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Critiques de Tim Willocks (598)
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La mort selon Turner

Des mecs fous furieux qui s'entre tuent dans le désert d'Afrique du Sud à coups de Glock, de AK 47, de chais pas quoi encore 258H12 machin...Déjà, le name dropping sur les armes, ça m'énerve.

L'auteur se prend pour Tarantino, et Tarantino m'énerve. Avec ses mecs sur fond de western qui se canardent au ralenti.

Je n'ai pas très bien compris la morale de l'histoire : comme il y a eu un délit de fuite sur un parking et qu'une jeune fille est morte des suites de ses blessures, un policier justicier solitaire va partir décimer une dizaine de types dans une petite ville où, visiblement, la loi n'a que très peu d'importance. Certains de ces gars n'ayant pas fait grand chose de mal à part être des figurants sur la zone de combat, je ne comprend pas pourquoi leur vie a moins d'importance que celle de la fille du Cap...J'en déduis que notre héros, Turner, s'arrange bien avec sa conscience...

Essayons d'être claire : d'abord, c'est en Afrique du Sud, le pays le plus dangereux du monde, il paraît. Confirmé dans le roman : ça canarde à bout portant pour un oui pour un non. Ensuite, comme c'est l'Afrique du Sud, la société est très très très tendue. La violence est partout, et l'intérêt que vous porte la justice n'est pas la même selon votre couleur de peau. Donc une "fille des rues" qui meurt un soir suite à un accident de 4*4, tout le monde s'en fiche, sauf Turner le Desperado. Qui résout très vite l'enquête : le complice de l'écraseur a laissé son portable sur place avec les photos, les noms et tout. Trop easy. Vite, Turner prend son AK 47, et fonce dans le désert pour régler l'affaire. Il va devoir affronter la clique sans scrupule et sanguinaire d'une blonde richissime, dure comme le diamant avec son regard bleu acier et son mari Rambo barbu, qui extrait du manganèse d'un sol stérile et mortifère. Elle fera tout pour protéger son fils qui a écrasé la jeune fille mais qui ne le sait pas, il était trop bourré.

Voilà voilà. J'oublie la partie dans le désert, où Turner survit grâce à une méthode bien à lui...J'oublie aussi que c'est un maître du tai-chi, et qu'il vous tue d'un doigt, comme Ken le survivant...

Donc bon, ça se lit très vite et très bien, c'est très divertissant, mais, pour l'Afrique du Sud, la complexité des rapports sociaux, le poids de l'histoire, l'infection du racisme, tout ce que j'aurais aimé savoir de façon non caricaturale, à la Joyce Carol Oates dans Maudits ou ailleurs, on repassera. D'ailleurs l'auteur n'est pas un Sud Africain, et ça se sent. Le désert est un décor pour son western tarantinien, rien de plus ; j'ajoute quelques clichés en noir et blanc et je mélange. Dommage. Je ne sais toujours rien sur l'Afrique du Sud, sauf le superficiel.

Je remercie Babelio et les éditions Sonatine pour cette lecture et les réflexions qu'elle m'a suggérées !
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La Religion

Je ne vais pas faire de critique dithyrambique de La Religion, parce que je n'ai pas eu de révélation comparable à celle d'Antoine de Caunes (mise en avant sur le bandeau autour du livre)... mais je vais (essayer de) faire une critique élogieuse parce que c'est assurément un excellent roman historique, qui plaira aux amateurs du genre, et probablement aussi aux novices !



L'intrigue ? Un aventurier mi-chrétien mi-ottoman, une Comtesse d'une volonté farouche et d'une grande beauté, une simple d'esprit langoureuse et un peu sorcière et un amateur de bagarre au grand cœur partent à la recherche du fils secret de la Comtesse au milieu du siège de Malte par les Ottomans en 1565. Évidemment, les péripéties s'enchaînent, au fil des batailles, des rebondissements amoureux et des allers-retours de Mathias (l'aventuirer) entre ses deux cultures. C'est violent, c'est fort, c'est intéressant.



Ce que j'ai aimé ? L'histoire qui m'a complètement happée, les batailles sanglantes parfaitement rendues, la description assez 'humaniste' des deux camps (montrant toute l'absurdité de la guerre qui envoie à la mort des milliers de combattants désirant simplement rentrer chez eux et mener leur vie), les jeux de pouvoir entre ''La Religion'' (les chevaliers de Malte), la Papauté et l'Inquisition, Carla, Mathias, le cheval Buraq, le général Abbas, si profondément bienveillant, Lazaro, Anacleto (pas du tout caricatural dans le rôle du méchant pervers) et par-dessus tout le débrouillard et hâbleur Orlandu...



Ce que j'ai moins aimé ? L'omniprésence de la merde dans le roman, au sens propre... Je ne parle pas du gore global des batailles avec sang/vomi/corps en décomposition etc, mais plutôt de ces innombrables mentions 'il souilla ses braies', 'ils vidèrent leurs entrailles', 'il lâcha un étron' etc. Sinon, Amparo n'est pas trop ma copine, m'a bien agacée celle-là, sûrement parce qu'elle empêche une idylle que la midinette en moi attendait impatiemment (et je n'en dirais pas plus pour éviter le spoiler). Mais c'est peut-être aussi un des ressorts du livre.

Bref, si on oublie le côté très 'chiant' cité plus haut, reste pas grand chose à dénigrer, parce que c'est vraiment pas mal !

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Les rois écarlates

Une tragédie grecque, des personnages quasi-métaphysiques, dans un scénario moderne à la Jim Thompson et une plume d'une magnifique qualité (un grand travail de traduction) : tout y est, l'amour, l'amour filial, le devoir, le sacrifice, l'honneur, l'horreur, la haine, la vengeance, le pardon, la rédemption, la catharsis...n'en jetez plus, un toubillon d'action et de sentiments, des acteurs au dessus de la mêlée, jusqu'au boutiste, rythment cette œuvre dévorante.

Le décor est planté dans le sud des États-Unis à la Jim Thompson, mais sans verser dans le règlement de comptes "redneks", les personnages, intelligents, sobt placés au delà de ce contexte. Le canevas du roman est universel.

Même la part grandguignolesque, incluant violences physiques et psychiques, les bains de sang redemptoires et vengeurs soldant les comptes passent très bien dans le feu de l'action.

Et l'écriture ! Quelle fluidité cultivée, quelle simplicité sophistiquée.

Je reste sous le charme de la plume de Tim Willock, mrdecin et psychiatre, dont il faut accepter les violences assumées et descriptives pour apprécier son œuvre.



