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Critiques de Stewart O`Nan (166)
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Un visage dans la foule

Même si on devine assez rapidement la fin de cette nouvelle, on a quand même envie de savoir comment les auteurs vont nous amener du point A au point B.



Comme pour Laurie, le protagoniste vient de perdre son épouse. Le point de départ de la perte douloureuse de la personne qui a partagé une grande partie de votre vie, offre une multitude d'ouverture au récit : tenter de poursuivre sa vie, s'annihiler devant la tv, faire un voyage, aider les autres, combler le vide, se droguer, vouloir stopper la souffrance... Plutôt réaliste donc, et attristant comme départ.

Après on peut écrire des fins tristes ou des fins plus joyeuses. Ou un peu des deux. On peut rester dans un récit réaliste, ou mêler le fantastique, ou carrément l'horreur... Ici les auteurs choisiront un mec qui regarde la télévision.

Et là vous pensez : mais lire l'histoire d'un mec qui mate sa tv, c'est chiant comme mes chiottes !!

Et c'est tout l'art de la bonne idée : comment rendre intéressant l'histoire d'un mec qui regarde la télévision?



Personnellement, j'ai passé un bon moment de lecture.
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Le nom des morts

Quatorze ans maintenant que Larry Markham est revenu du Vietnam. On pourrait imaginer que le traumatisme, s'il est toujours présent, s'est émoussé avec le temps. Nada. Larry, c'est comme s'il était rentré hier. Et il n'est pas le seul dans cette situation. Pas de doute que les années auront beau se succéder et mettre de la distance avec cette sale guerre, aucun de ceux qui ont eu la veine de rentrer ne s'en remettra jamais vraiment.

Et pourtant, ils y aspirent tous à reprendre la vie qu'ils ont laissée en partant. Larry s'est dégoté un boulot dans la distribution de pâtisserie industrielle, il fournit les supermarchés, remplit les distributeurs etc., une tâche qui lui laisse le temps, trop, de penser : à son mariage qui bat de l'aile parce que sa femme a fini par se lasser de ses hurlements nocturnes et de son comportement souvent borderline, à son fils mentalement différent des autres garçons de son âge et surtout à son unité, là-bas, dans la jungle humide dont lui seul est revenu. Et, comme si ça ne suffisait pas à le tenir au bord du gouffre, voilà qu'un vétéran enfuit de l'hôpital militaire, où Larry encadre bénévolement un groupe de soldats invalides ou souffrant de SPT, sème la mort autour de lui avant de le prendre pour ultime cible, lui laissant entre temps l'amusement d'indices sous forme de cartes à jouer disséminées un peu partout (difficile de ne pas y voir un clin d'oeil à Koko de Peter Straub qui nous avait crée un peu le même genre d'ancien soldat-tueur traumatisé)



Mêlant histoire présente et souvenirs du passé, inextricablement liés entre eux, Stewart O'Nan, à qui je sens que je ne vais pas tarder à vouer un culte, nous raconte le Vietnam sans parti pris, sans pathos ni patriotisme, juste le quotidien de jeunes hommes largués dans une jungle hostile qui, entre celui qui se croit dans un jeu vidéo et n'imagine pas pouvoir se faire réellement tuer et le grand solitaire qui passe son temps à compter les jours qu'il lui reste avant de dégager de cet enfer, tentent juste de survivre avec cette omniprésente trouille au ventre et, pour la plupart sinon pour tous, pas la plus petite idée de ce qu'ils fichent là.



Le suspense amené avec le tueur forcené est lui aussi plutôt bien ficelé mais ne constitue en rien le point d'orgue de l'histoire. Plutôt voir ça comme une petite intrigue bonus mais aucun doute que l'essence du Nom des Morts reste la réflexion sur les guerres quelles qu'elles soient, les traumatismes qu'elles engendrent, les vies de milliers de soldats qu'elles foutent en l'air (mais étonnamment jamais celles de généraux qui font presque toujours de vieux os), les dommages collatéraux qu'elles produisent et la difficulté voire parfois (souvent ?) l'impossibilité de se reconstruire parce qu'on a beau essayer de toutes ses forces, rien ne repousse jamais sur ces absurdes champs d'honneur éclaboussés du sang des sacrifiés.



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Derniers feux sur Sunset

TRISTE EST LE CRÉPUSCULE...



