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Citations de Zoé Valdés (328)


Les communistes suspectaient les surréalistes, les accusant d'être traîtres et Trotskistes.Dora signait des pétitions, des lettres, courait ici et là en dénonçant cette politique destructrice mais sans perdre une once de confiance dans l'art et dans l'idéologie à laquelle elle s'accrochait comme une planche de salut.
Dora, la grande artiste, la muse du surréalisme, allait devenir extrémiste et totalitariste.
Cette époque étriquée s'y prêtait, mais l'on pouvait aussi tomber plus bas et flirter avec le fascisme.
Elle avait adopté le communisme comme seule arme, avec cette naïveté propice aux artistes culpabilisés de ne se vouer qu'à la création.

( Arthaud poche, 2016, p.186)
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Je suppose que vous aussi vous aspirez à partir.
- Comme chaque Cubain, dis-je en plaisantant. Bon, c’est ce que je voudrais le plus, pouvoir m’en aller de ce pays, mais c’est impossible désormais. Parce qu’avec un bébé il n’est pas facile de partir d’ici, les enfants sont les otages du régime.
- Comme dans toute dictature, affirma Lydia.
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Nous sommes vraiment bizarres, les Cubains, nous feignions d'être accueillants. Nous faisons même des cadeaux aux gens que nous ne connaissons pas le moins du monde. Tout cela pour gagner leur confiance.
On dîna, on parla de Cuba, de la famille, de la musique, des danses.Les Français nous observaient, hébétés. On dansa entre nous, on ne parlait qu'en espagnol.Nous avions oublié que nous vivions en France.La cour se transforma soudain en quartier havanais, mains baladeuses comprises.Voilà ce qui nous caractérise tant, les Cubains, nous transformons tout en secte communiste ou en quartier de la Havane, ou les deux à la fois.

( p.45)
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Place Saint-Michel, une poignée de motards buvaient un coup ensemble malgré la rigueur de l'hiver, en été ils venaient par grappes. Ce soir là, seuls les plus hardis, les plus résistants étaient au rendez-vous, ceux qui avaient sûrement, comme le chante Edith Piaf, une petite amie du nom de Marilou. Pas l'ombre d'une limousine dans les parages. L'un des types la transperça du regard. Il fit démarrer sa moto d'un coup de talon, passa près d'elle à plein pot, lui écrasant presque les pieds, fit demi-tour et, comme dans les films avec Matt Dillon et Mickey Rourke, il l'arracha au trottoir en la ceinturant d'un bras qu'elle imagina couvert de tatouages, la mit adroitement à califourchon sur le coussinet arrière et repartit. Pas un instant il n'avait perdu l'équilibre. Comme s'il avait arraché une plume à une pie. Décidément, ces derniers temps, son thème astral tournait autour des fous, des voleurs, des suicidaires.
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- Du Vicks et du Baume du Tigre, répond-il non sans malice.
- Pour quoi faire ? Tu crois que j'ai la chatte enrhumée ? je lui lance par plaisanterie, mais je suis abasourdie.
- On m'a dit que c'est un lubrifiant du tonnerre.
- Tu es complètement givré ! Mais puisqu'on te l'a dit, essayons...
Il me vide la moitié du tube de Vicks dans la fente. Il se frotte le gland dans le petit pot de Baume du Tigre, ça me fait rire, on dirait qu'il cherche à le soulager d'un mal de tête. Ma chatte devient montgolfière, dirigeable, et les parois du vagin se collent les unes aux autres. Il m'embrasse, son gland me chatouille la praline. Je n'y peux rien, je jouis une troisième fois.
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Couchée sur le sable je somnole, je rêve à d'autres mers, celle de Saint Domingue, couleur vert émeraude, argentée en hiver, tout comme celle de Cuba, ou en France celle de Saint-Malo, sur la Côte d'Emeraude. Dans l'obsession de retrouver l'odeur, la saveur, la présence indescriptible de la mer cubaine, mon corps s'est échoué sur d'autres plages, j'ai plongé dans les profondeurs d'autres océans, avec le désir de recouvrer la chaleur des flots qui berçaient mon enfance, mon adolescence, dans le vaste azur de Cojímar.
Je suis une chercheuse de mers.
(...) Une femme se tient au loin. Nous sommes seules, elle et moi sur la plage.
(...) La femme semble voler, le visage aigu comme celui d'un oiseau. Elle s'approche de moi....
---- Tu es une charmeuse d'océans. Et moi une charmeuse d'astres murmure-t-elle.
Son regard est vif, étincelant.

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Comment une femme aussi intelligente qu'elle pouvait être aussi insupportablement soumise ?