Par contre, warnings, "Les rois écarlates " est la suite de "Bad city blues" qu'il vaut mieux lire avant pour être présenté à quelques personnages. J'ai personnellement inversé l'ordre, et donc dû feuilleter le premier tome...avant de le lire prochainement.. .:-)

Tim Willock, un Grand, qui observe au delà.
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Les rois écarlates

C'est con.

Commencer par le second opus d'un diptyque alors que l'on possède les deux exemplaires, c'est con.

C'est sans doute la raison pour laquelle, pendant pas mal de pages, j'entravais que dalle.

Prendre le train en marche, c'est toujours casse-gueule, surtout lorsqu'on possède la souplesse éléphantesque qui est mienne.

La bonne nouvelle, c'est Tim Willocks.

M'sieur 100 % satisfaction, à ce jour.

Et malgré un léger retard à l'allumage, Les Rois Écarlates ne firent pas exception.



Lenna Parillaud et Cicero Grimes, deux acteurs majeurs de cette franchise époustouflante qui n'ont rien d'autre en commun que cette lettre énigmatique leur étant destinée, missive qui allait déclencher un feu nucléaire dans leur vie respective.



Lorsque deuil insurmontable et désir de vengeance se côtoient pour le meilleur mais surtout pour le pire. Le pire représentant le meilleur pour le lecteur que je suis.

Autre protagoniste incontournable, Gul.

Le genre de chien qui, à sa vue, vous donne la furieuse envie de posséder un lance-roquette tant son potentiel de nuisance semble infini.



Et ces trois-là de vous transporter dans un récit haletant, un brin sanguinolent, on va pas se mentir, mais toujours dans le respect de la personne humaine. Calenchée de manière brutale, de préférence.



Les Rois Écarlates est la démonstration éclatante que la fureur est un moteur de vie à nul autre pareil. Un but ultime transformant des êtres au bord du gouffre en justiciers vindicatifs, la combi moule-boules en option, on est pas chez Marvel.



Récit palpitant à la psychologie travaillée, ces rois errants méritent de trôner dans le top un de vos futures lectures après avoir, il va de soi, pris le soin d'entamer ce moment plaisir par Bad City Blues contrairement à un triste gland que je ne nommerai pas. Suivez mon regard...
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La Religion

Les romans historiques sont très prisés. Nombreux sont celles et ceux qui apprécient d’en savoir plus sur un épisode de l’Histoire, dès lors que la narration en est agrémentée d’aventures sentimentales et dramatiques. Le genre exige un travail considérable qui mérite qu’on en prenne conscience : l’auteur doit rassembler toute la documentation disponible sur les événements, recréer à sa façon les péripéties dont les détails manquent, puis ajuster l’intrigue romanesque qu’il a imaginée.



Dans La Religion, Tim Willockx nous ramène en 1565, pour ce qu’on a appelé le grand siège de Malte, une opération menée par l’armée ottomane, une armada colossale commanditée par le Grand Turc Soliman le Magnifique. Malte est alors administrée par l’Ordre des Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, couramment nommé « La Religion », une communauté militaire, monastique et caritative pratiquant un catholicisme idéalisé en opposition avec la papauté et l’Inquisition. Son Grand Maître, Jean de Valette, donnera son nom à la future capitale de l’île.



L’Islam et la Chrétienté se disputent alors la domination de la Méditerranée, centre du monde médiéval. Le petit archipel est un enjeu stratégique essentiel. Malgré une supériorité écrasante en hommes et en moyens, l’armée ottomane finira par battre en retraite après avoir perdu les trois-quarts de ses hommes, usée par la résistance héroïque de quelques centaines de Chevaliers, auxquels se sont ralliés des groupes de mercenaires et la population maltaise. Les combats auront été acharnés, féroces, menés sans merci au nom de deux fanatismes religieux revendiquant chacun de régner sur les âmes.



L’intrigue romanesque est archi-classique. Elle est centrée sur le personnage fictif de Mathias Tannhauser. Depuis son enfance, le destin de cet homme l’aura conduit, lors des événements, à un rôle qu’on qualifierait aujourd’hui d’agent double. Son action dans le roman sera déterminante pour la défense de Malte et la victoire finale des Chevaliers.



Tannhauser réunit les attributs du héros universel. Lutteur implacable tel un héros antique, guerrier chevaleresque tel un héros médiéval, c’est aussi un amoureux tourmenté comme un héros romantique, et un aventurier séducteur comme un héros de best-seller. Il est de surcroît aussi musclé et ingénieux qu’un héros de BD. Secondé comme il se doit par un géant rabelaisien aimant la castagne, il a affaire à une belle et noble comtesse, à un orphelin recherché par ses parents, à un salaud détraqué – mais pas défroqué ! –, et à une lolita légèrement faible d’esprit mais d’une sensualité irrésistible.



Par souci de réalisme, l’auteur a structuré son roman en une suite de chroniques, relatant quasiment chaque journée des quatre mois de siège. Son écriture se veut cinématographique. Caméra à l’épaule ou tout comme, il décrit les parcours des protagonistes dans les ruelles des bourgs, dans les coursives des places-fortes, dans les collines des îles et sur les eaux du Grand Port. Mais faute de connaître la configuration réelle des lieux, je me suis vite perdu, puis lassé, car malgré les nombreux détails, je n’ai pas ressenti l’impression d’y être.



Même remarque pour les scènes de batailles. Les descriptions de massacres, de corps-à-corps, de blessures, de tortures et autres spectacles réjouissants occupent une large part du millier de pages du livre. Décrites interminablement dans une profusion de détails et une précision… disons chirurgicale, ces pages répétitives me sont devenues insupportables. J’ai rapidement choisi de les lire en diagonale, sans donc pouvoir en apprécier les qualités littéraires, à supposer qu’elles en aient. Je ne comprends pas le plaisir que l’on trouve à la lecture d’horreurs, ni à leur écriture.



Tim Willocks a réinventé le roman historique, a-t-on pu lire. Cet auteur de thrillers est aussi psychiatre – ça peut servir pour imaginer des personnages à l’esprit tortueux – et chirurgien – ça peut servir pour décrire par le menu les blessures et les souffrances des combattants –.



Ce livre plaira à de nombreux publics : férus d’histoire, amateurs de romances, accros au suspense, friands de sang et de gore. Certains trouveront même une forme de poésie dans l’écriture.


Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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La mort selon Turner

Direction le Cap, capitale de l'Afrique du Sud !