Être et avoir été : ainsi pourrait se résumer, un peu rapidement certes, mais non sans une certaine vérité, l'existence de nombreuses comètes des arts et de la littérature. Dans une très large mesure, ce fut la destinée, presque aussi brève que celle d'une étoile filante, du romancier américain Francis Scott Fitzgerald. Car s'il survécut d'une dizaine d'années à ses années de munificence dispendieuse, auréolée d'une aura sulfureuse de jet-setteur impénitent, de fêtard céleste - pour détourner la formule de Jack Kerouac, autre future météore de la littérature d'outre-Atlantique -, d'alcoolique mondain des soirées parisiennes, d'habitué des grands hôtels de la Riviera française ou des stations alpines en vogue. Dix ans pour se faire un nom dans le monde des lettres et briller au firmament des "stars", dix autres pour décliner, se faire presque oublier et mourir : tel fut le destin tragique de l'auteur considéré comme le chef de file de la "Lost Generation" - la Génération perdue, en bon français - parmi laquelle on retrouve Ernest Hemingway (dont Scott contribua assez largement à lancer la carrière), Gertrude Stein (à qui l'on doit cette appellation), John Dos Passos, John Steinbeck, Ezra Pound ou encore T.S. Eliot, dont les œuvres, pour dissemblables qu'elles soient, ont pour point commun de s'être croisés à Paris, avec l'éditrice Sylvia Beach comme principal point de ralliement, mais, plus encore, de conter un certain désenchantement de la société américaine dans ce que nous nommons aujourd'hui "l'entre-deux guerres" mais qui a vu s’effondrer, aux USA comme chez nous, une certaine manière de concevoir le monde, une vision transcendantale de l'existence - celle, par exemple, à laquelle s'attachera encore un Jack London jusqu'à sa mort en 1916, persuadé, à travers le filtre de ses lectures d'un Spencer ou d'un Nietzsche qu'un avenir humain meilleur était possible, même si très lointain -. Alors qu'un John Steinbeck ira se frotter au monde pauvre du prolétariat américain, qu'un Ernest Hemingway lorgnera du côté de la fin de l'Europe comme source des valeur humanistes (avec "Pour qui sonne le glas ", son roman le plus célèbre) après s'être intéressé à une jeunesse sans repère suite à l'implication étasunienne dans la Grande Boucherie de 14-18 ("L'Adieu aux armes"); quant à Fitzgerald, s'il se penche sur le monde des très riches, c'est pour mieux en montrer le vide, la fatuité, l'absurdité de leurs rêves de grandeur et de faste dans un monde dont les valeurs s'écroulent tout autour d'eux (en cela, l'oeuvre de Fitzgerald peut être lue comme un lointain écho américain à celle de Marcel Proust).



Cependant, au-delà de cette célébrité de papier (qu'il n'obtint d'ailleurs définitivement qu'après sa mort), Francis Scott Fitzgerald ne serait pas lui-même sans son égérie fatale, sa muse maudite, cette jeune fille de dix-huit ans, née dans une famille aisée et notable de Montgomery en Alabama, cette jeune femme belle et indomptable, enthousiaste et cruelle que Scott surnommera "la première garçonne américaine" ! Le couple, qui se mariera vite, fera dès lors les gros titres de la presse à scandale et les beaux jours de la chronique mondaine de ces années dites "folles", dans l'effervescence de ces années jazz, de la vague du Charleston, du champagne qui peut enfin couler à nouveau à grands flots, d'une certaine insouciance désaxée qui mènera Zelda à la Schizophrénie et Fitzgerald à la ruine... Mais n'anticipons pas.



1937. Francis Scott Fitzgerald n'est plus que l'ombre de ce qu'il fut une petite décennie plus tôt. Il ne lui reste presque plus un dollar, il a contracté des dettes auprès de son principal agent tandis que ses nouvelles se vendent bon an, mal an dans les revues. Zelda est dans une institution spécialisée, très onéreuse, malgré les dénégations de la belle-famille à vouoir la récupérer et la volonté, a priori sincère, de son épouse de s'en sortir. Mais la schizophrénie est une maladie avec laquelle on ne compose pas. Quant à Scottie, leur seule fille, sa pension n'est pas des plus abordables, seulement Francis souhaite le mieux pour elle, bien qu'il s'en veuille quotidiennement d'être un père à distance. C'est ainsi que, malgré des expériences antérieures assez décevantes sauf en compagnie du producteur Irvin Thalberg malheureusement trop tôt décédé, Francis Scott se retrouve une nouvelle fois à Hollywood en qualité de scénariste. C'est à peu près dans ces conditions que nous le retrouvons dans ce roman biographique, Derniers feux sur Sunset, de Stewart O'Nan.

On comprend très vite qu'avant toute autre chose, Scott a besoin de gagner sa croûte. Sa fascination, modérée, pour Hollywood est morte avec le décès de son modèle en matière de production cinématographique et s'il apprécie croiser certaines stars de son époque, c'est peu de dire que ce boulot n'est, pour lui, qu'un moyen de régler ses dettes et de permettre à sa famille de s'en sortir. Consciencieux malgré tout, il va se jeter dans son job à corps perdu, oubliant même, dans un premier temps, de boire - ce vice dont rien ne semble pouvoir le détacher et pour lequel il traîne une réputation assez désastreuse -. Chassez le naturel, il revient au galop : retrouvant de vieux amis qui vont lui dégoter un modeste logement dans une propriété construite par une vedette déchue du cinéma muet, il va croiser la faune interlope de cette période dorée du cinéma hollywoodien (malgré les bruits de botte, les mises en garde d'un Ernest Hemingway engagé mais hautain), Humphrey Bogart, Bogie pour les intimes, et sa futur (troisième) épouse, Mayo Methot, parmi d'autres. Mais c’est la rencontre avec une "gossip girl", une échotière, de dix ans plus jeune que lui mais qui se fait passer pour plus jeune encore, qui va transformer, subjuguer les trois dernières années de la vie de l'écrivain. Malgré la culpabilité à l'égard d'une épouse qu'il n'aime pourtant plus, mais qui importa tant.



