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Françoise Adelstain (Traducteur)
EAN : 9782848761657
281 pages
Philippe Rey (19/08/2010)
3.37/5   19 notes
Résumé :
Décembre 1968, Simon et ses copains de son collège anglophone de Bloemfontein, « métropole » de l’État libre d’Orange en Afrique du Sud, s’apprêtent à flanquer une dérouillée au tennis aux péquenots d’un collège technique des environs. Éducation anglaise contre enseignement afrikaner. Les visiteurs débarquent et, parmi eux, Fanie van den Bergh, un garçon qui a partagé l’enfance de Simon à Verkeerdespruit, patelin champion de l’apartheid, village de petits et moyens ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Une petite ville d'Afrique du Sud à la fin des années 60, l'apartheid est bien vivant et Mandela au prologue de lonnnnngues années de prison.
Simon, élève et joueur de tennis dans un collège anglais se prépare, en vue des festivités de fin d'année, à mettre une dérouillée humiliante à une équipe d'Afrikaners d'une école bien moins en cotée lors d'une rencontre inter-collèges.
Mais ce qui aurait dû n'être qu'une formalité vite réglée, vite oubliée va se transformer en véritable album de souvenirs pour Simon, à commencer par les réminiscences du village de sa prime jeunesse six ans auparavant (autant dire six siècles quand on a 15 ans) où toute prise de décision quelle qu'elle soit ne pouvait être validée qu'à travers le prisme de la religion, de la ségrégation et de la normalité. Tous les habitants présentant des déviances potentielles (un biker montrant un peu trop d'empressement pour les enfants du coin ou un jeune homme qui se teint les cheveux et porte des chemises roses, pour ne citer que ceux-là) seront ostracisés et quitteront le village afin d'expier leurs péchés, expiation allant parfois jusqu'à la mort mais bon, fallait réfléchir un peu avant de vouloir se singulariser !

Michiel Heyns, en imaginant le personnage de Simon a eu l'heureuse idée d'en faire un métis anglais par son père, afrikaner par sa mère, le dotant ainsi d'une vision, si elle reste malgré tout sage et conformiste, critique sur la bêtise et l'immaturité de ses camarades de classe, l'hypocrisie et l'incohérence des adultes et le pétalisme de ceux qui ont refusé d'entrer dans le moule qu'on leur indiquait.
Alors même si, à l'instar de ses copains, il se montre souvent acerbe et tailleur envers son condisciple Fanie van den Bergh, son pendant pauvre et afrikaner, on garde l'espoir que tout n'est pas foutu pour lui.
Malheureusement on adhère mal à son côté angélique un poil surnaturel, les années passent et il continue d'être une oie blanche alors même qu'il vit dans un internat pour garçons, bref tout le monde semble au fait des choses qu'on ne dit pas sauf lui, tombant toujours de haut devant les amours particulières de ses camarades ou les avances plus que poussées d'un inconnu rencontré sur une plage... Mouais, à l'aube des années 70, on a un tout petit peu de mal à y croire, dommage.

Jours d'enfance, jours d'ambiguïté, jours de sous-entendu ou tout est elliptique, à peine esquissé, contourné mais jamais franchement dit dans une société ultra-conservatrice apprenant à façonner dès leur plus jeune âge de bons petits nationalistes pétris de racisme, de préjugés et d'étroitesse d'esprit. Et l'apartheid, s'il est présent sans jamais être nommé, associé à une bondieuserie omniprésente permet à Michiel Heyns une dénonciation tout en douceur (enfance oblige) de ces nations pharisiennes et intolérantes.
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Bloemfontein, 1968. C'est sans enthousiasme et même avec un certain mépris que les élèves de Wesley collège s'apprêtent à accueillir l'équipe de tennis de l'école technique d'Odendaalsrust pour un tournoi amical. Parmi eux, Simon est particulièrement inquiet de se confronter à des afrikaners, trop soucieux de faire oublier à ses amis anglais qu'il est lui-même afrikaner par sa mère. Pour ne rien arranger, le camping-car arrive et en descend Franie van den Bergh, un garçon qui a partagé son enfance à Verkeerdespruit, le petit bourg loin de tout où il a grandi. Les souvenirs l'assaillent d'un village afrikaner régi par les règles très strictes dictées par le pasteur et relayées par les bonnes dames de l'OVV, l'organisme de bienfaisance en charge des pauvres.