Son maquis unique, ses terres désertiques et arides...

Avec Turner, flic à la Criminelle, noir, fidèle à ses valeurs, refusant la corruption qui empoisonne son pays et empêche que justice soit faite lorsqu'une jeune sans logis est tuée accidentellement par un chauffard alcoolisé, fils d'une femme puissante qui règne sur les mines du Cap-Nord.



Turner, il n'est pas du genre à se laisser marcher sur les pieds.

C'est un peu le Walker Texas Ranger, le Chuck Norris de la région.

Rien, ni personne, ne l'impressionne.

La mort, il l'a déjà côtoyé dans le passé, elle ne lui fait pas peur.

Et s'il faut jouer de la gâchette ou pratiquer les arts martiaux, il n'hésitera pas.



La mort selon Turner, c'est un peu un western sud-africain !



Si vous cherchez une histoire au rythme effréné, soutenu, musclé, vous ne serez pas déçu...

L'action est au rendez-vous.

L'hémoglobine coule à flots !

Et là-dessus, il n'y a pas à dire, l'auteur maîtrise le sujet...

En bonne normande, j'ai plutôt bien apprécié les tripes à la mode de Willocks...



Mais bon, moi, les cow-boys des temps modernes...

bof bof...

Les justiciers, super-héros, surpuissants, imbattables, me laissent de marbre.

Dès qu'il y a un peu trop de poudres, de bagarres, de testostérone, de violence pour seul discours et de gros calibres, mon cerveau a tendance à saturer et déguerpir fissa.

Vraiment pas friande de ce genre...



Malgré cela, l'écriture, de Willocks, que je découvre avec ce titre, est agréable, dense et imagée. Elle nous embarque.

Les pages se tournent aisément, pris dans le tourbillon et le déchaînement des événements.

Des personnages forts, qui ne laissent pas insensibles.

Une histoire, un peu trop bodybuildée pour moi, mais son fond de désert et d'Histoire, bien actuelle, Sud-Africaine n'est pas inintéressante.



Une fois la dernière page tournée, juste envie de prendre une longue douche bien chaude et de me réjouir de mon existence paisible, en me disant qu'il m'aurait sans doute fallu une jauge de vie éternelle (comme dans les jeux vidéos) pour survivre à tout cela.



Je remercie Babelio et Sonatine, d'avoir pensé à moi pour découvrir ce roman en avant-première, grâce à une masse critique privilégiée.
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La Religion

La première chose qui frappe dans un roman historique, c’est son cadre. Ici c’est un véritable choc des civilisations ! On est vraiment très bien servi : nous vivons un tournant de l’Histoire avec d’un côté l’Europe de l’Ouest dominée par un Empire espagnol à son apogée et une Europe de l’Est dominée par un Empire turc en plein expansion. Un duel de titan entre 2 superpuissances. Et le Sultan Soliman veut frapper un grand coup en éliminant ses adversaires les plus acharnés : la Religion !

Ainsi débute le siège de Malte en 1565.



La plume de Tim Willlocks fascine facilement, nous gratifiant de très nombreuses fulgurances alternant douceur et violence. L’auteur est manifestement très à l’aise dans des scènes de batailles très immersives où les vagues de ghazis viennent s’échouer les uns après les autres aux pieds des murs de La Valette au nom d’Allah, tandis que soumis à des bombardements intensifs les défenseurs venus de toute la chrétienté meurent en masse au nom de Dieu. Bref, une chorégraphie macabre qui se hisse au niveau du magnifique "Ran" d'Akira Kurosawa.



Le cadre est parfaitement maîtrisé car très bien documenté en amont : les descriptions sont très réussies et mettent des images pleins la tête entre des guerriers musulmans vêtus de d’or et soie et des guerriers chrétiens vêtus de noir et de fer. Et que dire des passages de chirurgie militaire, limite gore, qui ferraient passer "Urgences" pour les "Télétubbies". De la même manière, la crudité des scènes érotiques pourraient faire tiquer, mais en étant aucunement voyeuristes elles servent plus le récit et les personnages qu’elles ne les desservent là où d’autres auraient bassement fait du fanservice



Mais ceci n’est qu’une toile de fond car nous assistons à un duel à distance entre le rusé mercenaire Tannhäuser, assisté de son fidèle Bors, un colosse anglais né pour la guerre, et l’ambitieux inquisiteur Ludovico Ludovici, assisté de son taciturne Anacleto, un spadassin incestueux né pour les basses besognes. Entre ces fortes personnalités, un couple de femmes : Carla, une jeune veuve française qui cherche la rédemption, et Amparo, une étrange jouvencelle espagnole quasi féérique. Tous sont pris dans le tourbillon des évènements, chacun servant ses buts altruistes ou individualistes. Et avant la réalisation de ses objectifs avoués ou inavoués, il faut avant tout survivre à la fièvre de guerre qui anime les 2 camps !



Je n’irai pas par quatre chemins, c’est sans doute un des meilleurs romans historiques que j’ai lus, sinon le meilleur !

Mais tout n’est pas parfait pour autant :

- attention c’est long (un peu moins de 1000 pages en poche)

L’introduction qui nous présente les personnages en nous faisant visiter les bas-fonds de Messine ne fait pas moins de 250 pages.

Passé le prologue il faudra attendre 600 pages et les beaux flashbacks de la 3e partie (les vents dispersants) pour en apprendre réellement davantage sur Tannhäuser et ce qui l’a amené des déserts de Mésopotamie aux tripots d’Italie.

Et passé un cap, on est mithridatisé face à autant de violence et d’intransigeance : au bout d’un moment on se moque bien de savoir qui va l’emporter des Turcs ou de la Religion…

- attention c’est parfois à l’eau de rose

C’est ballot d’en rester niveau des "Oiseaux se cachent pour mourir" avec un quadrangle amoureux où la crudité de certaines scènes (sexe & violence : Eros & Thanatos) côtoient une grande naïveté sentimentale des protagonistes (mais peut-être est-ce un appel du pied à un certain lectorat ?).



Pour les amateurs de fantasy, j’ajouterai que Matthias Tannhäuser avec ses doubles voire triples allégeances, son esprit rusé et ses magouilles en tous genres n’est pas très éloigné d’Else le devshirmé espion qui domine le cycle des "Instrumentalités de la Nuit" de Glen Cook (personnage qui lui-même suit les voies empruntées par Corbeau dans "La Compagnie Noire" et Azel dans "Qushmarrah" du même auteur).