Il se trouve de beaux et captivants moments dans la proposition romancée mais très documentée que Stewart O'Nan nous fait de cette fin sans relief d'un auteur essoufflé, exsangue, revenu de tout. On pense même tenir un réel petit chef d'oeuvre dans les quelques cent premières pages de l'ouvrage : tout y est juste, des rapports difficiles et inextricables avec Zelda, imprévisiblement malade, des rapports compliqués avec une fille unique qu'il aime mais qui lui devient peu à peu étrangère, de la chute sans fin d'une notoriété déjà oubliée par la plupart, se concrétisant par une recherche permanente de liquidités, une fierté constamment ravalée - malgré l'orgueil d'avoir été et de n'être plus - auprès des grandes maisons de production de cinéma où il n'est guère qu'un nom parmi d'autres, et même sans doute moins (l'exemple d'Aldous Huxley est régulièrement mis en avant, qui gagne bien mieux sa vie que lui à Hollywood pour le même travail). Pour preuve ces scénarios sur lesquels on le projette pour quelques semaines et pour lesquels il ne travaille que quelques paires de jours, la plupart du temps avant qu'ils soient purement et simplement abandonnés, ou encore remplacé sans explication. Ainsi de celui d'Autant en emporte le vent, l'un des plus grands chef d’œuvres de l'époque, pour lequel il ne sera qu'un parmi la grosse dizaine de scénaristes non crédités au générique.



Mais très vite O'Nan se laisse envahir par la folie, la fascination Hollywood et, à force de détails, de noms, d'exemples, de technicité, il fini par proposer un résumé assez plat et répétitif de cette vie certes guère passionnante des coulisses peu reluisantes d'Hollywood, capable et coupable des pires compromissions - "money is money" - avec l'hitlérisme triomphant des années trente. Tout cela est sans nul doute très proche d'une certaine réalité, mais n'intéressera probablement que les passionnés du genre et de la spécialité. L'ennui c'est qu'il passe alors à travers son sujet - la fin décourageante et mélancolique d'un grand de la littérature américaine, tellement en phase, malgré lui, avec ce qu'il avait pu décrire et prévoir de ce monde en perdition de l'après "Der des Der". Ou bien il eut fallu n'avoir qu'un sujet au lieu de deux, Hollywood et Fitzgerald, difficiles pour ne pas dire impossibles à mener de front sans que les deux s'annihilent progressivement. On lit ainsi, sans difficulté particulière mais sans grand enthousiasme, une grosse moitié de l'ouvrage. Peut-être l'auteur s'ennuie-t-il aussi à raconter une histoire d'amour - celle entre Scott et Sheilah - qui ne l’intéresse pas tant que cela malgré l'importance qu'il s'acharne à lui donner ? Il est vrai que, par delà les idées que l'on peut se faire de la haute société d'alors, ou de celle du spectacle, ces gens-là sont bien convenables, pudibonds parfois, bourgeois dans le sens le plus restrictif, au-delà des apparences mondaines et des soirées alcoolisées.

Et puis, petit miracle, il suffit que Fitzgerald se retrouve en compagnie d'un jeunot, fils du PDG de la Paramount, que ces deux là fassent les quatre cents coups sur un temps pourtant bref, pour que le roman reprenne vigueur, souffle et corps. A partir de là, et jusqu'à la fin tragiquement triste, pathétique de Fitzgerald, de ce monstre sacré, qu'on aime ou pas son oeuvre, l'auteur de "Nos plus beaux souvenirs" et de "Emily" accroche son lecteur, lui montre des êtres au bord de la rupture, du drame (qui se noue sans que rien semble pouvoir être fait pour l'empêcher), d'un écrivain, presque vieillard de quarante-quatre ans qui retrouve, vraiment, le goût d'écrire, même si l'on avait senti, au fil des plates pages précédentes, que cette urgence ne l'a jamais vraiment quittée, même après l'échec commercial et critique retentissant de son "Tendre est la nuit". Cela s'était seulement perdu au fil d'un texte alors devenu atone, quasi documentaire. Dès lors, O'Nan joue de toutes ses qualités d'écrivain rusé, intelligent, passionné qui connait son sujet sur le bout de ses ongles mais qui parvient, enfin, à s'en détacher ; qui comprend, mieux que quiconque comment cette fin tragiquement médiocre d'un être ayant porté quelque chose de sublime en lui, quelques années auparavant, aurait pu se terminer autrement, non en bête happy-end hollywoodien bien sûr, mais en dernier acte à la dimension shakespearienne, sublime et poignante. Il n'en fût rien, hélas pour la littérature comme pour l'homme, ce que Stewart O'Nan indique, à la manière d'un début de piste en introduction de son roman, reprenant cette phrase de Scott : «Il n'y a pas de deuxième acte dans les vies américaines.»



Peut s'en faut, et c'est réellement dommage, que cet ouvrage donne une direction quasi faustienne à son projet, qu'il dépasse l'anecdotique pour entrer dans le vif de son sujet, lequel déborde dans une certaine mesure la simple existence d'un écrivain à bout de souffle, de ces dernières relents de légèreté d'avant la monstruosité nazie. C'est un peu comme si, submergé par l'immensité de la tâche, et de sa très probable sincère admiration pour l'auteur autant que pour les ouvrages de celui-ci, il s'était freiné, empêché de sublimer ce destin, au risque, peut-être, de le trahir, de le transgresser d'un strict point de vue biographique mais pour en faire quelque chose d'approchant bien mieux d'une vérité que les dates et les faits bruts ne savent que bien rarement transmettre. Un bon livre, sans doute, mais qui décevra parce qu'il ne parvient pas à aller au-delà de la vraisemblance.
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Derniers feux sur Sunset

Roman flirtant avec la biographie, Stuart O’Nan retrace les dernières années de Scott Fitzgerald, sa carrière laborieuse de scénariste à Hollywood, le lent délitement de son mariage avec Zelda en proie à la maladie mentale et sa dernière histoire d’amour avec Sheila Graham. Les années folles comme si vous y étiez...



