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Critiques de Thael Boost (33)
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La mère à côté

Je referme ce livre. Je suis quelque part ailleurs, ému.



Thael Boost raconte sa maman et se raconte à travers elle. Au fil des pages, elles ne font qu’une, et à la fois, chacune reste unique, chacune reste femme.



C’est l’histoire d’une maladie qui fait perdre le fil à Rosy. C’est l’histoire de Thael qui, jour après jour, tente d’empêcher l’écheveau de la mémoire de se défiler. C’est un combat perdu d’avance, une victoire de tous les instants. C’est une histoire bête à en pleurer, racontée avec une pudeur immense, une vérité éclatante.



Délicat, tendre et lucide mais véritablement tonitruant, ce roman n’emprunte pas les routes toutes tracées de la facilité que pourrait invoquer son sujet, mais bel et bien celui des chemins de traverse de nos existences, entre sourire et larmes. Cri d’amour immense où chaque chapitre raconte un présent qui fait écho au passé, à cette mère imparfaite et oh combien aimée.



Ici, chaque mot est pesé, posé avec fracas et avec une infime délicatesse. On lit, on rit, on vit cette relation mère-fille. C’est un roman sur l’inconscience folle de ces années qui creusent des rides dans nos cœurs abimés et qui transforment les petites filles en mère. C’est un roman comme une confidence, à la fois universel et terriblement intime. Et finalement, c’est peut-être plus qu’un roman pour moi, puisqu’il s’est passé quelque chose de fort à sa lecture. Comme une rencontre.



Ce roman, ce sont des mots qui existent, pour toujours, afin de faire la nique à ce putain de temps qui passe.



Certainement plus qu’un hommage, un cri murmuré à plein poumons. Quelque chose qui vient du ventre et qui soulage un peu face à cette injustice que peut parfois être la vieillesse.



Lisez-le. Oui, lisez-le fort.


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La mère à côté

« Tu as compris qu’après la mort soudaine de Papa, la solitude, les deux cancers, tu allais te faire manger le cerveau et assister vivante et impuissante au banquet au cours duquel tu seras le plat principal ».



Dans La mère à côté, Thael Boost nous fait une petite place à table, dans ce banquet aux invités multiples mais vécu à deux avec Rosy sa mère. 90 ans pour le monde administratif, mais la soixantaine pour elle depuis que les petits hommes en bleu ont décidé de mettre à mal son cerveau en cessant de l’ordonner correctement.



« Les rôles ne sont plus les bons. La pièce se joue toujours, mais les costumes ont changé ». Alors pour supporter la dérive vers le côté de cette mère fusionnelle, la fille arrivée sur le tard se tourne vers le passé pour bousculer un temps présent dont la fluidité est vacillante.



À l’unisson de ce qui se passe dans la tête de sa Mum, Thael Boost mélange alors souvenirs d’enfance et tranches de vie du présent ; petits instantanés de bonheur partagé, fragiles mais précieux ; aphorismes cinglants qui déclenchent un sourire, sursauts d’un esprit toujours aussi libre et cash qu’il le fut tout au long d’une vie atypique ; réflexions sur la place d’un âge que nous ne voulons pas voir tel qu’il s’impose à nous.



Mais le souci de la relation fusionnelle, c’est qu’elle est souvent difficilement partageable et compréhensible par autrui, en tout cas à même valeur d’intensité. Sans que cela me gêne, je me suis ainsi retrouvé plus souvent spectateur que convive de ce livre où l’émotion et l’humanité affleurent à chaque page.



Et à celles et ceux qui craindraient l’excès de pathos, sachez qu’il n’en est rien. L’auteure évite habilement le piège, zappant rapidement vers de joyeuses fulgurances quand le ton devient trop grave et sachant convoquer Dory de Nemo ou la publicité de Garbit pour l’alléger à point nommé.



Et puisqu’il faut conclure, laissons à Thael le soin de le faire : « On ne quitte jamais l’enfance. On s’en persuade pour se donner une autre contenance. Quand l’âge a décidé de nous rattraper, on y retourne bien vite. Parce qu’au final, que reste-t-il, à part l’amour, la littérature et le vin ? ». Et un peu Rouen aussi, non ?
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La mère à côté

Voyage où la conscience n’est plus ou si peu, entre deux eaux, deux portes, deux mondes, « La mère à côté » côtoie la vie de celle qui s’absente tenue d’un fil par celle qui reste. Thael maintient les pièces qui une à une s’échappent, colle et colmate, face à la plaie d’un mal gourmand. Il prend ce traître, ce mal irrévocable, et vide la substance. La mémoire s’efface laissant les mots se briser sans suite, sans entendement, la carcasse se plier. Elle ignore où se poser, comment, pourquoi. L’esprit tricote.

