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Critiques de Shalom Auslander (175)
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Attention Dieu méchant

Attention Dieu méchant est un recueil d’histoires très courtes qui traitent des affaires de Dieu, du judaïsme et de l’attachement, parfois loufoque, de l’homme à la religion.



Tout au long de ces 14 nouvelles, Dieu prend tour à tour les traits d’un homme d’affaires égoïste et froid ou encore d’un être las des humains, fatigué de faire tourner le monde. Il fait même une apparition comme poulet, ne se souciant que de sa litière et ses graines. Dans la catégorie animaux, je vous invite à lire En attendant Joe, (ma préférée), où l’on fait la connaissance de deux hamsters pour qui le monde se limite aux barreaux de leur cage et à la main qui les nourrit. Un oubli de la part de leur maître entraîne le doute pour l’un et conforte l’autre dans sa foi sans borne. Très bons dialogues de la part de ces deux rongeurs assorti d’une excellente chute.



L’homme n’est pas en reste. Souvent dépeint comme intégriste dans sa foi, il cherche à devenir le juif parfait. Nous en aurons la démonstration dans La guerre des Bernstein où Mr Bernstein, se défait de tout ce qui peut le détourner du paradis. Plan savamment et patiemment saboté par une épouse rebelle.



Vous l’aurez compris Attention Dieu méchant c’est un mélange curieux d’humour caustique, parfois irrévérencieux, probablement scandaleux sans jamais faire dans le trash ni le vulgaire.



Par contre, 155 pages pour 14 nouvelles, pas besoin de faire de calculs, c’est un peu court pour développer l’absurdité des situations et amener le lecteur à pousser sa réflexion plus loin.

Pour en discuter c'est par ici...
Lien : http://www.valunivers.fr/200..
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Attention Dieu méchant

Critique de Évelyne Bloch-Dano pour le Magazine Littéraire



« Si jamais vous entendez dans votre tête une voix qui vous dit être Dieu, faites comme si vous ne l'aviez pas entendue. » Ce conseil, tous les personnages d'Auslander feraient bien de l'appliquer, de Schwartzman, sommé de construire une arche, à Motty, le jeune loubavitch métamorphosé en goy poilu, ou Epstein, aux prises avec son golem tiré de « La Kabbale pour les nuls » ! Après La Lamentation du prépuce (rééd. 10/18), voici un recueil de nouvelles très drôles. Dans cet univers burlesque, Dieu, tour à tour poulet géant, client irascible d'une agence de pub ou maître de deux hamsters beckettiens, semble avoir pour seul objectif le malheur des hommes. Auslander pousse très loin les procédés classiques de l'humour juif - notamment la collusion entre l'emphase biblique et le langage trivial.
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L'espoir, cette tragédie

L'écrivain virtuose parvient à créer une véritable transe : son roman se fait conte scandaleux, hilarant, et humaniste.
Lien : http://www.lesechos.fr/cultu..
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L'espoir, cette tragédie

Et si Anne Frank vivait toujours, cachée dans un grenier, à la quête d'un deuxième best-seller ?

Un roman dans la pure tradition de l'humour juif, à devorer !
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L'espoir, cette tragédie

Issu d’une famille juive orthodoxe, Shalom Auslander pratique une littérature qui est tout, sauf …orthodoxe. Iconoclaste est le mot qui conviendrait le mieux et cela lui a plutôt réussi dans ses deux premiers ouvrages : La lamentation d’un prépuce et Attention Dieu méchant, à la drôlerie radicale. L’espoir, cette tragédie, l’éloigne de l’autobiographie pour rejoindre les rivages de la fiction pure. Et, comment dire ?, cette fois le rire se fige souvent dans la gorge et le délire du récit ne tient la route que difficilement, fortement secoué par les cahots. Auslander est-il allé trop loin en s’attaquant au symbole d’Anne Frank qu’il imagine ayant survécu aux camps, cachée dans un grenier, dégageant un odeur pestilentielle et ahanant sur un roman qu’elle n’arrive pas à terminer depuis 40 ans ? Peut-on rire de tout, y compris de la Shoah, ou, plutôt de ceux qui en perpétuent le souvenir sans l’avoir vécu ? Il y a comme un malaise dans ce roman qui finit par se perdre dans des vitupérations grotesques et redondantes que le seul alibi de l’humour ne peut justifier.
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L'espoir, cette tragédie

Shalom Auslander ne doit pas être pris au sérieux. Et lu ainsi, ce livre plein d'autodérision signé par le pur produit d'une famille juive orthodoxe de Brooklyn est absolument jubilatoire.
Lien : http://rss.lapresse.ca/c/336..
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L'espoir, cette tragédie



Ce livre a été lu dans le cadre de l’opération Masse critique - Babelio que je remercie ainsi que les éditions Belfond.

