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Citations de Sylvain Prudhomme (412)


« J’ai pensé que c’était fou. Qu’il fallait un hasard extraordinaire pour que nous nous retrouvions là tous les deux. Ou peut-être autre chose qu’un hasard. Je me suis mis à la place de l’autostoppeur. J’ai pensé ce qu’il avait dû penser en apprenant que j’étais là. Ce qu’il était impensable qu’il n’ait pas pensé : que je venais le chercher. Que ce déménagement, je me faisais pour lui. » (p. 24)
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Maurice le grand-père de Nel avait eu deux fils, Joseph et Antoine. Il les avait tous deux voulus bergers, ne leur avait pas laissé le choix, n'avait pas même songé qu'un choix fût possible, s'était contenté d'obéir à l'évidence, à savoir que la famille possédait un troupeau et que ce troupeau rapportait, que lui-même serait un jour trop vieux pour l'entretenir, qu'il était donc urgent que ses deux fils se préparent à veiller à sa place sur les mille brebis familiales.
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« Le temps va et vient et vire
Par jours par mois et par années .
Moi je ne sais plus que dire:
J’ai toujours même désir » ..

BERNARD DE VENTADOUR .
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J'ai pelé plusieurs gousses d'ail, les ai hachées, mises à dorer dans de l'huile. L'odeur est montée. J'ai fait cuire les pâtes, je les ai égouttées, versées dans la poêle avec l'huile et l'ail. J'ai regardé leurs longues tresses se tordre. J'ai attendu qu'elles grillent, que l'huile et l'ai les imprègnent à coeur, qu'elles deviennent craquantes comme des brindilles.
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J'ai senti le bloc de silence entre les murs. J'ai écouté crisser le parquet sous mes pas.
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C'est entre ces murs qu'il a passé la moitié de sa vie. Entre ces murs que tout son être a encaissé le doublement de son âge depuis ses vingt ans. Entre ces murs, pour l'essentiel, que cela s'est passé : le vieillissement de son corps et sans doute de ses pensées.
Il pense à ce mot : mûrir. A sa merveilleuse faculté de charger l'âge de promesses et de bienfaits. Il a mûri, si on veut. Mûri comme un fruit : il veut bien souscrire à cette image. Un fruit déposé là, entre ces murs. Exposé semaine après semaine à la lumière entrée par les fenêtres. Un fruit abandonné aux salves de photons et jour après jour défraîchi, usé, fané, ridé, ratatiné - il ne l'est pas encore tout à fait mais c'est indéniablement dans ce sens que vont les choses, bientôt il faudra regarder la vérité en face : il sera vieux.
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Je suis heureux que tu te sois trouvé sur ma route. Parole de voyageur. Parole d'habitué des routes, des carrefours, des rencontres. Parole de vrais amoureux de la vie, reconnaissant aux surprises qu'elle réserve.
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J'ai réalisé qu'il ne se passerait rien. Qu'il n'y avait rien à attendre. Que toujours ainsi les semaines continueraient de passer, que le temps continuerait d'être cette lente succession d'années plus ou moins investies de projets, de désirs, d'enthousiasmes, de soirées plus ou moins vécues. De jours tantôt habités avec intensité, imagination, lumière, des jours pour ainsi dire pleins, comme on dit carton plein devant une cible bien truffée de plombs. Tantôt abandonnés de mauvais gré au soir venu trop tôt. Désertés par excès de fatigue ou de tracas. Perdus. Laissés vierges du moindre enthousiasme, de la moindre récréation, du moindre élan véritable. Jours sans souffle, concédés au soir trop tôt venu, à la nuit tombée malgré nos efforts pour différer la défaite, et résignés alors nous marchons vers notre lit en nous jurant d'être plus rusés le lendemain - plus imaginatifs, plus éveillés, plus vivants.
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Le monde se divise en deux catégories. Ceux qui partent. Et ceux qui restent.
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Matt avait entendu les sonnailles au loin, l'aboiement des chiens. Il avait vu le troupeau approcher. Millier de boules écrues qui au milieu de l'immensité semblent une poignée de graines au vent. C'est les premières. Elle viennent de redescendre des Alpes. Bientôt il y aura des redescentes tous les jours. De toutes les vallées. La plaine se repeuplera. Les bergeries seront de nouveau pleines la nuit. (P. 236)
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"Je veux raconter cet endroit, avait dit Matt à Nel en revenant du rendez vous. Il y a tout eu dans cette boite, sur fond de taureaux et d'étangs de camargue: l'éxubérance joyeuse des années 60, la rébellion des années 70, les paillettes des années 80, la drogue le SIDA les premiers DJ, la crise des années 90."
