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EAN : 9791097127336
220 pages
La Grange Batelière (06/01/2023)
4.17/5   12 notes
Résumé :
São Martinho, petit village de l’ouest du Portugal. 1965. La jeune Fernanda, enceinte, doit partir. La pauvreté de sa famille, les traditions et les commérages ne pardonnent pas à cette fille-mère. Alors, comme de nombreux Portugais à cette époque, elle prend la route de l’émigration clandestine vers la France pour O Salto, le grand saut par-dessus les frontières.
Avec un groupe d’exilés, livrée aux passeurs, elle va traverser la péninsule ibérique, traquée p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
De l'ouest du Portugal jusqu'à la cité des singes, à travers le parcours d'une jeune femme, Fernanda, Nicolas Jaillet avec beaucoup de tendresse, nous conte le voyage de milliers de Portugais qui dans les années 60 ont quitté leur pays natal pour faire le " O salto", c'est-à-dire, clandestinement rejoindre la France.
Plus que pour fuir, la dictature de Salazar, comme le font majoritairement ses compagnons de route, Fernanda, elle fuit sa famille à qui elle fait honte, car, enceinte à 17 ans. Aux yeux de l'Église catholique, c'est un péché.

Ce court roman d'environ 150 pages, abordera, dans un premier temps, son voyage, tantôt à pied, tantôt en camion avec, en plus de son enfant à naître, une peur tenaillée au ventre. En effet, ils risquent la prison et même la mort s'ils se font capturer.
Puis, au bout du voyage, c'est un eldorado particulier qui l'attendra, puisque c'est dans les bidonvilles qu'elle échouera. Même si ce sont des logements de fortune, bricolés avec des tôles et des morceaux de bois, et dans lesquels les gens s'entassent, elle devra payer un loyer et pour cela, elle entrera au service d'un certain M. Sôrch...
Si ce roman est assez court, nous nous attachons très vite à Fernanda et prenons le temps d'avoir de l'empathie pour celles et ceux qu'elle croise et surtout, c'est avec un malin plaisir que l'on imagine le quotidien d'un copain d'abord...
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C'est une bonne surprise que la lecture de ce roman '' Fernanda ''.
Fernanda nous conte à la fois l'histoire d'une jeune femme et aussi un pan de l'Histoire de la France, que justement la France a une grosse tendance à mettre de côté.... À oublier.

C'est bien triste et indigne.

Il s'agit de l'immigration portuguaise lors du siècle passé, le XXème donc, qui fut bien utile pour l'emploi français et pour laquelle, ce pays a honteusement laissé se monter de vrais bidonvilles en toute connaissance de cause, tout en employant les mêmes personnes, qui se débrouillaient avec courage
Oui ça m'indigne encore.

Bon.

Ici, l'histoire relate la vie d'une jeune fille au Portugal d'abord. En milieu rural, Fernanda, amoureuse, tombe enceinte. Dans ce Portugal bien catholique, c'est donc la honte totale et il faut qu'elle parte. En 1965 ça ne rigolait pas... Il faut bien préciser que c'était aussi encore sous la dictature de Salazar.
Nicolas Jaillet va nous faire vivre avec elle, O' Salto, le grand saut. le passage clandestin du Portugal à la France, vécu à pied et en camion, à plusieurs et rude.
Cette partie du récit est déjà à elle seule, intéressante et touchante. Les personnages sont bien présents, on les visualise, et les paysages traversés sont âpres et beaux à la fois de par l'inconnu et le froid que ressentent tous les participants à ce rude voyage. le lien noué entre Fernanda et une femme plus âgée est très beau, L'auteur reste sobre et c'est juste.

La seconde partie concerne l'arrivée en France, Fernanda doit retrouver une tante, Zita, et là je salue l'empathie de l'auteur qui nous met dans la peau de Fernanda face à la langue française inconnue, avec une écriture restituant ce qu'elle entend elle...

Très réussi.
Elle va retrouver sa tante, découvrir le véritable lieu où elle survit,un bidonville donc et non pas une jolie maisonnette, et trouver un emploi chez un certain Monsieur Georges, chanteur qui lui apprendra à lire et plus.

À partir de là, c'est un peu brodé.
Mais ce que j'ai beaucoup aimé, c'est la vie bouleversée de Fernanda qui va tout de même rencontrer de la chaleur avec les autres femmes, une entraide, et pourtant des difficultés avec ces incroyable conditions de vie, et puis... sa grossesse qui forcément va finir par se voir....
Je ne vais pas vous en dévoiler plus, mais ce roman d'une petite maison d'édition est très réussi, subtil et tendre et devrait être mis en avant pour le sujet et comment il est abordé : avec un respect qui fait du bien.
N'hésitez surtout pas à vous procurer l'histoire de Fernanda.