Une lecture agréable mais pas enthousiasmante

Le danger quand on s’attaque à la vie d’un grand écrivain, c’est qu’on ne peut s’empêcher d’imaginer ce que Fitzgerald aurait fait de cette matière, et comme un écho à ce regret, les passages les plus émouvants sont ceux tirés des lettres de l’auteur...
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Speed queen

Marjorie, elle a deux trucs pour elle : elle est américaine et elle est blanche. Voilà, c'est à peu près tout. le reste est plutôt merdique : elle est pauvre, elle est sous-éduquée et à l'heure où on fait sa connaissance, elle passe le temps comme elle peut dans le couloir de la mort d'une prison de l'Oklahoma.

Pas grand chose à faire donc à part regarder la télé de temps en temps et espérer que le téléphone sonne. Elle pourrait lire un peu, ça aiderait sûrement mais la littérature c'est pas son truc, ou presque pas, elle n'a lu et ne connait qu'un seul auteur : Stephen King. Mais là attention, quand elle ouvre un de ses chefs-d'oeuvre, pas question de simplement survoler l'histoire, non, par coeur qu'elle connait sa biblio au maître. Bon jusque là, rien de particulier (si on considère qu'attendre de se faire griller la couenne sur du 2000 volts soit quelque chose d'ordinaire) sauf que voilà, un beau jour Stephen King entend parler d'elle et, décidé à écrire son histoire, lui envoie un questionnaire de 114 questions auxquelles Marjorie va s'atteler à répondre du mieux possible tout en surveillant l'horloge, son exécution étant prévue pour la nuit suivante.



Et c'est à travers cette centaine de questions, ou plutôt à travers les réponses qu'elle y apporte qu'on apprend qui elle est, born & raised dans l'Amérique qu'on cache quand on veut l'exporter, le portrait typique de la white trash à la Aileen Wuornos, le nombre de crimes en moins.

Alors, elle nous raconte ses mauvais choix, ceux qu'elle a fait et les autres, ceux que sa position ne lui permettait pas de discuter. Et puis sa rencontre avec Lamont Standiford, mauvais garçon amoureux de petits bolides, qui lui savonne la mauvaise pente sur laquelle elle avait déjà fait quelques pas, et puis c'est parti, la Balade Sauvage, Mickey & Mallory... Avec ces deux-là, ce ne sont pas les références qui manquent. Stewart O'Nan, en plus de rendre hommage au King nous défile tout le catalogue redneck de la vie de combines toujours fumeuses, des fast-foods graisseux, des 7-eleven... L'Amérique qu'il connait sur le bout des doigts et que son talent de conteur nous retransmet intact, tellement qu'en refermant (à regret) ce livre, on cherche d'où peut venir cette odeur d'essence, de graillon et de vie à 200 à l'heure. Une odeur de désolation et de gâchis aussi pour la fictive speed queen parce que, ok, elle a déconné, mais elle méritait pas la chaise Marjorie, non elle méritait pas ça.

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Un mal qui répand la terreur

La guerre de Sécession vient de s'achever, cinq ans à peine qu'elle appartient au passé et les traumatismes sont encore dans l'air et les esprits, dans celui de Jacob Hansen pour en citer un parmi d'autres. Jacob qui officie comme shérif, pasteur et embaumeur à Friendship, une petite ville du Wisconsin qui tente encore de panser ses blessures le jour de la découverte d'un soldat yankee dans une forêt alentour. Est-ce que ce soldat a réellement erré pendant cinq ans avant de dresser la table pour les asticots ? Difficile à dire et finalement ça n'a aucune importance, l'urgence se situe ailleurs et plus précisément dans les causes de la mort que Doc Guterson, médecin du comté dépêché sur place attribuera rapidement à la diphtérie.

Et Friendship qui essayait de se relever et d'avancer retombe dans la terreur avec cette épidémie contre laquelle il semble y avoir bien peu à faire pour cette communauté croyante sinon prier. Prier pour que rien ne vous chatouille le fond de la gorge parce qu'avec la paranoïa ambiante qui s'installe, vous serez condamné avant même d'avoir fini de tousser. Parce que, malgré les tentatives maladroites de Jacob Hansen et de Doc Guterson pour éviter d'ébruiter cette nouvelle traumatisante, ils n'empêcheront pas la population d'apprendre ce qui leur tombe dessus et d'ailleurs, Jacob n'hésitera pas à se mettre ses concitoyens à dos en les empêchant de fuir loin de cette tragédie pendant qu'il en est encore temps, tout persuadé qu'il est que dans ce cas l'épidémie se transformerait rapidement en pandémie.

Sa famille touchée et les habitants de Friendship tombant comme des mouches, Hansen, qui croyait recevoir de l'aide des comtés voisins, finit par comprendre qu'ils ont été mis en quarantaine, que personne ne viendra les aider et qu'il est finalement trop tard pour mettre les bouts.



