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Citations de Sylvain Prudhomme (412)


J’aime et redoute à la fois l’idée qu’il existe une ligne d’ombre. Une frontière invisible qu’on passe, vers le milieu de la vie, au-delà de laquelle on ne devient plus : simplement on est. Fini les promesses. Fini les spéculations sur ce qu’on osera ou n’osera pas demain.
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Il a attrapé le livre. S'est mis à le feuilleter. Il a souri de tomber sur un passage où l'auteur comparait l'autostop à la pêche à la ligne: "Même patience, même délicatesse dans le coup de poignet,même absence de brusquerie. Même joie dans les prises."
Il a lu à haute voix: " Il existe des routes à Cadillac comme des rivières à brochets."
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J'avais envie de calme. Il m'avait semblé qu'à V. je saurais retrouver la concentration, l'ascèse qui depuis des années me manquaient. La juste dose d'isolement qui me permettait enfin de me ramasser, de me reprendre, peut-être de renaître
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....cette même absence de vergogne qui devait lui faire regarder comme normal à présent de s’être taillé comme tous les autres ministres de confortables avoirs sur les deniers publics, normal de posséder à Lisbonne un duplex acheté avec l’argent du Trésor, normal que l’État mette la main à la poche chaque fois qu’il jugeait bon de soutenir le projet d’un parent ou d’un cousin, il avait lâché cette proposition qu’il avait sans doute voulu généreuse, avait raconté Malam, donnez-moi votre accord et je vous fais tout de suite virer dix millions, quinze mille euros est-ce que ça vous dirait avait-il lâché d’un ton fier de son idée, non ne dites rien, réfléchissez d’abord, demandez-vous si le pays d’une certaine façon ne vous les doit pas, si ce ne serait pas la moindre des choses après tout ce que vous avez fait pour nous, allons dites-moi simplement oui donnez-moi votre accord un numéro de compte et je vous fais virer l’argent demain, quinze mille euros qu’est-ce que c’est, à peine un coup de pouce pour l’album, comment est-il possible que personne n’ait pensé à faire ce geste, je n’en reviens pas. (P. 162)