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« Fernanda » raconte un pan de l'histoire de France dont je n'avais pas réellement entendu parler. Je suis née en 1974, et l'histoire de « Fernanda » qui narre la grande immigration portugaise de 1965 ne faisait pas vraiment partie du programme scolaire. Une volonté de cacher, ou d'oublier ? Il n'empêche que le roman de Nicolas Jaillet a été très éclairant sur ce sujet. « Fernanda » doit quitter São Martinho, un petit village de l'ouest du Portugal. Elle est enceinte, et sa famille transie de honte ne peut accepter une fille-mère en son sein. « Fernanda » entreprend alors la grande émigration, une expulsion plutôt qu'une expatriation pour se rendre en France. le roman met en lumière le voyage de cette jeune femme, les passeurs, les difficultés et situations honteuses pour faire ce O Salto, le grand saut par-dessus les frontières. Ce périple lui fait traverser les frontières portugaises et espagnoles de manière clandestine pour un eldorado aux multiples promesses.

Les premiers chapitres du récit sont centrés sur le voyage et la complexité des situations rencontrées. le roman est assez court, et j'avais peur de ne pas avoir le temps de m'attacher à cette femme ou d'éprouver pour elle la moindre empathie. C'est tout l'inverse qui s'est produit et de manière quasi immédiate. Quel être humain pourrait rester insensible à une telle souffrance ? Quand Nicolas Jaillet évoque la soif de « Fernanda », je vous garantis que votre gorge s'assèche. « Elle a de plus en plus soif. Elle atteint les frontières de la soif. le moment où la douleur devient si forte qu'elle ne croyait pas qu'une douleur pareille fût possible. Elle se dit qu'elle ne pourra pas aller plus loin dans la soif, et pourtant la soif continue. Elle devient plus intense encore. C'est comme si la soif secouait tout son corps, en la tenant par les tripes et qu'elle lui criait : “Mais enfin, tu es folle ! Qu'est-ce que tu as ? Donne-moi à boire ! Oublie le camion ! Oublie la France ! Laisse les gardes t'emmener ! Mais donne-moi à boire ! Tu ne vois pas qu'on est en train de mourir ?” » Lorsqu'il évoque le périple de ces émigrants qui se fait d'abord coincés dans un camion au milieu des bêtes, puis à pied forcés de se cacher, vous ressentez la peur, vous sentez les odeurs, vous éprouvez dans votre chair les douleurs de la marche combinées aux espoirs les plus fous d'un avenir meilleur. « Elle se souvient qu'ici aussi les soldats vous tirent dessus, et qu'il faut se cacher, mais il y a quelque chose d'enivrant à l'idée de marcher sur cette terre lointaine, où les gens parlent une autre langue ; à être encore vivante, à n'être pas tombée, et à marcher, le pied sec. En vie. »

Dans la seconde partie, « Fernanda » arrive enfin dans ce nouvel eldorado appelé « Chaûpinhâ ». Elle y retrouve sa tante Zita qu'elle n'a pas vue depuis des années. Tout au long du voyage, « Fernanda » a fait ce que la plupart des émigrants font : elle a programmé son cerveau au pire. « Ils s'inventent un avenir encore plus noir. Il faut être prêt au pire, pour tenir. Il faut croire au pire, pour qu'un meilleur advienne. » L'arrivée dans le bidonville de Champigny, « Chaûpinhâ » se fait dans une joie communicative. Lorsque l'on n'a plus rien, le minimum est plus précieux que de l'or. La communauté de femmes l'accueille à bras ouverts, avec trois fois rien. Sans doute plus de solidarité qu'on ne peut en connaître de nos jours. Très vite, « Fernanda » a va devoir apporter sa contribution financière à la maisonnée, donc travailler. Elle fera le ménage pour un homme mystérieux, Monsieur Sôrch. Elle est bien loin d'imaginer que cet homme fera d'elle une légende du patrimoine culturel français…

J'ai été charmée de découvrir la plume de Nicolas Jaillet dans un autre registre que les romans que j'avais pu lire de lui, comme « Mauvaise graine » ou « Fatal baby ». le ton y était plus humoristique, les histoires plus rocambolesques. Dans « Fernanda », il fait montre d'une extrême justesse dans les émotions, d'une grande délicatesse dans les relations humaines, tout en gardant ce petit trait d'humour qui fait sa patte, par exemple lors des essais désespérés de Fernanda à prononcer les mots français correctement. Cela donne lieu à des sourires, très loin des moqueries. J'ai ressenti une immense tendresse de l'auteur pour cette femme, son courage, sa ténacité, sa foi en l'avenir. Ce récit est très subtil, chargé en ondes positives, en séquences tendres. Il redonne un peu de foi en l'humanité… On y trouve aussi ce côté romanesque d'une relation que Nicolas Jaillet a imaginé et qui peut être plausible. C'est le petit bonbon du livre qui nous fait encore plus apprécier ce chemin de vie. La fin est jubilatoire de reconnaissance, d'attachement et de fidélité. Je ne peux que vous recommander de vous plonger dans ce roman qui autant sur la forme que sur le fond est une belle réussite.

Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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Pour fuir la dictature de Salazar, la crise économique et les guerres coloniales, des millions de portugais ont fui leur pays. Fernanda, elle, fuit les commérages de son village. On ne peut pas être fille-mère en 1965.
Elle va faire le grand saut. Partir, traverser les frontières et rejoindre Champigny.

Entre 12 000 et 15 000 Portugais ont habité ce qui est devenu peu à peu le plus grand bidonville de France. 45 ha de friche sur le plateau de Champigny surnommés rapidement la « deuxième capitale Portugaise ». C'est là que la vie d'exilée de Fernanda commence. Choc culturel, absence d'hygiène, dur labeur mais aussi solidarité et liberté.

N'en disons pas plus. Ce roman est le récit tendre et souvent drôle de l'union forcée entre deux pays(que serait la France sans l'apport de l'immigration portugaise ?).
Le parcours de Fernanda est celui de milliers d'autres portugais. Sauf que elle, elle ne le sait pas - et toi lecteur tu ne le sauras qu'à la fin - va rester au panthéon de la chanson française.
Un très joli moment de lecture.
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Tout d'abord, un grand merci aux éditions la Grange Batelière et Babelio pour l'envoi de Fernanda de Nicolas Jaillet que j'ai beaucoup aimé.

Fernanda est une jeune fille portugaise de 17 ans, enceinte et rejetée par sa famille. Elle pense que son avenir sera meilleur chez sa tante Zita, exilée en France.
Avec un groupe, elle part faire le "Salto" au risque de se faire prendre et arrêter. Ils commencent un voyage clandestin dans des conditions difficiles.
A l'arrivée en France, Fernanda va retrouver sa tante à Champigny et connaître sa première désillusion. En effet, Champigny est un bidonville insalubre , régenté par un individu peu commode appelé le Grec. Fernanda est prévenue. Tout doit passer par lui; la demande de permis, les courses, le travail etc.
Sans son aide, Fernanda va trouver un travail de femme de ménage chez un "vieux garçon" qui va l'aider à apprendre le français et à lire.

La plume de l'auteur est agréable et fluide. Il a réussi à me faire ressentir les émotions de Fernanda.

Je ne savais pas qu'au Portugal, en 1965, il fallait se cacher pour partir, fuir le pays à l'aide de passeurs. J'ai fait une recherche sur internet et découvert qu'entre 1924 et 1974, le Portugal avait un régime dictatorial. Les jeunes garçons étaient envoyés faire la guerre dans les colonies. Les autres fuyaient la misère. La première partie du livre décrit le mécanisme de l'émigration et relate avec justesse ce qu'ont enduré les gens pendant leur voyage vers la liberté, leur souffrance et l'espoir immense qui les soutenait.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Pour la deuxième fois de son voyage, Fernanda se laisse gagner par l'ivresse folle, remplie de larmes, immense et minuscule, d'être en vie.

Elle observe les deux lits ornés chacun d'un Christ en croix, et les bibelots sur la commode. Elle est rentrée au Portugal.
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C'était dit avec beaucoup de douceur. Mais ce n'était pas une offre. C'était un ordre. Fernanda sait bien qu'elle est en surnombre, dans la baraque
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Fernanda ne connaît pas cette ville. Elle n'en a jamais entendu parler. Elle n'est jamais allée si loin de chez elle. Elle est entrée dans l'inconnu, et elle ignore tout de la quantité d'inconnu qui lui reste encore à traverser.
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Le corps s'habitue. Depuis plus de cinquante heures de marche, il crie, il les supplie d'arrêter. Sans le moindre effet. Fatigué d'implorer, il s'est résigné à se taire.
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Ce n'est pas de l'argent, qu'il veut. Il veut qu'on lui obéisse. Il veut que tout passe par lui. Le travail, les papiers...
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Réécrire l'Histoire et les histoires, se réapproprier le corps du texte. Si le langage forme notre façon de penser, les légendes et mythes fondateurs façonnent notre perception du monde. Et si nous avons les mythes en commun, c'est bien pour les questionner, les interpréter et faire un lieu où l'imaginaire peut influencer le réel.
Animé par Willy Richert.
Avec les auteur·rice·s Estelle Faye (La Dernière Amazone, Rageot), Murielle Szac (L'Odyssée des femmes, L'Iconoclaste et L'Odyssée d'Homère, RMN), Stéphane Bientz (Le Goût du sel, Espaces 34) et Nicolas Jaillet (Frater, In8).
Avec la participation de Faustine Aynié-Yvinec et des élèves de 3eA du collège Valmy - Paris (75). Un grand merci à Eva Mouillaud, professeure.
Et la voix de Cécile Ribault Caillol pour Kibookin.fr
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