Une mère seule qui élève sa fille d'un peu plus de trois ans. Il y a un père, sur une photo accrochée au frigo, et puis il vient régulièrement chercher la petite Maria. Mais il ne vit plus là, un jour il est parti. Alors au quotidien, il y a juste une mère, Albanie, avec sa fille. Qui partagent tout, ou presque. Qui remplissent un cahier avec ce qui arrive, et leurs rêves aussi. Une petite fille qui n'aime pas aller à la garderie. Une maman qui n'aime pas aller à son travail dans une bibliothèque. Et puis il y a Jeanne, la grande amie d'Albanie, et Gabriel, son petit garçon. Et Félix, un petit garçon à l'abandon. Et aussi parfois des hommes qu'Albanie rencontre, mais sans vraiment leur donner une réalité, une place dans son monde. La vie se tricote, au jour le jour, dans ce grand amour nécessaire et évident entre une mère et sa fille. Qui ne laisse pas la place à grand-chose d'autre.
Un étrange livre. Une écriture déroutante de prime abord, faite de petites phrases courtes, très descriptives en apparence, faites avec des mots simples du quotidien, mais qui, lorsqu'on s'y accroche, finissent par révéler, une respiration, un rythme, une poésie. Et puis ce quotidien très quotidien, avec presque rien. J'ai été un peu gênée par cette relation tellement fusionnelle entre Albanie et Maria, la mère se semblant exister que par sa fille, même si elle admet qu'un jour une distance va se créer, qu'il le faut. Cette femme qui repère toutes les catastrophes qui arrivent dans le monde et qui se replie sur l'enfance de sa fille, comme si c'était la sienne. Mais j'ai trouvé aussi du charme à cette vie, incertaine et douce à la fois. le personnage d'Albanie a une grande épaisseur, une voix bien à elle.
C'est un livre vraiment surprenant, aussi bien dans l'écriture que dans la façon de traiter son sujet. Un vrai univers. J'en ressors un peu déboussolée, mais pas mécontente d'avoir tenté l'aventure. Qui me confirme que la littérature québécoise a vraiment quelque chose de spécifique.
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Voilà un petit bouquin qui m'a mise bien mal à l'aise.
Albanie vit seule avec sa petite Maria. Mère et fille restent dans leur bulle, alors qu'un drame se déroule à leur porte. Une femme d'un égocentrisme absolu sous des dehors de grande rêveuse, une fillette idéalisée... L'impression d'entrer dans les pensées d'Albanie, de justifier son attitude d'observatrice: les premiers chapitres sont poétiques et délicats, puis l'indifférence d'Albanie au sort de Félix devient plus que choquante. Un livre commencé avec le sourire, terminé avec un sentiment de honte, comme si je partageais la responsabilité de cette femme . Eprouvant!
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Ça raconte une année dans la vie d'une mère célibataire de 30 ans et de sa fillette de 3 ans, qui ont une relation assez fusionnelle. L'amour, ou plutôt la dépendance, de la mère à sa fille, à la limite du malsain, m'a plutôt rebutée. Par contre, la façon dont l'auteure en parle est très belle. Élise Turcotte a vraiment le don de créer des ambiances particulières et de nous faire vivre l'histoire de ses personnages "de l'intérieur". C'est un récit intimiste touchant, poétique et très bien écrit. Mais la narratrice n'est pas un personnage auquel j'ai vraiment pu m'identifier.
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Une belle histoire qui raconte le lien fusionnel entre une mère de trente ans et sa fille de trois ans et demi. Elles s'enferment dans une bulle hors de la réalité, et elles voient tout en rêvant. Les mots sont pour elles des petites choses vivantes. La mère ne pense qu'au bonheur de sa fille, mais petit à petit, elle arrive à s'ouvrir aux autres, à sortir de sa bulle, et de combler ses peines.
Un roman beau et poétique, émouvant et touchant.
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Je n'ai pas peur de l'amour, ni d'être abandonnée. J'ai peur d'aimer trop et de revenir à pied le soir avec mes phrases tombées puis ramassées dans un précipice.
J'ai toujours pensé que toutes les choses étaient liées, même si c'est parfois par un fil invisible, et qu'il faut porter à tout une extrême attention parce qu'en perdant une seule petite chose, on pouvait laisser tomber tout le reste. Je pensais qu'une chemise mal attachée était liée au désordre de l'univers.
Je pense encore à Félix. Pour lui, rien de visible. Pas de marques laissées par des extra-terrestres. Pas de main qui lui tape sur la tête. Rien. Mais il y a tant de façons de devenir petit à l'intérieur.
Ce n'est pas croyable qu'elle ait quatre ans aujourd'hui, que cette petite fille blonde contre moi soit ma petite fille et que cela fasse déjà quatre ans que nous vivons ensemble. Voilà pourquoi ce n'est pas une journée ordinaire aujourd'hui et voilà pourquoi il doit y avoir beaucoup de monde pour être témoin de ce jour. Depuis quatre ans, cette petite fille emplit l'air de ses mots, de sa voix, de sa présence qui éclate partout comme des feux d'artifice. Depuis quatre ans je la regarde vivre. Et nous allons fêter ça. Il n'y aura pas une ombre de tristesse dans mes yeux.
Dans la vraie vie, on entre souvent dans les histoires d'amour par le milieu. C'est pour cela que les choses mettent tellement de temps à commencer.
Hotel Éternité (suite poétique),
dit par Élise Turcotte