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EAN : 9782072876073
224 pages
Gallimard (05/03/2020)
2.69/5   160 notes
Résumé :
« Depuis sa disparition, Léo me manque. Lors de notre tout dernier échange, il m'a dit, s'adressant à ses parents et amis à travers moi : «Je vous quitte pour un monde meilleur.» Six mois plus tard, personne ne sait s'il est toujours en vie mais quelque chose me dit que sa formule, un rien mélodramatique, n'annonçait pas un suicide. »

Où donc est passé Léo ? Son entourage s'interroge sur le mystère de sa disparition.
Qui était-il vraiment ? Q... >Voir plus
Que lire après Toutes les histoires d'amour ont été racontées, sauf uneVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (40) Voir plus Ajouter une critique
2,69

sur 160 notes
Comme j'ai aimé ce roman où de multiples histoires se côtoient, se croisent, s'entrechoquent. Quel talent, quelle imagination possède cet auteur qui, je dois bien l'avouer, fait partie de mes auteurs préférés depuis ma lointaine lecture de Saga.

Léo où es-tu ? Toi, l'ami silencieux, qui regardais le monde à travers ton objectif. Toi qui parlais dans tes photos, toi qui racontais le monde en images. Tu ne savais même pas que tu avais ce talent.

« Devant un tel condensé de mauvais goût dans un espace si restreint, je lui dis pour le taquiner : Tout ton sens esthétique passe dans la photo !, étonné que je suis de le découvrir si intransigeant dans son travail et si insensible à la laideur ambiante. J'en conclus qu'elle n'entre pas dans son champ de vision car seul le gracieux y parvient ; ce doit être assez pittoresque de voir le monde à travers les yeux d'un Léo. »

Où es-tu Léo, toi l'ami que j'ai abandonné par lâcheté, par usure, incapable de supporter plus longtemps ta détresse, ton renoncement, ta folie.
Toi qui te perdais dans d'autres images, dans d'autres personnages, dans d'autres histoires qui n'étaient pas les tiennes. Toi et toutes les séries que tu visionnais, ingurgitais du matin au soir ou du soir au matin. Toi qui te noyais dans cet océan d'images.
Cherchais-tu ton chemin ? Ta rédemption ?

« S'il est parfois confronté à des scènes qui le choquent autant qu'elles le fascinent, il craint avant tout ce qu'il va y découvrir de lui-même. »

Le pouvoir de la fiction existe-t-il ? Quelle est la frontière entre la fiction et la réalité ? Peut-on guérir d'un traumatisme grâce aux histoires racontées et vécues par d'autres ?
C'est bien à la recherche des réponses à ces questions que le lecteur est convié ici. Et c'est sacrément bien tricoté car on aimerait pouvoir nous aussi visionner toutes les séries proposées par l'auteur, tant il réussit à nous captiver par son imagination phénoménale. Surtout par celle de cet écrivain qui réussit finalement à nous conter une merveilleuse histoire d'amour.
Un écrivain au pouvoir enchanteur.
Un double de l'auteur ?
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C'est ce qui s'appelle un grand moment de solitude. Totalement déstabilisant. Entrer dans un livre avec une envie à la hauteur des immenses souvenirs laissés par la lecture de Saga, toujours présents vingt ans après. Même si ensuite le plaisir fut moins net. Jusqu'à Romanesque qui m'avait permis de renouer avec cette plume si talentueuse. Entrer donc dans ce livre en se préparant au bonheur. Ne pas se préoccuper tout de suite de l'esprit qui s'égare. de l'envie de revenir en arrière quand le propos semble confus. S'inquiéter tout de même au bout d'un moment. Continuer quand même. Et déchanter.

Ceux qui ont lu Saga se souviennent sans doute de la virtuosité de l'auteur à jouer de l'imbrication du réel et de la fiction dans le destin de ses personnages. C'est aussi ce qui m'avait fait apprécier Romanesque d'ailleurs. Dans ce nouvel opus, Tonino Benacquista revient à l'univers des séries télévisées - on trouve d'ailleurs une allusion à la fameuse Saga - et à la mécanique qui lui avait valu ce succès. Il met en scène un personnage, Léo, qui s'échappe d'une réalité peu séduisante et disparaît de la circulation pour se réfugier dans le visionnage de séries, laissant son entourage sans nouvelles. Pour le lecteur, se mêlent alors les histoires de différentes séries, faisant se croiser les membres de réunions d'alcooliques anonymes, une telenovela brésilienne ou encore les aventures d'Harold Cordell, un écrivain anglais sur le déclin qui va tenter d'écrire la seule histoire d'amour qui n'ait pas encore été racontée : la sienne. Pour l'auteur, c'est l'occasion une fois encore d'interroger la façon dont s'écrivent les histoires, qu'elles soient fictions ou destins. La façon dont on les raconte également.

"C'est ce que Léo aime chez Harold, cet aveu d'impuissance face au réel. Selon lui, nul ne peut prétendre être le scénariste de sa propre vie, qui n'est qu'un long continuum de situations qui s'enchaînent d'elles-mêmes, la nature humaine préférant les petits évitements aux grandes confrontations et les compromis aux remises en question".