Pas le meilleur Stewart O'Nan (tout en restant quand même du haut niveau) mais malgré tout une histoire intéressante et bien ficelée, interrogeant et confrontant sans cesse notre sens du devoir à ce que nous dicte notre coeur, quand on se targue d'être un homme droit et que la question se pose de laisser mourir une centaine de gens parmi lesquels famille, amis et voisins ou alors de leur donner une chance en condamnant potentiellement quelques milliers d'inconnus notables.

Jacob Hansen a beau être totalement traumatisé par la guerre, son sens de l'honneur n'en est pas moins intact, au point de l'avoir érigé en manière de vivre, les sentiments et émotions se retrouvant secondaires, enfouis et gommés. On aurait sûrement pas été nombreux à agir comme lui... et c'est peut-être heureux.

A noter l'emploi de la deuxième personne du singulier adopté par O'Nan pour nous conter cette histoire et qui apporte un intérêt supplémentaire au récit en entretenant un certain mystère sur l'identité du narrateur.

L'originalité de ce style, associé à l'éventuel génie de l'auteur, donne souvent de grands livres, pour exemple le magistral (c'est rien de le dire) Un homme qui dort ou le segment "Été" d'Invisible de Paul Auster. Dommage qu'il ne soit pas employé plus souvent.



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Les joueurs

Art, pour la Saint Valentin et après 30 ans de mariage, organise un voyage le temps d'un long weekend avec Marion. Pour lui, qui croit encore à cet amour conjugal, c'est un double pari : reconquérir Marion en l'emmenant revoir les chutes du Niagara, côté canadien - le lieu de leur lune de miel, et, au casino, miser le reste des maigres économies pour éponger les énormes dettes contractées par le couple.....Un voyage que Marion accepte sans grand enthousiasme, vingt ans auparavant Art a eu une liaison qu'elle lui reproche et elle, de son côté a eu une aventure avec une collègue lesbienne, qui a tourné court assez vite. C'est donc un couple au bord de la crise que Stewart O'Nan nous invite à observer...

Avec une intrigue peu réaliste, recoller les morceaux d'un couple au bord de l'implosion, et surtout jouer au casino pour se refaire matériellement, Stewart O'Nan nous invite surtout à l'autopsie d'une histoire d'amour, en convoquant, le temps d'un weekend, souvenirs, impressions, anecdotes ou situations qu'Art essaye de faire revivre, car il y croit encore ; Marion quant à elle reste distante et presque spectatrice des efforts de son mari, avec quelques moments de tendresse et de nostalgie.

Les joueurs est un roman pas très gai, mais Stewart O'Nan fait preuve d'une grande sensibilité et d'une belle écriture pour décrire les sentiments, les frustrations ou les espoirs qui renaitront peut-être de leurs cendres.

Une découverte intéressante, une peinture des sentiments très fine, et un auteur que j'ai apprécié, à suivre....
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Le pays des ténèbres

Il ne peut jamais rien se passer de grave les soirs d'Halloween. Après tout, les morts eux-même sillonnent les rues et Michael Myers est quelque part bien au chaud au fin fond d'un asile ou d'une tombe anonyme... C'est vraiment la soirée de l'année où on peut y aller à fond la caisse. Sûrement ce que devaient penser ces cinq adolescents d'Avon (coin paumé du Connecticut) quand, pied au plancher sur une petite route de campagne, ils sont allés sauvagement embrasser un arbre en bord de chemin. Pas de miracle, comme d'habitude, l'arbre a gagné. Résultat de la course : trois morts (Danielle, Toe et Marco) et deux survivants, Kyle qui ne récupérera plus jamais ses capacités mentales et retournera croupir dans l'enfance sans plus rien comprendre du monde qui l'entoure, et Tim, celui qui s'en sort le mieux physiquement mais dont l'effondrement psychologique, dû à la culpabilité de s'en être aussi bien tiré, va le ronger pire qu'une goutte d'acide fluoroantimonique...

A ces deux garçons suppliciés, Stewart O'Nan adjoint Brooks, policier solitaire et dépressif, c'est lui qui le premier arrivé sur les lieux de l'accident cette nuit-là a découvert les corps, ou ce qu'il en restait pour certains et qui depuis, pour des raisons qui resteront longtemps juste effleurées, n'a plus jamais passé une nuit normale.

Pour parfaire le tableau, s'invitent les voix de Danielle, Toe et Marco qui, sous une autre forme, continuent à rôder dans le coin. C'est Marco d'ailleurs qui se fait le narrateur de cette histoire prenant place un an jour pour jour après l'accident, interrompu sans cesse par les commentaires de ses deux camarades spectraux qui rectifient, expliquent et complètent le récit par leurs remarques parfois acerbes, quelque fois compatissantes (pour Danielle) et souvent ironiques (pour Toe).

Trois esprits dont on comprend vite les raisons de la présence : empêcher Tim de mettre son funeste plan à exécution, plan consistant, pour cette date anniversaire, à emmener Kyle avec lui rejoindre leurs amis et goûter enfin à une paix libératrice.



Loin d'une quelconque énième histoire de revenants (même si ce livre nous ferait presque regarder sous le lit parce que d'un coup, on a envie de les y trouver ces foutus fantômes) le Pays des Ténèbres, s'il flirte parfois avec le fantastique n'en franchit jamais la frontière car au fond, ce dont Stewart O'Nan nous parle une fois de plus et avec son talent habituel, c'est de son Amérique à lui faite de rock'n'roll, de petites bourgades oubliées et de junk food culture.