Bouleversant témoignage de l’amour que l’on porte à sa mère, du temps qui grignote, des souvenirs que l’on contient pour que rien ne s’échappe alors que tout se délite, ce texte tisse le quotidien de la vieillesse et de celle qui l’entoure et l’accepte au-delà de son propre chagrin.

J’ai été profondément émue par le livre de Thael Boost qui, sans fard, écrit la vie comme on l’occulte : ces « vieux » à la tête perdue, ces corps déloyaux avec lesquels il faut composer. A travers les souvenirs, elle trace l’histoire universelle de l’âge, de la maladie et des sentiments. Une histoire d’amour incommensurable collée à la béance d’une cicatrice. Les mots font mal, le chagrin se dessine.

Thael Boost tient un compte instagram où chaque aventure de Rosy, âgée de plus de 90 ans et nommée #têtedemum, est croquée. La vraie vie s’y écoule entre la course aux chaussures et les mots qui se mixent. Véritables instantanés, les posts rendent hommage à celle qui reste une femme de caractère malgré la douloureuse progression de celui qu’on appelle Alzheimer. A lire !

Une lecture « coup de cœur »






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La mère à côté

La narratrice à travers ce premier roman autobiographique, évoque les mémoires : celle de sa mère Rosy âgée de 90 ans, dont la mémoire s’efface peu à peu, atteinte de la maladie d’Alzheimer, mais également la sienne en tant que fille de Rosy, de sa jeunesse auprès de celle-ci, mais également de sa relation actuelle face à une femme qui navigue dans un entre-deux où les mots se mélangent comme les souvenirs, les personnes, les noms, les époques.



Dans ce premier ouvrage, l’autrice aborde avec sensibilité et l’humour nécessaire pour éviter le pathétique, la relation difficile entre une mère qui devient une enfant celle-ci devenant l’ancre qui maintient le navire familial à flot, détentrice du passé oublié, des questions restées à jamais sans réponses, du fil ténu qui relie encore l’une à l’autre.



En de courts chapitres, au fur et à mesure des visites à l’Ehpad, elle mêle présent et passé afin de dresser le portrait d’une mère qui n’existe plus en tant que telle, qu’elle ne reconnaît plus, qui ne la reconnait de moins en moins, d’une mère qui s’efface peu à peu du monde pour s’enfoncer dans un autre monde où le passé est plus souvent le présent et où le futur ne sera qu’absence.



C’est un très bel hommage, un joli portrait de femme et de mère que Thael Boost rend à celle qui, bravant les avis, lui a donné vie sur le tard, mais également affronté l’hostilité d’après guerre vis-à-vis de ses origines germaniques, une femme au caractère déterminé qui lui révèle ses ultimes pensées lucides, parfois confuses, incomplètes ou déformées, sur son existence.



Ce n’est jamais totalement triste car Thael Boost a su trouver le dosage précis pour éviter tout ce qui pourrait sombrer dans ce que la maladie a de plus sordide sans pour autant le masquer mais en faire un témoignage lucide et touchant, rendant visage et corps à une femme, une mère, qui n’est plus que l’ombre de ce qu’elle a été.



Lecture dans le cadre de la Masse Critique Babelio que je remercie ainsi que les Editions Anne Carrière




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Saturation

Quand Saturation de Thael Boost est sorti, j’en ai tout de suite parlé dans 20 minutes (lien vers la chronique ci-dessous).



Pourquoi ? J’étais très curieuse de découvrir ce livre, qui marque le passage à la fiction d’une autrice qui m’avait bouleversée avec La mère à côté, sur la vieillesse de sa propre mère. Le tournant n’était pas évident... mais il est extrêmement réussi.



Évidemment, on pourrait ouvrir le débat : autofiction ou pas autofiction ? Certes, le livre n’est pas écrit à la première personne, mais à la deuxième : c’est le peintre Courbet qui s’adresse à une héroïne dont il occupe les pensées, pour revenir sur sa grande histoire d’amour. Si quelqu’un utilise la première personne, c’est Courbet – mort en 1877. Mais l’héroïne (dont il connaît les pensées mieux qu’elle-même) pourrait être l’autrice...



