D'où viennent les inégalités entre les hommes et les femmes ? Construction culturelle, inégalité fondée sur la nature et donc irréductible ?
Vous vous doutez bien qu'il s'agit d'une construction culturelle et qu'elle est ancienne, voire très ancienne ; mais sûrement pas inéluctable. Des progrès on été constatés de ce côté-ci du monde et bien qu'il reste du chemin à parcourir, je suis bien contente de vivre là maintenant qu'il y a 100 ans.
Ce petit regroupe regroupe une dizaine d'articles de vulgarisation scientifique qui essaient de comprendre pourquoi (à défaut de depuis quand) le féminin et ce qui lui est associé est toujours vu comme négatif. Sans surprise, c'est parce que les femmes peuvent enfanter, qu'elles perdent leur sang (ce qui a aussi un impact sur les méthodes de chasse. Car oui, dans certains coins du monde, elles peuvent chasser, si elles le font sans faire couler le sang. Genre assommer trop fort un phoque c'est possible). le plus intéressant a été de savoir que même si elles apportent 2/3 de la nourriture quotidienne dans les tribus de chasseurs-cueilleurs et que les Inuits ont un 3è sexe social lié à leurs prénoms, associés ç leurs ancêtres. Si un garçon porte un prénom féminin, il sera éduqué comme une fille jusqu'à l'âge de devenir homme et inversement pour les filles, qui a leurs premières règles reviennent auprès de leur mère pour apprendre le rôle des femmes. Ce sont souvent ces personnes qui deviennent chamans.
Des informations plus tristes, qui vont poser des problèmes à l'avenir pour certains pays : le déséquilibre du ratio fille/garçon à la naissance. En France (par exemple), il naît 100 filles pour 105 garçons (ratio normal, qui s'équilibre au fil des années). Dans certains pays, comme la Chine, l'Inde mais aussi certains pays des Balkans, le nombre de garçons est plus élevé que celui des filles, au point de créer un véritable déséquilibre démographique : peu d'enfants dans les générations suivantes et donc un vieillissement plus rapide de la population. Et tout ça parce que ces sociétés sont encore très patrilinéaires...
Ce sont donc quelques unes des nombreuses informations de ce petit livre. C'est relativement accessible, assez facile à lire et ne demande pas de pré-requis. C'est une bonne introduction, en plus pluridisciplinaire (ethnologie, anthropologie, biologie...), pour qui veut d'où viennent les différence entre sexe.
Peut-être que cela permettra de lutter contre certains stéréotypes tenaces... (aller, un marrant : les femmes ayant leurs règles ne feraient pas prendre la mayo...)
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Un livre extrêmement inégal avec des chapitres écrits par différents auteur, l'ensemble est un assemblage hétérogène dans les thématiques et surtout dans la qualité. Certains sont très bien d'autres me semblent inadmissibles:
"Dans les cas d'ambiguïté sexuelle, l'avenir psychologique de l'enfant et de la famille est en jeu. le choix du sexe d'éducation est donc une urgence diagnostique et thérapeutique. Il est néanmoins indispensable de se donner un minimum de temps pour faire le choix le plus favorable. Ce laps de temps permettra de faire un diagnostic aussi précis que possible, permettant d'évaluer ce que pourra être l'avenir de l'enfant durant sa puberté et sa vie sexuelle."
Ce paragraphe s'inscrit dans le cadre de la justification des mutilations génitales des personnes intersexes. Non seulement les assertions sont gratuites et non prouvées mais elles engendrent des mutilations sexuelles graves et irréversibles. J'ai également noté que le terme de personne "intersexe" n'est pas utilisé.
"Les inuits fiançaient les enfant jeunes. Ils choisissaient une fiancée à identité masculine pour un garçon à identité féminine: ils avaient compris qu'ils étaient complémentaires. tout individu devait en effet constituer une famille avec quelqu'un du sexe opposé et procréer ou adopter des enfants."
La description est une chose, mais le fait de dire " ils avaient compris qu'ils étaient complémentaires" est complétement homophobe et hétéronormatif. Je ne sais pas si cela représente les avis de l'auteur ou une grosse bourde.
Le titre de chapitre: "Le genre, la psychanalyse, la "nature": réflexions à partir du transsexualisme" est très problématique. Je passe outre la psychanalyse et m'attaque directement au mot "transsexualisme". Les associations militantes demandent régulièrement à ce qu'on arrête d'utiliser ce terme offensant les réduisant à une pathologie (il s'agit d'un diagnostic médical) et à des organes génitaux. Il s'avère qu'il ne s'agit pas tellement de sexe, mais de genre: de la perception de soi comme appartenant à un genre socialement construit.
Dans ce même chapitre: "Le genre d'un sujet, soutient Money, est définitivement fixé à l'âge limite de deux ans et demi, sauf dans les cas où les parents, incertains quant au sexe de leur enfant, lui ont tranmis leurs doutes et donc une identité ambiguë qui permettra une réassignation plus tardive. Dès lors, le psychanalyste Robert Stroller put théoriser dans le même sens à propos de l'identité sexuelle inversée des transsexuels, qui se pensent hommes dans un corps de femme ou, inversement, femmes dans un corps d'homme, mais ne présentent pas d'anomalie physique et n'ont pas fait l'objet d'erreur d'assignation."