La Méditerranée de Tim Willocks est bien plus lisible que celle de Glen Cook, ce qui ne gâche rien.



Et j’ai gardé le meilleur pour la fin : ce n’est pas un one-shot, c’est le 1er tome de la Trilogie Tannhäuser ! Le 2e tome est d'ailleurs intitulé "Twelve Children of Paris"…
Lien : http://www.chemins-khatovar...
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La mort selon Turner

En refermant le dernier livre de Tim Willocks "La Mort selon Turner", j'ai songé aux mots de Jean de La Fontaine qui écrivait, dans la seconde moitié du XVIIème siècle : "Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir". Nous sommes au XXIème siècle, en Afrique du Sud, l'apartheid est officiellement terminé et pourtant tout laissent à penser qu'à la scission raciale, ethnique, s'est ajouté la question de l'injustice sociale qui est prépondérante ici. Lorsqu'une jeune fille Noire sans logis, affamée, amaigrie, condamnée à errer dans les ruelles d'un Township du Cap, l'un des lieux les plus dangereux du monde, est retrouvée morte après avoir été heurtée par le SUV d'un jeune Afrikaner qui l'écrase contre une benne à ordure, nul ne se serait douté qu'un enquêteur, un flic noir se dresserait seul face à l'abomination de cet acte. Selon que l'on soit riche ou pauvre, blanc ou noir, vos chances d'échouer en prison ne sont pas les mêmes. Mais pour Turner, la justice n'est pas une abstraction, une somme de mots sans valeur qui nous rendraient comptable selon que l'on soit riche ou pauvre. Turner est un incorruptible, un de ces héros du quotidien qui ont pour bréviaire la loi et cette dernière devrait être la même pour tous. Alors que sont lâcher les quatre cavaliers de l'apocalypse à sa poursuite, Turner devra trouver en lui les ressources pour que justice soit faite. Tim Willocks signe un western à la dimension épique, un duel impitoyable entre deux conceptions de la justice des hommes. Cette fracture ou dichotomie entre noirs et blancs, pauvres et riches est au coeur de ce thriller qui est un sommet du genre. Véritable page turner, on est pris à la gorge et on se prend cette réalité sud africaine en pleine face. Et ça fait diablement mal. Willocks écrit avec ses tripes mais surtout son coeur ce qui rend le personnage de Turner très attachant car il est source d'empathie dans un monde où la corruption, la violence, la trahison sont une gageure pour survivre. Pleins d'action et de fureur, on est tour à tour brutalisé mais aussi ému, touché par la sensibilité de la plume de Tim Willocks. Nul doute que rencontrer un homme capable d'écrire de la sorte doit être enrichissant à plus d'un titre. C'est le premier Tim Willocks que je lis et ce ne sera pas le dernier tant cette tragédie m'a secoué. On ressort de cette lecture abasourdi, le souffle coupé par la noirceur et dans un même élan la beauté d'un tel livre. Turner en rédempteur à la puissance létale est un des personnages les plus marquant qu'il m'ait été donné de lire. Remarquable.


Lien : https://thedude524.com/2019/..
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La religion, tome 1 : Tannhauser (BD)

Oyez, oyez, oyez braves gens !!!

En 1565, l’Empire Ottoman victorieux et en expansion sur tous les fronts décide de régler définitivement son compte à ses vieux ennemis hospitaliers naguère chassés de Rhodes après un siège dantesque. Pour le Sultan Soliman le Magnifique « the job is done », donc ce n’est qu’une formalité… Et en 1565, 5000 miliciens maltais et de quelques centaines de défenseurs de la foi venus de toute l’Europe (les brigades internationales du temps de la foi) se dressent contre l’armada turque qui compte des dizaines de milliers d’hommes. Pour le Commandeur de l’Ordre Jean Parisot de La Valette, il s’agit moins d’un baroud d’honneur que de l’ultime combat… L’Histoire semblait écrite, mais l’Histoire en fut autrement !!! (et décidément l’Histoire faute de se répéter bégaye finalement assez souvent puisque les Maltais referont le coup à ces saloperies de nazis pendant la WWII ^^)



« Soldats de l'Islam. Soldats du Christ. Chacun est le diable pour l'autre, et Satan ricane dans sa manche »

En littérature, il y a deux manières de traiter l’Histoire : ou on se cale dans les pas de personnages connus et on ne s’éloigne pas trop du principe de la chronique, ou on se cale dans les pas d’illustres inconnus pour s’émanciper du carcan des événements pour les magnifier et en tirer la quintessence… Le spécialiste du polar Tim Willocks, chirurgien et psychiatre de formation, est suffisamment intelligent pour choisir la meilleure option et il nous libre une formidable Iliade malaise qui possède toute les qualités requises pour laisser ses lecteurs pantois… A travers les destins croisés du renégat Mattias Tannhäuser, de son compagnon Bors de Carlisle, de la belle comtesse Carla la Penautier, de sa compagnonne tout autant folle que féérique Amparo, du machiavélique inquisiteur Ludovico Ludovici, de son exécuteur des basses œuvres Anacleto et de l’orphelin Orlandu, nous somme plongés dans le sang et dans les larmes dans un choc de civilisation à nul autre pareil ! Mais j’ai déjà dit tout le bien que je pensais du roman ici :

http://www.babelio.com/livres/Willocks-La-Religion/129725/critiques/472952



L’adaptation réalisée par le scénariste Benjamin Legrand et le dessinateur Luc Jacamon est très fidèle et très réussie, en plus de gommer les rares défauts de l’œuvre originale (sentimentalisme désuet, scènes de sexe crues, scènes de violence gore)… Je ne connaissais ni l’un ni l’autre, mais ils livrent ici un travail sans faille ! Charadesign, décors, accessoires, découpage, encrage, colorisation, narration, dialoguisation… Avec des graphismes réalistes, on est ici plus près du cinéma que de la bande dessinée (waouh les pages pleines et les doubles pages !), et c’est est très soigné tout au long des 80 pages de ce tome 1 qui déborde de la 1ère partie du roman…Je ne sais pas si cet album est la bande dessinée de l’année, mais je suis persuadé qu’elle n’est pas très loin de l’être ! ENJOY !!!
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La Religion

C'est à Malte que je me suis rendu compte du travail documentaire considérable que Tim Willoks a déployé pour écrire son roman "La Religion".

Devant ces remparts impressionnants imaginer le siège de l'île en 1565 a été chose facile après la lecture de ce pavé.