Au final, peu importe : on est vraiment dans le domaine de la fiction, celui où la frontière avec son histoire personnelle est partout et nulle part, et où on arrête rapidement de se poser la question. Pour ma part, j’ai fini par réaliser que j’avais complètement adhéré à l’idée que c’était Courbet lui-même qui avait écrit et raconté l’histoire, en s’adressant à une femme qui aurait pu être moi.



A la clé, un livre que j’ai lu d’une traite, avec beaucoup d’admiration : on croit avoir tout lu sur les histoires d’amour qui finissent mal, et en général c’est vrai, mais pourtant, de temps à autre, une autrice nous prouve qu’on n’avait pas tout vu...
Lien : https://www.20minutes.fr/art..
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La mère à côté

Avec Thael, je ne partage pas seulement des secrets pour un teint parfait. Pas de faux-semblants, oui, j'ai aussi partagé spritz et champagne avec l'autrice. Mais, je partage surtout un lien fort aux femmes qui m'entourent. Et elles sont nombreuses. J'ai même parfois eu l'impression de grandir au milieu d'un gynécée. C'est une des raisons qui a fait que j'ai tardé à lire La mère à côté. Si le sujet est intime pour Thael, il l'est aussi pour moi, à un degré de différence. Alors, ma mère l'a lu d'abord. Tout est toujours histoire de transmission. Elle l'a aimé, beaucoup. Elle s'est retrouvée dans cette histoire, énormément. Et c'était donc à mon tour.



Thael et Rosy. Mère et fille, fille et mère. Quand Alzheimer se pointe, tout se confond, les liens s'emmêlent, les mots se brouillent, les prénoms se font la malle. L'histoire, on la connaît tous. Ce qu'on connaît moins, ce qu'on lit moins, c'est le rapport à la féminité. Au féminin qui est effacé. Pour ne devenir qu'un corps machine qui se doit d'être fonctionnel. Quitte à nier la femme à côté. Il n'est plus tellement question de mère et de fille, mais de femmes entre elles. Dans un univers, celui de la grande vieillesse, où les hommes ne sont pas nombreux (mais encore au cœur des préoccupations).



Pour retrouver la femme, Rosy jeune est de tous les chapitres. Une mère pas comme les autres, parisienne, allemande, anticonformiste, entêtée. Une femme, mère de deux filles. Avec tout ce que cela dit. Et tout ce qui ne se dit pas. Chaque chapitre nous fait passer d'une Rosy à une autre, la construction du récit en flashback donnant l'impression que rien n'est perdu, que la vieillesse ne prendra pas tout. Qu'elle ne prendra pas non plus le souvenir de l'homme aimé, dont elle garde précieusement les lettres.



C'est un récit très intime, trop par instants, peut-être. Mais puisque j'y reconnais ma mère et ma grand-mère, mes sœurs et moi, il est tout autant universel. Réticente, j'ai finalement été émue. Par Rosy, cette femme qui a presque traversé un siècle, par sa fille qui la raconte, par ce lien fusionnel, par mes propres souvenirs. L'éclat secret ne se niche pas toujours au fond d'un tube d'Erborian.
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La mère à côté

C'est très rare que je lise autre chose que des romans mais le thème de ce témoignage, la relation mère-fille qui se voit inversée lorsque la maladie d'Alzheimer fait son entrée, et puis le fait qu'il soit écrit par une bookstagrameuse que j'aime suivre, m'ont donné envie de sortir de mes habitudes.





La mémoire qui flanche, les gestes du quotidien qu'on oublie, les souvenirs récents qui s'envolent, les générations qui s'inversent, l'autonomie qui disparaît petit à petit mais l'humour qui reste, toujours, comme une manière de vivre.

Dans ce témoignage, Thael Boost nous offre un bel hommage à sa maman, cette femme qui la voulue coûte que coûte, elle qui est arrivée par surprise et sur le tard. Toute leur vie, elles vont faire corps, devenir un inséparable duo, vivre de manière fusionnelle.

Alors quand Rosy va traverser de dures épreuves là, Thael va être là, toujours. Et quand c'est sa mémoire qui va s'en aller petit à petit, Thael va s'occuper de sa maman, ne jamais la lâcher et lui rendre visite très souvent quand il n'y aura plus d'autre choix que de la placer en EHPAD.



