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EAN : 9782812601637
138 pages
Editions du Rouergue (01/09/2010)
4.25/5   26 notes
Résumé :
En juillet 1944, l’un des derniers convois de déportés met trois jours pour aller de Compiègne à Dachau. Plus de 2000 hommes sont entassés dans 22 wagons, plus de 500 mourront pendant le voyage. Sur ce fait historique, vécu par un membre de sa famille, Arnaud Rykner fait le pari de la littérature, en inventant le monologue d’un jeune homme de 22 ans qui raconte, au fil des heures, l’enfer vécu.
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2 juillet 1944. Un convoi roule vers l'impensable. 24 wagons en tout. A son bord, 2166 hommes parqués. Dans un des wagons, un homme raconte, se raconte, dans cet enfer. Dans trois jours, il aura 22 ans. Il s'efforce de penser pour ne pas perdre une parcelle de son humanité. Rester humain, jusqu'au bout.

Dans « le wagon », Arnaud Rykner reprend une page sombre de l'Histoire, celle du convoi 7909, qui le 2 juillet 1944 est parti de Compiègne à Dachau. Les hommes parqués dans les 24 wagons du convoi ont été arrêtés par la police française ou par la Gestapo. le périple a duré 3 jours dans des conditions particulièrement atroces : la chaleur fut notamment extrême. Ainsi, très rapidement, des hommes périrent dans les wagons : des survivants côtoyaient des morts qui s'accumulaient, rajoutant à l'horreur du périple.

L'auteur a voulu ici « donner une voix à l'autre. Prendre la place de l'autre. Faire parler l'autre en moi » (p. 13). Il s'est beaucoup documenté sur ce qu'un historien, Christian Bernadac, a appelé « le Train de la mort » (1973). Dans le préambule de son livre, Arnaud Rykner essaie d'éclairer la part de vérité et de fiction que comporte son récit.
Si d'un côté, « Tout ce qui est raconté ici est vrai. Tout ce qui est inventé ici est vrai aussi. Bien au-dessous de la réalité. Ce n'est pas une fiction. » (p. 13), d'un autre, « tout ce qui est raconté est faux. Ce n'est pas un livre d'Histoire. L'Histoire est bien pire. Irréelle. Ceci est un roman. » (p. 14).

Un roman écrit en « je ». Dans l'un des wagons, un homme s'efforce de mettre en mots l'impensable. Dès le départ, j'ai été frappée par le contraste entre le style assez raffiné de l'écriture et l'horreur de ce qui est décrit, entre l'humanité que laisse transparaître le langage écrit et l'animalité que les tortionnaires renvoient à leurs victimes.
Raconter, se raconter, mettre en mots, pour soi, l'impensable, c'est peut-être cela qui permet de se dire humain dans un univers où l'autre nous ramène à la condition animale.
Ainsi, quand, pour la première fois du périple, un soldat allemand ouvre la porte du wagon, il hurle à ses occupants : « Tous des porcs ! », tellement il est saisi par l'odeur insupportable qui se dégage des wagons. L'homme se dit alors : « Nous sommes cela. Vous avez fait cela de nous » (p. 86)

Le regard de ce soldat lui donner envie de rire. Mais d'autres regards peuvent blesser infiniment plus, ceux de femmes, par exemple, qui viennent porter secours :
« C'est extraordinaire.
Il y a devant nous trois femmes en uniforme d'infirmières. […]
Mais dans ces six yeux braqués sur nous, c'est la vérité de ce que nous sommes devenus qui nous regarde, et nous sommes capables de la regarder en face.
Ça ne dure qu'un instant. le temps de se dire qu'il aurait mieux valu ne rien voir.
Ça ne dure qu'un instant, mais ça nous saute dessus.
Et l'on voudrait fermer les yeux. Nous comme elles. » p. 119.

Ce roman décrit les mouvements de désespoir absolu, d'espoirs ténus, qui surgissent parfois, l'absurdité, en creux, de ce périple vers l'impensable. Si prier, par exemple, paraît exacerber l'incroyable absurdité de la situation, cela peut procurer, paradoxalement, un certain bien-être :
« Nous prions. Nous prions tout haut. Nous prions fort. Je hurle presque les phrases que je me suis forcé à apprendre il n'y a pas si longtemps. Ces mots des autres que j'ai faits miens pour ne pas me trahir. « Notre Père… »
Notre Père qui êtes aux cieux et pas sur la terre.
Notre Père qui êtes partout mais pas dans ce wagon.
Notre Père qui n'êtes pas mon père et certainement pas celui de tous ces morts qui chantent votre louange à leur façon, faite de gargouillis, de bruits de marécage.
Je récite le Notre Père avec mes camarades.
Et je m'aperçois qu'il me fait du bien. » p. 67.