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Le Rhône avec sa coulée gigantesque, inarrêtable. Ses remous faussement calmes. Ses tourbillons dont l’apparente nonchalance n’avait d’égal que la force. Millions de mètres cubes de liquide dévalés des hauteurs pendant des centaines de kilomètres et qui touchaient là presque au but, la mer à moins d’une heure en aval, le fleuve impatient à présent.
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Nel s’était penché pour ouvrir un étui en cuir posé à ses pieds, en avait extrait un large boîtier panoramique équipé d’un niveau à bulle. Il avait porté le viseur à son œil, fait le point, vérifié qu’il tenait bien la chambre à l’horizontale. Constaté la parfaite netteté de l’image, laissant voir chaque aspérité du sol, chaque tache dorée de lichen, chaque arête des tuiles de la bergerie. C’était la vertu des vues prises à la chambre : capturer même l’infinitésimal. Attraper la matière des choses, leur froncé, leur grain.
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Qui ne désire pas la paix.
Quii n'est pas d'accord pour convenir que la paix est précieuse, que tous ceux qui la troublent sont toujours des importuns, des inconvenants, des fâcheux.
Le problème n'était-il pas plutôt que la paix soit l'autre nom du déni.
L'autre nom de l'effacement pur et simple de vies.
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C'est comme si maintenant que tout était fini ils l'apercevaient mieux, pouvaient l'envisager avec recul, ramené à ses justes proportions, embrasser la trajectoire entière de sa vie, la courbe entière de leurs rapports avec lui, des décennies durant.
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«  Dehors j’ai trouvé la nuit de septembre presque tombée déjà, les rues désertes, quelques restaurants ouverts encore.
Le vent avait forci, il faisait froid. J’ai regardé les magasins aux rideaux baissés, les maisons aux fenêtres allumées ça et là, les reflets bleus et verts d’un téléviseur au plafond d’un premier étage . Par le carreau d’un rez- de -chaussée j’ai vu une famille attablée à dîner » .
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« J’aime et redoute à la fois l’idée qu’il existe une ligne d’ombre. Une frontière invisible qu’on passe, vers le milieu de la vie, au-delà de laquelle on ne devient plus : simplement on est. Fini les promesses. Fini les spéculations sur ce qu’on osera ou n’osera pas demain. Le terrain qu’on avait en soi la ressource d’explorer, l’envergure de monde qu’on était capable d’embrasser, on les a reconnus désormais. La moitié de notre terme est passée. La moitié de notre existence est là, en arrière, déroulée, racontant qui nous sommes, qui nous avons été jusqu’à présent, ces que nous avons été capable de risquer ou non, ce qui nous a peinés, ce qui nous a réjouis. »
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Il m'a semblé fou que partout des hommes et des femmes vivent. Que partout des feux les rassemblent. Que partout ils soient sous le ciel à lire dans les étoiles, à chercher Orion, à le trouver au-dessus d'eux.
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J'aime l'idée du labeur. J'ai de l'admiration pour cela : l'obstination, l'entêtement, l'endurance.
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J’ai toujours eu, dans la solitude, d’intenses moments de joie, qui alternent bien sûr avec d’intenses moments de tristesse, mais tout de même : je suis d’une nature globalement disposée au bonheur.
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Est-ce que c'est vrai ce qu'on dit : qu'avant d'apprendre à parler les enfants voient des choses que les adultes ne voient pas. Que les très petits enfants sentent. Qu'ils savent. Justement parce qu'ils ne parlent pas. Ne s'assourdissent pas encore les sens du même bavardage que les adultes.
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J'aime et redoute à la fois l'idée qu'il existe une ligne d'ombre. Une frontière invisible qu'on passe, vers le milieu de la vie, au-delà de laquelle on ne devient plus : simplement on est. Fini les promesses. fini les spéculations sur ce qu'on osera ou n'osera pas demain. Le terrain qu'on avait en soi la ressource d'explorer, l'envergure de monde qu'on était capable d'embrasser, on les a reconnus désormais. La moitié de notre terme est passée. La moitié de notre existence est là, en arrière, déroulée, racontant qui nous sommes, qui nous avons été jusqu'à présent, ce que nous avons été capables de risquer ou non, ce qui nous a peinés, ce qui nous réjouis. Nous pouvons encore nous jurer que la mue n'est pas achevée, que demain nous serons un autre, que celui ou celle que nous sommes reste vraiment à venir-c'est de plus en plus difficile à croire, et même si cela advenait, l'espérance de vie de ce nouvel être va s'amenuisant chaque jour, cependant que croît l'âge de l'ancien, celui que nous aurons de toute façon été pendant des années, quoi qu'il arrive maintenant.
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... je savais bien que la ville, toute entière vouée au plaisir des estivants, ne montrait qu'un de ses visages, le plus attrayant, le plus facile. J'avais désiré voir l'autre. Celui des longues nuits d'hiver.
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J’ai vu peu de gens, dans ma vie, pour lesquels autrui n’était jamais un poids, jamais une fatigue, jamais un ennui. Toujours au contraire une chance. Une fête. La possibilité d’un supplément de vie. L’autostoppeur était de ces êtres. C’était comme s’il avait constamment à l’esprit la pensée que chaque être placé sur sa route ne le serait peut-être plus jamais. La conscience que s’il voulait le connaître, c’était maintenant.
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L'esseulement ne m'effrayait pas. J'ai toujours eu, dans la solitude, d'intenses moments de joie, qui alternent bien sûr avec d'intenses moments de tristesse, mais tout de même : je suis d'une nature globalement disposée au bonheur.

page 10
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Elle comparait les mots à de vieux soldats au service de la langue depuis des siècles;Elle disait qu'il ne nous arrivait pas tout neufs, qu'ils avaient servi dans bien des batailles avant les nôtres. Que choisir un mot plutôt qu'un autre c'est faire entrer dans son livre un vétéran avec toute une histoire, toute une mémoire, il ne fallait pas se tromper ou c'était la troupe entière des mots choisis jusque-là qui risquait de se trouver dépareillée.
D'autres fois encore elle balayait tout ça d'un sourire. Elle disait qu'il ne fallait pas trop réfléchir. Qu'après tout la seule chose qui comptait c'était de capter et de rendre un souffle. Comme quand on donne un baiser, elle disait, et elle me laissait seul dans le jardin le temps d'aller remplir la théière.
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Je ne sais pas si la pente naturelle de la vie est d’être seul d’abord, indépendant, nomade, puis peu à peu de se lier davantage, de se fixer, de fonder une famille. Si c’est le cas je régressais. J’allais de moins en moins loin. Mes histoires d’amour s’écourtaient. Se raréfiaient. J’étais moins supportable qu’avant.
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