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Critiques de Seicho Matsumoto (126)
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Le point zéro

Matsumoto a souvent été comparé à Simenon, certainement pour l’humanité de ses personnages. Je pense qu’i faut plutôt aller chercher l’explication dans ce qu’écrit Takashi Atoda sans sa postface : « L’une des caractéristiques de l’écriture de Seichô Matsumoto c’est qu’en racontant l’individu, il nous raconte également la société. » Ce qu’il fait magnifiquement dans Le Point zéro, un roman dans lequel une histoire de disparition et de crimes qui y sont liées l’amène à évoquer le rôle des « pan-pan », ces jeunes femmes qui ont exercé la galanterie après la défaite du Japon et l’occupation américaine.



Mais il y a aussi un côté « whodunit » dans ce livre et les lecteurs ont intérêt, comme dans Tokyo Express à ne pas se perdre dans les horaires et les itinéraires des déplacements ferroviaires et routiers de Teiko, partie à la recherche de son mari et de la vérité. Roman noir sur le passé qui peut vous rattraper, Le Point zéro évoque également la question de la double vie, celle d’avant et celle d’après, mais aussi les existences que l’on peut mener simultanément. Sur ce thème, Matsumoto rejoint Simenon dans ce très beau roman.

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Le vase de sable

L'inspecteur Imanishi enquête sur un meurtre et des décès suspects.

Cela se passe dans un Japon d'après-guerre sans internet, sans téléphone portable...à la fois dans des milieux modestes et dans les mouvements artistiques d'avant-garde.





L'enquête est difficile : l'inspecteur pour tenter d'arracher la vérité doit payer de sa personne en enquêtant sur place, en notant patiemment les faits, en recoupant manuellement . Une grande partie de l'enquête l'amène justement à prendre les trains japonais.



Note personnelle : Bien avant le shinkansen, traverser le Japon prenait un temps fou.



Avant les deux tiers du roman, peu de faits sont reliés entre eux. On est complètement dans le brouillard. L'inspecteur fait preuve d'abnégation et d'acharnement. Sa vie familiale est mise au second plan. On peut dire que de ce point de vue c'est un roman très japonais qui met en avant l’assiduité au travail par rapport à l'intuition.



Le roman gagne en suspens au fur et à mesure que les éléments se mettent en place. C'est donc un polar très différent des romans policiers actuels aux rythmes plus soutenus, aux chapitres plus brefs. Il permet de découvrir un Japon aujourd'hui disparu et les changements sociaux et culturels qui ont marqué l'après-guerre.
Lien : http://travels-notes.blogspo..
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Le vase de sable

Peu d’éléments à la disposition du flic Imanishi pour élucider la mort d'un homme, défiguré et écrasé par un train, si ce n'est l'accent entendu par des témoins. c'est le point de départ d'une enquête difficile dans le Japon. d'après guerre.

Il y a beaucoup de personnages, beaucoup de lieux et mieux vaut prévoir une feuille pour noter tous ces personnages.......

L'intrigue est intéressante mais après avoir refermé le livre, je n'ai pas compris le titre....
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Un endroit discret

Alors que sa femme vient de décéder d'un arrêt cardiaque, TsuneoAsai la soupçonne d'avoir eu une double vie. Il mène l'enquête, jusqu'à commettre l'irréparable.

Dans ce roman des masques (Asai donne souvent un faux n'omet se camoufle derrière des verres fumés, sa femme ment àson amant en se faisant passer pour célibataire, l'amant passe pour un bon mari), c'est le cheminement mental d'Asaiqui est intéressant et important. De fonctionnaire d'Etat un peu falot (la cause du meurtre), il se révèle intelligent et méthodique. Assez pour reconstituer la vie de sa femme et retrouver son amant. Mais perdre son sang-froid une fois le perdra. Comme dans Le Facteur sonne toujours deux fois, c'est lorsqu'il se croit le plus à l'abri que tout arrive.

