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Critiques de Viet Thanh Nguyen (149)
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Le Sympathisant

Je suis bien ennuyée pour cette chronique car je constate que les critiques sont toutes enchanteresses pour ce livre. Et je dois dire que, personnellement, je n'ai pas aimé. Enfin, ce n'est pas que je n'ai pas aimé, c'est le style de l'écriture qui m'a déplu et m'a rendu la lecture fastidieuse.

Nous entrons de plein pied dans le conflit qui a secoué le Vietnam et nous y entrons de façon originale. Nous découvrons cette page d’histoire à travers la confession d’une taupe, d’un espion, d’un être jouant double jeu. Il veut sauver sa peau alors il crache le morceau, pour parler crûment. Et il raconte, raconte… tout, sans état d’âme. La fuite avec sa sélection de ceux qui peuvent vivre et les autres ; l’intégration au sein de la société américaine, le sacrifice d’un homme pour sauver sa peau, l’amour…

Il n’y a aucune ambigüité sur le narrateur, même s’il reste anonyme tout au long du livre. Dès la première phrase, il se présente comme « un espion, une taupe, un agent secret, un homme au double visage ». Pourquoi, parce qu’il est un bâtard issu de l’amour fugace d’une mère vietnamienne et d’un père curé français. Donc pas tout à fait vietnamien lui-même, pas tout à fait français, bref notre narrateur se sent apatride et ne doit rien à personne. De ce fait, il plonge avec délice dans une double vie d’agent secret. Capitaine de la police secrète, il dit oui d’un côté pour mieux dénoncer de l’autre. Aux premières loges de tout évènement, c’est un témoin précieux de cette page historique. Pro américain à certains moments et anti américain à d’autres, il profite des différents systèmes qui s’offrent à lui. Ne voyant que son profit, il n’hésite pas à sacrifier des innocents pour conserver sa vie.

Bref, un récit complet, fascinant, instructif.

Mais... car plus haut, j'ai dit que je n'avais pas "aimé". C'est un récit à une voix puisque c'est la confession de notre sympathisant. Qui dit récit à une voix, dit récit terne, monocorde, monotone… Bref, tout est écrit sur le même ton. Et là, ça casse le plaisir de lecture, enfin pour moi. J’aime avoir des dialogues, des changements de ton, un rythme qui s’accélère ou au contraire qui ralenti pour mieux nous faire ressentir les tensions. Là, rien. Le narrateur est devant sa feuille blanche et plonge dans ses souvenirs.

Cela reste néanmoins un témoignage intéressant et une bonne lecture.
Lien : https://jelisquoi.blogspot.f..
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Le Sympathisant

Confession d'un espion, ce roman nous narre la fuite du Viet Nam des troupes républicaines vers Etats-Unis, et leur vie là bas, notamment celle du narrateur, appelé "le capitaine" et du général dont il est aide de camp.



Ce bon roman nous place aux côté de cet espion, obligé de suivre la diaspora républicaine outre-pacifique afin de mieux garder un oeil sur elle. La dualité du personnage, coincé entre son éducation, ses valeurs, son histoire et sa cause, nourrissent le récit qui prend un sens nouveau une fois révélée sa véritable forme.
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Le Sympathisant

Je n'ai pas du tout compris où l'auteur s'en allait avec ce livre. Les événements sans intérêt se succèdent les uns après les autres sans réel fil conducteur, sinon qu'il s'agit d'un espion qui n'a pas de tâches à effectuer puisqu'il a dû immigrer aux USA avec le général qu'il était chargé d'espionner. J'ai cessé ma lecture au 2/3.
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Le Sympathisant

Un roman profond et engagé



Le sympathisant raconte la confession complexe d'un agent communiste infiltré durant la guerre du Vietnam, celui-ci nous livre son histoire, ses états d'âme et les horreurs dont il a été coupable ou témoin. Sans ménagement.



En dépit de quelques longueurs, j'ai beaucoup aimé ce roman qui aborde le thème de la guerre du Vietnam, l'auteur ne prend pas position à travers l'histoire qu'il propose, car personne n'est épargné entre les Américains, les réfugiés du sud et les communistes.

Aussi, j'ai apprécié le ton donné au protagoniste, entre humour et sarcasme.



Ce qui ressort tout au long de cette lecture, c'est une réflexion sur la dualité - le rôle de taupe exacerbant le tout -, le bien et le mal, la position de bourreau et de victime, le dilemme moral aussi.



La fin est oppressante, et on ne sait plus très bien si on doit réfléchir sur les raisons de cette guerre ou si on doit seulement s'apitoyer sur le destin de ces hommes peu importe la cause qu'ils défendent. La guerre est un gâchis humain…



C'est un roman remarquable que je vous conseille sans hésitation.
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Le Sympathisant

Le sympathisant est un livre superbement bien écrit. Cependant, la vision beaucoup trop américaine de l’auteur n’a pas réussi à me donner l’illusion de lire la confession d’un agent double communiste. Le dynamisme de la narration tient tout au long de la lecture, mais tombe parfois dans la caricature d’un film d’action américain.
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Le Dévoué

Si je veux être honnête, je dois avouer que je n'ai pas réussi à le terminer. Seule raison, le thème du trafic de cannabis a gêné mon appréciation de ce roman. Le thème de la drogue ne collait pas avec cette belle écriture, cette belle observation de la France et des français. Le narrateur d'origine vietnamienne a mieux décrypté nos forces et nos faiblesses que bien des écrivains français. Il a cette sensibilité que j'admire tant chez beaucoup de mes amis d'origine vietnamienne. Il n'a pas été pour rien bardé de plusieurs prix littéraires (Pulitzer et meilleur livre étranger).