Etant un tantinet en retard pour rendre ma chronique, je ne prends, exceptionnellement, pas le temps de laisser reposer ma lecture (je ne l’ai finie que ce matin) pour n’en garder que la quintessence des impressions que celle-ci aurait pu me laisser.

Voici un roman que j’attendais depuis plusieurs semaines, aussi quand j’ai vu qu’il était proposé dans masse critique de janvier, j’ai aussitôt sauté sur l’occasion. Je me délectais déjà au souvenir de la lamentation du prépuce que j’avais adoré. Malheureusement, entre temps, Mamie est partie, et pour moi c’est une tragédie sans espoir…

Néanmoins, malgré le contexte difficile dans lequel j’ai poursuivi ma lecture, ce livre m’a plu. Evidemment, je n’en ai pas retiré le plaisir que j’y escomptais, les similitudes avec ma propre réalité étaient trop importantes…

Sur la quatrième de couverture, il est noté : « Encore plus iconoclaste, provocateur et hilarant, le grand retour de Chalom Auslander. Entre Woody Allen, Philip Roth et Franz Kafka, un régal de drôlerie et de profondeur sur la légitimité de l’art après l’Holocauste, le devoir de mémoire et les ravages causés dans le monde par l’espoir, cette tragédie. » Iconoclaste, sans contestation possible, par le postulat que cette femme ait survécu à l’Holocauste ; provocateur, également, car qui oserait ainsi mettre en scène la Shoah (le personnage de mère particulièrement) ; mais hilarant… franchement… mais bon peut être n’étais-je pas dans l’état d’esprit adéquat…

Vu d’un certain angle, le personnage de mère (c’est ainsi que l’appelle le narrateur) est cocasse : cette femme, née après la guerre, est persuadée d’avoir vécu dans les camps de concentrations, elle voit son oncle ou sa grand-mère, dans un abat-jour en cuir, frémit à l’idée qu’on puisse venir la chercher pour l’interner, sans bien savoir qui est ce « on », ne semble pas étonnée de voir pousser dans son jardin stérile des tomates sans pieds ou des barquettes de bœuf… Cette femme atteinte de sénilité (l’auteur parle à un moment de dégénérescence neurologique) est soutenue dans son délire par son fils, Solomon, qui pose lui-même lesdits légumes dans le jardin. Le lecteur nage souvent un plein délire, mais pour moi, c’est un délire pathétique où la mort rôde en permanence.

Dès le début du roman, le personnage principal est à la recherche de la phrase parfaite pour le moment où il prononcera ses derniers mots. Cette question revient plusieurs fois dans le récit, comme un leitmotiv. De même se pose la question récurrente de l’espoir et de l’optimisme dans notre monde bien malade, par l’intermédiaire du personnage du Professeur Jovia (et pourquoi pas « jovial » ?) thérapeute de son état. Question qui reste en suspend, forcément…

C’est un roman à l’humour grinçant où l’auteur joue avec le lecteur, mêlant les passages narratifs (en passant, on rencontre des personnalités telles qu’Alan Dershowitz très connues aux Etats-Unis, un peu moins ici…) aux divagations intérieures de Solomon (la liste des choses à ne pas oublier de prendre si ça recommençait… quoi « ça » ? Et bien « ça » voyons !).

Un roman réussi mais à ne pas mettre entre toutes les mains…


Lien : http://www.danslemondedevhs...
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L'espoir, cette tragédie

Peut-on vraiment rire de tout?

