Incontournable ! Tout Truffaut s'y trouve. Un ensemble de lettres magnifiques, drôles, touchantes, instructives. Un must
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1er septembre 1978
Cher Jean-Louis Bory,
Ces déchirements qui sont comme des morts, la sensation de trou noir, du je n’existe plus, cette irréalité des visages croisés dans la rue, tout cela je l’ai connu et aussi la certitude qu’on ne peut pas faire comprendre aux autres ce qui se passe en soi, le concret qui se dérobe, ce vide hébété.
J’ai connu cela et il m’a fallu un an et demi pour m’en sortir, avant de retrouver le ressort qui fait rebondir et puis encore trois ans avant de pouvoir revivre normalement, c’est-à-dire d’aimer sans méfiance.
Je vais plier cette lettre dans une enveloppe et la poster, mais imaginez qu’elle vous parvient roulé dans une bouteille. Vous faîtes partie de ceux qui ont la chance de pouvoir exprimer l’inexprimable et de se tirer d’affaire par la création. N’oubliez pas cela.
J’ai admiré votre courage quand vous avez bravé le sardonique Philippe Bouvard en présentant la Moitié d’orange ; chaque semaine, au Masque et la Plume, vous donniez un exemple de vaillance, gaité et vitalité. A cause de cela, je sais que vous allez trouver, le moment venu, la force de donner le coup de pied qui vous fera remonter à la surface, parmi nous.
toute mon amitié,
François Truffaut
A JEAN-LUC GODARD [mai-juin 1973]
Jean-Luc. Pour ne pas t’obliger à lire cette lettre désagréable jusqu’au bout, je commence par l’essentiel : je n’entrerai pas en coproduction dans ton film.
Deuxièmement, je te retourne ta lettre à Jean-Pierre Léaud : je l’ai lue et je la trouve dégueulasse. C’est à cause d’elle que je sens le moment venu de te dire, longuement, que selon moi tu te conduis comme une merde.
MAX OPHULS A FRANCOIS TRUFFAUT, 17.2.1955
(...) J'ai le sentiment, sans pouvoir l'expliquer, que vous deviendrez un personnage important du côté de la création cinématographique et que votre changement - de la critique à la production - se fera sans heurt.
A Robert Lachenay [25 juin 1945]
Je t'écris de St Brieuc. J'abrège car le tortillard qui fait la liaison entre St Brieuc et Binic est en gare.
Je t'en mettrai plus long demain
François
vite le v'la
Bertrand Bastide - François Truffaut : Correspondance avec des écrivains (1948-1984)