( Arthaud poche, 2016)
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Mais non, Dora ne pouvait se comporter comme une servante devant l'homme aimé. Ce n'était pas cela l'amour, en aucune façon; elle ne le concevait pas ainsi. Comment une femme aussi intelligente qu'elle pouvait être aussi insupportablement soumise ?
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L'obscurité de la ville, mon paradis, ma lumière. Je cherche les enfants ; ils ont déjà rejoint les rangs des adultes qui, comme moi, étouffent. Je n'en trouve pas un seul qui me ressemble, qui soit mon double, mon espoir heureux.
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En réalité, je vivais prisonnière, comme dans un couvent, ma religion était l’amour, mon dieu était le Traître. En réalité, j’étais heureuse, car pour moi, cette vie n’était pas une humiliation, je manquais de points de comparaison avec d’autres états de bonheur. Le monde extérieur était si laid que cette chambre bourrée de livres était devenue mon palais gorgé de trésors.
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Elle vient d'une île qui avait voulu construire le paradis.
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- On se tutoie ?
- Dans le néant, c'est permis.
Elle regarda à travers le hublot. Noir et désert, à part l'étoile qui suit les voyageurs.
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Dora, comme à son habitude, se tenait là-haut immobile, juchée sur une chaise déglinguée et photographiait en piqué l'atelier de Picasso. Eluard et Nusch [récemment mariés] passèrent par là, "furtivement", dirent-ils. Nusch, très belle, se montra séductrice devant l'objectif. Dora appuya sur l'obturateur pour l'emprisonner ainsi, drapée dans un halo blanchâtre.
Eluard eut un geste complice que Nusch interpréta aussitôt. Elle se déshabilla et, toute nue, se plaça devant le peintre. Picasso, qui n'avait pas cessé de peindre, en voyant la jeune femme s'offrir à lui, ôta le peu de vêtements qu'il portait et se précipita sur Nusch qu'il jeta sur son lit de fortune.
Dora ne comprit jamais pourquoi Eluard obligea Nusch à coucher avec Picasso sous ses yeux. Mais ces choses, supposa-t-elle alors, les femmes devaient les accepter, au nom de l'amitié, de la poésie, du surréalisme. Nusch était aussi libre qu'elle-même l'avait été à l'époque de [Georges] Bataille.
(p. 133)
[...] presque tous ces hommes souhaitaient que Picasso s'intéresse à leur femme. Picasso, le mal - mâle - ludique.
(p. 135)
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THÉORÈME DU SILENCE

VI
La ballerine se frotte à la musique
dans l'espace effrayé à hauteur du pied
la ballerine se décompose sur le public
comme un vieux parchemin
clé et tension moribonde sans paix
c'est moi la ballerine
traductrice de la densité
qui répand la langue de la nuit
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Aujourd’hui elle voulait essayer d’être comme elle, une petite pute cultivée, saine et bon marché, comme celles que le Commandant plébiscitait dans ses discours. Ce qui n’empêchait pas les descentes de police à leur encontre.
- A propos d’éjaculation, je suis experte dans l’art de faire jouir avec la bouche. Je prends cher parce que je suis militante et que le risque politique est plus grand. Si on me surprend à tailler une pipe à un étranger, on me mettra en taule à Nouvelle-Aurore.
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Pas un moment de la journée
où je puisse m'éloigner de toi
tout semble différent
quand tu n'es pas près de moi.

Pas de belle mélodie
où tu ne surgisses pas
et je ne veux pas l'entendre
si tu ne l'entends pas.

Car tu es devenue
une part de mon âme
rien ne peut me consoler
quand tu n'es pas là.

Au-delà de tes lèvres, le soleil et les étoiles,
même loin, mon aimé, je suis près de toi.

CESAR PORTILLO DE LA LUZ,
Contigo en la distancia
(quasi-variation)
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Il (Max Jacob) aurait pu échapper à l'horreur de Drancy-antichambre de la mort à Auschwitz- si un de ses plus anciens amis, au lieu d'une belle phrase, avait fait un geste : Max, torturé et malade mourut en se brûlant les ailes.
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Ce n'est pas moi qui ai écrit ce roman. Moi, c'est le cadavre. Mais cela n'a pas la moindre importance.
Maintenant il faut absolument raconter, avec la bouche grouillante de vers, peut-être, comme le mort qui raconte d'un bout à l'autre mon film préféré, Sunset Boulevard, de Billy Wilder.

(incipit)
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Tandis que Picasso sculptait sa maîtresse Marie- Thérèse Walter dans des dimensions énormes, Nusch et Éluard lui tenaient compagnie dans sa résidence du Boisgeloup, le distrayaient en lui disant des poèmes et en lui parlant peinture, malgré son peu d'intérêt pour la chose.Ils réinventaient le monde à travers l'art.Un monde qu'ils savaient devoir perdre, au seuil déjà du cataclysme, mais qu'ils s'entêtaient à sauver à chaque seconde.Chaque coup de pinceau dans l'oeuvre de Picasso le démontre. Tête de taureau.Tête de mort.

( Arthaud poche, 2016, p.187)
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Toute nue, elle se mit à gambader. ..
Quelle sensation de courir nue sans que personne, absolument personne, l'observe, toute seule, si seule, enfin !
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