Cette fois, pour nous inviter à le suivre dans cette oeuvre marquante, il choisit ses personnages parmi des familles sans histoires qui voient leur existence virer au cauchemar en l'espace d'une nuit. Tout en pudeur et sensibilité, il nous brosse le portrait de ces vies brisées et, avec son écriture et son style admirables, c'est sans aucun mal qu'il nous fait ressentir le goût amer de la culpabilité, du deuil impossible et des regrets qui émaillent chaque page d'un encore (j'ai l'impression de me répéter quand je parle de cet auteur) émouvant, implacable et merveilleux roman.

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Derniers feux sur Sunset

Sur le mode de la biographie romancée, Stewart O’Nan revisite ici les trois dernières années de la vie de Francis Scott Fitgzerald, entre 1937 et 1940 cette l’expérience hollywoodienne d'un Francis Scott Fitzgerald ne le sait pas encore mais il vit ses dernières années. où il a tenté d'être scénariste.



O’Nan recrée avec précision et une belle plume l’Hollywood d’avant-guerre ; et nous propose une excellente biographie romancée, hyper-documentée et pourtant d’une lecture fluide et montre avec justesse les états d’âme de Fitzgerald, surtout par rapport à son épouse Zelda, entre deux séjours à l'hôpital et deux crisesn'est plus que l'ombre de la légende qu'elle a été

Pendant près de quatre cents pages, on est plongé dans l’intimité vibrante d’un homme et d’un auteur et se crée devant nos yeux ébahis, la très réussie rencontre entre deux grands auteurs.



Ces beaux et fragiles Derniers Feux sur Sunset est donc un passionnant roman sur le Hollywood de la seconde moitié des années trente dont le personnage principal est un certain Francis Scott Fitzgerald.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Un visage dans la foule

Cette année , Stephen fait plus que jamais parler de lui!!!Et quel régal!!!



Cette nouvelle est encore la preuve que le King a une imagination plus que débordante…Il aurait pu facilement la transformer en un livre riche et plus qu’intéressant, mais non, il nous montre l’étendue de son immense talent dans moins de 40 pages, juste une petite friandise à déguster entre deux pavés édités! Il m’impressionnera toujours cet homme: d’où lui vient cette inspiration foisonnante??? Comment fait-il pour surprendre ses lecteurs quelque soit le format du livre???



Je suis bien sur , une fois de plus conquise par cet opus, même si les nouvelles sont en général pas mon style de lecture, celle ci était bien menée. Je me suis laissée prendre au jeu du grand Maitre et j’ai beaucoup apprécié cette chute! Bon évidemment, si quelques petites explications sur ce « lourd » passé que je soupçonne n’aurait pas été de trop, Stephen et son acolyte Stewart arrivent à laisser une porte ouverte (grinçante, cela va de soit) pour mieux nous laisser imaginer les frasques de cet Evers…Et finalement, ça fait presque aussi peur!



En bref, une bonne lecture express mais efficace!


Lien : https://fairystelphique.word..
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Chanson pour l'absente

Kim Larsen, 18 ans, encore quelques petites semaines et elle quittera enfin Kingsville, bled paumé de l'Ohio, pour entrer en fac. En attendant, elle bosse dans un restau routier avec sa meilleure copine et passe la moitié de ses nuits à se beurrer la frite avec ses amis du bahut. En bref, la vie typique d'une ado américaine, enfin typique jusqu'à cette nuit où elle ne rentre pas...

Fugue, enlèvement, accident ; Tout est envisageable mais pour ses parents, pas de doute, c'est un kidnapping, quoi d'autre ? Puisque bien sûr dans leur esprit c'est encore une enfant. Pour la police, par contre c'est une adulte et l'envie de disparaître n'étant pas un délit, quand l'enquête se met vraiment en place, Kim a disparu depuis déjà quelques jours.

Un truc que la famille aura bien du mal à digérer cette nonchalance des inspecteurs.

De toute façon côté parents, enquête en route ou pas, pour eux pas question de chômer : enrôlement des voisins, des amis, des connaissances, bref de tous ceux prêts à donner un coup de main et entre ratissages, collages d'affichettes, signalements internet et passages dans les télés et radios locales, ils ne trouvent que peu de temps pour s'apitoyer sur leur sort. Tant mieux. Malheureusement, tout ça ne donne rien et le flou sur cette disparition reste aussi opaque qu'une nuit de brouillard chez John Carpenter. Et quand la voiture de Kim, abandonnée au bord d'une route, est finalement retrouvée, le mystère s'épaissit encore un peu plus.



Stewart O'Nan nous offre avec Chanson pour l'absente un livre hanté. Hanté par l'absence, par le doute, par l'impossible acceptation et par l'incompréhension. Aucune difficulté à se mettre dans la peau des Larsen tant leur détresse est palpable, d'autant plus que, paradoxalement, ils ne la montrent pas, ou le moins possible, mais quand on en arrive à prier pour retrouver le cadavre de sa propre fille afin d'en finir avec ce cauchemar, tout est dit...