Pour une question de propagation religieuse, les ottomans attaquent Malte où les Chevaliers de l'Ordre hospitalier se sont installés. Avec courage et détermination fanatique, les chrétiens ont résister aux assauts des Turcs qui pourtant étaient beaucoup plus nombreux.

Les trois cités dont le Borgo, devenus ruines vont tout de même sortir vainqueurs grâce au stratège et marchand d'armes Tannhauser.

Ce roman noir est toutefois digne d'un Céline où dans "Guerre" le lecteur côtoie l'horreur sans filtre.

Ame sensible s'abstenir, des scènes sanguinolentes se déploient jusqu'au dégoût.

L'expérience de l'auteur en tant que médecin et chirurgien devient source de descriptions hyperréalistes. Feu et sang giclent sur ces remparts.

Mais pour le maître de l'Ordre pas question de plier le genou. Il faut tenir et ils tiendront.

Dans ce contexte de guerre Willoks introduit l'Inquisition apportant un aspect "diabolique" à une romance vouée à l'échec. Le moine perfide Ludovico montera des intrigues par ambition religieuse et devra affronter Tannhauser bien décidé à tenir ses engagements.

Happée par les diverses intrigues et rebondissements je me suis laissée envoutée par une narration fluide où la psychologie nuancée des personnages m'a beaucoup enthousiasmée.

Une oeuvre impressionnante que je recommande chaudement surtout quand arrive la superbe scène érotique du bain (pour les curieux p.689 chez Pocket)

Un roman de folie et de testostérone à ne pas manquer.



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La mort selon Turner

De temps en temps, à l’issue d’une lecture, on ne peut s’empêcher de penser qu’on vient de tourner la dernière page d’une pépite. C’est ce qui vient de m’arriver avec La mort selon Turner.

Avant tout, merci Babelio, merci aux Editions Sonatine pour cette très belle découverte !

J’avais déjà lu L’odeur de la haine (rebaptisé plus tard en Green River ) ainsi que Doglands et je connaissais donc le talent de Tim Willocks. J’ai d’ailleurs encore deux de ses livres dans ma Pal qu’il faut bien qualifier de monstrueuse….

Donc quel plaisir de se plonger dans cette histoire qui vous tient en haleine de la première à la dernière page.

Je vous plante le décor. Alors, accrochez vos ceintures car vous allez être secoués et direction l’Afrique du Sud.

L’histoire débute au Cap, dans un quartier que l’on pourrait qualifier de glauque et plutôt mal famé. Une jeune femme qui est en mode « survivor « ( faut bien manger pour vivre ), fouine du côté des bennes à ordures . Au même moment, un petit groupe d’hommes que l’on devine très vite être là histoire de s’encanailler dans le quartier va vouloir quitter les lieux. Mais le conducteur est trop ivre pour conduire et confond la marche avant et la marche arrière. Cette fausse manœuvre va causer un accident et les différents protagonistes vont choisir de fuir plutôt que de venir en aide à cette jeune femme qui ne va pas tarder à mourir..

Le policier chargé de cette enquête est le héros de cette histoire. Turner, un flic qui ne se cache pas de détester la police, va vite découvrir que le coupable vient d’une famille riche, très riche. La mère du coupable, Margot Le Roux, est une femme de tête et elle a l’intention de tout mettre en œuvre pour protéger son rejeton et lui éviter la prison.

Seulement, voilà, en face il y a Turner. Un flic à part, incorruptible, que rien ne peut faire dévier de sa trajectoire et de la mission qu’il s’est fixé. C’est un peu seul contre tous, mais Turner a plus d’un atout dans sa poche et il va nous le prouver de façon magistrale.

J’ai beaucoup aimé cette histoire, le style est fluide et agréable à lire. L’histoire est prenante et je rajouterais : Noir, c’est noir….

Oui, ce roman est noir, on le lit d’une traite ou presque car on a besoin de savoir ce qui va se passer. Et ce Turner, comment ne pas l’aimer ?

Un coup de cœur… vraiment… indéniablement !!



Challenge ABC 2018/2019

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Green River

Quelle horrible prison que Green River, où les détenus, regroupés par origine ethnique, n'échappent jamais à l'oeil de leurs surveillants grâce à d'immenses verrières... et quelle grandiose épopée que celle de ces quelques hommes et femmes vaillants pour résister à l'émeute et à la barbarie !



Evidemment, si on avait été dans le livre lui-même, mon paragraphe précédent aurait été émaillé de 'putain de', voire d'un peu de sperme, de sang ou de merde. Mais, dans un univers aussi violent et inhumain, le style imagé et l'imaginaire cru des personnages ne m'ont pas choquée du tout, au contraire ils ont donné corps à l'histoire pour moi.



Aussi cousue de fil blanc qu'elle soit, on croit à l'histoire car la peinture du monde carcéral et la psychologie des personnages sonnent juste. Malheureusement, je veux bien croire qu'il règne en prison un climat de cruauté et de terreur sous le joug de quelques tarés psychopathes. Mais je veux aussi croire qu'il existe des Klein, des Wilson, des Galvindez, des Coley ou des Devlin pour s'y opposer.



On se retrouve donc dans une grande lutte entre le Bien et le Mal, à la manière de Star Wars, du Seigneur des Anneaux ou de Harry Potter... et moi j'aime ça !
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La mort selon Turner

Afrique du Sud.

Week-end au Cap… Enfin, si on veut, parce que les jeunes blancs qui sont là, encadrés par leurs accompagnateurs, gardes-du-corps, nounous aux muscles saillants et aux regards pénétrants, veulent des sensations fortes. Autant aller les chercher dans un township en avalant un tord-boyaux « maison » à 60°…

L'un de ces jeunes afrikaners, à la vue du portrait de Nelson Mandela, sort un flingue et tire sur la photo… Il est plus que temps de rentrer…

Au sortir de l'endroit, le jeune le Roux, fils d'une richissime propriétaire de mine, Margot le Roux, malgré son ébriété, décide de prendre le volant. le véhicule fait une embardée, une histoire de frein à main, et écrase une adolescente, paumée et déjà pas en très bon état, contre une benne à ordures. C'est son espèce de chaperon et « lover » de sa mère, ancien militaire britannique, qui prend les choses en main et décide qu'il est plus que temps de quitter cet endroit… Et la jeune fille ? … Quoi ? Cette paumée ? Cette gamine des rues ? Cette plus que probablement camée ? Cette moins-que-rien ? Cela vaut-il vraiment la peine de s'en occuper alors qu'elle pourrait ruiner le brillant avenir d'avocat du jeune le Roux ? Et puis, le Cap est probablement la ville au monde où se commettent le plus de crimes en temps de paix. Est-ce qu'une jeune clocharde famélique vaut la peine qu'on perde son temps à enquêter ? Allons ! Un peu de sérieux ! Dans un pays où la police est aussi corrompue, quelques billets, ou quelques pièces d'or devraient orienter l'enquête dans une direction qui convienne à tout le monde !