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Naître bâtard, c’est gagner du temps, mûrir à vitesse accélérée, apprendre à composer dès les premiers pas avec le boitement inévitable de la vie. C’est grandir plus courageux, plus honnête avec soi-même et avec la vie, tout simplement plus vrai.
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Et puis.
Et puis rien, a dit Marie en souriant calmement. Parfois, c'est bien de revenir à d'anciennes amours. On les vit une fois pour toutes. On arrête de se raconter que ça aurait pu marcher. On voit qu'en tout cas, c'est trop tard.
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Et un matin je me suis levé et je me suis dit ça y est, tu es grand. J'ai réalisé qu'il fallait que j'arrête de me répéter ces mots, plus tard quand je serai grand. Que c'était fini : j'étais grand. Je l'étais devenu à mon insu. Sans que personne vienne me prévenir. J'ai compris qu'il n'y aurait pas d'épreuve. Pas de monstre à vaincre ni de nœud à trancher. Pas de coup de gong solennel. Pas de voix paternelle pour me souffler à l'oreille ces mots, c'est maintenant, t'y voilà. J'ai compris qu'il n'y aurait nulle ligne à franchir. Nul cap à passer. Nul obstacle à surmonter. Qu'être grand simplement désormais ce serait ça ; la continuation de ce présent, de cette lente translation, de ce glissement presque imperceptible, seulement décelable à l’érosion de certaines de mes facultés, au grisonnement de mes temps et de celles de Marie, à notre renoncement de plus en plus fréquent à telle ou telle folie qui autrefois nous aurait semblé de le sel même de la vie, à la taille chaque année accrue d'Agustin, à son énergie décidé à nous dévorer chaque jour un peu plus.
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Quel est ce bonheur qui me fait trembler, qui me redonne force et vie? Je me sens délivré. Tout me semble bon, tout a un sens, tout est vrai.
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Nous avons de longues journées ensemble, délibérément, joyeusement employées à cet art difficile entre tous : ne rien faire. Des journées désoeuvrées, vacantes, ouvertes comme de grandes plages à marée basse.
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Elle comparait les mots à de vieux soldats au service de la langue depuis des siècles. Elle disait qu’ils ne nous arrivaient pas tout neufs, qu’ils avaient servi dans bien des batailles avant les nôtres. Que choisir un mot plutôt qu’un autre c’était faire entrer dans son livre un vétéran avec toute une histoire, toute une mémoire, il ne fallait pas se tromper ou c’était la troupe entière des mots choisis jusque-là qui risquait de se trouver dépareillée.
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Plusieurs jours sont passés sans que je revoie l'auto stoppeur. Je ne lai pas rappelé, n'ai pas cherché à le recroiser. Lui non plus. comme si ce dimanche ensemble nous dispensait pour longtemps de toute obligation l'un envers l'autre.
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Avec le temps l'autostoppeur s'est pris à regretter que les trajets se terminent. Que sa route doive toujours à la fin, inéluctablement, se séparer de celle des gens rencontrés. Il s'est mis à leur demander s'ils se rendaient compte. S'ils mesuraient quel extraordinaire concours de circonstances avait permis que leurs routes se croisent.
D'habitude les inconnus qu'on rencontre se rattachent plus ou moins à la vie qu'on mène. Au travail qu'on fait. A l'école où vont nos enfants.Aux bars et aux lieux de sortie qu'on fréquente. Tôt ou tard on les recroisera, on leur reparlera. Tandis que vous et moi: combien de chances avions-nous de nous rencontrer. Et maintenant nous allons détruire tout cela?
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L’esseulement ne m’effrayait pas. J’ai toujours eu, dans la solitude, d’intenses moments de joie, qui alternent bien sûr avec d’intenses moments de tristesse, mais tout de même : je suis d’une nature globalement disposée au bonheur.
J’aime et redoute à la fois l’idée qu’il existe une ligne d’ombre. Une frontière invisible qu’on passe, vers le milieu de la vie, au-delà de laquelle on ne devient plus : simplement on est.
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