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EAN : 9782330012656
185 pages
Actes Sud (03/11/2012)
4.05/5   11 notes
Résumé :
Après deux mois d'une orgie suicidaire de crack et d'alcool - racontée dans le très remarqué Portrait d'un fumeur de crack en jeune homme -, Bill Clegg est parti en cure de désintoxication à White Plains. 90 jours s'ouvre sur son retour à New York, premier des quatre-vingt-dix jours qu'il devra passer sans boire ni se droguer, sous peine de voir le compteur remis à zéro. D'une écriture fiévreuse et impitoyablement lucide, Bill Clegg décrit dans ces pages brûlantes l... >Voir plus
Que lire après 90 jours : Récit d'une guérisonVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Bill est de retour à New York après une cure de désintox de 6 semaines.
Quand il se retrouve seul dans le studio de Dave, puis dans son propre appartement, j'assiste au début de son introspection. le poids de la rechute pèse sur ses épaules tel un couperet. Il se rend à sa première réunion, où Jack son parrain qui est ancien toxico est présent pour le soutenir. le processus commence, se débrouiller sans l'assistance du corps médical, sans surveillance constante. le temps de renaître de ses cendres comme le phoenix.
Cependant, ce qui est tu, c'est que vous seul êtes maître de votre destinée, de vos choix, que nul autre ne se bat à votre place. Les étapes ne sont pas une partie de plaisir. Les 90 jours sont l'Everest à gravir et le chemin est sinueux, tortueux et torturé.

Bill a touché les bas fonds de l'alcoolisme et du Crack. Son retour à New York est le lieu du théâtre où c'est joué son ancienne vie, les fantômes de son passé partis en fumée resurgissent en souvenir constants et déstabilisants. Mille questions s'entrechoquent pendant cette période de doutes incessants. Il se dévalorise énormément. le premier pas de la guérison est d'accepter enfin la vérité de sa condition mais le plus dur sera de demander de l'aide, de se battre pour se sortir la tête hors du marécage, de relativiser et comprendre qu'il a évité le pire. Or, le plus long du chemin vers la rédemption reste à être parcouru par lui seul !

90 jours, c'est le temps symbolique estimé pour un pied bien ancré dans la sobriété. Et pour y parvenir rien ne sert de courir.
Extrait : « Une réunion après l'autre, un jour après l'autre ».

J'assiste au quotidien de cet homme qui se cherche, tente de se reconstruire avec les moyens disponibles. Je perçois son trouble, ses doutes abyssales quand à son avenir encore incertain. Son angoisse, sa tristesse qui le ronge, le percute à chaque frôlement de son passé. le plus dur est le regard des proches qui doutent pour vous, parsemé de douleur, d'incompréhension et de colère contenue.

La tentation est partout, présente à chaque coin de rue. L'euphorie qu'elle provoque est cent fois plus attrayante que la réalité qui se dessine chaque jour devant Bill. Y plonger est plus rapide et fulgurant et la honte qui en découle est un engrenage mortel.

Je perçois Bill comme une plaie qui essaie désespérément de cicatriser, seulement sa volonté est mise à rude épreuve, le désespoir si grand et sa confiance en lui est presque inexistante qu'il ne croit pas en sa rédemption.

La description des lieux n'est pas chaotique, ni trop développée. Toutefois, je me perds parfois dans le temps. J'oscille entre passé et présent, captant les souvenirs, les anecdotes et je réalise la perte et la descente minutieuse et pernicieuse dans cet enfer gluant qui l'a englouti.

Ce livre est un témoignage de l'auteur lui-même. C'est bouleversant, il montre que la rechute est omniprésente, le combat difficile. Il paraît souvent insurmontable que seul son opiniâtreté personnelle compte dans ce maelström d'incertitudes devant cet avenir qui se construit dans un brouillard épais tantôt infranchissable tantôt qui s'éclaircit. Il piétine entre sauvetage et envie sournoise de drogue.