Autre intérêt de ce roman, l'auteur nous emmène également un peu aux Etats Unis ; là encore, belle réflexion.

Son écriture, son style, sa lecture humaine sont admirables.

C'est juste moi, qui suis pourtant une grande lectrice de romans policiers ou thriller, qui n'ai pas apprécié cette trame sur fond de cannabis dans cette oeuvre.

Donc pas de note, elle aurait un parti pris trop personnel
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Jamais rien ne meurt

Je tiens tout d'abord à remercier Babelio ainsi que la maison d'éditions puisque j'ai reçu ce livre dans le cadre d'une masse critique.



Encore une fois, je sors dans ma zone de confort avec un essai. Encore une fois, je ne sais pas trop comment chroniquer ce genre de livres, mais encore une fois, j'ai été ravi de le lire.



Je fais partie de ces personnes qui n'ont jamais eu de cours sur 'la guerre de Vietnam', nous n'avons d'ailleurs jamais parlé de l'invasion des Français au Cambodge, etonnant, n'est-ce pas ? Mais bref. Le Vietnam est un pays qui m'interesse et je souhaiterais y vivre quelques mois, ou années dans le futur, alors je m'interesse à l'histoire du pays. Et je trouve que cet essai est un très bon condensé à propos de la guerre, des champs de bataille qu'il y a pu y avoir, non seulement pour le Vietnam, mais aussi pour le Cambodge et le Laos, et ses armées. On y traite aussi de la Corée du Sud, d'à quel point la décision qui a été prise pour la guerre du Vietnam a été importante et décisive pour leur développement et ce que ce pays est aujourd'hui. J'ai d'ailleurs adoré cette partie, je n'avais jamais réfléchi à tout ça, il y avait des informations que je n'avais même pas.



On y parle de la mémoire, est-ce qu'elle importe tant que ça, ou bien le contraire. Qui a le devoir de mémoire, quand, et pourquoi. A quel moment ça devient une pure publicité, à quel moment ça tourne à la superficialité grâce, ou plutôt à cause des Americains et de leur besoin de faire des films de guerre où ils sont les sauveurs, les gentils. D'ailleurs, personnellement je ne suis pas attiré par ce genre de films donc je n'avais absolument pas toutes les références qui sont dans le livre, même pas Apocalypse Now, oui peut-être suis-je inculte... Dans tous les cas, l'auteur nous 'spoil', si je peux dire', le film pour que nous puissions comprendre où il veut en venir, et fort heureusement d'ailleurs. Peut-être que je jetterais un coup d'oeil à ces fameux films pour me faire ma propre idée, même si après avoir lu ce bouquin, j'aurais peut-être une autre vision des choses que si je les avais vu sans connaître l'histoire de cette, ou plutôt de ces guerres. Il y a aussi un passage sur les jeux vidéos, et encore une fois, je suis une fan de jeux vidéos mais pas ceux concernant la guerre, alors je n'avais aucune idée du fait qu'un des Call Of se déroule au Vietnam. Je n'aurais jamais pensé apprendre ce type de choses en ouvrant ce bouquin, et pourtant...



Et puis, il y a la guerre. La vision de chaque armée, le fait que pour les Américains, ce soit quelque chose de jouïssif à regarder, puisque les images restent. Je ne mets pas tout le monde dans le même sac, tout comme l'auteur, il parle dans tous les cas du fait que nous ne pouvons être sûrs que les méchants aient été réellement méchants, et l'inverse pour les gentils, toute personne est à la fois humaine et porte un brin, ou plus, d'inhumanité en soi, mais c'est important de souligner que les Americains ne sont pas tout à fait les héros/sauveurs des films.



C'est une lecture très intense, surtout en ces temps difficiles. Et je dois bien l'avouer, j'ai eu du mal à débuter,à rentrer dedans correctement. Les chapitres sont longs, denses, mais on s'y fait, et j'ai dévoré le livre une fois lancée. Le début est juste long, je trouve qu'on ne voit pas très bien où on met les pieds, où l'auteur veut nous emmener, bien que savoir pourquoi cette guerre est appelée Guerre du Vietnam par certains, et Guerre Américaine par d'autres reste intéressant.



Je tiens aussi à souligner le fait qu'on parle de monuments réels, qui existent encore, qui sont à visiter bien qu'ils ont l'air compliqué à trouver. Je me suis fais une petite liste d'ailleurs.



Les photos dispercées dans le livre font parfois froid dans le dos, les oeuvres en particulier, mais rien n'est trop sanglant, c'est ce dont j'avais peur et.. ça va. Les descriptions sont parfois crues, mais vraies. Je suis quelqu'un de sensible, mais ce qui est choquant, c'est l'integralité de l'Histoire, et non les détails, bien qu'ils soient glaçants.



