Joseph Boruwlaski est le fils d'un comte et d'une comtesse polonais. Il a à peine 9 ans lorsque son père se suicide, laissant sa mère et leurs enfants dans une misère telle qu'elle se voit contrainte de laisser cet enfant qu'elle aime tant à une riche starostine, qui promet de prendre soin de lui. Car Joseph n'est pas un enfant ordinaire, c'est un Lilliputien. Pas un nain, non, car malgré sa petite taille, son corps a conservé des proportions tout à fait normales et harmonieuses. Neuf ans, c'est tôt pour quitter une mère qu'on aime tant... et pour découvrir la cruauté de la vie. Car la starostine n'a d'autre idée en tête que d'en faire son attraction principale, un monstre de foire qu'elle renomme "affectueusement"
Joujou, et le traite comme le jouet qu'elle pense qu'il est...
"Préambule où nous parlerons d'une malédiction, des plombs de l'horloge,
d'une famille aux abois et d'une fausse fée polonaise"
Ainsi se nomme le premier chapitre de
Joujou, donnant tout de suite au lecteur le ton de l'histoire... Car même si le fond de l'intrigue est hautement cruel, et que les expériences et humiliations que Joseph devra surmonter tout au long de sa vie sont innommables,
Eve de Castro nous raconte tout ça comme un conte, avec un détachement qui nous permet d'apprécier l'histoire sans en être véritablement touché. On peut ainsi lire sans peine la vie telle que Joseph la vit, à la découverte de lui-même, de son esprit avide de connaissances, de musique et de découvertes en tous genres, de son corps avide d'expériences que tout jeune homme normal a envie de connaître, de son coeur sensible comme tout un chacun à la maladie d'amour et au besoin de reconnaissance pour l'homme qu'il est et non la distraction qu'il peut apporter...
Ce livre m'intriguait par son sujet, et avec du recul je pense qu'un récit classique m'aurait vite lassée. Mais l'histoire telle que la raconte
Eve de Castro a su me tenir sans peine de la première à la dernière page, et j'ai au final passé un très bon moment de lecture. Écrit comme un conte, j'ai fini par me persuader que c'en était un, mais dans ses remerciements l'auteur nous apprend que
Joseph Boruwlaski, le célèbre nain polonais, a réellement existé. Quelle est la part de fiction et de réalité dans ce récit ? Je l'ignore, mais ce que j'ai pu en lire sur internet se retrouve dans ce roman, qui m'apparait à présent sous un jour tout nouveau... Joseph est mort à 97 ans, mesurant 99 cm, après une vie dans laquelle il a côtoyé tellement de passions, d'humiliations et de misère qu'on ne peut que l'admirer d'avoir vécu aussi longtemps.