Livre lu à mon club lecteur, et les avis ont été partagé, beacoup ont aimé cet univers "décalé". Pour ma part, j'ai vraiment detesté ce roman et pourtant lu jusqu'à la fin, on y montre une Anne Franck, vivante, sale, vieille, moche qui vit dans un grenier depuis 60 ans, elle fait ses besoins de partout, c'est une puanteur.

Où ce livre est-il drôle? Je ne dois pas avoir le même humour, apparement son 1er roman était un chef d'oeuvre mais celui là me donne même pas envie de me lancer dans sa lecture! Je m'abstiens!
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L'espoir, cette tragédie

J'ai passé un bon moment avec ce roman plein d'humour et d'absurde qui nous rappelle l'indicible de la Shoah.



Ce roman m'a énormément fait penser aux anciens films de Woody Allen où le cynisme est roi, en effet dans L'espoir cette tragédie il n'est pas bon être optimiste, au risque d'être comparé à Hitler !
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L'espoir, cette tragédie

Vous pensiez vous établir dans une nouvelle demeure, bien tranquille, avec femme, enfant, et mère en fin de vie (théoriquement), histoire de repartir à zéro...

Bien vite, vous percevez des odeurs... des bruits étranges qui se propagent à travers les conduits de chauffage... intrigué, vous vous rendez dans le grenier d'où semblent provenir ces nuisances et là, vous découvrez une vieille femme, hideuse à faire peur et à moitié folle, qui se présente comme étant Anne Franck !



Anne Franck qui ne serait donc pas morte en camp de concentration et qui, traumatisée par ce qu'elle a vécu pendant la Seconde guerre mondiale, aurait continué à se cacher depuis des décennies dans les greniers d'hôtes consentants et cherchant à expier un certain sentiment de culpabilité.



Dément non ???

C'est le roman un peu déjanté de l'Américain Shalom Auslander, à qui l'on doit aussi La lamentation du prépuce, une autobiographie sur son enfance au sein d'une famille juive ultra-orthodoxe.





Solomon est obsédé par la mort, et tout ça parce qu'il est trop optimiste lui explique l'éminent professeur qu'il consulte régulièrement. Il aime tellement la vie qu'il est obsédé par l'idée qu'elle lui soit arrachée. Il veut tellement que tout aille bien qu'il ne peut s'empêcher d'imaginer le pire. L'espoir est son principal point faible lui explique l'éminent professeur qu'il consulte régulièrement.

La mère de Solomon Kuegel est donnée pour mourante. Elle, est obsédée par la Shoah qu'elle n'a pas vécue. Elle a élevé ses enfants en les bassinant avec cette tragédie et continue toujours à le faire. Son fils l'accueille dans son nouveau chez-lui, contre l'avis de sa femme, lui permettant d'occuper provisoirement (puisqu'elle est censée bientôt mourir...) l'une des deux chambres destinées à être louées afin de mettre du beurre dans les épinards. Première source de tension entre Solomon et sa femme...



Quand Solomon découvre que son grenier est le lieu de vie d'une vieille personne sale, puante, à moitié folle, qui déclare être Anne Franck et qui s'évertue à terminer un roman qu'elle écrit et réécrit depuis 40 ans - parce qu'après avoir vendu 32 millions d'exemplaires de son journal, on n'a pas le droit de se planter ! - l'angoisse monte d'un cran. Si sa femme l'apprend, elle va vouloir se débarrasser de l'intruse illico presto mais si sa mère l'apprend, elle ne pardonnera jamais qu'un Juif puisse mettre à la porte une victime de l'Holocauste.

Bing, coincé entre le marteau et l'enclume !

Ajoutez là-dessus un pyromane qui court les rue et incendie régulièrement les fermes environnantes et un souci de plus à gérer pour Solomon !



Oui, cette histoire est originale, barge, un brin politiquement incorrecte (juste un brin, honnêtement) et de temps en temps, ça fait vraiment du bien.

Les avis sont très partagés, voire plus négatifs que positifs, certains étant choqués par le côté irrévérencieux du sujet (s'attaquer à la mémoire d'Anne Franck, et par là-même à celle des victimes du génocide).