Il y a énormément de références, qui sont toutes à la fin du livre. Si vous les regardez toutes une par une, ça prends un temps fou alors je vous conseille de simplement les lire à la toute fin, je trouve cela plus agréable.



Un grand merco à l'auteur pour son travail, c'est un essai dense, encore une fois, mais important. Il y a d'ailleurs une partie littérature et je vais me noter les bouquins référencés pour plus tard. Je suis contente de sortir de plus en plus de ma zone de confort, contente que ce genre d'essais soit publié en France, aussi.



L'exercice de la note me paraît un peu deplacé lors des essais, encore plus pour celui ci. Mais j'ai beaucoup aimé apprendre tout ça et, encore une fois, je suis reconnaissante du travail de recherches de l'auteur.
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Le Sympathisant

Gros succès aux E-U, ce roman écrit par un Vietnamien professeur en Californie raconte les événements qui ont suivi la guerre du Vietnam du point de vue des exilés. Le narrateur est un militaire bureaucrate de Saïgon, en réalité espion pour le Nord. Le reclassement des Vietnamiens en Amérique, les souvenirs d’enfance, le tournage d’un film hollywoodien sur la guerre, la rééducation du narrateur, autant de passages extrêmement intéressants.



Seul reproche, comme souvent dans la littérature américaine, c’est trop long. On finit par se lasser du flot de péripéties et même de l’humour, du cynisme, de la dérision de l’auteur.
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Les déplacés

Ce n'est pas la première fois que Masse Critique est à la base d'une drôle de coïncidence.



Il avait suffit que je commence à visionner la troisième saison de Twin Peaks pour que Babelio ne me propose l'espace du rêve, l'autobiographie de David Lynch. Et cette fois, j'étais en pleine lecture du Sympathisant de Viet Thanh Nguyen lorsque l'opération Masse Critique me propose ce livre qu'il a supervisé. En fait, je l'avais coché avant même de remarquer le nom sur la couverture.



La thématique de la migration et des réfugiés me touche tout particulièrement, surtout depuis que je me suis engagé dans l'hébergement d'urgence de demandeurs d'asile. La question des réfugiés n'est donc pas pour moi un sujet théorique. C'est une réalité à laquelle je suis confronté par l'entremise de O, A, T, G, Z, K et de nombreux autres que j'ai croisé au fil du temps.



Pour ce ivre, Viet Thanh Nguyen a compilé les textes de 19 auteurs, auquel il a ajouté un texte de son cru. Tous ont connu la migration, non pas choisie, mais subie. La fuite d'un pays en guerre, des persécutions, de la misère... A chacun sa raison. Certains sont partis adultes. Beaucoup étaient enfants.



Tous sont des réfugiés.



Dans son texte introductif, Viet Thanh Nguyen explique que même s'il a quitté le Vietnam lorsqu'il n'avait que 5 ans; même s'il est depuis un modèle d'intégration, un citoyen "modèle", un écrivain récompensé du prestigieux prix Pulitzer, il reste un réfugié. Il lui serait facile de se définir comme immigré. Pourtant, comment occulter le fait que sa famille fut contrainte de fuir leur pays et que de ce jour, ils ont été privé de leur statut d'homme. Ils sont devenus des réfugiés. Une masse anonyme, une mer de visages. Viet Thanh Nguyen pense que le rôle d'un écrivain est d'entendre les voix des oubliés et les faire résonner dans le monde. En ouvrant ces pages, il permet à 19 auteurs, dont l'identité littéraire et humaine a été marquée par l'exil, de faire résonner des voix oubliées.



Chaque texte explore donc une voix, une expérience. La première conclusion est qu'il est illusoire de tenter de délivrer un portrait robot du réfugié. Chaque destin est unique. Chacun porte ses fantômes, sa souffrance, ses espoirs, son bagage.



Certains véhiculent cette rage les oblige à atteindre l'excellence, de montrer qu'ils ont mérité leur place, quitte parfois à changer de nom en espérant mieux se réinventer dans cette nouvelle vie, comme Joseph Azam. A contrario, dans le très beau texte "l'ingratitude du réfugié", Dina Nayeri insiste sur cette équation impossible que le réfugié doit résoudre: l'injonction à réussir comme pour justifier le fait d'avoir été accueilli. Et pourtant il reste cette l'obligation de rester "en retrait", de ne pas donner l'impression de pouvoir faire aussi bien, voire mieux que nous. Être réfugié induirait de rester "sous contrôle", de ne pas s'émanciper à notre détriment. L'équilibre est compliqué: ni trop, ni trop peu. Ni veule, ni avide. Cette demande paradoxale aboutit à des constats surprenants, comme lorsque David Bezmozgiz estime que beaucoup de réfugiés de la génération de ses parents soutiennent désormais Trump ou la folie xénophobe qui agite l'Angleterre du Brexit.