Ce récit m'a beaucoup touchée. Peut-être parce qu'il m'a tellement fait penser à ma grand-mère qui à 89 ans a aussi la mémoire qui flanche, ne se souvient plus très bien. Peut-être pour cette relation mère-fille si intense et si précieuse. Peut-être juste pour cette femme, Rosy, qui a l'air d'être un sacré personnage. Sûrement parce que Thael nous entraîne avec simplicité et honnêteté dans leur relation.



J'ai aimé la construction du récit, débutant par des souvenirs d'enfance mis ensuite en relation avec le présent. Seul petit bémol, un certain nombre de redondances mais qui ne gênent pas le récit.



Merci Babelio pour cette masse critique !
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Saturation

Que penserait Gustave Courbet de notre époque ? Lui, l’anticonformiste, le scandaleux, le sulfureux, celui qui place l’origine du monde là où personne n’ose regarder ? Thael Boost l’imagine, parmi nous et aujourd’hui. “Sans doute aurais-je aimé peindre les visages éreintés des caissières face aux caddies vomissant leur contenu sur les tapis roulants.”



Mort en 1877, il apparaît dans ce livre sous la forme d’un spectre. Il décide, un peu par hasard, un peu par intuition, de s'arrimer à une jeune fille. “J’ai immédiatement su que tu pouvais te revendiquer de ma lignée et j’ai senti la catastrophe qui s’annonçait.” S’il s’adresse à elle dans ce récit, il ne peut qu’observer, fantomatique et impuissant, sa muse tomber amoureuse de George. À mesure que les années passent, l’amour devient passion, excès, abus. Jusqu’à saturation.



En chaque scène il imagine un tableau. Avec un vocabulaire un rien désuet, quelques expressions nouvelles et un brin de prétention pas forcément posthume, il pointe les similitudes - plus que les différences - entre les deux époques. “Une fresque de rue, comment vous appelez ça déjà ? Ah oui, un tag !”



La fréquentation des modernes offre aussi à Gustave un nouveau point de vue sur sa carrière, ses éclats, ses amours, ses regrets - “bon sang, j’aurais dû y penser de mon vivant !” -, son amitié houleuse avec Charles Baudelaire, mais surtout sur ses œuvres, au rythme d’une toile par chapitre. Le roman expose la fougue créatrice qui éclabousse, au-delà du peintre, au-delà de l’art, au-delà de l’au-delà, les âmes passionnées d’aujourd’hui en quête de liberté.

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Saturation

Tu l’as invoqué comme un ange gardien. Qu’il veille sur toi et cet amour avec George. Le magnétique et énigmatique George. Doux et terrifiant. Toxique, George?



Tu m’as appelé pour que je veille sur cette passion naissante, moi Gustave, l’anti conformiste, le moderne, le féministe.



Homme du 19eme siècle, j’erre dans ce siècle inconnu, en pleine mutation, témoin de ton histoire.



Still loving you résonne, la femme au perroquet en toile de fond, la voix de Thael qui murmure à mon oreille le souvenir de Gustave, George et toi, la jeune fille amoureuse. J’ai adoré ce roman, contemporain et romantique. Saturation est un roman sur l’amour, une ode à la liberté, un très grand tableau ! Gustave serait fier !
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Saturation

Dans les yeux de Gustave



« Nous avons besoin d’amour et de fantômes pour espérer traverser cette existence avec force et exaltation »



D’amour et de fantômes, deux mots qui se promènent tout au long du deuxième ouvrage de Thael Boost. Le fantôme, c’est le spectre de Gustave Courbet, ce peintre anticonformiste qu’Elle apprécie tant, celui en qui elle se reconnaît. Est-ce son modèle depuis qu’elle l’a rencontrée sur une couverture d’un livre ? L’amour, c’est celui qu’elle voue les yeux fermés à Georges, celui qui lui permet l’émancipation, le rêve et croit elle la liberté.



« Tu t’y soumets en toute liberté, avec la foi des pèlerins envers l’infini. »



Soumettre en toute liberté, est-ce à dire que l’amour rend aveugle ? Ou plus exactement, à l’instar d’un artiste, qu’il faut de nombreux essais, échecs (rupture et réconciliation) pour enfin être libre ? Est-ce accepter d’être qu’un faire-valoir par amour ?

Une question existentielle, une question fondamentale à laquelle Gustave essaie d’apporter sa contribution en regardant la vie d’Elle et de Georges, en comparant les désagréments ou les joies à sa propre œuvre. Saturation est aussi une ode à la création.