Je tends vers le positif, avec une mention spéciale à la tirade innocemment provocante du beau-frère de Solomon, un scientifique résolument optimiste, sur le monde qui va de mieux en mieux...
Lien : http://linecesurinternet.blo..
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L'espoir, cette tragédie

Comment exprimer mon excitation lorsque j'ai appris que Shalom Auslander, l'hilarant juif traumatisé (dit comme ça, c'est un peu bizarre...), sortait un nouveau livre ? Et pas n'importe quel livre : son premier roman. Auteur jusqu'ici de la tordante fiction autobiographique La lamentation du prépuce et du très drôle recueil de nouvelle Attention, Dieu méchant, Shalom Auslander repousse une fois de plus toutes les limites de l'impertinence avec ce nouveau titre qui met en scène le pauvre Solomon et (si vous ne l'aviez pas encore deviné en lisant le résumé)... Anne Frank. A présent très âgée, elle survit depuis des années dans le grenier de la bâtisse achetée par les Kugel car :

1) Elle ne sait pas vivre autrement

2) Elle a besoin de calme pour écrire son nouveau roman. Après 32 millions d'exemplaires vendus, elle ne doit pas se planter !



Loufoque, vous avez dit loufoque ? Totalement ! Et c'est ça qui est bon : Shalom Auslander ne recule devant aucune impertinence et applique à la lettre la maxime selon laquelle on peut rire de tout... Mais derrière cette apparente effronterie se cache, comme dans tous ses autres écrits, une réflexion plus grave et plus profonde sur les croyances et le devoir de mémoire. Loin d'être totalement gratuit, ce récit hautement irrévérencieux nous interroge longtemps sur la façon dont l'Histoire est construite et surtout transmise.



Si j'ai trouvé que la façon dont était construite la narration (dialogues indirects, nombreux retours à la ligne et répétitions voulues) ne permettait pas de rentrer aussi facilement dans le récit que ses deux précédents ouvrages, je ne peux qu'applaudir des deux mains cette histoire jubilatoire qui fait la part belle tant aux scènes complètement absurdes qu'aux tirades fulgurantes de justesse et de lucidité.
Lien : http://livr0ns-n0us.blogspot..
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L'espoir, cette tragédie

La famille Kuget vient tout juste de s’installer dans une jolie ferme de la campagne new-yorkaise. Afin de rembourser une partie du crédit, ils décident de louer les chambres qui ne leur sont pas utiles dans l’immédiat. Malheureusement, la mère de Solomon à l’article de la mort vient s’installer avec eux. Fini donc la petite vie tranquille entre un locataire exigent, une mère qui se lamente sans cesse sur une Shoah qu’elle n’a pas vécu et une femme qui l’accable de reproche. Mais le comble est atteint quand suite à de drôles de bruits, il découvre Anne Franck cachée dans son grenier. Anne Franck qui tente d’écrire le roman qui fera oublier son si célèbre journal. Comment ne pas sombrer dans la folie avec tout cela !

On retrouve ici les thèmes chers à Auslander : la religion et la famille. Mais cette fois-ci les choses sont tournées en dérision et font beaucoup moins sourire que dans ces précédents ouvrages.

Le questionnement constant sur l’Holocauste, le devoir de mémoire, la mort et surtout sur les dernières paroles prononcées gâche un peu le coté comique qui se cache dans ce roman.



J’ai eu beaucoup de mal au début, j’ai trouvé cela original au milieu et la fin m’a complétement déçue. Avis très mitigé donc.

Merci toutefois à Entrée Livres pour cet envoi.

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L'espoir, cette tragédie

L'espoir cette tragédie et pour cause !!! Solomon Kugel, quelque peu névrosé, décide de s'installer avec sa petite famille dans une ferme au fin fond de la campagne, dans l'espoir d'y trouver, enfin !!!! de la quiétude...... Cette quiétude sera mise à mal, par le harcèlement de son épouse et de leur locataire, par sa mère fausse rescapée de la déportation, mais surtout par cette vieille femme acariâtre et cacochyme débusquée dans le grenier qui se dit être Anne Franck...



Un livre hilarant, extravagant, métaphorique, délirant, posant les bonnes questions concernant le devoir de mémoire. Le rire, seul exutoire contre les ignominies commises à travers les âges et le monde....



Un livre que je recommande à ceux et celles qui savent rire de tout...