Il est de fait peu question d'actualité dans ce livre. Son sujet est ailleurs. Sur la manière dont l'identité des réfugiés est profondément altérée, les condamnant à un entre-deux permanent. Ni vraiment d'ici, ni de là-bas. Certains considèrent que la condition de réfugié est une question de temporalité, d'autres de géographie, voire d'un soubresaut de l'espace temps. Lev Golinkin, qui raconte avoir passé des heures avec son père dans les musées viennois, où on ne lésinait pas sur le chauffage et où les réfugiés se fondre dans e décors, comme des fantômes, la définit comme la transition entre "quand est-ce qu'on manger" à "quand va-t-on nous nourrir". Non pas comme une marque d'assistanat, mais comme ce moment où on n'est tellement plus maître de son destin, que l'on perd jusqu'à sa qualité d'humain. On devient une chose qui (mal)traite.



Cette incapacité à définir de manière unanime ce que signifie "être réfugié" et comment cela affecte la personne démontre la violence qu'ils ont dû subir. Et pourtant, tous les textes sont le fait d'intellectuels, de personnes qui ont "réussi", que l'ont pourrait considérer comme "ayant dépassé leur statut de réfugié". Si cette souffrance transparaît encore chez eux, qu'en est-il des autres ? Les non-intégrés, les dés-intégrés ?



Ce livre interroge et bat en brèche certaines idées reçues, simplement parce qu'il a écouté les voix des oubliés. La voix des déplacés.
Lien : https://labdmemmerde.blogspo..
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Le Sympathisant

Excellente lecture, ce livre m'a été présenté comme un livre d'espionnage.

Je ne suis pas tout à fait d'accord, l'intrigue est, à mon sens, dénouée depuis le début.

C'est une description rigoureuse et riche d'une partie de l'Histoire du 20è siècle.

Je pense que sa qualité tient également à la traduction.

J'ai acheté ce livre, par hasard en ,faute d'un autre choix, je ne le regrette pas du tout et me permets de le conseiller.
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Le Sympathisant

« Le Sympathisant (The Sympathizer) » de Viet Thanh Nguyen, un académique américain d’origine vietnamienne a été couronné du Prix Pulitzer en 2016. C’est un roman qui joue magistralement sur le thème de la double identité. Fils d’un prêtre catholique français et d’une jeune vietnamienne, éduqué au Vietnam et ensuite aux USA, le narrateur est une taupe communiste qui a infiltré l’état-major de l’armée du Sud. Tout en continuant son travail d’espionnage, il a tissé des liens étroits avec plusieurs hauts gradés et s'enfuit avec eux lors de la chute de Saigon en 1975. Il se retrouve à Los Angeles parmi les nostalgiques du régime du Sud qui rêvent d’un putsch pour reprendre le pouvoir, mais en attendant tiennent des « liquor stores » dans les quartiers d’immigrants. Il se fait engager comme consultant sur le tournage aux Philippines d’un film hollywoodien sur la guerre du Vietnam mais ne parvient pas à convaincre le réalisateur d’abandonner sa vision caricaturée de la population vietnamienne. Désobéissant aux ordres de son officier traitant à Hanoi qui l’enjoint de rester aux Etats-Unis, il choisit d’accompagner en Thaïlande un groupe de soldats du Sud exilés qui veulent tenter un coup de force. Mais une fois la frontière franchie, ils sont vite capturés et il se retrouve prisonnier dans un camp de rééducation dans lequel on lui ordonne d’écrire sa confession.
Lien : http://www.lecturesdevoyage...
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Le Sympathisant

Voici un beau roman d'espionnage qui n'a pas démérité le prix Pulitzer 2016. Il décrit le parcours d'un jeune homme métis franco-vietnamien qui gagne les Etats unis, au lendemain de la prise du palais présidentiel par les forces Nord vietnamiennes. Il est l'officier auxiliaire d'un ancien général de l'armée du Sud Vietnam. Il devra faire preuve de finesse pour dissimuler ses actions d'agent double. Il est séduit par la fille du général, Lana, pacifiste et en rupture avec sa famille qui a la voix aussi langoureuse que la célèbre Khanh Ly, quand elle prononce les paroles du célèbre "Bang bang. Baby, you shut me down" de cette autre Nancy Sinatra. Les dernières pages sont une réponse au film de Francis Ford Coppola, Apocalypse Now. Lorsque notre personnage "aux deux cerveaux" rencontre le commissaire cet autre personnage, "sans visage" qui le révélera à "lui-même". Ce roman s'achève comme il a commencé, dans une atmosphère proche des peintures des rues de Hà-Nôi, ternes et vidées de leurs activités quotidiennes, par Bui Xuan Phaï. Les vietnamiens quels qu'ils soient, ont-ils souhaité ces conflits à répétition, lorsqu'au sein d'une même famille on pouvait déceler des sympathisants divergents et dissidents ? Bonne lecture
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Le Sympathisant

Par les yeux d’une taupe communiste au sein de la police secrète sud-vietnamienne, à la fin de la guerre, une chasse déterminée, hilarante et tragique, au sens culturel du cliché de l’Ouest envers l’Asie.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2017/11/27/note-de-lecture-le-sympathisant-viet-thanh-nguyen/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Le Sympathisant

Tout au long de ce roman de Viet Thanh Nguyen, nous suivons un narrateur dont nous ne connaîtrons jamais le nom. Celui-ci est une taupe communiste infiltrée sur fond de guerre du Vietnam. Les détails historiques, bien documentés malgré quelques adaptations, permettent à ceux ayant peu de connaissances sur le sujet d’avoir une première approche des évènements ayant eu lieu, et aux autres d’avoir une approche originale, différente de ce qu’ils ont pu déjà lire.