« On confond souvent amour et possession. Cela ne signifie nullement que les deux ne peuvent coexister, ils ne devraient cependant jamais fusionner. Et surtout pas justifier l’une au nom de l’autre. »


Être libre, c’est aimer sans être possédé(e), c’est être capable d’oser saisir sa chance, d’être soi et non celle que l’on veut qu’elle soit. C’est peindre une toile que d’aucuns jugent blasphématoire, c’est s’opposer aux idées reçues, c’est des nuits qui ne sont plus hantées. Et c’est tenir le coup, avancer sans se retourner, sans regretter.

« Même dans une nature morte, le bois est plus vivant que ce que tu traverses durant cette période dans l’ombre de votre relation. »



L’écriture est aérienne, mélodique, poétique, littéraire. Elle dépeint les émotions, les joies et les doutes, elle fait baigner le lecteur dans une atmosphère, une bulle que l’on quitte à contre cœur en refermant l’ouvrage. Chaque chapitre est une contemplation d’une nouvelle œuvre, des détails que l’on découvre, des indiscrétions sur sa création.



Une playlist musicale, des noms de chapitres Tableaux de Gustave, on n’arrive jamais à Saturation. On apprend, on s’enrichit, on réfléchit. 
N’est-ce pas là trois éléments majeurs de la lecture ? Assurément les ingrédients d’un très bon livre.



Saturation sort le 5 avril.

Rendez-vous chez votre libraire indépendant préféré.

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La mère à côté

"Je n'ai pas peur que Maman meure, j'ai peur qu'elle vive mal. Je ne veux pas lui offrir une mort retardée mais la plus belle vie possible."



Avec La mère à côté, Thael nous offre un récit dénué de pathos, mais non de lucidité. Sa Maman, Rosy, est atteinte de cette effrayante maladie qui lui grignote la mémoire, Alzheimer. Alors Thael convoque ses souvenirs d'enfant arrivée sur le tard, tellement admirative de cette maman un peu atypique, originale et  aimante. Ce faisant elle dresse avec amour le  portrait d'une femme forte, indépendante, pleine d'humour. Un humour toujours présent quand tant de choses sont passées à la trappe des souvenirs oubliés... Elle alterne avec les anecdotes du présent, un présent qu'il faut vivre dans l'urgence, un univers rétréci où pourtant la gourmandise et la coquetterie subsistent, où  parfois des" fulgurances" la  déstabilisent, des phrases "sorties de nulle part" comme si un court instant sa Maman d'avant était toujours là...



"Tu me manques déjà,  tu es dans une version Schrödinger de la vie, là et pas là tout à la fois."





Cela fait exactement deux mois que j'ai lu ce livre et que je tourne autour sans arriver à exprimer mon ressenti à la fois par pudeur et par peur de ne pas savoir vous dire combien un témoignage comme celui-ci est important.

Il pourrait n'être qu'un témoignage intime et personnel, or il touche à l'universel avec une simplicité, une justesse foudroyante.  Il interroge notamment sur la place de la femme dans la société quand elle vieillit. On fait fi sans vergogne de sa pudeur, de sa féminité.  Que de renoncements, que de deuils à faire avec l'âge,  la maladie...

Je suis confrontée au grand âge et à la maladie de Parkinson avec Nanie, ma belle-mère un peu plus âgée que Rosy Boost. Je sais les moments difficiles lorsque le corps lâche et les gestes à (ré)inventer pour dépasser la gêne et la pudeur. Alors forcément ce témoignage a résonné très fort en moi et m'a profondément émue. C'est aussi une invitation implicite à réfléchir à sa propre vieillesse.

Merci Thael.
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La mère à côté

Elle a la mémoire qui flanche, Rosy. Elle ne se souvient plus très bien. Mais elle est là, quelque part. Parfois, le voile se soulève et, dans ses yeux, Thael voit tout l’amour qu’il y a entre elles. La fille, la mère et ce lien indéfectible entre elles.



Au fil des pages, Thael nous dévoile tout ce bonheur passé, cette enfance rythmée par cette mère qui aime la vie autant qu’elle aime sa petite dernière. Elle nous raconte comment, face à Alzheimer, les rôles se sont inversés. Sans jamais que l’amour fasse défaut.