Shalom
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L'espoir, cette tragédie

Quand j'étais prof, j'étais toujours à la recherche de lectures pour les élèves. Une année, j'ai emprunté à la bibliothèque quelques livres parmi les suggestions que la Fédération Wallonie Bruxelles propose chaque année. Je suis toujours méfiante face à leurs propositions mais le résumé de « L'espoir, cette tragédie » de Shalom AUSLANDER avait attiré mon attention.



Salomon Kugel est juif, il est né à New-York. Dépressif, il cherche à calmer son esprit torturé en achetant une maison à la campagne, pour retrouver un peu de sérénité et prendre un nouveau départ avec Bree, sa femme, et leur fils . Très vite, sa mère vient s'installer avec eux, ce qui ne va pas lui faciliter la vie : elle, qui a toujours vécu aux Etats-Unis et qui n'a pas vécu l'Holocauste (elle n'était même pas née à l'époque de la Shoah), revisite l'histoire familiale, soupire à longueur de journées contre les Allemands et craint un nouveau génocide. Pour corser encore un peu les choses, un incendiaire sévit dans la région, la maison de Kugel sent vraiment mauvais et des bruits étranges se font entendre la nuit. La vie de Kugel va totalement partir en vrille une nuit où il décide de monter au grenier pour chercher l'origine de ces bruits : il va tomber nez à nez avec une très vieille femme qui s'est installée là et qui dit être… Anne Frank !



Je ne vais pas aller plus loin, ça gâcherait tout… L'intrigue est intéressante et inédite. On a vraiment envie de savoir comment Kugel va se sortir de cette situation totalement chaotique. le style est simple, même si j'ai été un peu déstabilisée au début par l'organisation typographique des dialogues (pas de guillemets, ni de tirets), mais on s'y fait. Les pages sont bourrées d'humour noir et caustique. Au fil de ma lecture, je me suis plusieurs fois fait la réflexion que seul un juif pouvait écrire une histoire de juif comme celle-ci ; si quelqu'un d'autre avait osé l'écrire, on aurait crié à l'antisémitisme. Et c'est justement une des caractéristiques les plus intéressantes de ce roman à mon sens : l'auteur porte un regard sans concession sur certains de ses « semblables » qui s'apitoient sur leur condition de juif ; c'est drôle mais ça pousse à la réflexion. Personnellement, je ne conseillerais pas ce livre à mes élèves, dont la plupart sont des lecteurs « occasionnels » : il faut tout de même quelques notions culturelles et littéraires qu'ils n'ont pas. Mais ce roman mérite vraiment le détour pour les mordus de lecture !



[Critique initialement rédigée le 3 mai 2016]
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L'espoir, cette tragédie

Après avoir livré au grand public l'angoisse de la définitive carence narcissique qu'engendre la circoncision , comme en témoigne le pauvre prépuce .

L'auteur convoque un immonde spectre dans le grenier d'une famille américaine en perdition ...

Ce monstre persécuteur et hideux s'appellerait Anne Franck ...



Personnellement je pensais que cette tragédie ne hantait que Amsterdam !



Malheureusement Anne Franck est morte assassinée, sa mémoire ne hante personne sauf ses bourreaux , du moins je l'espère ...



Pathétique et honteux rien à ajouter ..

Si : malsain , criminel , innommable ...

Et le pire et sans le moindre doute : indécemment opportuniste .

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L'espoir, cette tragédie

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L'espoir, cette tragédie

En provoquant le lecteur pour mieux le faire rire, Shalom Auslander pose des questions fondamentales sur le devoir de mémoire et la glorification de la souffrance.
Lien : http://www.telerama.fr/criti..
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L'espoir, cette tragédie

Très drôle, dans la catégorie "humour juif". Il y a la mère infernale, le père de famille paranoïaque et névrosé, ... Ça fait vraiment penser à Woody Allen !

Ils viennent de déménager à la campagne, et découvrent dans le grenier ... Anne Frank !

Entre respect de la Shoah et mesquineries de vieilles femmes, on rit beaucoup.

Question intéressante: le Journal d'Anne Frank a-t-il eu autant de succès uniquement parce qu'elle était morte? Un deuxième livre aurait-il le même intérêt?

Il y a aussi une réflexion plus psychologique : c'est l'espoir qui nous fait souffrir.