Alors effectivement, ça se mélange, créant une vraie confusion dans mon esprit qui perd complètement le contact avec Léo. Était-ce l'effet voulu ? le problème c'est que les quelques réflexions savoureuses qui me font parfois retrouver le sourire ("... car à trop montrer plus personne ne voit, plus personne ne s'émeut...") ne suffisent pas à me reconnecter durablement avec l'intrigue. Je trouve le propos trop confus, noyant le fil narratif. Faut-il se raccrocher à Harold, la figure de l'écrivain qui se voit pourtant gratifier d'une belle baffe critique ("Harold Cordell ne prend même plus la peine d'écrire, il se contente de se gratter la tête et de vendre ce qu'il a sous les ongles"... je la ressortirai celle-là, ha ha). Et ce n'est pas la tirade de fin qui éclaire ma lanterne.

Un grand moment de solitude, donc. J'ai même hésité à relire Saga pour savoir si c'était moi qui avais changé... et puis j'ai renoncé. A quoi bon ? Saga reste un énorme souvenir. Et le résultat est là : je n'ai pas compris grand-chose à ce nouvel opus. Et puis je suis tombée sur un papier tout frais signé Rémi Noyon dans l'Obs de cette semaine qui se termine ainsi : "Le livre laisse un étrange malaise, comme après une overdose d'épisodes regardés trop vite, dans une frénésie addictive, ce qui signifie peut-être qu'il est réussi. Ou alors, qu'on n'a rien compris. C'est possible aussi". Alors, je me suis sentie moins seule.

Désolée, Tonino, pas cette fois.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Déroutant, ce Benaquista, mais au final cela m'a plu de quitter la route avec Leo et de me perdre avec lui dans ses errances télévisuelles.
C'est que cela nous parle à nous autres lecteurs d'aller chercher du sens, de l'oubli, de la rédemption ou autre réconfort dans la fiction; ça nous parle, la sensation qu'un personnage parait plus réel que le réel; ça nous parle aussi les pensées décousues, les rapprochements insensés d'images, de scènes ou d'idées.
Je n'ai pas tout à fait été convaincue par les dernières pages mais ce n'est pas grave, cela m'aura fait du bien d'accompagner Leo l'accidenté de la vie dans sa rémission, et de voir avec ses yeux.
Un roman original, qui aide au lâcher prise.
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J'aime beaucoup Tonino Benacquista.
Je crois avoir tout lu de lui, mais ce livre-là, je n'ai pas réussi à entrer dedans.
Peut-être parce que je sortais d'une lecture difficile et éprouvante.
Pourtant Léo m'a été sympathique dès le début, mais j'ai vite décroché et chaque tentative de reprise me laissait de plus en plus sceptique.
A tel point que j'ai arrêté.
Ce n'était pas le moment certainement.
Je retenterai un peu plus tard.
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Léo était indolent, rêveur et, par son objectif, capable de capturer la beauté dans l'incessante valse du monde. « Il tient obstinément à rester un petit illustrateur qui arrête son regard sur des sujets banals et quotidiens, qu'il s'efforce de rendre charmants et uniques. » (p. 21) Puis est survenu l'accident, et Léo a perdu son grand talent. L'oeil paralysé, le coeur brisé et l'âme amère, Léo s'est retranché de l'existence et se soule désormais de séries télévisées. Il se perd dans d'autres imaginaires que le sien, dans des époques et des géographies différentes. « Il arrive que l'effet hypnotique de l'écran libère les archives cachées de sa mémoire, sous forme d'instantanés et de réminiscences, sans lien avec la situation qui défile sous ses yeux. » (p. 59) Pendant des mois, Léo squatte dans le salon du narrateur et il s'investit dans des vies fictives pour fuir la sienne : il sait tous des péripéties de ses personnages de pixel et, même, finit par participer à leur destin. « Je réalise tout à coup que Léo mène une double vie, dans mon canapé, à mon insu. La nuit, pendant que je l'imagine affronter ses démons, monsieur se promène de Tolède à San Diego, très préoccupé de la destinée d'une poignée d'inconnus dont les mésaventures ont le mérite de lui faire oublier les siennes. » (p. 101) le narrateur cherche surtout à savoir ce qu'est devenu Léo depuis sa disparition. « Où il se trouve, je me plais à l'imaginer à la recherche de son innocence perdue. » (p. 9)

Le texte se construit entre le récit à la première personne du narrateur et les différentes séries que Léo regarde. Saurons-nous la fin de ces intrigues rocambolesques ? Peu importe, ce qui compte est de retrouver Léo, s'il veut se laisser approcher. Avec Saga, Tonino Benacquista nous a fait suivre l'aventure d'une équipe de scénaristes dépassée par le succès de la série qu'elle produit. Avec ce roman, l'auteur nous emmène de l'autre côté de l'écran et interroge notre rapport addictif à la série. Et surtout, il magnifie le pouvoir qu'a la fiction sur nos âmes assoiffées d'imaginaire et d'échappatoire. Parce que, parfois, s'abîmer dans une image, c'est la seule façon de revenir au réel.