Tout au long du roman, écrit sous forme de confession, le narrateur exprime ses sentiments les plus profonds : sa haine, sa peur, ses espoirs, les manques qu’il ressent, notamment le manque de reconnaissance que celui-ci éprouve dès son plus jeune âge : il est en effet le fils illégitime d’un prêtre français à qui il voue une haine sous-jacente. Sa mère vietnamienne, qu’il aime profondément, ne pourra malheureusement pas le protéger des insultes des autres enfants. Celle-ci essaie tout de même de lui faire comprendre qu’étant un enfant eurasien, il pouvait en tirer une richesse : « Rappelle-toi, disait ma mère, tu n’es pas une moitié de quoi que ce soit, tu as tout en double ! ». Le narrateur se sentira cependant toujours exclu, n’étant pas considérait comme Vietnamien au Vietnam, ni occidental aux Etats-Unis. En tant que taupe, là aussi il se sentira exclu et non reconnu, effectuant un travail dans l’ombre.

Le narrateur fuit le pays en même temps que le général, dont il est l’aide de camp, et les Américains. Il continue de donner des informations à son contact communiste sur les intentions de reprise du pays par les Vietnamiens ayant fuis. Il exprime le mal être de ces exilés, qui ne se sentent pas chez eux aux Etats-Unis : « Nous étions des personnes déplacées, mais c'était le temps, plus que l'espace, qui nous définissait. Si la distance qui nous séparait de notre pays perdue était grande mais finie, le nombre d'années qu'il nous faudrait pour réduire cette distance était, lui, potentiellement infini. Moyennant quoi, pour les déplacés, la grande question était toujours celle du temps, Quand pourrais-je y retourner ? » Ces derniers essaient de monter une armée, celle de la dernière chance, mais que nous découvrirons bien chancelante. Le rôle de notre narrateur est délicat, il sera parfois forcé de faire des choses qui lui resteront sur la conscience. Nous le voyons à maintes reprises en proie avec ses démons, hantés par ses fantômes.

Ce livre poignant est écrit avec finesse, laissant parfois la place à un humour mordant. Dans ce premier roman de cet auteur prometteur, certains sentiments humains sont décrits avec beaucoup de précisions, par exemple comment un homme s’enfonce peu à peu dans la folie. Malgré des passages un peu noirs parfois, nous en tirons une belle leçon, celle d’une amitié pour laquelle les hommes seront prêts à tout !

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Le Sympathisant

j'ai enfin réussi à finir de le lire et J'ai du me forcer pour arriver à le lire en entier. Je suis déçu par le style littéraire de ce livre, car c'est plat plat plat. Les chapitres sont longuets, à la fin de chaque chapitre, on en envie de poser le livre. Je ne comprend pas qu'il ait reçu le Pulitzer. Est-ce que la traduction en Français a perdu quelque chose en chemin ? Par contre, je reconnais que le contenu du livre est très intéressant. Ca m'a donné une autre vision de la guerre du Vietnam et des tragédies que sa population a traversée. Mais l'auteur avec son style n'a pas su mettre en valeur et rendre dynamique son sujet. Bref, je recommande pas ce livre. Si vous vous intéressez aux dictatures communistes, lisez "la vie volée de jun do" qui a reçu le prix Pulitzer également. Ce livre est une bombe, on ne le quitte pas, il y a plein de péripéties et de rebondissements.
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Le Sympathisant

Ce roman m'arrive tout auréolé de ses deux prix incitant de ce fait ma curiosité. Je remercie au passage Babelio et les éditions Belfond de m'avoir donné l'occasion de lire ce roman que je n'aurai pas forcément découvert de moi-même.



Selon un proverbe chinois, les vainqueurs sont rois, les vaincus brigands. L'Histoire est écrite par les vainqueurs. Or, voici que ce roman au souffle puissant nous donne à entendre la voix des vaincus. Mais pas vraiment, mais pas seulement.



En effet, si le narrateur dont on ne saura jamais le nom au long des plus de 400 pages du roman semble être du côté des vaincus du Sud Vietnam dont il partage le sort et la condition de réfugié aux Etats-Unis, il est en fait une taupe communiste infiltrée parmi les Sud Vietnamiens. Cette identité double reflète le maître mot de ce magnifique roman que j'ai lu d'une seule traite : l'ambivalence.

Le narrateur est qualifié de bâtard, né d'un père français et d'une mère vietnamienne, partagé entre deux appartenances, n'appartenant à aucun sang. Il a fait ses études aux Etats-Unis et possède une vaste culture occidentale mais des souvenirs de coutumes et de comportement orientaux. Il se convertit aux idéaux communistes des gens du Nord à l'orée de l'âge adulte mais partage et comprend les aléas de la vie des Saïgonnais. C'est un espion communiste mais aide à torturer les sympathisants vietcong capturés.



Le roman oscille ainsi entre deux points de vue, deux tendances, comme le style de l'auteur qui passe d'une réflexion philosophique sur l'exil à des considérations tout à fait terre-à-terre, d'une ironie décapante à une tendresse désabusée envers certains de ses personnages, d'une scène d'une intense poésie à l'action la plus violente et la plus répugnante qui soit (les scènes de torture physique et morale sont quasiment insoutenables).