Entre ces pages, il y a toute la complicité qui unit ces deux âmes, toutes les années à s’aimer et à se construire des souvenirs… et toutes les journées passées à se souvenir pour deux.



"La mère à côté", c’est le récit d’une relation intime entre une mère et sa fille lorsque la mémoire s’envole. Pourtant, il pourrait être universel tant ce que Thael raconte résonne avec ce dont je suis la témoin au quotidien.



Rosy et Thael nous emmènent faire un voyage aux confins de la mémoire trouée. Celle qui s’évapore, qui s’échappe tout doucement malgré nos doigts placés sur le couvercle pour l’empêcher de s’en aller. C’est l’histoire d’une maladie qui progresse mais d’un amour qui résiste et est plus fort que tout. C’est l’histoire de l’urgence de vivre, malgré le temps qui passe. À cause du temps qui passe. Parce que le temps passe, inexorablement.
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Saturation

Je crois aux fantômes. Je crois que la mort ne sépare pas ceux qui s'aiment. Je crois aux histoires folles, intenses, trop intenses. Je crois qu'il est possible de tomber amoureux d'un tableau. Je crois aux rencontres improbables qui se produisent grâce aux livres. Je crois que la beauté peut nous sauver de tout. Je crois en la puissance des femmes. Des mots. Des images.



Il y a un peu de toutes ces croyances dans Saturation. Le texte est porté par une voix célèbre, celle de Gustave Courbet, fantôme un peu cabot qui regarde avec tendresse la jeune femme qui découvre l'amour sous ses yeux. Un amour incandescent qui bientôt se teinte de noir et de boue. Et l'élan qui permettait l'envol disparaît. A terre, on s'enlise.



J'ai appris beaucoup de Gustave Courbet dans ce roman. Quand je visite un musée, je guette toujours deux artistes : Delacroix et Courbet. Parce que l'un comme l'autre décident de rompre les codes de leur époque et d'inventer autre chose. Je crois aussi beaucoup au pas de côté. A ceux qui décident volontairement de ne pas suivre le courant. L'autrice, pour autant, n'en fait pas trop, ne s'enfermant pas dans la biographie romancée. Très vite, les informations sur le peintre n'étaient plus qu'un cadre pour magnifier cette histoire d'amour toxique qui est au cœur de tout. Et cette histoire là est de celles que j'aime, indéniablement.



Et puis, il y a la musique. Pour moi ça compte. Le rythme des phrases, certes, mais pas seulement. La musique tient un rôle essentiel dans le texte, la playlist en est la preuve, je la partage intégralement (@thanyrauz

approved).



Alors, voilà, il y a la peinture, la musique, l'amour, la vie dans ce roman. Un fantôme et une femme puissante. Tout ce en quoi je crois. En refermant ce livre, je ne dirai que deux choses.

Je crois en Gustave Courbet. Je crois en Thael Boost.
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La mère à côté

Rosy a 90 ans... des souvenirs plein la tête mais la mémoire qui flanche... un âge qui reste irrémédiablement bloqué à 62... des liens familiaux fluctuants...

la grand-mère devient fille...

La soeur devient fille...

La fille devient mère...



La fille devient mère... les rôles s'inversent... il faut alors tenter de continuer à être la fille de sa mère tout en s'occupant d'elle comme une mère...



Beaucoup d'émotion et de sensibilité dans ce roman. La maladie d'Alzheimer et ses puissantes tentacules y sont décrites avec justesse, poésie et un soupçon de folie.

Un vibrant hommage à Rosy, à cette complicité mère-fille qui les unit depuis la naissance - et même avant-, une complicité, un amour à toute épreuve...



J'ai eu l'immense bonheur de lire ce roman dans le cadre d'une masse critique. Merci Babelio et les éditions Anne Carrière.



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La mère à côté

La mère à côté de Thael Boost

Anne Carrière Editions





J’entretiens un rapport d’attraction-répulsion avec cette sournoise : la maladie d’Alzheimer.

Celle qui vous grignote la mémoire pour n’en laisser que quelques bribes éparses.

Est-ce-que tout lire, tout analyse me permettrait d’en déceler quelques symptômes quand elle se présentera... ?

Sénilité des cellules vieillissantes, Alzheimer vous arrache la dignité et tout ce qui vous lie au reste du monde. C’est une plongée prématurée vers la nuit.



Je me demande parfois, de façon simpliste, je l’accorde, ce qu’ont voulu oublier les personnes atteintes, quelle brisure, quelle fêlure a fissuré leur mémoire au point d’engloutir les bons comme les mauvais moments.