Certains passages m'ont semblé particulièrement insoutenables, quand les cadavres s'accumulent dans le wagon, aux côtés des survivants. Mais l'humanité demeure. Rester humain, jusqu'au bout. Mettre en mots, pour soi, pour l'autre, pour se dire dans son humanité.
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Apocalyptique, c'est l'adjectif qui convient à ce livre. C'est un témoignage hurlant des atrocités nazies. D'autant plus que ce convoi est le dernier a quitter la France alors que le débarquement a déjà eu lieu et que chaque détenu sait que l'Allemagne est vaincue. Néanmoins, gratuuitement, par orgueil ou par dépit, voire par vengeance, on les emmène en direction des camps pour les faire tous disparaître et ce voyage sera effectivement mortel pour nombre d'entre eux. A inscrire dans nos mémoires d'hommes pour ne pas devenir des "bêtes".
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Nous sommes le 2 juillet 1944. Plus de 2000 hommes sont confinés dans un train qui les mènera tout droit vers Dachau. Entassés dans une vingtaine de wagons, ils vont vivre l'horreur. Parmi ces déportés, une voix se fait entendre, celle d'un jeune homme d'à peine 22 ans. Trois jours seulement le séparent de son anniversaire. Pendant ces trois jours, il va connaître la faim et la soif, mais surtout faire face à la violence et à la mort. le réalisme de ce récit est particulièrement troublant : grâce à la narration à la 1ère personne, le lecteur est véritablement plongé dans le wagon, au milieu de tous ces hommes. Les sensations sont extrêmement bien décrites : odeurs, bruits, les détails abondent. Les phrases sont courtes, elles vont à l'essentiel. Ce n'est pas une lecture facile, mais c'est un livre de qualité, à lire, incontestablement.


Lien : http://aperto.libro.over-blo..
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"Le wagon" est un court roman publié en 2010. S'il est court, il est tout sauf léger. le wagon c'est l'histoire du dernier convoi parti de Compiègne le 2 Juillet 1944 pour Dachau.

C'est l'histoire racontée de l'intérieur du wagon, par un jeune homme de vingt deux ans.

Ce voyage dure trois jours, sous la canicule, avec les arrêts, le manque d'eau, la promiscuité, la violence, mais aussi l'entraide.

L'auteur utilise un style à la fois réaliste et juste, et le lecteur subi lui-même l'épreuve (toute proportion gardée bien évidemment). La réflexion sur le fond n'est pas absente et allège quelque peu l'ambiance.

C'est un très bon roman, qui décrit de façon admirable un des aspects de l'horreur vécue par les déportés de la seconde guerre mondiale : l'acheminement vers les camps de la mort.
Lien : http://animallecteur.canalbl..
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livre fort lu lors du prix Jeand'heurs spécifique à la région où j'habite .trois jours dans un wagon de la mort .Le lecteur se sent fortement Impliqué tant ..par le style que par la force des mots
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Nous prions. Nous prions tout haut. Nous prions fort. Je hurle presque les phrases que je me suis forcé à apprendre il n’y a pas si longtemps. Ces mots des autres que j’ai faits miens pour ne pas me trahir. « Notre Père… »
Notre Père qui êtes aux cieux et pas sur la terre.
Notre Père qui êtes partout mais pas dans ce wagon.
Notre Père qui n’êtes pas mon père et certainement pas celui de tous ces morts qui chantent votre louange à leur façon, faite de gargouillis, de bruits de marécage.
Je récite le Notre Père avec mes camarades.
Et je m’aperçois qu’il me fait du bien.
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Je ne sais pas ce qui restera de nous d'ici un jour, un mois, un an. D'ici un siècle. Quelle trace restera de ce qui nous arrive. Qui sera là pour le dire. Mais même s'ils essaient de nous effacer, nous serons là, plantés au milieu d'eux. Je serai de ceux-là qui ne les quitteront plus, de ceux-là qui leur rappelleront à tout jamais que nous ne sommes pas eux. Que nous ne sommes pas de la même race, pas de la même espèce. Que nous résisterons toujours à ce qu'ils sont. Même morts. Surtout morts.
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C’est extraordinaire.
Il y a devant nous trois femmes en uniforme d’infirmières. […]
Mais dans ces six yeux braqués sur nous, c’est la vérité de ce que nous sommes devenus qui nous regarde, et nous sommes capables de la regarder en face.
Ça ne dure qu’un instant. Le temps de se dire qu’il aurait mieux valu ne rien voir.
Ça ne dure qu’un instant, mais ça nous saute dessus.
Et l’on voudrait fermer les yeux. Nous comme elles.
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J'ai soif. Je ne sais que ça. J'ai soif. J'ai soif. Et je vais crever si on ne me donne pas à boire. Je vais crever et tous ceux-là autour de moi qui se mettent à crier autour de moi. Ça crie de partout. Ça crie "A boire !" autour de moi. Et quand ça ne peut plus crier ça gémit. Et moi je crie avec ça qui crie au-dehors comme au-dedans de moi. Tout mon corps n'est plus que soif, et cri, cri et soif. Soif. Soif. Je n'en peux plus. Je pleure. Je n'ai plus de larmes. Je n'ai même plus de larmes à boire.
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[…] le sort a voulu que je sois près d’une des lucarnes du wagon, pas assez bien bouchée qu’on n’ait pu écarter suffisamment les lattes qui l’obstruaient. Le sort ou l’instinct de survie, un égoïsme vital qui m’a projeté là sans que je l’aie décidé, prévu, pensé – au point que je ne peux même pas en avoir honte. Même la honte on dirait qu’ils nous l’ont enlevée. Parce que cette maigre ouverture grillagée de barbelés me sauvera peut-être la vie.
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Arnaud Rykner vous présente son ouvrage "L'île du Lac" aux éditions du Rouergue.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2735431/arnaud-rykner-l-ile-du-lac
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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