J'ai eu un peu de mal les premiers chapitres, mais au bout d'un petit moment, ça va tout seul. Son raisonnement nous happe, sa routine aussi et la fin, qui se laisse un peu deviner, ménage une petite surprise.
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Tokyo express

Le roman débute par la découverte de deux corps, certainement liée à un double suicide d'amoureux par empoisonnement sur une plage, dans le Kyushu. Le piquant de l'affaire est que l'homme était sous-chef de service d'un ministère et la femme, serveuse sans histoire dans un restaurant. Ce suicide est suspect car une affaire de corruption a éclaté un peu plus tôt dans le même ministère. L'inspecteur "local" Torigai, qui commence l'enquête, suspecte rapidement un certain Yasuda, dirigeant d'une société produisant du matériel pour machine vendu au gouvernement. Mais ce Yasuda a un alibi en béton : il se trouvait à l'autre bout du pays, auprès de sa femme maladive, et ne pouvait pas se trouver à temps sur les lieux du crime... s'il y a bien eu crime. Il fait donc appel au jeune commissaire Mihara, qui trouvera la solution après un grand parcours ferroviaire.



C'est un roman, qui se veut donc ancré dans le réel, où le moindre détail est épluché et analysé avec méticulosité par des policiers pas toujours rasés et pas bodybuildé. Les personnages sont nombreux, mais à la personnalité assez caricaturale: la femme maladive mais jalouse, l'amante amoureuse passionnément ect... On peut reconnaître une certaine ingéniosité dans l'intrigue même si elle n'est pas exceptionnelle (correcte, sans plus). Les enquêteurs ne sont pas spécialement brillants (le lecteur a parfois de l'avance sur eux) mais ils sont tout de même attachants par leurs normalités.



Alors comment expliquer ce succès énorme à son époque ? Ce roman marque une date dans le roman policier japonais, grâce à l'irruption de sujets sociaux : il est décrit une société, qui implose du fait de la confrontation parfois explosive entre le poids des traditions et les exigences du monde moderne. La corruption des instances dirigeantes sera aussi un thème privilégié par la littérature nippone.
Lien : http://toshoedwige.blogspot...
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Tokyo express

Deux suicidés sur une plage isolée du Kyushu, dans le Sud du Japon. L'un est le sous-secrétaire d’un ministère alors sous les feux de l'actualité dans le cadre d'une affaire de corruption, et sa disparition arrange bien ses supérieurs. Le second cadavre est celui d'une jeune serveuse d'un bar tokyoïte.

Rien ne laisse a priori soupçonner qu’il s’agisse là d’une affaire criminelle. Pourtant, l’un des policiers locaux chargés de l’enquête est interpellé par une incohérence anodine mais entêtante : la facture provenant du wagon-restaurant du train dans lequel il est établi que les deux défunts ont gagné le Kyushu ne compte qu’un convive…



Ses doutes contaminent l’inspecteur Kiichi Mihara, venu de Tokyo. Porté par la conviction que ce double suicide est louche, la ténacité avec laquelle il mène l’enquête se heurte au parfait alibi du principal suspect, qui ne pouvait matériellement se trouver sur les lieux du drame au moment où il survint. C’est toutefois cette perfection même qui le préoccupe.



Kiichi Mihara décortique les horaires de train, se plonge dans les implacables enchevêtrements des correspondances ferroviaires, tentant de les tordre pour les faire coller à ses hypothèses, mais rien n’y fait : il se heurte, à chaque fois, à l’inébranlable mur de la logique…



J’étais fort curieuse de cet auteur surnommé "le Simenon japonais", et de ce titre classé dans la Collection Unesco d’œuvres Représentatives.



Le rapprochement avec Simenon est sans doute motivé par la sobriété quasi tranchante avec laquelle Seicho Matsumoto déroule son intrigue, s’attachant aux détails des faits, décrivant minutieusement la réflexion de son inspecteur en proie à des données chiffrées qui contredisent son intuition. Cela a l’avantage de doter son texte d’une dimension intemporelle (pour l’anecdote, c’est une note en bas de page donnant la définition du sushi qui m’a rappelée qu’il a été écrit en 1958), ainsi que celui d’impliquer le lecteur dans l’intrigue, en l’invitant à se creuser les méninges et à tenter de dépasser les apparences en même temps que le héros.



Mais c’est aussi, à mon avis, une limite à la force de ce titre qui, focalisé sur une vision "mécanique", en perd ce qui rend une lecture mémorable : des personnages consistants et/ou une atmosphère prégnante.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Tokyo express

Je ne savais pas qu'autant d'horaires de trains pourraient, un jour, autant me captiver.



