Avant de vous parler de ce livre, je pense que femme ou homme nous ne l'aborderons pas de la même façon, bien évidemment notre sensibilité et notre vécu aura aussi son importance. Je veux parler par là des moments où Simon sera confronté à ses premiers émois sexuels, mais j'anticipe alors commençons par le commencement.
L'auteur
Michiel Heyns a un vécu qui lui permet de bien appréhender cette Afrique du Sud que nous Français / Européens nous commençons simplement à découvrir.
Souvenez-vous du « Grybouille on the road » de Juillet 2014 qui était déjà un petit aperçu de cette culture dont les longues années de l'apartheid et du blocus en découlant nous avaient privé.
Cet écrivain est solide car s'attaquer à travers ses écrits dans un seul livre à des thèmes aussi divers que l'enfance et ses découvertes, le monde des adultes et ses compromissions, le sexe, les terribles règles de l'apartheid à travers Marie, une ouverture sur l'histoire du grand trek du peuple Boer en révolte avec la domination Anglaise, un peu de politique avec l'assassinat du ministre Verwoerd, les discriminations sociales, le système d'éducation, etc.…
Il faut vraiment être mature dans son style pour donner envie aux lecteurs en ouvrant de nombreuses portes sans les frustrer en retour.
En lisant ce roman vous ne serez assurément pas déçu, vous serez porté par des feed-back entre les chapitres parlant de son enfance (1962) et ceux relatant les évènements lors d'une journée de compétition de tennis dans son collège (1968) où il se retrouvera confronté à Fany, ex-ami de son village.
Michiel Heyns nous emmène dans le monde de l'enfance et de l'adolescence de Simon, enfant issu de deux cultures ennemis Afrikaner par sa mère et Anglais par son père vivant dans un « bled » Verkeerderpruit dans le comté libre d'Orange.
Pour camper le décor du village, la mère de Simon dit : « le principal inconvénient quand vous habitez Verkeerderpruit, c'est que vos amis sont des gens que, si vous aviez le choix, vous feriez un détour pour les éviter ».
C'est une famille de notables, le père est un magistrat et sa mère est infirmière mais n'exerce pas, elle se consacre aux bonnes oeuvres en faveur des plus démunis. Enfant unique, Simon a toute l'attention de ses parents.
En 1962, scolarisé dans l'école communale, il voit arriver Fanie van der bergh, un gosse issu d'un milieu pauvre qui ne semble pas bien malin : « Bavarder avec Fanie était aussi gratifiant que de donner des cacahuètes à un chameau ! ».
Et oui,
Michiel Heyns a de l'humour et en use.
Mais Fany se révèle très intéressant car il fait quelque chose d'exceptionnel, des crises d'épilepsie.
A 10 ans, les rencontres se succèdent, Steve l'incomparable motard, Betty la standardiste, Mr de Wet le professeur sadique, Klasie le receveur des postes et sa mère, Trévor qui fera souffler un vent de modernité chez les « petzouilles », Juliana son premier flirt, Dumbo son chien premier contact avec la mort,….
Et toujours un lien, les découvertes « la différence entre l'amour et le sexe » ; « Les tabous des adultes, leurs mensonges et parfois la violence » ; « Ce vocabulaire qui amène plus de questions que de réponses » ; « Les premiers attouchements »…
Et en quinconce cette journée du 6 Décembre 1968, jour de compétition tennistique entre le Collège Méthodiste de Simon et celui Technique de Fanie (Les clefs à molette) qui aura aussi son lot d'émotions.
C'est un livre « plein »,
Michiel Heyns m'a fait beaucoup rire cela m'a fait un bien fou, un sujet m'a interpelé mais je l'ai vécu avec ma sensibilité et mes tabous…
Sans retenue, je le conseillerais pour qui veut lire un bon roman sur les thématiques de « l'enfance ingénue » tout en découvrant un autre monde, celui de l'Afrique du Sud des années 1960.
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