Rosy a oublié son âge, et plein d’autres choses et toujours elle s’en tire d’une pirouette, l’humour bien sûr. Ce vieux réflexe qui l’anime encore du haut de ses 90 ans ainsi qu’il en a été sa vie durant quand Rosy était jeune, belle et fantasque.

Mais aujourd’hui, est venu le temps des chaises musicales, tandis que Rosy s’enfonce dans le brouillard, sa fille prend soin d’elle et elle devient mère de sa propre mère.

Elles se parlent, se racontent, la fille s’accorde avec les petits arrangements de la mère qui bien qu « ’à côté » garde une sacrée répartie. Elle maintient sa dignité, ce qu’il en reste et entretient sa coquetterie...



Entre les lignes de Thael Boost, c’est la mémoire de la mère qui se reconstitue, c’est un témoignage sans filtres mais tellement tendre avec de franches trouées de lumières et de drôlerie, parce que oui Alzheimer c’est ça aussi, un petit brin de folie qui frôle l’absurde et le cocasse.



Il y aurait bien d’autres choses à dire. Le poids de l’origine lorsqu’on est Allemande dans l’immédiate après-guerre, se faire témoin et juge de ses parents, de sa famille, pour comprendre, aimer mieux et cela ne va pas sans convoquer sa propre enfance.



Un récit émouvant et un magnifique portrait de femme qui méritait amplement de figurer dans un livre !



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La mère à côté

Rosy a 90 ans mais depuis peu, elle dit qu’elle en a 62. Non par coquetterie, mais parce qu’elle ne s’en souvient pas. Sa fille, la narratrice, décide de la raconter, Rosy, sa maman, cette femme pétillante, bourrée d’humour et attendrissante. La raconter pour figer ses souvenirs, avant que le brouillard ne les recouvre.



Je tourne la dernière page de ce roman, un brin nostalgique. Nostalgique de quitter Rosy mais aussi émue de quitter la narratrice, Thael Boost.



Avec un style doux, piquant et léger, elle aborde différents thèmes : la vieillesse, la maladie mais aussi être une femme qui vieillit.



A travers la mère à côté, elle rend un magnifique hommage à sa maman, qu’elle aime à la folie. Elle partage des souvenirs cocasses sur sa jeunesse, ses questionnements d’adulte mais surtout, ce qui transpire de ce roman, c’est son irrémédiable envie de tout donner à Rosy. Elle l’aime sa maman, aussi fort que sa maman l’a désirée, sa petite Thael.



Si Rosy est la mère à côté, Thael est la mère d’à côté.



Attention, roman qui chamboule et secoue nos petits cœurs 🧡
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La mère à côté

Voici un très beau récit de Thael et un bel hommage à sa mère.

Rosy, 90 ans, est atteinte d’Alzheimer. Elle ne peut plus rester chez elle. Il faut qu’elle se résolve à vivre dans un établissement. On lui découvre aussi un cancer des seins. A son âge, les médecins ne font pas dans la dentelle, c’est l’ablation. On ne la voit plus comme une femme mais comme une personne âgée qui n’a plus beaucoup de temps à vivre.

Thael évoque ce moment où les rôles s’inversent. Désormais elle est la mère de sa mère. Elle s’occupe d’elle. Sa mère a toujours été un peu farfelue mais la maladie accentue certains traits de son caractère. Les souvenirs s’effacent, alors elle tente de les consigner. Elle se réjouit que sa mère la reconnaisse encore, même si parfois elle la confond avec sa tante ou une autre femme de la famille, d’une autre époque.

Elle raconte le quotidien en maison de retraite, la vieillesse, les petits plaisirs gourmands, les bons et les mauvais côtés de la maladie. Avec générosité, elle partage des souvenirs et des anecdotes sur sa famille. Certaines sont très drôles, j’ai bien aimé la façon de compter les jours en nombre de culottes !

Ce récit se lit comme un roman, à la fois drôle et touchant, nostalgique sans être larmoyant. A la fin du livre, on a juste envie de rencontrer Rosy et de manger une crêpe avec elle. Une sacrée femme !

Vous pouvez prolonger cette lecture et retrouver le quotidien de Rosy sur le compte Instagram Tête de Mum !