C'est avec toute la candeur de son jeune âge que Simon se souvient des épisodes, parfois drôles, parfois tragiques, qui ont émaillé sa vie au village dans une petite communauté de blancs afrikaners plus ou moins pauvres. Des noirs, il n'en est pas question. Ils sont parqués dans le township à la lisière du village et on évite tout contact avec eux. L'ennemi, le vrai, c'est l'anglais jugé trop progressiste et qui d'ailleurs n'a pas vraiment gagné la guerre des boers, selon certains. Mais il n'est pas le seul à faire frémir les dames patronnesses. Tout étranger est jaugé et aussitôt jugé coupable...de pervertir la jeunesse, de se faire remarquer, d'être mal habillé, d'avoir l'air d'un voyou,etc. Ici, le pasteur règne en maître et les règles sont rigides. On a vite fait de "se faire une réputation" si on dévie de la route tracée par lui. Quoi qu'il arrive, il a toujours raison; tout comme le maître d'école dont la parole est respectée même quand ses méthodes d'éducation sont discutables. Etroitesse d'esprit, racisme, bigoterie et hypocrisie d'une société où Simon grandit en s'interrogeant sur certaines injustices, certaines lois qu'il juge parfois iniques.
Description tantôt tendre, tantôt cruelle d'une société sud-africaine qui s'est construite sur une multitude de clivages, Jours d'enfance est un roman initiatique qui mérite d'être lu ne serait-ce que pour se rendre compte de tout le chemin parcouru depuis 1968.
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C'est la première fois que ma participation à « masse critique » de Babelio est un succès total.
Je ne pense pas que j'aurais entendu parler de ce livre autrement et c'est injuste pour la qualité de ce récit.
Ce roman est absolument passionnant surtout pour la peinture de l'Afrique du Sud dans les années 60.

J'ai une petite réserve à propos du parcours initiatique du jeune Simon, je le trouve un peu trop naïf mais ça n'enlève rien à la force et donne un peu d'humour au roman.

Le récit démarre dans un lycée de la capitale de « l'état libre d'Orange », le héros se retrouve confronté à un élève avec qui il a partagé ses années de primaire, Fanie. Un tournoi de tennis est organisé entre leur lycée plutôt classique et un lycée professionnel fréquenté par des afrikaners que les lycéens anglais méprisent en les appelant « les Clefs-à-molette »

Chaque rappel de ce qui s'est passé entre Fanie et Simon, est l'occasion pour le héros de se replonger dans son enfance. Nous voyons alors se dérouler la vie dans une petite ville de province afrikaner, c'est à peu près l'horreur. Racisme, intolérance, stupidité et étroitesse d'esprit tout cela béni par une religion obscurantiste sont au rendez-vous.

Les adultes sont d'une lâcheté et d'une bêtise incroyables. On a parfois du mal à croire que tout cela se passe dans les années 60, on se dirait au début du 20° siècle.

Le racisme n'est pas tant envers les noirs qui sont à peu près absents du livre, c'est entre les afrikaners et les anglais et entre les différentes religions.

Une personnalité noire sera l'objet d'un souvenir : une femme, Mary qui, pendant 8 ans, a lavé les cheveux dans un salon de coiffure et est mariée avec le jardinier de la famille de Simon.
Un blanc prend sa place et elle est chassée sans aucun état d'âme : c'est la loi !

Il faut dix ans dans le même emploi pour qu'un noir puisse rester dans une ville blanche.

Mary retournera dans une tribu à des centaines de kilomètres qu'elle ne connaît pas, laissant derrière elle un mari totalement désemparé.

L'humour vient de la personnalité de la mère de Simon qui est un peu moins conventionnelle que les autres habitants du bourg.

Le récit de l'instituteur sadique est terrible, mais hélas plausible (et cela pas seulement en Afrique du Sud).

le jeune Simon se forme peu à peu à la sexualité des adultes dans un pays entièrement sous la domination de la religion, c'est vite de l'ordre du péché, même si c'est un prêtre qui l'initie à la masturbation « réciproque ».