Ce roman est réellement le fruit d'un métissage réussi, d'une compréhension aiguë des Américains, de leur mode de vie à leur politique mais également de la façon de penser des Vietnamiens, de leur âme même. Aucun des deux camps ne sort grandi de cette fresque historique. Au contraire, on reste avec le sentiment d'un immense gâchis, de gens manipulés par plus puissants et plus cyniques, qui s'accrochent à un rêve, celui d'un pays souverain et démocratique digne d'un peuple né d'un dragon et d'une fée, de la légende et de l'imaginaire.



J'avoue ne pas mettre attachée aux personnages, trop plein de vice et d'ombre pour être aimables mais j'ai cru en eux, en l'épaisseur que leur a donné l'auteur. Je me suis laissée emporter par l'évocation tragique et amère des derniers jours de la République du Sud Vietnam, par le désarroi des immigrants fraîchement arrivés dans un pays inconnu, le déclassement et la misère...bref j'ai pu

comprendre la vie de cette communauté particulière.



L'auteur a le sens de la formule, de la phrase qui commence par dire une chose et finit par dire tout autre chose. J'en profite pour saluer le travail remarquable du traducteur car son travail rend justice à l'oeuvre.



En résumé, un roman d'une grande richesse militante, maîtrisé de bout en bout et qui permet de replonger dans une des pages les plus chaotiques de l'Histoire de l'Extrême-Orient.
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Le Sympathisant

Merci à Babelio et aux éditions Belfond de m'avoir fait découvrir cet ouvrage de la rentrée littéraire 2017 en avant-première.

Ce livre nous raconte la confession d'un Capitaine - le narrateur au nom tenu secret - au service d'un Général de l'armée du Sud Vietnam.

La vie de cet homme est un réel équilibre précaire entre l'Occident et l'Orient: étudiant aux USA, revenu ensuite au pays... pour le fuir en temps de guerre, à nouveau, vers les USA, en mission cinématographique aux Philippines, etc.

Le bâtard au rôle double, celui dévoué à son Général et celui d'agent secret à la solde des Communistes, est un vrai lavage de cerveau de la première à la dernière page.

Le style est, sans nul doute, à la hauteur du prix Pulizter reçu par Viet Thanh Nguyen mais, personnellement, je n'ai pas été entièrement convaincue. Pourquoi?

Pour plusieurs raisons:

- j'avoue que le roman politique n'est mon genre de prédilection,

- que malgré un style agréable à lire, certains passages sont percutants et relativement "gore ou trash" (je vous laisse deviner lesquels) et si certains sont un mal nécessaire historique, d'autres, par contre, me laissent plus perplexe,

- que si je mange, encore un jour, un calmar... hum, je m'assurerai qu'il passe directement de la mer à l'assiette, :-)

- que, plus sérieusement, j'ai trouvé que l'auteur, malgré un découpage du roman en chapitres, se perd souvent dans son récit, le rendant long, voire très long à certains moments.

En conclusion, c'est donc un témoignage romancé très fort sur une partie de l'histoire qui mérité d'être relatée, connue et jamais oubliée mais, à mes yeux, un brin longuet - même si, au final, on le dépose en se disant qu'il faut absolument y replonger pour savoir où cette confession mènera ce Capitaine... et son lecteur!

Sur ce, je pars me plonger dans un autre roman de cette rentrée littéraire 2017!



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Le Dévoué

Je ne doute pas qu'il sache écrire, ce Nguyen, bien sûr, mais sa prose de parade n'est vraiment pas mon truc. Je lui ai donné 100 pages. C'était peut-être moi, mais c'était vraiment ennuyeux, même si les thèmes du colonialisme, du capitalisme et du communisme (les trois c) sont assez intéressants. N'a pas fini, donc pas de note.
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Le Sympathisant

Très bonne description de l'expérience de la migration, dans le contexte post guerre du Vietnam et à travers les yeux d'un agent double. Ce texte developpe le concept d'identité, notamment politique, mais aussi sociale, voire ethnique, et, niant sa fixité, s'attache à reproduire la complexité de son évolution, au gré des interlocuteurs et des situations. Une belle réflexion.
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Le Sympathisant

LES GUERRES COLONIALES SONT UN ENFER TRAUMATIQUE



Ce livre est essentiel pour comprendre l'évolution actuelle du monde dans nos années 2020, ainsi que sous COVID-19 et en plein dans la guerre commerciale de Trump-maintenant-Biden avec la Chine, guerre qui ressemble de plus en plus au combat entre un poisson rouge de fête foraine et un poisson-chat géant dans le delta du Mississippi ou un requin dans le golfe du Mexique. Y a-t-il des requins dans les mers de Chine du Sud ?