Ces paragraphes sont tellement catastrophiques que je ne sais pas par où commencer: "transsexuel": non, ne pas utiliser ce mot. "identité sexuelle inversée": non, cisnormativité. "qui se pensent"= jugement. "dans un corps de": vocabulaire inadapté. Accusation des parents etc. C'est juste n'importe quoi et c'est complété par ce passage:
"Dans cette perspective, tout discours médical ou seulement psychologique peut être entendu comme normatif et interprété comme une stigmatisation: c'est ce que soutiennent les militants transsexuels ou queer." Là on a les précautions du type "interprété" alors que dans les autres paragraphes jugeant, non. Réutilisation du terme "transsexuels" alors que les militants demandent généralement qu'il ne soit pas utilisé.
Toujours dans ce chapitre la pathologisation continue avec "les transsexuels, les transgenres ou aussi les homosexuels". On note au passage l'essentialisation: le fait de réduire une personne à une de ses caractéristiques (c'est très déconseillé en psychologie).
La conclusion de ce -déplorable- chapitre est condescendante:
"On se retrouve donc dans une situation historique tout à fait paradoxale, où la critique des définitions traditionnelles et normatives du genre conduit des militants à retomber dans le piège d'un naturalisme qui constitue pourtant le plus solide fondement idéologique de ce qu'ils combattent."
Mauvaise connaissance des milieux militant, mauvaise compréhension des revendications et la prétention de savoir mieux que les concernés comment ils devraient mener leur luttes, cf whitesplanning, mensplanning etc., même si je n'ai pas encore été confrontée au mot et ne sais pas s'il ce dit, ça semble être un bel exemple de cissplanning. Vraiment interpellée par ce chapitre, je me suis un peu renseignée sur l'autrice, qui est sur le site de l'ANT (Association Nationnale Transgenre) dans les citations transphobes, sur un forum de transidentité comme ayant tenus des propos et écrit des articles catastrophiques et complétement à côté de la plaque. Ce que j'ai également ressenti.
Pour conclure: certains chapitres sont intéressants, mais d'autres non et notamment certains qui sont gravement problématiques (thématiques trnas', transgenre, transidentité, intersexuation, homosexualité...). Dans l'ensemble je déconseille plutôt ce livre.
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Cette prise de conscience du plaisir à parler d'égal à égal entre les sexes... est , pour les hommes aussi, du renversement du modèle archaïque dominant. Mais il faut avoir constamment présente à l'esprit la difficulté de l'entreprise, ne serait-ce que parce qu'elle demande à une moitié de l'humanité de se défaire de privilèges millénaires pour accéder à des bonheurs dans l'égalité dont nul ne lui a jamais fait envisager la simple possibilité.
Sur le plan de la rentabilité, par ailleurs, on a pu montrer, par l'observation fine des vingt-cinq ou trente groupes de chasseurs-collecteurs qui existent encore dans le monde, que les femmes fournissent au quotidien plus des deux tiers de la nourriture de leur groupe.
Si l'espèce humaine ne doit sa survie qu'à la bonne volonté de ses femelles, qu'on me permette de souhaiter ici que le sacrifice auquel elles consentent les conduise à être respectées et non contraintes !
Une femme meurt tous les trois jours en France de violences conjugales, six femmes par jour au Pakistan. Un grand pas vient d’être franchi en Espagne dans la reconnaissance et la pénalisation de cette violence qui fait plus de morts que le terrorisme de l'ETA.
La culture et l'éducation semblent donc jouer un rôle important. On remarquera que, dans nos sociétés occidentales, les petites garçons sont intitiés très tôt à la protaique de jeux collectifs de plein air, commme le football, particulièrement favorables pour apprendre à se repérer dans l’espace et à s'y déplacer: ce type d'apprentissages précoce facilite la formation de circuits de neurones spécialisés dans l'orientation spatiale. En revanche, cette capacité est sans douta moins sollicitée chez les petites filles qui restent davantage à la maison, situation plus propice à utiliser le langage pour communiquer. p75, "le cerveau a t-il un sexe? Catherine Vidal
Leçon inaugurale de Françoise Héritier prononcée le 25 février 1983.
Françoise Héritier était professeure du Collège de France, titulaire de la chaire Étude comparée des sociétés africaines.
Ce serait une erreur de penser que l'Afrique est restée à l'écart de l'histoire du monde jusqu'à son ouverture par la colonisation, tout comme ce le serait inversement de croire que rien n'a pu s'y passer qui n'y soit introduit de l'extérieur. Ce grand corps gullivérien harcelé sur ses bords est aussi en tout temps parcouru de mouvements internes, de fermentations et de bouillonnements. […] En quelque sorte, le continent africain se présente comme une gigantesque galerie ethnographique où seraient rassemblés la quasi-totalité des éléments, dans leurs diverses combinaisons, sur lesquels s'exerce la sagacité anthropologique. Et cette galerie, loin d'exposer des matériaux morts ou moribonds, des survivances ou des archaïsmes, les étale à nos yeux dans le foisonnement de la vie. Ainsi l'Afrique procure-t-elle la matière nécessaire à un travail anthropologique en profondeur : elle fournit toujours la ressource de comparer entre elles ses sociétés actuelles, qui sont diverses, tout en les confrontant à d'autres qui lui sont extérieures, mais elle offre aussi la possibilité de voir fonctionner in situ des institutions, et même parfois plus largement des types d'organisation sociale qu'ailleurs on ne connaît que par des descriptions ethnographiques anciennes ou par l'histoire.
Texte intégral de la leçon inaugurale :
https://books.openedition.org/cdf/873
Retrouvez la présentation de ses enseignements :
https://www.college-de-france.fr/fr/chaire/francoise-heritier-etude-comparee-des-societes-africaines-chaire-statutaire
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