Je découvre Matsumoto avec ce polar et le puzzle aux indices qu'il nous a offert m'a totalement subjugué. Alors qu'on se dirigeait vers une banale affaire de double suicide, un inspecteur se retrouve face à une machination lié au temps avec une vague de corruption qui touche le gouvernement.



Malgré une envolée d'informations chiffrées, l'enquête est toujours très lisible et prenante car les protagonistes ont des réflexions logiques. On a la réalité pensive d'un esprit d'inspecteur de police c'est-à-dire celui qui a des doutes, se trompe, réfléchit et se corrige. On a un vrai discours sur la persévérance avec une petite critique finale sur la société de l'époque. Très cérébrale et consciencieux.



Je comprends parfaitement le succès légendaire de ce livre. Il a réussi à nous enchanté avec une intrigue basée sur un parcours de lignes ferroviaires.
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Tokyo express

Un policier à énigme au charme suranné.

L'enquête est menée par un policier dont l'intérêt pour un soit disant double suicide est attisé par les conclusions d'un vieux policier local qui émet des doutes sur cette conclusion un peu trop facile à ses yeux et des soupçons de corruption au sein de l'administration japonaise.

Dès lors nous suivons les réflexions et les déductions pas à pas de cet enquêteur.

L' auteur dénoue le fil du pseudo alibi, doucement, au fil d'horaires de trains, d'avions, d'allers et retours qui peuvent parfois être compliqués à suivre, en plus des noms des protagonistes et des lieux, pas facile à suivre pour l'occidental que je suis.

Il n'y a pas d'action ni même de confrontations malgré les avancées de l'enquête. Un peu comme si le détective menait celle ci en parallèle de la vraie vie, cela surprend, notamment par le fait que jamais au cours du livre nous n'avons l'intervention du ou des auteurs du crime ni même leur point de vue, comme si, ces derniers, tellement sûrs de leur stratagème n'avaient pas besoin d'intervenir.

Une enquête atypique pas dénué de charme et qui correspond bien aux styles des romans policiers japonais que j'ai pu lire, même si, dans le même genre j'ai préféré "le point zero".
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Le point zéro

Second ouvrage de l’Atelier Akatombo que je lis. Un polar japonais d’ambiance des années 50.



Une ambiance de neige dans la province d’Ishakawa au nord du Japon.



Des illustrations en noir et blanc de l’auteur s’ajoutent à l’ambiance de neige du texte.



Le mari de Teiko vient de disparaître quelques jours après leur mariage arrangé. Autant dire que Teiko ne connaît rien de son mari.



La jeune femme va donc mener l’enquête pour découvrir ce qui est arrivé à son mari. Est-il mort ou simplement disparu ?



Une intrigue qui prend le temps de s’installer. Des personnages attachants qui se dévoilent peu à peu.



Comme toujours dans les romans japonais, on guette les silences et les non-dits.



J’ai aimé découvrir le Japon de l’après-guerre : les soldats américains et les femmes japonaises converties en pan-pan. Ce qui m’a fait penser à la trilogie de l’ombre d’Indridason.



Une lecture dépaysante à lire au coin du feu avec un bon thé.



L’image que je retiendrai :



Celle qui donne son titre au roman : le point zéro du Japon.
Lien : https://alexmotamots.fr/le-p..
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Un endroit discret

Difficile de dire, avec la lecture seule de Un endroit discret, si Seicho Matsumoto mérite d'être désigné comme le Simenon japonais. Paru en 1972 dans son pays, le livre est plus un roman socio-psychologique qu'un polar à proprement parler, même si un acte criminel inattendu vient bousculer le rythme plutôt languissant jusqu'alors. L'on se dirrige alors vers un Crime et châtiment version nippone, c'est à dire cruelle et excessivement ironique jusqu'au dénouement, plutôt brutal. Malgré des répétitions et un style sans éclat, Un endroit discret ne manque pas d'intérêt dans ce qu'il dit et montre de la société japonaise de son époque vue à travers le prisme d'un fonctionnaire zélé et laborieux.
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Un endroit discret

Fonctionnaire au ministère de l'agriculture, Tsuneo Asai est momentanément en mission en province. Dérangé au milieu d'un repas d'affaires par un appel téléphonique, il apprend le décès de son épouse Eiko d'une crise cardiaque.