Bravo Thael pour ce premier livre dont j’ai apprécié la plume sensible.
Lien : https://joellebooks.fr/2022/..
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La mère à côté

Est-ce parce que j’ai perdu mon papa il y a pile 3 mois que ce livre m’a autant touchée ? Sans doute oui, mais pas seulement.

Les mots de Thaël toucheront tous ceux qui ont des parents, âgés, des papas et des mamans au soir de leurs vies, ces héros de notre enfance, ces rocs, nos repères dont on devient à son tour les parents, les béquilles, subrepticement, inexorablement.

Avec tendresse, humilité et humour, l’auteure nous fait témoins privilégiés de ce naufrage qu’est la vieillesse comme le disait De Gaulle. J’ai beaucoup aimé les jeux de miroirs subtils qui étayent chaque chapitre, miroir entre la petite fille, dont on devine la force derrière la fragilité de l’enfance, adulant sa mère, cherchant son identité propre, se construisant chaque jour, livrant sa vision onirique du monde, et Rosy, sa maman, qui fut forte mais que les maladies ont rendue vulnérable, adorant sa fille, essayant de retenir ce qui fut elle, se déconstruisant chaque jour, inventant un monde dont elle ne se souvient plus ; l’enfant et la « vieille », deux êtres frêles, dépendants, mais sachant jouir des plaisirs simples, vivant seulement l’instant, sans passé ni futur.

Et l’auteure, sous couvert d’anecdotes, de souvenirs pose des questions essentielles sur nos rapports au corps vieillissant, sur l’oubli de la féminité, sur la sexualité, les rôles qu’on nous oblige à tenir, la beauté, la vie. Sans enjoliver les choses ni dramatiser, elle livre leurs combats, leurs peurs, leurs doutes, les petits deuils et les petites victoires du quotidien.

C’est à la fois pudique et cru, drôle et profondément triste, plein de colère et apaisé, sans jugement mais rempli d’émotions, truffé de luttes et de résignations, de révolte et d’acceptation, sans espoir mais non sans lumière, attendrissant mais jamais pathétique, poétique et pragmatique, tendre et pétillant. Bref, je m’y suis retrouvée, fifille de son papa des 80’s, maman de son papa de 2022… Et même si après, il n’y a rien, il reste le livre de Thaël qui rayonne d’un amour inconditionnel, et ça, c’est tout !



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La mère à côté

Thael partage sur son compte @tetedemum, avec décalage et bienveillance, des instantanées de vie de sa mère, Rosy 90 ans en EHPAD. Dans ce récit, on retrouve toute la pertinence et l’intérêt de ce compte et surtout beaucoup plus !



Ce texte alterne souvenirs d’enfance, déclin progressif de Rosy et le présent où elle est devenue résidente d’une maison de retraite.Trois temporalités traitées de manière différente et complémentaire :



L’enfance présente la narratrice décrivant une relation privilégiée avec sa mère, une Allemande à l’enfance trouble, élevant sa petite dernière avec singularité. Cette partie regorge de nostalgie comme un paradis perdu. Le temps du déclin est narré avec humour, bienveillance et montre combien les rôles s’inversent. La fille devient la mère. Le présent ajoute l’urgence face à l’échéance, cela est saupoudré d’un constat clinique. L’auteur explicite la manière dont on déshumanise une femme âgée ainsi que la réalité de la maladie dans toute sa trivialité.



“La mère à côté” est un magnifique texte abordant l’amour filial, le temps qui passe et la décrépitude de l’âge avec tendresse, profondeur et surtout justesse.



Je ne peux que vivement conseiller cet hommage touchant d’une fille à sa mère ainsi que de suivre @thael et faire plus ample connaissance avec Rosy sur @tetedemum !

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Saturation

Elle, c’est la jeune fille éprise de beauté et de liberté.

Lui, c’est George, charismatique, mystérieux.

Entre les deux, une passion faite d’amour, d’excès et de possession.



Tout cela, Gustave Courbet le contemple, s’adresse à Elle, et retrace le parallèle entre leurs deux histoires, lui peintre du XIXème siècle et elle, jeune fille de son époque.



Après La mère à côté, Thael Boost a su une nouvelle fois m’émouvoir et m’emporter dans cette histoire exaltée.

Les multiples références, musicales, littéraires ou picturales, chaque chapitre comme un hommage à un tableau, le délicieux anachronisme de la présence bienveillante de Gustave Courbet, et cette écriture que j’aime tant : autant de raisons de lire Saturation.

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