A tout le monde ? Vraiment ? Qu'en penserait la victime si elle était encore de ce monde ? Elle a mis une bonne demi-heure à agoniser, ses entrailles à l'air, se trainant vers un téléphone pour demander de l'aide…

Bref ! Tout le monde s'en fout de la gosse ! Tout le monde ? Hmm… Pas sûr ! L'adjudant Turner s'empare de l'enquête et il compte bien que justice soit rendue…



Critique :



Ceux parmi vous qui ont eu l'occasion de voir les westerns « spaghettis » ne seront nullement dépaysés par ce récit. L'essentiel de l'aventure se déroule dans le désert, celui du Kalahari, dont la signification à l'origine n'est autre que « grande soif ». C'est là que vit la famille le Roux. Madame le Roux a accompli des merveilles pour transformer ses terres désertiques en véritable mine d'or, même si ce n'est pas de l'or qu'on en extrait. Elle est aussi la bienfaitrice des bleds aux alentours. Elle fait vivre toute la région. Une femme très intelligente avec une force de caractère hors du commun. Sa seule faiblesse ? Son fils ! Il est beau, il est sportif, il est intelligent, mais il ignore ce qu'est le vrai monde ayant été toujours surprotégé par sa mère. Il se destine à devenir avocat… Son choix personnel ? Oh, que non ! Un choix décidé par sa mère… Lui, il aurait aimé étudier l'histoire de l'art… Malheureusement, ce garçon, très empreint d'un esprit de justice va commettre involontairement un homicide… que sa mère et ses hommes de confiance vont s'employer à lui cacher car, même involontaire, un homicide l'empêcherait de devenir avocat…

Le problème dans toute cette belle mécanique, le grain de sable qui vient s'ajouter à tous ceux du désert et qui va gripper toute la machinerie, s'appelle Turner. Un flic qui déteste la police ! Un mec qui ne comprend rien à l'intérêt qu'il y a à accepter les pots de vin ! Serait-ce un saint ou un crétin ? Il hait la corruption… Et son supérieur hiérarchique !

Turner est le genre balèze increvable. le type qui, abandonné dans le désert sans une goutte d'eau, trouve la solution pour ne pas crever, le gars qui connait le corps humain comme nul autre, et qui d'un petit coup bien ajusté, peut causer autant de dégâts qu'un tir à bout portant d'une mitrailleuse Gatling. Animé d'une soif de justice insatiable, on comprendra plus précisément pourquoi à la fin du récit, il peut affronter dix hommes à lui tout seul. Et pourtant, il n'aime pas tuer. Il ne le fait que contraint et forcé.



D'enquête policière, il n'y en a point ! C'est un thriller psychologique, où un super héros, seul (ou presque) contre tous, saura faire triompher la justice… La sienne ! Parce que l'autre, l'officielle, elle est aussi corrompue qu'une sardine exposée au soleil pendant une semaine à des températures moyennes de quarante degrés.



Je n'ai pas éprouvé un plaisir fou à la lecture de ce livre très apprécié et plébiscité par un large public. le côté « Il était une fois dans l'Ouest » a un aspect de déjà vu, surtout au cinéma. Il y a un petit intérêt à découvrir des bribes de l'histoire de l'Afrique du Sud et de l'apartheid qui y a sévi. J'ai détesté des passages très gores qui permettent à l'auteur d'étaler ses connaissances médicales. J'ai apprécié son style très fluide. Je lui reconnais une compétence certaine à décortiquer les pensées de ses personnages, ce qui lui permet d'éviter tout manichéisme contrairement à beaucoup d'auteurs américains. (Tim Willocks est un sujet de la couronne britannique).

Tout cela n'a pas suffi à classer parmi mes lectures préférées « La mort selon Turner ».

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La mort selon Turner

Un western sud-africain.

*

Je connaissais l'auteur Tim Willocks par son roman sur la prison « L'odeur de la haine » lu il y a une vingtaine d'années. Son style scénaristique et très fluide me plaisait déjà.

Ni d'une, ni deux,j'embarque en Afrique du Sud pour une aventure centrée sur la corruption et l'ultra-violence.

*

Tout commence dans une sordide rue d' un ghetto noir du Cap. Un de ces quartiers post-Apartheid où règne la misère et le désespoir. Et terriblement dangereux. Une pauvre jeune fille de couleur va se faire écraser par un gros Range Rover rutilant. Des Afrikaners du Nord riches et puissants sont au volant. Plus précisément un jeune héritier minier, Dirk. Complètement saoul et inconscient.

Turner, flic noir pétri de principes et honnête est sur l'affaire. Il sent bien l'entourloupe. Il n'a pas envie que Margot la mère paie ses avocats pour protéger son fils d'une peine de prison.

Ce policier déterminé va donc essayer de récupérer le témoignage/aveu de son rejeton.

Langkopf, au nord du Cap : quand le feu aux poudres est allumé, la guérilla peut commencer ….et s'achever en massacres.

*

Ici , le héros c'est Turner. Il était venu dans ce coin pour faire régner la loi, pour faire un travail honnête, la jouer « régulier ». Et cette communauté de Blancs nantis l'a forcé à devenir un monstre.

En face de lui, Margot. La mère sur-protectrice. Elle ne lâchera pas le morceau, quitte à y laisser des plumes (enfin, des hommes de main!). Dans un monde aussi petit dans lequel elle vivait, se livrer n'aurait fait que le réduire encore.

*

La tension est extrême, tendue comme un string. Les doigts sur la gâchette, un coup part plus vite que le fil de la pensée. L'hémoglobine coule à flots sans que cela gêne quelqu'un.

Personnellement, en tant que touriste l'année passée, je n'ai pas été confrontée à la violence directe mais j'ai senti comme une atmosphère d'insécurité dans les villes et villages. Par exemple les barbelés et les panneaux annonçant la présence de port d'armes dans les habitations. La corruption des institutions ainsi que les horreurs subies par le peuple noir sont bien réels malheureusement.