Steve, l'ami de Simon et Fanie, a le malheur de ne pas être de leur communauté, donc il sera jugé et condamné et mourra en prison parce que la femme du pasteur est sure qu'il est pédophile (ce qui n'est pas prouvé) alors que le prêtre lui semble très bien être accepté par la communauté et peut continuer à initier les jeunes garçons.

Bref un monde étroit et pervers où l'originalité est considérée comme une offense aux « bonnes » moeurs.

J'ai été sensible à l'écriture de Michiel Heynes, (comment ne pas l'être ! et bravo à la traductrice), c'est un grand écrivain : il est nous entraîne dans un monde que je ne connaissais pas, nous fait sourire parfois et nous fait découvrir bien des ressorts cachés de l'âme humaine.




Lien : http://luocine.over-blog.com/
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Avant de vous parler de ce livre, je pense que femme ou homme nous ne l'aborderons pas de la même façon, bien évidemment notre sensibilité et notre vécu aura aussi son importance. Je veux parler par là des moments où Simon sera confronté à ses premiers émois sexuels, mais j'anticipe alors commençons par le commencement.

L'auteur Michiel Heyns a un vécu qui lui permet de bien appréhender cette Afrique du Sud que nous Français / Européens nous commençons simplement à découvrir.
Souvenez-vous du « Grybouille on the road » de Juillet 2014 qui était déjà un petit aperçu de cette culture dont les longues années de l'apartheid et du blocus en découlant nous avaient privé.
Cet écrivain est solide car s'attaquer à travers ses écrits dans un seul livre à des thèmes aussi divers que l'enfance et ses découvertes, le monde des adultes et ses compromissions, le sexe, les terribles règles de l'apartheid à travers Marie, une ouverture sur l'histoire du grand trek du peuple Boer en révolte avec la domination Anglaise, un peu de politique avec l'assassinat du ministre Verwoerd, les discriminations sociales, le système d'éducation, etc.…
Il faut vraiment être mature dans son style pour donner envie aux lecteurs en ouvrant de nombreuses portes sans les frustrer en retour.
En lisant ce roman vous ne serez assurément pas déçu, vous serez porté par des feed-back entre les chapitres parlant de son enfance (1962) et ceux relatant les évènements lors d'une journée de compétition de tennis dans son collège (1968) où il se retrouvera confronté à Fany, ex-ami de son village.

Michiel Heyns nous emmène dans le monde de l'enfance et de l'adolescence de Simon, enfant issu de deux cultures ennemis Afrikaner par sa mère et Anglais par son père vivant dans un « bled » Verkeerderpruit dans le comté libre d'Orange.
Pour camper le décor du village, la mère de Simon dit : « le principal inconvénient quand vous habitez Verkeerderpruit, c'est que vos amis sont des gens que, si vous aviez le choix, vous feriez un détour pour les éviter ».
C'est une famille de notables, le père est un magistrat et sa mère est infirmière mais n'exerce pas, elle se consacre aux bonnes oeuvres en faveur des plus démunis. Enfant unique, Simon a toute l'attention de ses parents.
En 1962, scolarisé dans l'école communale, il voit arriver Fanie van der bergh, un gosse issu d'un milieu pauvre qui ne semble pas bien malin : « Bavarder avec Fanie était aussi gratifiant que de donner des cacahuètes à un chameau ! ».
Et oui, Michiel Heyns a de l'humour et en use.
Mais Fany se révèle très intéressant car il fait quelque chose d'exceptionnel, des crises d'épilepsie.
A 10 ans, les rencontres se succèdent, Steve l'incomparable motard, Betty la standardiste, Mr de Wet le professeur sadique, Klasie le receveur des postes et sa mère, Trévor qui fera souffler un vent de modernité chez les « petzouilles », Juliana son premier flirt, Dumbo son chien premier contact avec la mort,….
Et toujours un lien, les découvertes « la différence entre l'amour et le sexe » ; « Les tabous des adultes, leurs mensonges et parfois la violence » ; « Ce vocabulaire qui amène plus de questions que de réponses » ; « Les premiers attouchements »…
Et en quinconce cette journée du 6 Décembre 1968, jour de compétition tennistique entre le Collège Méthodiste de Simon et celui Technique de Fanie (Les clefs à molette) qui aura aussi son lot d'émotions.
C'est un livre « plein », Michiel Heyns m'a fait beaucoup rire cela m'a fait un bien fou, un sujet m'a interpelé mais je l'ai vécu avec ma sensibilité et mes tabous…
Sans retenue, je le conseillerais pour qui veut lire un bon roman sur les thématiques de « l'enfance ingénue » tout en découvrant un autre monde, celui de l'Afrique du Sud des années 1960.
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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Il ne s'agit pas d'un livre sur l'apartheid à proprement parler car l'auteur a choisi de montrer le fossé entre Anglais et Afrikaners mais on sent bien que les deux peuples partagent la même crainte des Bantous, il ne faut surtout pas que le village devienne un "bantoustan". Tous ces préjugés sont vus à travers le regard innocent, spontané d'un enfant dans les années 1960, et dans son innocence, Simon provoque presque des catastrophes pour certains adultes quand il ne subit pas lui-même les préventions de ces mêmes adultes, à propos de son chien Dumbo par exemple. Dans son village d'abord, au collège ensuite, il apprend la vie, l'amitié, la jalousie, les expériences sexuelles, et sa naïveté nous vaut quelques scènes pas piquées des vers. J'ai souvent souri et parfois frémi devant certaines situations. Au bout du compte, dans la scène entre le directeur du collège et Simon, l'auteur nous livre finalement un message capital, on l'espère, pour l'apprentissage de Simon (malgré une conclusion hilarante).