Pas sans rappeler le très bon Des Anges dans la Neige par certains côtés, O'Nan nous démontre encore à quel point il excelle à nous raconter la vie quotidienne de ceux qui ne sont pas censés voir les coutures de leur petit monde douillet craquer, ceux qui ont signé pour une maison, deux enfants, deux voitures – dont une mahousse – et un chien (ici il s'appelle Cooper et il est évidemment adorable) et nous rappelle, si besoin était, que le malheur et la vie qui s'écroule en un claquement de doigt ne font pas de discrimination. Simple question de loterie.

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Emily

Emily, ou quand le récit de la vie d'une vieille dame nous berce doucement.

Emily vit seule depuis la mort de son mari, mais pas toute seule pourtant, il y a son petit compagnon à quatre pattes Ruffus.

Ses journées s'écoulent au rythme de ces petits riens qui sont importants comme les visites d'Arlène sa belle-sœur avec qui elle aime partir en balade dans la voiture qu'elle vient de s'offrir pour être indépendante.

Les visites de ses enfants viennent parfois égayer ses journées...

Mais elle aime aussi s'occuper de son jardin et surtout, surtout se laisser porter par la musique, son bonheur extrême.



L'écriture lissée de Stewart O'Nan restitue très bien cette ambiance nostalgique sans pour autant sombrer dans la tristesse, mais bien au contraire dans une atmosphère où, quelle que soit l'époque de la vie, il y a toujours un lendemain.
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Emily

La couverture avec cette femme vue de dos évoque pour moi quelque chose comme une gouvernante entre 55 et 60 ans, j'ai donc été un peu surprise de m'apercevoir que j'allais passer plusieurs heures en compagnie d'une dame de 80 ans. Ce qui ne fut pas désagréable. Évidemment pas de trekking au Népal, ou de virée shopping à New York, rien que des visites culturelles, de la musique classique, des conversations avec une autre vieille dame, des visites des enfants et petits enfants, un verre de vin, Rufus le chien,... Des riens qui pour Emily sont encore le sel de la vie.

Ce n'est donc pas un récit d'aventures trépidantes mais le quotidien avec ses petits soucis et plaisirs d'une femme qui n'est ni parfaite ni insupportable.

Je me suis aperçue après coup que cette Emily avait déjà été évoquée par l'auteur dans Nos plus beaux souvenirs.



Challenge USA un livre un état

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Le pays des ténèbres

Le Pays des ténèbres est un roman fascinant, un hommage brillant et assumé à la littérature fantastique qui voient trois jeunes gens du Connecticut morts dans un accident de voiture suivre et accompagner les survivants qui essaient tant bien que mal de survivre aux séquelles physiques et psychologiques de cette terrible épreuve.



Les esprits des jeunes défunts viennent donc rendre visite à ceux qui pensent à eux, et portent un regard parfois plein d’humour noir et montrent que les fantômes ne sont pas forcément ceux que l’on croit.



A la lisière du fantastique, Stewart O'Nan livre une œuvre dense, sensible, poétique, forcément hanté, lyrique universelle dans lequel les morts ont le beau et difficile rôle de colmater les souffrances et les blessures des vivants .



Un roman racé et poignant qui confirme tout le talent d’un auteur dont on avait déjà adoré Chanson pour l’absente et un monde ailleurs.








Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Derniers feux sur Sunset

Quand commence Derniers feux sur Sunset, en 1937, il ne reste plus à Francis Scott Fitzgerald que 3 ans à vivre. Stewart O'Nan, dans une ouvrage d'une tristesse insondable, s'attache aux pas de l'auteur de Gatsby, avec une minutie factuelle et psychologique et un style précis et mélancolique que l'on pourrait aisément qualifier de fitzgeraldien. Loin de sa femme Zelda, internée dans une clinique, et de sa fille désormais étudiante, Fitzgerald revient à Hollywood avant tout pour survivre. Il y côtoie Dorothy Parker, Humphrey Bogart et Ernest Hemingway mais doit surtout se battre pour travailler en rafistolant des scenarii ineptes ou en voyant ses textes mutilés comme pour l'adaptation de Trois camarades. Il est vrai que notre héros n'est pas au mieux de sa forme tant physiquement que moralement et son incapacité à demeurer sobre n'arrange pas son délabrement. Il sait qu'il ne reverra certainement plus Zelda en pleine possession de ses facultés et l'amour de Sheilah Graham, célèbre échotière de Hollywood, est un baume temporaire qui sécurise ce grand séducteur à l'égo bien affirmé. O'Nan n'a pas voulu trop charger Fitzgerald, au comportement parfois erratique, dont la splendeur passée n'est plus qu'un souvenir. On ne peut comme lui qu'éprouver un sentiment de gâchis devant ce que l'écrivain magnifique d'Un diamant gros comme le Ritz est devenu à l'automne avancé de sa vie. A ce titre, Derniers feux sur Sunset est un livre touchant sur l'approche de la mort, la fin des illusions et la nostalgie du passé. Comme l'écrivait Fizgerald "toute vie est une entreprise de démolition." Au bout de la sienne, il n'y avait guère plus que le sentiment d'en avoir joui au-delà de toutes limites.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Emily

Suite de « Nos plus beaux souvenirs » mais pouvant se lire indépendamment.

« Nos plus beaux souvenirs » évoquait un été pendant lequel toute une famille était réunie dans la maison familiale qui allait être vendue suite au décès du père.

C’était l’occasion pour chacun de faire un point sur sa vie.