Le sujet est la guerre d'indépendance du Vietnam qui est arrivée comme un accident historique. Les Français ont profité de la faiblesse des Chinois au 19e siècle. La Chine était, à l'époque, ravagée par les différentes guerres de l'opium menées principalement par les Anglais. Le contrôle de la Chine, marqué par l'utilisation du système d'écriture chinois au Vietnam, était affaibli. Les Français arrivent avec leur alphabet latin et les intellectuels vietnamiens tous nationalistes pro-Vietnam l'adoptent et le vague rêve séculaire d'indépendance et de liberté prend enfin forme et il suffira que Ho Chi Minh aille en France, travaille chez Renault à Boulogne Billancourt, y rencontre Zhou Enlai travaillant là de la même façon, entre en contact avec les communistes français qui étaient tous sur la ligne de Lafargue, gendre de Karl Marx, et sa réduction fondamentaliste du marxisme, pour que l'Asie prenne le chemin qu'elle suit aujourd'hui avec grand succès.



Cela n'a pas été facile, et ce livre le prouve. La défaite des Français a eu lieu à Dien Bien Phu en 1954. J’ai porté à l’école pendant plusieurs années la veste d’un officier de Saint Cyr mort à Dien Bine Phu. L'accord de Genève qui s'ensuivit coupa temporairement le pays en deux, mais la partie sud fut saisie par une mafia militaire et politique essentiellement catholique qui déclara l'indépendance de la République du Vietnam et appela les États-Unis à l'aide, car les Français n'y étaient pas disposés, d'autant plus qu'ils étaient engagés dans une autre guerre coloniale en Algérie qui dura jusqu'en 1962. Il était alors trop tard pour réparer les dégâts que la présence américaine avait commencé à causer dans le pays et ces dégâts allaient être multipliés par l'assassinat de J.F. Kennedy puisque Lyndon B. Johnson était pour une guerre offensive totale qui rencontra des difficultés dès le premier instant, mais Nixon a multiplié la guerre et a envahi le Cambodge et le Laos jusqu'à ce qu'il démissionne, puis le pacificateur, Kissinger, a pris le relais, a négocié la fin en 1975, une débâcle qui est décrite en détail par l'auteur qui n'avait pas encore la répétition à Kaboul sous la main pour s'en inspirer. Il s'est juste souvenu de ce que c'était de par expérience.



Le personnage principal est un informateur communiste infiltré dans la hiérarchie militaire de haut rang à Saigon et il est emmené de Saigon avec les principaux officiers qu'il surveille, et il atterrit à Los Angeles. Ce personnage principal, censé être l'auteur, est lié par un rituel sanguin adolescent à deux autres hommes, Bon et Man. Man reste au Vietnam et deviendra un cadre politique dans la moitié sud du pays. Bon sera évacué avec l'auteur et son général. L'auteur enverra toutes sortes de messages codés à Man par l'intermédiaire d'une sorte de tante à Paris, qui n'est pas une tante bien sûr, mais juste un pipeline ou une messagerie, ce que les Français appellent encore un téléphone arabe, pour des messages clandestins. À Los Angeles, l'auteur et Bon éliminent certains des pires réfugiés, c'est-à-dire les plus criminels de tous, du moins lorsqu'ils étaient à Saigon. Le général de Los Angeles en veut à l'auteur parce que celui-ci est un bâtard, un métis issu d'une mère vietnamienne, qui n'était qu'une femme tentant de gagner sa vie sous la domination coloniale française, et d'un père prêtre catholique, blanc et français. Mais cet auteur a osé approcher la fille du général, ce qui constituait un crime racial phénoménalement répugnant, pour le général bien sûr. Il ordonne donc à l'auteur de se débarrasser d'un certain Sonny, un personnage très louche qui a un passé trouble à Saigon et qui est de mauvaise réputation à Los Angeles, puis le général « autorise » l'auteur et Bon à se rendre dans le camp des contre-révolutionnaires en Thaïlande pour participer à une sorte de guérilla frontalière vers le Vietnam via le Laos.



Lors de la première mission, ces guérilleros amateurs sont capturés et envoyés dans un camp de rééducation et de détention au Vietnam où le commissaire politique est Man, ce qui réunit à nouveau l'auteur, Bon et Man. Bon est traité comme un simple criminel réactionnaire et est utilisé pour déminer la zone environnante. Quant à l'auteur, il est soumis à une procédure de rééducation qui consiste d'abord à rédiger des aveux complets, puis à le torturer au bout de douze mois parce qu'il a "oublié" plusieurs épisodes de ses aventures à Saigon avant la chute. La phase suivante, qui a probablement duré plusieurs mois, est celle de la torture, toutes sortes de tortures, la torture standard utilisée dans toutes les guerres, en particulier dans les guerres coloniales par les Français, les Anglais, les Américains, les Portugais, les Espagnols et quelques autres, bien qu'ils n'aient pas, ici, utilisé les cages à tigre électrifiées, qui étaient les préférées des Français, pour des connexions électriques légères et régulières destinées à empêcher le sommeil ou simplement à provoquer de la douleur. Ils étaient aussi apparemment utilisés pour être descendus dans une rivière ou un lac pour la torture par l'eau et la noyade, forme améliorée de la baignoire. Nous connaissons tous toutes ces tortures qui sont utilisées depuis des décennies dans diverses séries télévisées. Et il est finalement racheté lorsqu'il découvre la réponse à la question finale : "Qu'est-ce qui est plus précieux que l'indépendance et la liberté ?" La réponse est "Rien", et l'auteur se rend finalement compte qu'il s'agit d'un tour typique et cynique, car toute vérité a deux significations. Dans ce cas, "Rien n'est plus précieux que l'indépendance et la liberté" utilise "rien" comme signifiant l'absence négative de quoi que ce soit. Mais "Rien est également plus précieux que l'indépendance et la liberté" utilise un "rien" qui est, en fait, "quelque chose". L'auteur ne mentionne pas l'humoriste français qu'il aurait dû connaître et qui disait qu'il avait acheté une maison pour "trois fois rien", ce qui n'est évidemment pas grand-chose mais qui est quelque chose.