Le poème de Robert Graves cité en exergue du roman donne une des clés de lecture de ce roman : les gens qui se sentent protégés derrière leur rideau de paroles, d'a priori, "mourront glauques, saumâtres et volubiles". Sauf s'ils acceptent de se laisser provoquer par "la lumière éclatante des jours d'enfance", celle qui interroge leurs choix d'adultes.

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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
— C'est quoi cette Préparation de la Jeunesse ? demanda ma mère. Est-ce que Simon n'est pas assez préparé ?
— Oh, tu sais, répondit mon père. Le truc habituel : la Volonté de Dieu révélée aux Établissements d'enseignement par les Dirigeants de la Nation pour le Bien du Pays. Lavage de cerveau.
— Et ça ne t'inquiète pas que ton fils se fasse laver le cerveau ?
— J'aime à croire que nous avons fourni à Simon les moyens de résister. (Petit sourire à mon intention.)
— Ça ne s'appellerait pas lavage de cerveau s'il était si facile de lui résister. Quand tu mets une chaussette dans la machine à laver, elle ne peut pas résister au processus du rinçage-essorage. (Ma mère venait juste d'acheter un lave-linge.)
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Mon père et ma mère m'embrassaient quand j'allais me coucher et quand ils partaient pour Bloemfontein, mes oncles et mes tantes m'embrassaient quand ils nous rendaient visite ; je n'avais jamais pris ça pour quelque chose qu'on faisait volontairement ou parce que ça procurait un plaisir quelconque. Certes, les gens s'embrassaient dans les films, mais dans les films les gens faisaient des tas de choses que personne à Verkeerdespruit ou même à Winburg n'aurait imaginé faire, du genre se mettre à chanter en plein milieu d'une conversation, ou mourir pour ses convictions.
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Klasie allait prouver que les Boers avaient en réalité gagné la guerre, en démontrant de façon décisive que les historiens anglais avaient falsifié tous les récits des combats, étant donné le fait bien connu que, ayant inventé l’écriture, les Anglais peuvent habiller la vérité à leur image.


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Savoir le nom d'une fille constituait une relation, savoir qu'elle connaissait votre nom signifiait u arrangement, un sourire timide accompagné d'un petit signe de la main à l'église vous valait moult taquineries sur l' "affaire" que vous étiez censé avoir.
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Elle figurait comme dans notre livre d’histoire au titre de foyer d’une petite tribu indigène « amicale » -ce qui signifiait que les autochtones n’avaient opposé aucune résistance à l’occupation de leur terre par les Voortrekkers* (boers)

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