Rentré d'urgence, il est étonné par l'endroit où Eiko est décédée, un magasin de cosmétiques. Eiko menait pourtant une vie calme, sortant peu, habituée à ménager son cœur. Les funérailles passées, Tsuneo se penche sur la vie de son épouse et de fil en aiguille, en vient à nourrir d'étranges soupçons.



Seichô Matsumoto nous décrit le cheminement de ce veuf qui s'interroge sur son épouse défunte : il échafaude différentes théories, mène l'enquête, interroge le personnel de maisons de rendez-vous, ... L'enquête est lente, méticuleuse.





L'infidélité de l'épouse avérée, le roman prend une tout autre tournure mais reste passionnant jusqu'au dénouement final. L'auteur nous offre ainsi un polar psychologique pour le moins atypique où les traditions et les convenances au sein de la société japonaise occupent une grande place.
Lien : http://nahe-lit.blogspot.be/..
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Tokyo express

Quand deux corps sont retrouvés sur une plage de Kyûshû, l'enquête classe vite l’affaire en la reléguant à un double suicide d'amants. Mais les inspecteurs Jutaro Torigai de Fukuoka et Kiichi Mihara de Tokyo doutent de la véracité des faits. D’autant plus que l’homme était mêlé à une affaire de corruption au sein du ministère où il travaillait. De quoi titiller la curiosité des inspecteurs. Mihara, d’indices en voyages en trains va mûrir sa réflexion pour dépasser les conclusions hâtives de l’enquête, bien arrangeantes pour certains.



Au moment où le livre paraît (1957), le Japon est à la croisée de bouleversements, aussi bien sociétaux qu’économiques, et se relève de durs années d’après-guerre. Matsumoto distille en douceur ces transformations dans la trame de fond, sans jamais perturber la narration. Au contraire il l’agrémente d’un contexte nous immergeant dans la vie quotidienne à cette époque. Surtout, on voyage avec notre inspecteur du nord au sud du Japon avec certes des descriptions minimes des lieux mais qui alimentent suffisamment notre imagination. Accompagnant le lecteur, lui récapitulant l’avancée des choses en nous mettant dans l’abîme des pensées de Mihara, Tokyo Express se révèle être une lecture plus qu’agréable alors que je ne suis pas une grande fan des enquêtes et romans policiers. On pourrait facilement se perdre dans le dédale des détails mais l’auteur, avec son écriture méticuleuse et minutieuse, réussit avec brio à nous faire suivre l’intrigue sans peine et à nous mettre dans la peau d’un détective pour notre plus grand plaisir.



En route, vous allez adorer voyager en train sans vous déplacer.
Lien : http://labiblidemomiji.wordp..
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Le point zéro

Voilà un roman noir, roman d'enquête à classer parmis les classiques de la littérature policière japonaise. Une lecture originale, plutôt agréable, qui aborde des thèmes sociaux et sociétaux au travers d'une enquête minutieuse. La période de l'après seconde guerre mondiale est racontée sous un angle assez surprenant. La place des femmes dans un pays vaincu. L'intrigue elle, est plus conventionnelle, on a affaire à des disparitions, des meurtres déguisés en suicides, des double vies, dans une atmosphère bien dépaysante avec comme toujours au pays du soleil levant, le poids des traditions et des conventions qui jallonnent le récit. Un récit sous forme d'enquête, où tout n'est qu'hypothèse et évidence. Cela rend la lecture un peu en suspension, on n'est toujours à se questionner, et on n'a jamais de certitudes, si ce n'est à la toute fin. Un conseil, prenez des notes pour les noms des personnages, c'est assez difficile, pour ceux qui ne sont pas familier avec la langue, tous les noms se ressemblent, et en plus, l'auteur utilise tantôt le patronyme, tantôt le prénom, il ya des personnages à double identités, bref, il faut s'ac
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Un endroit discret

Je ne peux pas dire que j'ai été emballée par ma lecture !

Peut être est ce la façon d'écrire des auteurs japonais. Une impression d'être infantilisés, comme un enfant à qui il faut répéter plusieurs fois les mêmes choses.

L'histoire est particulière : cet homme dont la femme vient de décéder brutalement et qui se lance dans la recherche de la raison pour laquelle elle s'est effondrée en pleine rue.

Il est plus préoccupé par le qu'en dira-t-on qu'attristé par son veuvage.