Bien sûr, dans le récit, l'accumulation des meurtres est un peu « too much » mais l'auteur a parfaitement restitué l'ambiance générale de mal-être et d'insécurité.

*

Le rythme est addictif, les actions s'enchaînent parfaitement ; le style est fluide et le suspense est insoutenable. L'auteur nous a habitué à des « gros pavés » qui se lisent d'une manière haletante et divertissante. A quand une adaptation en film ?

J'ai lu que l'auteur était médecin et passionné d'arts martiaux et cela se ressent dans la maîtrise de ces thèmes : avec quelles précisions il nous offre la plongée d'un corps humain éventré ou d'une technique de combat en tai-chi-chuan. Et bien dans son temps également avec l'utilisation technologique des médias : USB, wi-fi, réseau.... D'ailleurs, à ce propos, le titre original en VO est « Mémo from Turner ». Et il est TRES approprié.

*

En conclusion, je vous dirais que j'ai passé un bon moment dans ce désert où rien ne survit (!). Attention tout de même aux estomacs sensibles. Et au palpitant bien accroché !
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La religion, tome 2 : Orlandu (BD)

Ce tome 2 intitulé "Orlandu" continue l'adapter le roman historique best-seller de Tim Willocks. Nous sommes toujours au siège de Malte en 1565, et Chrétiens et Musulmans continuent à se massacrer les uns les autres au nom de Dieu tandis que le Diable se lole sur les tombes des uns et des autres...

Il y a le bruit et la fureur certes, mais nous sommes d'abord et avant tout dans un comédie humaine (ou plutôt une tragédie humaine devrait-on dire) : Tannhauser, Orlandu, Carla et Amparo sont à la recherche de la famille qu'ils ont perdu, voire qu'il n'ont jamais eu, mais on a aussi Bohort qui voit sa loyauté mis à rude épreuve, le devshirné dépressif qui prend le nom de Nicodémus en revenant dans le giron du Christ, l'intransigeant Père Lazaro qui laisse souffrir femmes et hommes au nom de la tradition, le damné Angelu prisonnier de sa propre chaire, Don Ignazio un patriarche haineux tyran de ses descendants, ou le chirurgien Jurien de Lyon qui sauve des vies là où les siens en détruisent... En restera-t-il un seul en vie à la fin du carnage ? Un seul d'entre eux pourra-t-il échapper à cet enfer sur terre créé par les homme au nom de la religion ?

L'adolescent orphelin Orlandu n'a jamais connu rien d'autre que Malte, et il est persuadé qu'il n'a rien fait et qu'il ne fera jamais rien de sa vie... Pour lui donner un sens il choisit la mort en rejoignant les kamikazes qui vont défendre jusqu'à la mort le Fort Saint-Elme, et c'est sans hésiter que Mattias Tannhäuser plonge au cœur de la folie pour l'en ramener... Mais est-ce seulement possible pour l'homme qui l'espace de quelques jours pense avoir trouvé un fils et l'adolescent qui l'espace de quelques jours pense avoir trouvé un père ???.



Sur le fond une excellente adaptation d'un excellent roman. Mais ici je suis un peu énervé contre le dessinateur : pourquoi développer un bon découpage et une belle colorisation qui font alterner l'intime, l'épique et le tragique en faisant la part belle à des scènes de guerre dantesques si c'est pour qu'il y ait autant de laisser-aller dans les détails, les précisions et les finitions, surtout au niveau des personnages... Il faut se ressaisir avant que la qualité globale des graphismes n'en pâtissent irrémédiablement dans les tome 3 et 4, sinon je vais n'énerver pour de bon !
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La Religion

Tim Willock écrit comme un guerrier. Il tranche avec les mots, transperce avec sa plume et tient le siège du lecteur sur près de 1 000 pages.

La Religion est un roman épique où s’enchaînent les combats. Aucun détail n’est épargné. Vous ressortirez de cette lecture avec le goût du sang sur les lèvres et la sensation tenace de chair meurtrie sur vos habits. Pas vraiment ma tasse de thé habituelle !

Pourtant, j’ai traversé ces batailles et compté les morts sans m’ennuyer ni coup férir. L’auteur possède une âme de conteur et un talent certain pour la mise en scène. Les personnages sont bien décrits, leur psychologie assez fouillée. Le 16ème siècle et son fanatisme religieux est relaté sans complaisance ni exagération.

La Religion nous emmène sur l’Ile de Malte en 1565, en plein conflit entre les Ottomans et les Hospitaliers. L’auteur nous place au coeur des combats et des stratégies des différents camps en présence. Il vient greffer, pour l’aspect romanesque, une intrigue amoureuse entre le héros Tannhauser et une belle jeune femme pour laquelle le soldat va accepter de plonger en enfer.

La suite des aventures de Tannhauser (les Douze enfants de Paris) s’annonce tout aussi… dantesque.

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Les douze enfants de Paris

Bienvenue dans le 1er livre sang pour cent hack and slash. Beaucoup de sang, beaucoup de vomi, de matières fécales, de violence ridicule à force de redondances et un scénario épais comme un cil de mouche. Ici c'est simple, un gars, sorte de clone d'Arnold Schwarzenegger et de tous nos chers acteurs du film de genre, se retrouve à Paris, non pas pour aller chez Michou, mais le jour de la saint barthélemy, c'est ballot quand même, il doit retrouver sa femme et comme à l'époque y avait ni le métro, ni les portables ben du coup il chope une antenne bien spéciale la spontone et comme le bonheur c'est simple comme un coup de fil, notre héros complément taré et psychopathe ne se lasse pas d'exploser son forfait et par là même ses adversaires qui ô surprises sont tous plus mauvais les uns que les autres au combat.

En 937 pages, notre bonhomme tue et c'est un euphémisme au moins autant de mecs que Stallone dans les Rambo et il ne subit en tout est pour tout qu'une blessure par caillou lancé par une fronde.

Évidemment il tire à l'arc et touche au but à chaque fois.

Bref ça démarre fort, on nous promet Ellroy rencontrant Dumas au final c'est plus Terminator contre les Charlots.

Y a quelques chouettes descriptions, le pire dans ce livre c'est que notre héros est tellement taré qu'il n'a peur de personne, n'a aucun remords et au final il n'y aura aucun affrontement, aucun adversaire à sa taille.

A mon avis au moins 600 pages de trop, une violence qui pourrait faire venir de nouveaux lecteurs de cette littérature et les aiguiller vers de meilleurs auteurs.

