Il ne semble n'y avoir aucun compromis dans l'ambition de l'auteur pour son dernier roman, dont il se sert à la fois de testament littéraire et de note expliquant son suicide. C'est avec une profonde douleur et une sombre tristesse qu'il décrit ces quelques épisodes dans ce village côtier du Pérou, victime d'une industrialisation rapide et incontrôlée, opposant cette expansion urbaine exponentielle à la décadence humaine et le génocide identitaire que cette transformation économique entraîne. A travers une myriade de personnages - riches, pauvres, fous, immigrants ou colonialistes, prostituées et chefs d'entreprise - c'est un véritable microcosme d'histoires politiques, économiques, communautaires, intimes et sexuelles qui est ainsi présenté, chaque partie renforçant ce sentiment d'asphyxie urbaine et cette perte d'un monde révolu et de ses traditions uniques. C'est une lecture exigeante, parfois chaotique, et l'inachèvement du roman se ressent souvent, mais il en exsude une rare force, un certain courage face à l'abîme, qui s'approche de ces sommets que seule la littérature peut atteindre.
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Quel DEDALE ! Cette histoire vagabonde et qui saute de situations en situation nous perd, mais, paradoxalement, nous plonge dans la tourmente vécue par son auteur. Effet tourbillon garanti, ne pas la lâcher en cours de route. A lire néanmoins, ne pas se décourager.
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Mère Kinsley m’a annoncé que dès qu’elle serait rentrée aux États-Unis, elle renoncerait à son ordre religieux et qu’elle se consacrerait jusqu’à sa mort à tenter de faire comprendre aux Nord-américains qu’ils sont en train de s’abrutir et de se putréfier. Leur domination et leur mépris explicite ou condescendant envers la moitié du monde les pourrissent et les abrutissent, car, au lieu d’apprendre des peuples anciens – comme celui-ci –, ils ne cherchent qu’à déclencher des querelles et semer le chaos, non seulement dans ces pays pauvres, mais également entre eux, en poursuivant le but insensé et illusoire de les faire rentrer dans un moule et de les avaler ensuite comme une simple bouteille de Coca-Cola.
Tous ces hommes qui s’affrontent à Chimbote portent des siècles sur leurs têtes ; ils sont les continuateurs très sui generis d’une bataille qui a surgi depuis que la civilisation existe.