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Isabelle Garma-Berman (Traducteur)Antoine Berman (Traducteur)Juan Carlos Onetti (Préfacier, etc.)
EAN : 9782906724389
184 pages
Cent pages (28/02/1994)
4.22/5   18 notes
Résumé :
Cette oeuvre a été écrite en 1926, l'action se déroule à Buenos Aires, avec, pour toile de fond, la musique des tangos immortels.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Servi par un génial talent de conteur, le jouet enragé est un amer récit d'apprentissage au style démentiel : Roberto Arlt contorsionne la grammaire, torture la syntaxe et gifle chaque page d'argot de Buenos Aires et de phrases kitsch clinquantes. D'une expressivité inédite, son écriture séditieuse renverse tout et accompagne avec maestria son héros désabusé et la barbarie de la capitale, pulvérisant la morale bourgeoise qui préside à la littérature argentine de la fin des années 20, pour une canaillerie assumée, annonçant la grande rupture littéraire qu'est l'oeuvre de Arlt.

Ce premier roman de Roberto Arlt narre en quatre épisodes la lutte d'un adolescent, Silvio Astier (ou Arlt tant il y a de similitudes), pour échapper à la misère, à la marginalisation et à l'humiliation que lui impose son extraction sociale. Anti-héros picaresque, le jeune Silvio est en quête d'un paradis d'abondance tandis que la réalité lui assène une suite de revers caricaturaux et d'injustices, croisant personnages pathétiques de méchanceté et dépourvus de valeurs, dans une ville monstrueusement hostile et désespérante. Silvio se résigne, puis perd espoir pour enfin rejoindre dans une sorte d'ultime revanche le camp qu'il méprisait, l'infamie et la perversion étant sa seule manière d'être enfin exceptionnel.

Le monde urbain argentin est décrit depuis ses bas-fonds dans toute sa noirceur, dans un amoralisme sans aucune culpabilité puisque le héros ne juge pas la société depuis des codes moraux mais avec un individualisme forcené. C'est magistral, redoutable et d'un pessimisme halluciné.
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Roberto Arlt a su rendre la truculence du petit peuple, cosmopolite et souvent canaille, de Buenos Aires, et l'atmosphère d'une ville qui trouvait alors dans le tango sa plus grande expression. le style de l'auteur est quasi expressionniste : les rues sombres, les faubourgs sordides, l'angoisse des personnages, leur excitation face au danger et l'interdit sont presque évoqués de façon cinématographique avec une réelle charge physique. Roberto Arlt sait aussi, avec une complaisance qui peut paraître malsaine et des intentions sûrement subversives, parfaitement plonger dans les replis d'âmes tourmentées que les frustrations et la misère sociale menacent de faire exploser. Il suit ses personnages, pas à pas. Dans le jouet enragé, c'est Silvio, un adolescent de 16 ans, qui, inspiré par ses livres de science, Rocambole et Baudelaire, rêve de devenir un inventeur, un bandit et un poète. Il vit avec sa mère, accablée par la misère et le chagrin, et une soeur. Il lui faudra donc faire l'apprentissage de la vie, de ses luttes implacables et de ses tromperies, en ne prenant pas toujours les bons chemins. Une vision chrétienne sous-tend aussi l'oeuvre de Roberto Arlt : l'enfer, le péché, une humanité difforme sur les bords d'un abime, Buenos Aires devenant une autre Babylone, mais aussi peut-être la rédemption et certains élans mystiques.
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C'est le premier roman de cet argentin, un roman considéré comme le premier roman moderne d'Argentine, publié en 1926 et assez mal compris à l'époque car écrit dans un langage coloquial mêlant le lunfardo (jargon des bas fonds) et le cocoliche (jargon mêlant l'espagnol à divers dialectes italiens). Ce serait aussi le plus autobiographique des livres d'Arlt, dont l'action se situe dans les quartiers pauvres de Buenos Aires où pullulaient les immigrés récents et que l'auteur a bien connu.
C'est un roman d'apprentissage où Arlt nous présente un narrateur-protagoniste de 16 ans, Silvio Astier, qui est obligé de travailler pour subvenir aux besoins de sa famille.
Le livre est divisé en 4 chapitres pour nous décrire la descente aux enfers de ce gamin pour survivre à la misère, en même temps qu'il a une soif éperdue d'apprendre, de lire.
Le premier chapitre narre la bande de 3 voyous, lui même et deux autres copains, qui sévit jusqu'au délit qui aurait pu les démasquer : le vol de livres dans une bibliothèque du quartier. Ce vol est quelque peu symbolique car c'est l'accès par la force et la malhonnêteté au monde de la culture et du savoir. Un autre aspect symbolique est représenté par les fréquentes allusions au personnage de Rocambole crée par Ponson de Terrail : un criminel qui avait débuté très tôt dans la vie et qui par la suite a recherché une rédemption par la justice sociale.
Le deuxième chapitre nous présente Silvio travaillant durement dans un piteux magasin de livres d'occasion. L'ambiance est si sordide et on lui fait subir tellement d'humiliations, qu'il essaie de déclencher un incendie du taudis, mais il échoue.
Le troisième chapitre commence sous de bons auspices puisque Silvio postule à un poste d'apprenti mécanicien dans l'aviation et grâce à ses airs dégourdis, il sera embauché puis débauché sans explication avec cette phrase lapidaire "nous n'avons pas besoin de gens intelligents, mais de brutes dures au travail". Suite à cette énorme déception, Silvio essaiera de se faire enrôler dans un bateau en partance pour l'Europe, sans succès. Il vivra ensuite un étrange épisode avec un travesti dans un hôtel minable. Tous ces échecs feront que Silvio voudra se suicider, mais il va aussi échouer.
Le dernier chapitre nous montre Silvio travaillant régulièrement comme revendeur de papier, gagnant peu et travaillant comme un forcené. Il fera la connaissance d'un personnage marginal, le Boiteux, qui va lui proposer de monter un vol d'envergure. Mais Silvio préférera le dénoncer se transformant en Judas , en traitre.
Avec le succès de l'opération montée par le Boiteux, Silvio aurait pu échapper à sa condition misérable, mais il a opté pour la trahison envers son ami et aussi la trahison envers soi même.
Et in fine, la seule fois où Silvio ne va pas échouer c'est quand il dénonce son ami réalisant ainsi un acte social très correct, mais un acte individuel très vil.
Et c'est la toute dernière phrase du livre qui éclaircira la situation morale de Silvio Astier, quand il dit..."j'ai buté contre une chaise, et je suis parti en avant"; par là il nous dit qu'il a mal jugé, qu'il s'est trompé, qu'il a trahi et que son cas est sans espoir.
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