Quelques chouettes personnages, une séance de tarot qui n'arrive pas a la cheville de celle de Tournier dans vendredi, Alexandre Dumas reste au-dessus, même si l'écriture de Willocks est plus contemporaine.



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Les douze enfants de Paris

CHALLENGE PAVES 2014/2015 (7/10)



Cruelle déception que ce pavé de plus de 900 pages qui aurait pu être réduit de moitié, sans que l'histoire ait réellement à en souffrir. Pour cela, il aurait simplement fallu supprimer toutes les scènes si finement décrites de meurtres, pendaisons, décapitations, émasculations, éventrations, énucléations en tout genre. Effectivement , le récit se déroule pendant la nuit de la St Barthélemy où le sang des protestants a coulé à flots mais au milieu de toute cette frénésie, je n'ai plus compris qui tuait qui et surtout pourquoi. J'ai donc sauté allégrement (si je puis dire !) pas mal de lignes qui n'apportait rien à l'intrigue (et même elle, j'ai eu du mal à la saisir...). L'émotion qu'il aurait été normal de ressentir devant ce massacre historique a totalement été annihilée par cette effusion de sang, véritable boucherie, que l'auteur a pris plaisir à nous offrir.



Le côté historique du roman qui était sensé me plaire au départ, n'a duré que le temps des premiers chapitres où l'on fait la connaissance de Mattias Tannhauser, chevalier de Malte arrivant à Paris à la recherche de sa femme Carla, enceinte, invitée en tant que musicienne au mariage de Marguerite de Valois, sœur du roi et catholique avec son cousin protestant, Henri de Navarre. Vu les évènements, celui-ci ayant été annulée, Carla a dû se réfugier chez une autre musicienne... huguenote. Quand Mattias retrouve sa trace, la maison a été pillée et ses habitants massacrés.



La seule image qui ait trouvé grâce à mes yeux, c'est la description de Paris en 1572 : son cœur des Halles et sa cour des Miracles avec à sa tête un nouveau Quasimodo qui m'évoquait celui de Hugo dans "Notre-Dame de Paris". Grégoire, Carla et Amparo, Estelle, Alice, les Souris, quelques beaux personnages ont malgré tout émergé de la fange.



Je reste sur une impression très négative et accorde un 2/20 pour le talent d'avoir pu remplir plus de 900 pages avec une plume uniquement trempée dans le sang.





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La mort selon Turner

Excellent polar, très addictif. L'originalité tient à ce que tout est dévoilé d'avance, on sait qui a tué, on sait qui a trahi, qui va faire quoi par avance, mais la prouesse est de nous tenir en haleine quand même. Ici pas de rebondissements, pas de tirages par les cheveux, pas de poils ... coupés en quatre, même s'il y a quelques invraisemblances et raccourcis inhérents au genre. Seul point négatif (il en fallait bien un) la litanie des noms d'armes, voitures et modèles (franchement, on s'en fout) et les descriptions style gourou des arts martiaux (visiblement l'auteur maîtrise) qui sont un peu rébarbatives à la longue.
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La Religion

Ce que j’ai ressenti:



« Plonge dedans, disait l’obscurité. »



Alors j’ai plongé. J’ai plongé dans les enfers, rencontré quelques démons, et j’ai ressenti à l’intérieur les vents dispersants. Et quelle fabuleuse invitation! A se frotter ainsi, aux guerres de religions qui font rage au cours de l’Histoire, en plongeant justement dans ce thriller noir qui retrace un de ses plus sanglantes batailles, on en revient jusqu’à en avoir l’odeur nauséabonde dans les narines….Tim Willocks, décide de nous faire revivre l’enfer du siège de l’île de Malte en 1565, opposant l’élite des troupes ottomanes aux puissants chevaliers de l’ordre, dans ces moindres détails et il ne nous épargne rien de l’horreur du carnage. D’un côté comme de l’autre, les combattants sont déterminés, acharnés, convaincus jusqu’à la pointe de leurs épées du bien fondé de leurs actions…D’un côté, comme de l’autre, les souffrances seront atroces et les pertes considérables. D’un côté comme de l’autre, ils se battent au nom de dieu. Et, à la frontière de l’un comme de l’autre, un devshirmé, Mattias Tannhauser.



« Sache que tu es en enfer. Et que nous sommes ses démons. »



Et comme l’Histoire se vit aussi, dans les petites histoires, en suivant le parcours semé d’embûches de ce mystérieux héros Tannhauser, on aura notre comptant de passions, d’amours, d’intrigues, de trahisons, d’amitiés, de dangers, d’honneurs, de rébellions, de rédemptions…Tout ce qui fait l’énergie palpitante des bonnes histoires. Tout ce qui nous anime au creux de nos tripes. Impossible de lâcher ses pages, tellement le sort de ces personnages nous importent dans leurs cheminements personnels. Tous autant qu’ils sont, ils nous donnent à ressentir, une émotion différente de par leur sensibilité, en ce temps affreux de guerre impitoyable. Et puis, comme pour sublimer le tout, la beauté s’en vient en musique et en poésie…Et là, c’est comme un souffle de fraîcheur, entre deux respirations dysharmonieuses. Un instant précieux…



« Dans l’éternité, lui dit-il, il n’y a pas de chagrin. »



C’est fascinant, cette faculté de faire transparaître ainsi autant de sensations, autant de sentiments. Tout est démultiplié. On s’en prend plein les yeux, le nez, la bouche, le cœur, l’esprit…C’est tellement intense! Chaque scène est plus grandiose que la précédente, chaque phrase plus percutante que celle d’avant et mérite qu’on s’y arrête pour les relire. Et l’apprécier encore et encore. Méditer dessus, presque. Ce roman est grandiose. Démesurément, grandiose. J’ai déjà eu des coups de cœur, mais celui là, il dépasse tellement en profondeur et en force, que c’est presque difficile de trouver les mots…La plume est tantôt enflammée, poétique, sensuelle, percutante, charmeuse et bouleversante. Ce contexte historique est tellement imprégné de violences, d’urgences, et d’espérances…Tant de passions et de densité dans ce pavé noir, c’est absolument prodigieux. Une lecture sacrément magistrale.



« Dans des temps comme aujourd’hui voués à de si grands maux, lorsqu’on peut entendre et sentir partout les ailes de l’ange de la mort, de petits actes de gentillesses sont comme des joyaux du ciel, et tout autant pour celui qui les réalise que pour celui qui les reçoit (…). »





Ma note Plaisir de Lecture 10/10.
Lien : https://fairystelphique.word..
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