Tonino Benacquista revisite le fameux concept du « Fight Club » façon psychologie amoureuse. Dans ce célèbre roman de Chuck Palahniuck, des hommes redécouvraient leur virilité en se tapant dessus lors de rendez-vous secrets célébrant le combat à mains nues, tandis que dans « Homo Erectus » des hommes se réunissent dans une sorte de « Love Club » afin de témoigner de leur expérience des femmes et de l'amour. Que ce soit la guerre des sexes ou la boxe, il va y avoir des dégâts…
Tous les jeudis soir, à Paris, une centaine d'hommes se réunissent, sur le modèle des « Alcooliques Anonymes », chacun racontant l'histoire sentimentale ou sexuelle qui l'a marqué à vie. La confidence y est totale et les deux seules règles sont que personne n'interrompt les participants et qu'il n'y a surtout pas de thérapeute.
Les histoires les plus originales comme les plus pathétiques se succèdent, et nous suivrons plus particulièrement trois hommes dans leur quête du grand amour ou leur désir d'en finir avec ce satané sentiment : Philippe le philosophe n'arrive pas à se guérir de la femme perdue, même en séduisant la top-modèle de l'heure; Denis, désespérément seul, est convaincu d'être la victime d'un vaste complot féminin visant à lui faire payer des millénaires de domination masculine; Yves, qui a refusé de pardonner à sa femme l'erreur d'un soir, claque toutes ses économies auprès des prostituées afin de ne plus être dupe d'aucune.
L'éternel mystère féminin, malgré leurs efforts, leur sera toujours inaccessible.
Délaissant l'univers inquiétant du crime organisé de « Malavita » et « Malavita encore » pour un univers plus feutré et intellectuel, propice à satyre contemporaine, Tonino Benacquista imagine une sorte de société secrète, sans hiérarchie ni rite. Un cercle de parole où les hommes, avec sincérité, viennent raconter leur histoire. Parmi eux, trois hommes aussi dissemblables que possible, qui vont pourtant se lier d'amitié : Philippe, Yves et Denis.
Ce point de départ, pour le moins original, permet de varier les points de vue et les histoires, même si l'on suit plus attentivement celle des trois personnages principaux, qui sont chacun à sa manière en quête d'identité et de rédemption.
C'est tour à tour drôle, tendre voire touchant, cela parle de sexe mais surtout d'amour, et du malaise d'une virilité en perte de repères. Car tous ces hommes sont loin d'être des héros ou des princes charmants. Ils sont souvent lâches, parfois puérils, mais ils sont surtout fragiles et donc attendrissants, dans leur manière de chercher désespérément ce qu'ils ne trouvent pas, ce difficile équilibre qui les rendrait heureux avec celle qui saurait les aimer.
Le lecteur d'identifie malgré des situations souvent caricaturales : l'homme trompé par sa femme avec un gogo dancer ; celui qui ne parvient plus à séduire ; l'impuissant ; l'intello qui s'amourache d'une mannequin sublime et bien sûr le mari trompé qui paie une prostituée pour apaiser sa libido… Les clichés s'enchainent mais tout lecteur masculin se retrouvera dans certaines réflexions des héros masculins. Quant aux lectrices, nul doute que cette lecture saura satisfaire une certaine curiosité non avouée. Freud, en son temps, s'interrogeait sur le mystérieux continent noir de la féminité. Ici, Tonino Benacquista s'interroge sur le mystérieux continent noir de la virilité. A quoi pensent les hommes ? A quoi rêvent-ils ? Qu'espèrent-ils dans une relation sentimentale ?
En résumé, une galerie de parcours masculins à la fois très originaux et banals, qui donnent l'occasion de développer des réflexions intéressantes sur la masculinité, sur les rapports entre les hommes et les femmes, sur l'image qu'un homme a ou souhaite avoir de lui... le recours à la caricature ou à l'exagération permet de mieux faire comprendre chaque personnage et chaque propos. Il confère surtout un ton amusant au livre, même si certaines histoires (celle de Denis en particulier) sont tellement improbables qu'elles laissent peu de place à l'identification et finissent donc par lasser le lecteur
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