Dans « Emily », quelques années ont passé, Emily Maxwell est une veuve de 80 ans et ce roman nous raconte son quotidien, entre les repas au Club avec sa belle-sœur, la visite de musées, ses soirées passées à écouter de la musique…

Elle n’attend plus grand-chose du temps qu’il lui reste à vivre, si ce n’est de petits plaisirs ponctuels et la visite de sa famille pour Thanksgiving, Pâques ou Noël.

L’écriture est très sobre et nous fait ressentir toute la solitude de cette femme au seuil de sa vie mais aussi ces petites joies toutes simples qui égayent le quotidien (recevoir une carte postale, entendre à la radio une chanson aimée, le coup de téléphone d'un enfant...).
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Les joueurs

L’écriture de ce roman est belle, puissante et émouvante mais qu’est-ce que l’histoire est déprimante !

Art et Marion sont mariés depuis une trentaine d’années, ils ont des enfants qui ont quitté la maison, sont au bord de la faillite et leur histoire ne tient plus qu’à un fil.

Ils décident de passer un week-end « de la dernière chance » aux chutes du Niagara, lieu de leur voyage de noce, pour peut-être, repartir de zéro.

A l’issue du week-end, ils ont prévu de tenter le tout pour le tout et de parier le peu qu’il leur reste au casino.

Pendant tout un week-end, Art va donc bravement essayer de reconquérir sa femme pendant que Marion a dans l’idée de juste faire en sorte que tout se passe le moins mal possible avant de rentrer divorcer et de commencer une nouvelle vie.

Ces quelques jours seront l’occasion pour chacun de faire ressurgir les remords, les regrets, les déceptions et désillusions d’un couple ordinaire.

Certes, les bons moments et les souvenirs heureux existent mais ne sont-ils pas trop enfouis sous des tonnes d’amertume pour pouvoir rejaillir ?

L’histoire d’un couple n’est-elle finalement qu’une question de chance, de hasard ?

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Emily

On suit le quotidien d’Emily, 80 ans.

Son chien, sa belle sœur, ses copines, sa voiture, sa famille qui vient pour Noël……

Elle est sympathique Emily, mais cette énumération plutôt plate de sa vie quotidienne m'a vite ennuyée ;

Tellement ennuyée que j’ai refermé le livre à la page 150.

Je ne pense pas qu’il se soit passé grand-chose dans les 200 suivantes.

Et si c’est le cas, et bien tant pis et dommage pour moi.

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Des anges dans la neige

Y'a t'il au monde un p'tit gosse qui n'a pas été – plus ou moins consciemment – fou amoureux de sa baby-sitter ? Étant entendu qu'il s'agisse d'une ado du genre prête à travailler au camp Crystal Lake l'été prochain et non pas d'un modèle dérivé de Christine Falling. Donc une jeune baby-sitter, sympa, jolie, marrante... à priori pas de raisons de ne pas lui vouer un amour éperdu, platonique mais éperdu, en tout cas Arthur Parkinson il n'en voit aucune et tant qu'Annie, sa jolie voisine, viendra passer ses soirées en sa compagnie pendant que ses parents seront absents, il sera le plus heureux des gamins.

Mais, comme tout lardon ingrat qui se respecte, en grandissant, Arthur va oublier sa nounou jusqu'à ce que son souvenir lui revienne en mémoire alors que désormais lycéen, il apprend sa mort par assassinat.

L'enquête qui suivra connaîtra une conclusion banale dans ce genre d'histoire, un fait divers que plus personne ne remarque depuis longtemps.



Un meurtre, des morts, des suspects, une enquête, un coupable... tous les ingrédients du polar sont réunis dans Des Anges dans la Neige et pourtant Stewart O'Nan, ce qu'il nous offre n'a rien à voir, ou si peu, avec un classique roman policier malgré la trame habituelle.

A travers cette histoire à première vue tristement quelconque, O'Nan nous parle de solitude, de carence affective, de cette impossibilité à communiquer que connaît Arthur à l'instar des personnages qui gravitent autour de lui. Gravitent oui, car malgré ses efforts pour aller vers les autres et son acharnement à faire "comme si", personne ne semble pouvoir l'atteindre.



Pour son premier roman, Stewart O'Nan nous offre une oeuvre sensible, tourmentée et tout en retenue, mettant en lumière l'Amérique des déshérités, des oubliés du rêve américain, ceux qui tentent de s'en sortir malgré leurs blessures jamais refermées...

Finalement, dans ce formidable roman, Stewart O'Nan ne fait rien d'autre que de nous parler de la vie et bon sang ce qu'il le fait bien.
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Speed queen

Marjorie est dans le couloir de la mort ... Très vite, on découvre qu'elle répond à des questions ( 114, rien moins que ça !!) de Stephen King ( bah oui , lui !!) qui a l'intention d'écrire un livre sur elle . On va découvrir son histoire, avec comme décor de fond une Amérique de malbouffe et de " fast cars ". Marjorie se raconte sans concession et explique pourquoi on en est arrivé à la surnommer " Speed Queen" et aussi pourquoi elle se retrouve condamnée à mort. J'ai eu un peu de peine à entrer dans l'histoire, mais une fois les différents protagonistes identifiés et surtout après m'être habituée au style très "parlé" de Marjorie, j'avoue que j'ai dévoré ce roman très noir . A noter à la fin du livre, un glossaire " fast-food" assez édifiant....
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