De Tonino Benacquita, je vous recommande également l'excellent Quelqu'un d'autre qui explorait les limites infinies de l'identité.
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Citations et extraits (50) Voir plus Ajouter une citation
La fiction nourrit nos rêves et la rêverie n’occupe-t-elle pas l’essentiel de notre vie ? Elle est notre refuge à la mélancolie, au doute, au renoncement. Nous passons bien plus de temps dans les nuages que sur la terre ferme. Et à jamais nous resterons en souffrance de ce voeu d’une vie meilleure que nous avons formé dans nos songes.
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Le point de rupture est atteint quand il insinue que je ne peux rien comprendre à ce qui lui arrive puisque je fais partie des 99 999 épargnés par les aléas thérapeutiques. Je lui crie à la figure que partout dans le monde on souffre, on hurle, on pourrit à l'intérieur, on est soufflé par des déflagrations, on est broyé par l'Histoire en marche, on agonise, on saigne, on crève, "alors arrête de nous faire chier avec ta gueule de travers !".
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C'est ce que Léo aime chez Harold, cet aveu d'impuissance face au réel. Selon lui, nul ne peut prétendre être le scénariste de sa propre vie, qui n'est qu'un long continuum de situations qui s'enchaînent d'elles-mêmes, la nature humaine préférant les petits évitements aux grandes confrontations et les compromis aux remises en question.
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Quand c'est pas un mec marié, c'est un clodo qui te pique tes sous, et quand c'est pas un cogneur, c'est un pervers qui te fait des trucs qu'on voit même pas dans les pornos. Comment t'expliquer qu'il ne faut pas croire ce que disent tous les connards qui veulent te baiser ! Arrête le bourbon ou arrête les hommes, parce que les deux ensemble ça te vaut rien.
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Combien de fois Harold s'était-il entendu dire :"Vous devriez raconter ce qui m'est arrivé dans un roman !" Ce à quoi il acquiesce poliment en oubliant de préciser que, sans l'alchimie de la fiction, la réalité est soit anecdotique soit invraisemblable.
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Vidéo de Tonino Benacquista
Il y a un an, déjà, nous, la librairie Dialogues à Brest, lancions ce nouveau podcast avec l'idée de faire entendre la voix d'auteurs et d'autrices qui posent un regard neuf sur le monde qui nous entoure. 29 épisodes plus tard, nous espérons avoir tenu parole. Et nous sommes bien décidés à ne pas nous arrêter en si bon chemin ! En attendant de nouvelles découvertes, c'est un épisode anniversaire un peu spécial que nous vous proposons aujourd'hui. Voici quelques morceaux choisis, des extraits qui nous ont marqués, et que nous avons sélectionnés rien que pour vous.
Bibliographie: - Soleil amer, de Lilia Hassaine (éd. Gallimard) https://www.librairiedialogues.fr/livre/18955847-soleil-amer-lilia-hassaine-gallimard - Être à sa place, de Claire Marin (éd. de l'Observatoire) https://www.librairiedialogues.fr/livre/20086231-etre-a-sa-place-habiter-sa-vie-habiter-son-corps-claire-marin-editions-de-l-observatoire - La Voyageuse de nuit, de Laure Adler (éd. le Livre de poche) https://www.librairiedialogues.fr/livre/17909272-la-voyageuse-de-nuit-laure-adler-le-livre-de-poche - La Carte postale, d'Anne Berest (éd. Grasset) https://www.librairiedialogues.fr/livre/19134288-la-carte-postale-anne-berest-grasset - L'Amant, de Marguerite Duras (éd. de Minuit) https://www.librairiedialogues.fr/livre/10713-l-amant-marguerite-duras-les-editions-de-minuit - Cornebidouille, de Pierre Bertrand (éd. École des Loisirs) https://www.librairiedialogues.fr/livre/10983245-cornebidouille-pierre-bertrand-ecole-des-loisirs - Porca Miseria, de Tonino Benacquista (éd. Gallimard) https://www.librairiedialogues.fr/livre/19926528-porca-miseria-tonino-benacquista-gallimard - le Grand Monde, de Pierre Lemaitre (éd. Calmann-Lévy) https://www.librairiedialogues.fr/livre/20145088-les-annees-glorieuses-le-grand-monde-roman-pierre-lemaitre-calmann-levy - Sale Gosse, de Mathieu Palain (éd. J'ai Lu) https://www.librairiedialogues.fr/livre/18867763-sale-gosse-roman-mathieu-palain-j-ai-lu - le Droit du sol, d'Étienne Davodeau (éd. Futuropolis) https://www.librairiedialogues.fr/livre/19099529-le-droit-du-sol-journal-d-un-vertige-etienne-davodeau-futuropolis - Toucher le vertige, d'Arthur Lochmann (éd. Flammarion) https://www.librairiedialogues.fr/livre/18980776-toucher-le-vertige-arthur-lochmann-flammarion - L'Art de la joie, de Goliarda Sapienza (éd. le Tripode) https://www.librairiedialogues.fr/livre/9964608-l-art-de-la-joie-goliarda-sapienza-le-tripode
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