Bref, une lecture sans passion.
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Tokyo express

The bodies of Sayama and Toki are found dead on a beach in Kashii Bay, a double suicide using cyanide. The case is closed. But two detectives don’t believe it, Torigai, an old policeman from Hakata and Mihara, a young policeman from Tokyo. Sayama was going to be charged in a corruption case, but why drag Toki into the suicide, especially since no one knew they were a couple. Digging deeper, some things don’t add up, including the fact that Yasuda, a businessman who knew Toki, is in the station with two of Toki’s colleagues when she boards the train with Sayama two platforms away. Only a four-minute window allowed this visibility. The truth will be uncovered thanks to the stubbornness of the two policemen and to the train and plane schedules that crisscrossed Japan in 1947. An extremely well-crafted murder story, with meticulously collected clues. Quite enjoyable.
Lien : https://redheadwithabrain.ch..
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Tokyo express

Les cadavres d’un homme et d’une femme sont retrouvés sur une plage de l’île de Kyushu au sud du Japon. Double suicide d’amoureux ?

L’inspecteur Mihara en doute et il se met à parcourir le Japon et à étudier les horaires de chemin de fer pour détruire l’alibi de son suspect n°1.



Avis :

Publié en 1957, ce best-seller marque le nouveau départ du polar nippon.




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Le point zéro

A Obidos, très belle bourgade médiévale au centre du Portugal, se trouve une extraordinaire bouquinerie. Une grande pièce, sans doute une ancienne grange, est tapissée de livres, du sol jusqu’au plafond à 4 ou 5 mètres de haut. Il faut une échelle mais pas le vertige, pour s’y retrouver parmi ces milliers de livres. Ce libraire offre au visiteur des livres en Portugais bien évidemment, mais également un impressionnant choix de livres en Allemand, en Anglais, plus rares, en Néerlandais mais aussi en Français.



J’y découvris ce roman japonais, un policier, genre dont je me limite à un exemplaire par an. Je n’avais jamais entendu parler de ce romancier prolixe que son éditeur (10/18) compare à Simenon.



L’éditeur dit juste. Matsumoto écrivait comme Simenon : des personnages simples, humbles, des scènes de la vie courante, des atmosphères que l’on saisit et comprend aussitôt.



Ce roman est simple, l’intrigue va droit au but mais est détaillée, sans tomber dans les bavardages des auteurs de policiers ou de thrillers contemporains, qui suivent les memes recettes des écoles d’écriture.



Cerise sur le gateau, Matsumoto aime le train et nous fait découvrir son fascinant japon par ce mode précieux de déplacement, celui qui permet le mieux la lecture.



Mais au delà de la lecture, captivante, de l’intrigue, ce roman nous offre à découvrir le bouleversement sociologique que représenta l’occupation américaine après l’effondrement de l’empire nippon en 1945, et singulièrement dans les rapports hommes - femmes. Pour le grand bonheur de l’émancipation des femmes.



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Le point zéro

Matsumoto a introduit dans le roman policier japonais la psychologie des personnages et les détails de la vie quotidienne, le tout avec une précision d’orfèvre et une foultitude de détails . Ce style lui a valu d’être comparé à l’illustre écrivain belge George Simenon. Curieusement ses récits sont souvent en rapport avec des trains, comme c’est le cas de Tokyo Express où il y a aussi des précisions horaires sur les compagnies aériennes nippones. Plusieurs de ses livres ont été portés à l’écran.



Point Zéro (1959), un polar très agréable à lire par ce contexte social japonais de l’après guerre, années 50.



L’intrigue est assez compliquée dès le départ et elle va s’étoffer de plus en plus. Au départ, c’est la disparition de Kenichi un mois après son mariage avec Teiko, par l’intermédiaire d’un entremetteur alors même que Kenichi vient d’obtenir sa mutation à Tokyo, lui l’employé modèle.



Sa jeune épouse Teiko fera des recherches aidée par Honda, celui qui a pris l’ancienne place de Kenichi en province, à Kanayawa, au nord du Japon. Le plus drôle ici c’est que ce sont les particuliers qui recherchent car la police est peu motivée, et ils ont l’habitude au Japon que les gens disparaissent de temps en temps sans laisser de traces.



Kenichi a un frère aîné, Sôtarô qui lui aussi se mettra à sa recherche et de toute évidence il sait des choses sur Kenichi que sa jeune épouse n’a pas eu le temps d’apprendre.