La plume de l'auteur est sublime et tranchante. Il expose parfaitement la difficulté à rester clean. La manière qu'à le cerveau de se déconnecter de la vie réelle quand il se souvient des effets du Crack. Que même les amis, la famille, la destruction de sa carrière, de sa vie ne suffit pas à le détourner définitivement de la came perfide qui le gangrène, l'attire, le contrôle et le détruit. Cette lecture est éprouvante, percutante et stressante. Pour une personne extérieure qui n'a jamais connu la dépendance cela peut paraître surréaliste. La volonté est capable de s'effriter aussi rapidement que le sable s'envole dans une tempête.
Ce qui m'a également interpellé, c'est le monde inconnu, de toutes ces salles de réunion prévues pour toutes les différentes dépendances, les bénévoles qui officient dans l'ombre pour aider les accrocs multiples et leur famille à surmonter le passage des 90 jours fatidiques et au delà.
Ce monde inconnu pour une personne lambda qui se fond dans la masse.
Cet échange est indispensable, mais surtout comment des inconnus deviennent les personnes les plus importantes de votre vie, un soutien, une lueur d'espoir dans les ténèbres. La bataille est constante et à vie. Face à une mort qui vous tend les bras en permanence.

La détresse est palpable à chaque instant de ce récit, à chaque rechute qui s'accompagne de paranoïa, de la descente honteuse, de la colère des personnes intimement liées à votre entourage.

Dans chaque phrase, chaque mot Bill Clegg se juge, s'analyse. C'est écrit avec beaucoup d'émotions qui ne sont pas toujours gaies mais d'une justesse à couper le souffle !
Parfois, il suffit juste d'un déclic grâce auquel la situation change, une phrase, un acte, une personne, une réunion... Accepter d'être aidé, et d'aider en retour.

La fin est bouleversante et profonde, je l'ai tant attendu qu'elle m'apaise.
Cependant, il ne faut pas oublier : « Pour moi, il n'y a pas de ligne d'arrivée. Pas de repentis, seulement un processus de sevrage perpétuel ».

Ne passer pas à côté de ce pur moment de vérité poignante !
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Bill doit tenir 90 jours à la sortie du centre de désintoxication pour se prétendre "tiré d'affaire". le retour est difficile, il a perdu bcp d'amis, ceux qui restent sont fuyants. Il est criblé de dettes. Et s'installe dans un petit studio prêté par un ami qu'il lui reste, mais qui prend ses distances. Il doit faire face à l'ennui, au désoeuvrement. Lui qui avait l'habitude d'une vie palpitante, bien remplie, qu'il brulait par les deux bouts. Il est comme pestiféré, paria. Mais il semble reprendre pieds doucement, se défaire de son addiction.
Epaulé par son coach Jack, abstient depuis 15 ans, il commence à assister à des réunions d'ex-Junkies, dans des sous-sols d'églises, des bibliothèques. Il évite les rues, les quartiers qu'il avait l'habitude de fréquenter, de peur de renouer avec ses vieux démons, ou de croiser des protagonistes de son ancienne vie, son ex-compagnon notamment.
Mais le manque n'est jamais loin, l'addiction reste inscrite, en filigrane dans son cerveau, comme gravée dans son ADN. Il explique bien l'impulsion morbide. Que lorsque l'idée d'une dose lui a traversé l'esprit, elle ne le lâche plus. Il décrit la façon dont cette envie grandit, devient obsédante, irrépressible. Un besoin maladif. Et comment il replonge. Les rechutes sont dégradantes, mettent à mal les petits projets qu'il commençait à échafauder. le font repartir à zéro, vers les 90 jours d'abstinence, période clé vers la sobriété et sa redemption.
Clegg nous dit bien le parcours difficile, semé d'embûches, vers une reconstruction. Et l'importance du collectif, du soutien mutuel, des réunions fréquentées par les accidentés de la vie, issus de tous milieux sociaux, des losers dans une ville qui met sur un piédestal la réussite. Il fait le parallèle avec son ancienne vie, très individualiste et autodestructrice.

Bill Clegg explique bien qu'il se sent toujours en sursis, qu'une pulsion autodestructrice peut l'assaillir et que la guérison est un très long chemin...
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La suite de Portrait d'un fumeur de crack en jeune homme

90 jours, ce sont les fameux trois mois d'abstinence si importants pour ceux qui ont connu la dépendance. Avez-vous déjà tenté d'arrêter une « légère » addiction ? Je ne parle pas d'arrêter de fumer mais, par exemple, de stopper net le chocolat, internet (la blogosphère littéraire), les sucreries,... Pas facile pour moi de m'abstenir. Je ne peux donc qu'imaginer la souffrance, le manque, la réadaptation constante, la perte de repères, la nécessité de s'affronter, puis de se confronter aux autres...

