéressante, non ?
Les superstitions ne sont rien d’autre que l’ignorance de la cause et de l’effet.
Autrefois, nous avions été bien plus proches que je ne l'ai jamais été de mon autre frère et de ma sœur.
« Vous êtes tellement pareils, les garçons, que vous pourriez bien partager la même ombre », disait maman quand nous étions plus petits.
Elle se rendit compte qu’on pouvait avoir aussi faim de mots que de nourriture, parce que leur absence creusait le même vide au-dedans de vous, un vide qu’il fallait combler pour pouvoir affronter une nouvelle journée.
C'est peut-être le plus grand bienfait que nous accorde l'enfance, ai-je songé tandis que papa posait mon assiette devant moi, de croire que jamais rien ne change.
Ça ressemble à quoi, le silence ?
La plupart des gens choisissent généralement l'identité qui sera la leur pendant leur vie entre l'adolescence et leurs 25-30 ans. Là, durant cette période, ils expérimentent différents styles, différents modes de vie, de pensée. Ils pourront être punks, hippies, dandys ou métalleux, gauchistes ou réactionnaires. Mais à partir de 30 ans, tout se fige. Ils font un choix, et ne s'en éloignent jamais vraiment beaucoup.
Je me fabrique un souvenir qui ne va pas tarder à m'être nécessaire.