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L'espoir, cette tragédie

Solomon Kugel achète une vieille maison au calme pour une vie tranquille avec sa femme et son fils. Mais sa mère déclarée à l'article de la mort par les médecins s'installe avec eux ce qui n'est pas pour plaire à son épouse. La vieille femme s'est depuis toujours inventée un passé des plus horribles. A elle seule, elle porte toutes les horreurs de l'Holocauste.

Dans la charmante maison, une odeur dégoûtante persiste et des bruits étranges proviennent du grenier. Kugel découvre alors l'inimaginable. Derrière les cartons entassés au grenier, une vieille femme s'est installée un coin pour vivre. Décharnée, sale, tapant sans arrêt sur les touches du clavier d'un ordinateur et qui prétend être Anne Frank. Surpris, Kugel croit à une mauvaise farce. Qui oserait se faire passer pour Anne Frank? Mais la vieille femme lui montre son bras tatoué.



La mère de Kugel l'a élevé en se faisant passer elle et sa famille pour des victimes de l'Holocauste alors qu'elle a passé une enfance et une adolescence tranquille à Brooklyn avec ses parents. Elle pousse ses affabulations jusqu'à reproduire les séquelles des rescapés des camps de concentration. La vieille femme dans le grenier qui perturbe soudainement la vie de Kugel une est figure de l'Histoire. Anne Frank elle-même.



la suite sur :

http://fibromaman.blogspot.fr/2013/01/shalom-auslander-lespoir-cette-tragedie.html
Lien : http://fibromaman.blogspot.f..
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L'espoir, cette tragédie

Critique de Jean-Baptiste Harang pour le Magazine Littéraire



Anne Frank est née le 12 juin 1929 à Francfort dans une famille juive guère pratiquante. Son père, Otto, ancien officier allemand de la Première Guerre mondiale, installa toute sa famille à Amsterdam après l'arrivée des nazis au pouvoir. Il ménagea dans ses bureaux une cachette afin de protéger sa famille de la déportation. Pendant ce séjour clandestin, Anne Frank tint un journal, du 12 juin 1942 au 1er août 1944, le jour de son arrestation et de son départ pour Auschwitz. Ce journal connut un succès international, traduit partout, et vendu à des dizaines de millions d'exemplaires. On l'a dite morte en mars 1945 à Bergen-Belsen.

Aujourd'hui Anne Frank va sur ses 83 ans, elle vit à Stockton, une petite ville des États-Unis, et, forte de ce premier succès littéraire, elle écrit un roman qu'elle espère à la hauteur de sa première oeuvre. C'est du moins ce qu'on apprend à la lecture du livre de Shalom Auslander : « Le village de Stockton, deux mille quatre cents habitants, n'a rien de particulier. Aucune célébrité n'y a vécu, aucune bataille historique n'y a été livrée, aucun mouvement notable n'y a vu le jour, aucun concert légendaire n'y a été accueilli. » Il faut être prudent. Certes, à cette page 21, on ne peut pas affirmer la présence d'une célébrité puisque Anne Frank ne se dénoncera au héros du livre que douze pages plus tard, et on notera que la mention d'un concert légendaire trahit, sans doute volontairement, la malignité de l'auteur, puisque Shalom Auslander vit à Woodstock.

Le héros, Solomon Kugel, et sa famille (sa femme, son fils et bientôt sa mère supposée mourante) ont emménagé dans une ferme de Stockton, achetée à un prix plus que raisonnable aux Messerschmidt, sans se méfier d'éventuelles nuisances qui pourraient expliquer cette somme modique. On parle d'un incendiaire dans le quartier qui semble viser les fermes un peu à l'écart du bourg, en particulier celles qui ont appartenu aux Messerschmidt, mais la police et les pompiers semblent maîtriser l'affaire. Non, ce qui trouble le sommeil de Solomon (appelez-le Sol), c'est une odeur nauséabonde qui se répand dans toute la maison par les conduits du chauffage à air pulsé et des bruits nocturnes incessants, le cliquetis d'une machine à écrire, ou pis, de grands coups de marteau sur les canalisations.