Il considère que cela lui a demandé d'utiliser sa double nature de bâtard, "je" d'une part et "moi" d'autre part, et il aurait pu ajouter "moi-même" d’une troisième part, car un bâtard est une triple personnalité et non une double, celle de la mère, celle du père quand ils sont de deux origines ethniques différentes, et la bâtardise qui vient du fait que le père n'était pas censé avoir de relations sexuelles avec la mère puisqu'il était prêtre catholique. Le bâtard est conçu hors mariage, ce qui n'est pas bien, mais par un prêtre qui avait juré devant Dieu de n'avoir aucun rapport sexuel, soit dit en passant, avec aucun être humain, enfant, garçon, fille, homme ou femme, et les animaux ne sont pas mentionnés. L'auteur ne fait qu'allusion à ce fait mais ne l'exploite pas ; il n'est pas seulement l'enfant de deux personnes racialement différentes, mais il est aussi l'enfant d'un péché mortel d'un prêtre reniant, de la manière la plus clandestine, son propre vœu devant Dieu lui-même. La négligence de ce fait est surprenante car le livre construit dans son style de nombreuses triades ou trinités de mots ou de divers autres éléments tout le temps ainsi que certains groupes plus complexes mais toujours d'inspiration chrétienne comme quatre, la crucifixion, sept, la semaine sainte ou la genèse, huit, la résurrection, neuf l'apocalypse et le jugement dernier. Cette profonde inspiration chrétienne n'est pas utilisée systématiquement, et elle n'est pas utilisée pour construire le sens de l'expérience complète bien que nous ayons affaire ici à des catholiques vietnamiens qui sont anticommunistes parce que le communisme est contre la religion, et il manque un point, le fait que le communisme est une religion sans Dieu, comme le bouddhisme d'ailleurs qui est dominant en Chine et en Asie du Sud-Est. Je n'en dirai pas plus car c'est une question extrêmement prégnante, et cette prégnance n'est pas une question de bâtardise, et la réponse n'est pas "rien". C'est toute une structuration mentale qui est fondamentale dans l'évolution humaine depuis son origine même, il y a 300 000 ans. Cela aurait changé sa dernière phrase. Il propose "Nous vivrons !" qui est égoïstement matérialiste dans le sens le plus étroit, la vie, au lieu de l'ouvrir avec le mot valise « be + live => believe » à « Nous serons et vivrons, nous croirons ! » qui serait mental et spirituel. Cette traduction de l’anglais n’est pas bonne et je préfèrerais alors « Nous sommes, nous vivons, nous espérons. » Dans son approche du "rien !", il manque la dimension spirituelle. La spiritualité est entièrement mentale, donc en aucun cas matérielle, donc pas matérialiste du tout, rien donc, et pourtant c'est la force inspiratrice la plus importante de tout être humain et avec la spiritualité, l'homme peut déplacer des montagnes. Regardez comment la spiritualité ou la religion communiste a permis à la Chine d'abord, et maintenant à toute l'Asie du Sud-Est, sinon à toute l'Asie, de repenser et de reconstruire leur puissance et leur grandeur.



Cela aurait pu conduire l'auteur à une dernière idée qui était absolument impensable en 2015 sous Obama. Le Congrès américain, en décembre 2021, vient de voter une loi interdisant tous les produits du Xinjiang ou du pays Ouïgour en raison du non-respect des droits de l'homme des machines à récolter le coton qui sont asservies à leur travail. Le président Biden l'a signée. Un tel acte hostile aurait été considéré comme un acte de guerre en 1914 ou en 1939. Et à l'époque, en 1939, où était la moindre déclaration officielle contre les violations évidentes des droits de l'homme en Allemagne où on pendait les syndicalistes aux lampadaires dans les rues et où on forçait les Juifs à porter une étoile jaune et bien pire encore, ou en Italie où le Parti Communiste Italien était interdit et son dirigeant principal, Antonio Gramsci, en prison ? Et pourtant, en 2021 ou 2022, la loi antichinoise du Congrès américain n'aura pratiquement aucune conséquence, sauf si le monde entier décide de s'habiller en soie, importée bien sûr de Chine. Le livre aurait été visionnaire s'il avait vu cette dimension spirituelle, ce « rien » au-delà « de l’indépendance et de la liberté », ce « rien » fondé sur « la foi en l’indépendance et la liberté », mais l'auteur n'a pas su la voir au-delà du tour et de la mystification que l'histoire lui a joué avec ce "rien" et son destin "humoristique", bien sûr « noir ».



Dr Jacques COULARDEAU


Lien : https://jacquescoulardeau.me..
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