Le premier ouvrage de Bill Clegg m'avait laissée sur le carreau. le récit juste, vrai, crépusculaire, d'une dévastation. Dans cette suite, l'auteur raconte le chemin parcouru vers la sobriété. Les épreuves, les recommencements, les retours en arrière, la perte des êtres aimés, les nouvelles rencontres, l'extrême fragilité de l'existence. La sobriété ne tient qu'à un fil. L'auteur l'affirme. Quoi qu'il fasse, rester sobre sera sa priorité à vie. Avant qui que ce soit et avant toute chose.

L'honnêteté est encore le fil conducteur de ce récit bouleversant. S'absoudre dans l'écriture à travers la vérité. Sans elle, point de salut. Si ce second opus perd un peu en force, cela n'enlève rien à sa nécessité. Bill Clegg nous oblige à regarder la dépendance en face. À ne pas la nier pour mieux aider ceux qui en souffrent.
Lien : http://www.audouchoc.com/art..
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Après Portrait d'un fumeur de crack en jeune homme, Bill Clegg revient avec 90 jours, le récit de sa guérison.
Nous le retrouvons à la sortie de sa cure de désintoxication, en route pour New York. Ses journées vont être alors bercées par les réunions d'entraide, les appels à son parrain, le manque, les rechutes et beaucoup de nouvelles rencontres.
Bill Clegg, comme dans son précédent ouvrage se mets à nu, évoque ses faiblesses et ses souffrances et livre un témoignage sur la difficulté de s'en sortir face aux addictions.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Je n’ai aucune idée d’où je suis. Je ne reconnais aucun immeuble, aucun commerce. Il me semble avoir marché vers l’Est puis vers le Nord. Je ne vois aucun nom de rue. Suis-je quelque part ? je me demande. Est-ce que j’existe encore ? J’ai perdu tout sens de l’orientation et j’ai l’impression que la pluie va me désintégrer en un million de particules. Je ne me suis jamais senti aussi petit. Je me mets à appeler des gens - Dave, Jack, Kim, Jean, Asa - mais je tombe sur leur messagerie. Comme je n’ai rien à dire, je raccroche et compose le numéro suivant. J’imagine tout le monde à l’abri dans son bureau ou son appartement, entouré de collègues, d’animaux de compagnie, de téléphones qui sonnent et de café-filtre.
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Si vous êtes aux prises avec l'alcool ou la drogue, allez aux réunions auxquelles les alcooliques et les toxicomanes assistent et restez sobres. Ces réunions et les personnes que vous y rencontrerez sont votre meilleur atout. Écoutez-les, soyez honnêtes avec eux. Aidez-les, même si vous pensez que vous n'avez rien à offrir. Laissez-les vous aider. N'ayez pas peur de dépendre dépendre d'eux ni du fait qu'ils dépendent de vous. Et si vous ne pouvez pas faire plus qu'un simple acte de présence, faites-le quand même, Et recommencez. Même quand ce sera le dernier endroit où vous aurez envie d'aller. Allez-y. Vous ne savez pas qui vous pourrez aider par votre simple présence, ou qui pourra vous aider.
[...] D'après mon vécu, une seule chose a été en mesure de faire taire cette voix : d'autres alcooliques et toxicomanes en cours de sevrage. Ils ont parlé plus fort que moi. Jour après jour, ils m'ont guidé vers l’honnêteté, m'ont appris à me sentir utile et m'ont sauvé la vie. Ensembles,ils restent sobres. Ensembles, ils mettent un terme à des des années de souffrance et d'isolement. Si vous êtes aux prises avec l'alcool et la drogue, ils peuvent vous aider. trouvez-les, Maintenant. (p. 185)
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Cinq ans et demi, et puis on revient à un jour. Pour moi, il n'y pas de ligne d'arrivée. Pas de repentis, seulement un processus de sevrage perpétuel. Ma sobriété, un état fragile qui peut m’apparaître irréversible des années durant, n’est possible que si je suis en contact avec d'autres alcooliques et toxicomanes, que si je recherche leur aide et que je leur offre la mienne. (p.184)
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Quand je repense au lycée, à la fac, à l’édition, et même aux antres de la défonce - tous les mondes que j’ai fréquentés -, je me sentais exactement pareil : il y avait une série de règles, une sorte d’abécédaire, que tout le monde avait lu et compris, mais que moi je n’ai pas eu entre les mains.
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