Page 31 Solomon Kugel se décide à monter au grenier, à quatre pattes, lampe torche en main. L'odeur de merde lui laisse espérer la découverte rassurante d'une bonne quantité de crottes de souris, mais il tombe sur le corps d'une vieille femme emmitouflée dans une vieille couverture, plus ou moins morte. Mais la couverture tousse et ne tarde pas à se présenter deux pages plus loin : « Je suis Anne Frank. »

Restent trois cents pages, et elles ne seront pas de trop, pour tenter de savoir ce que l'on doit faire d'Anne Frank lorsqu'on la trouve dans son grenier, à 80 ans passés, sale, acariâtre, vindicative, sûre d'elle et de son talent, sachant jouer de son état de santé, de son bon droit à exister, et de la différence subtile entre rescapée et survivante. Bien sûr, on peut en parler à sa femme, prévenir la police et faire un procès à l'ancien propriétaire. Mais Kugel a de sérieux handicaps pour adopter l'une ou plusieurs de ces solutions drastiques : sa femme n'est pas du genre à tergiverser, et préviendra la police, l'ancien propriétaire avouera bien vite qu'il a lui-même hébergé dans le même grenier la même célébrité pendant trente ans. Et, de la police aux grands titres de la presse, il n'y a qu'un pas : « Un Juif livre une survivante de l'Holocauste à la police ! Torturée par les nazis, expulsée par un Juif : la tragique et incroyable histoire d'une rescapée. » Il va falloir jouer plus fin, au risque de se prendre d'affection pour son invitée surprise.

Anne Frank, elle, joue sur du velours, avant même de donner à Kugel sa première liste de courses, elle lui explique qu'il ne peut pas la dénoncer parce qu'il est juif, de même que les Messerschmidt se devaient de la protéger parce qu'ils sont allemands : « Les Messerschmidt, a-t-elle déclaré, étaient de braves gens. Allemands, d'accord, mais qui en avaient honte. Ce sont les meilleurs. Je préfère les gens qui se détestent. Allemands complexés, Juifs complexés, Français complexés, Américains complexés. Nous aurions beaucoup moins de problèmes dans ce monde si plus de gens avaient le courage de se détester. »

Kugel est par ailleurs victime de soucis collatéraux : son locataire du rez-de-chaussée, qu'il est contraint de ménager car sans son loyer il ne peut faire face aux échéances de l'emprunt, veut violemment faire valoir son droit à l'usage du grenier. Et « Mère ». Kugel héberge sa mère, une mère très juive qui perd la boule, croit que les poissons panés poussent dans son jardin et ne se remet pas d'être née trop tard pour avoir vécu l'Holocauste. Elle compense en chérissant son père sous forme d'abat-jour et sa mère réduite à l'état de savonnette. On devine que les relations de « Mère » et d'Anne Frank promettent d'être complexes. Solomon Kugel est un pessimiste assumé, d'ailleurs il collectionne les mots d'auteurs, recueillis sur leur lit de mort (quand ils ont eu l'heur de mourir dans leur lit), et il a bien raison car la comédie finit souvent mal.

Pour tout simplifier et ne pas tout raconter, on rappelle qu'un incendiaire rôde, que les matsot sont hors de prix, que le petit n'a pas de santé, que l'épouse et le fils sont bien capables de partir pour New York, qu'à force de soigner une rescapée on peut bien perdre son boulot et que, si l'on déménage, on risque de tomber sur Elie Wiesel dans la cabane au fond du jardin.

Après La Lamentation du prépuce et Attention Dieu méchant, L'Espoir, cette tragédie est le troisième livre de Shalom Auslander publié par Belfond, et son premier vrai roman, traduit avec beaucoup de finesse et de drôlerie par Bernard Cohen. On y retrouve toute la verve et l'imagination iconoclaste de ce jeune écrivain de l'État de New York élevé dans la culture juive traditionnelle et bien décidé à s'en servir pour démonter les nuisances de tout fondamentalisme. Faut-il être juif et drôle pour se permettre de faire dire à Anne Frank : « J'ai été l'heureuse bénéficiaire de six décennies de culpabilité et de remords, monsieur Kugel » ; ou : « Je suis Miss Holocauste 1945. » Les critiques américains ont rapproché le talent de Shalom Auslander de celui de Philip Roth et de Franz Kafka. On les comprend.

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