Peu à peu et à force de moult déplacements en train (l’obsession de l’écrivain pour les trains !) et des contacts avec des gens qui ont connu Kenichi, Teiko arrivera à trouver une explication à sa disparition si soudaine.



Un polar très ancré sur le social japonais qui nous apprend beaucoup de choses.



J’ai notamment remarqué, par exemple, ce recours, même aujourd’hui, aux mariages arrangés par l’entremise d’un ou d’une professionnel/le, une profession sérieuse et nécessaire au Japon où les gens gardent tellement leur distance que l’on arrive difficilement à les connaitre vraiment; souvent ils ne connaissent pas la spontanéité dans le contact et tout obéit à des règles sociales strictes selon le rang dans lequel on se situe.



J’ai appris aussi la situation des filles pan-pan, qui ont existé après la DGM avec un Japon à genoux, en grande carence. Ce sont des filles de tous les milieux sociaux qui ont « fréquenté » les soldats américains pour avoir à manger ou un peu d’argent; les filles des classes supérieures, éduquées ont pu, par la suite, se marier et fonder des familles, d’autres moins favorisées ont fini dans la prostitution; le thème des filles pan-pan n’est pratiquement jamais abordé au Japon, c’est un sujet tabou.



Autre aspect social frappant est le respect de la subordination due à la supériorité en grade dans le monde du travail ce qui se traduit par une gestuelle très précise vue par nous comme des salamalecs sans fin.



Aussi un autre aspect étonnant est l’obéissance et le respect aux personnes âgées, en commençant par les parents; même si on est en désaccord, ils son écoutés, voire obéis.



Pour revenir au livre, je me suis un peu perdue avec le nom des lieux et la lenteur de l’intrigue, mais globalement la qualité de l’écriture est superbe. Coup de chapeau bas aux traducteurs Dominique et Frank Sylvain qui ont bien donné le ton et l’atmosphère, car l’on croit lire un texte écrit directement en français.
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Tokyo express

Voyage(s) dans le Japon de la fin des années 50. Deux amoureux (?) retrouvés suicidés sur une plage du Sud du pays. Un suspect (de quoi, puisqu’il semble ne pas y avoir de crime ?) qui se trouvait au même moment dans le Nord... Le commissaire Kiichi Mihara, aidé de son collègue à la retraite Jutaro Torigai, mène l’enquête, armé des horaires des trains japonais. Des trains qui partent, qui arrivent, qui se croisent, qui attendent, qui repartent... Mais, chose incroyable en France, toujours à l’heure.

Intrigue exceptionnelle qui ferait presque passer Agaga Christie pour superficielle. Mais intrigue, basée sur la ponctualité des trains, impossible à concevoir au pays de la SNCF.
Lien : https://bobtazar.wixsite.com..
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Le point zéro

Durant l'hiver 1958 à Tokyo, une femme de 26 ans épouse un homme de 10 ans son aîné. C'est un mariage arrangé, comme c'est souvent le cas au Japon. Ils ne se connaissent pas, mais ils semblent promis à un avenir radieux, ayant tout pour être heureux. Jusqu'à ce que ce dernier disparaisse subitement, au retour de leur voyage de noces, soit moins d'un mois après leur mariage. Laissant la jeune femme désemparée, seule aux prises avec d'innombrables questions concernant le passé de son époux, tandis que les morts se succèdent autour d'elle.



C'est un livre que j'ai profondément aimé, car il n'a eu de cesse de me dire ceci : fouiller dans le passé individuel revient parfois à fouiller dans le passé d'une nation toute entière, au risque de lever certains tabous.

Difficile d'imaginer à quel point ce livre a dû détonner lors de sa sortie en 1959, tant il a l'air moderne, en avance sur son époque.



C'est un roman sombre et lucide, un modèle du genre Whodunit, dans lequel la recherche du coupable est aussi l'occasion pour l'auteur de nous faire sillonner le Japon de long en large, de scruter la beauté triste de tous ses paysages, de dresser une galerie de personnages résilients à la psychologie fouillée, de nous parler du renversement des rôles hommes-femmes à un moment charnière de l'Histoire, et de se pencher sur les heures peu glorieuses d'un pays jadis sous occupation étrangère.
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