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EAN : 9782931080405
128 pages
Quadrature (01/02/2024)
3.5/5   2 notes
Résumé :
Les femmes et les enfants d’abord : le cri d’un capitaine de navire qui fait naufrage.
Mais les femmes sont ici de modestes guerrières de tous les jours qui affrontent la solitude, la maladie, la folie, subissent désamour ou injures. Elles s’efforcent d’être assez fortes pour se sauver, et surtout sauver les enfants, ces victimes innocentes, quand le monde menace de couler.
La tendresse est alors un si précieux renfort.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce que j'ai beaucoup aimé dans ce recueil de vingt courtes nouvelles, c'est la variété et la justesse des situations. Line Alexandre met en scène, à la première ou à la troisième personne, des femmes, des battantes, des obstinées, mais aussi des fragiles, des dominées. Toutes affrontent la vie et tentent de se sortir de la maladie, de la violence, de la folie, avec les armes à leur disposition. Cela sent le vécu, avec un sens de l'observation, une connaissance des lieux (on devine bien Liège à travers quelques textes) et une proximité, une tendresse envers les personnages.

Quelques histoires appréciées parmi d'autres (dans le désordre) :

L'alliance : Une femme tente de sauver quelques souvenirs de sa maison inondée. Elle retrouve l'alliance de son frère, dont le mariage avec une Mexicaine a tourné au fiasco. Naufrage du couple et inondation se font miroir.

Deux doigts en dessous de la clavicule : Une femme affronte le cancer alors que la vie lui sourit. Elle se doit de paraître forte, heureuse jusqu'au bout. Mais qu'en est-il de la réalité de la peur, de la fatigue, du besoin de « vérité » ?


Une chambre à soi : Une autre femme malade du cancer qui vient régulièrement pour ses séances de chimiothérapie à l'hôpital de jour rencontre à chaque fois des voisines de chambre différentes, des trajectoires de vie marquées par la vieillesse, la peur ou au contraire une jeunesse heureusement (?) inconsciente.

L'enfant au revolver : Après la lecture de faits divers angoissants, une femme frôlée par un cycliste sur un « vélo-cargo » imagine le destin de l'enfant dans le vélo. Un récit en tension lié au père de la narratrice.



La gourmande : Trois pages serrées qui ne peuvent que ravir les fous de lecture. Une mère et sa fille se réfugient dans une librairie pour échapper à un violent orage. La mère est complètement indifférente aux livres mais l'adolescente est une lectrice d'autant plus dévoreuse de livres que son entourage y est fermé. La libraire conseille une lecture particulière à la jeune fille.


Ce ne sont que quelques exemples et extraits pleins de réalisme, de justesse (je me répète), d'humour parfois, de tristesse aussi, de courage et de résilience. Certains titres et contenus sont de belles références culturelles (Des divans profonds comme des tombeaux, The Kissing Sailor, Chambre avec vue), ce qui ne gâte pas le plaisir. Les textes sont courts, rythmés, mais leur brièveté ne rima pas avec pauvreté, au contraire : Line Alexandre a l'art de croquer un portrait, de capter une ambiance sur le vif, pour le plus grand plaisir des lecteurs.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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Ce n'est pas la première fois que je le dis. Après tout, radoter, est l'apanage de mon âge. Je vais donc encore annoncer le plaisir que je prends à la lecture des recueils de nouvelles de la maison Quadrature. Celui de Line Alexandre : "Les femmes et les enfants d'abord" m'a permis de passer de très belles soirées.

Ce n'est pas de la flagornerie, mais je ne me lasse pas de découvrir ces nouvelles d'une grande qualité d'écriture, de forme, de fond. J'adore les picorer chaque soir, y revenir parfois le lendemain. Celles de Line Alexandre sont au nombre de vingt. Elles sont courtes, voire très courtes pour certaines. Sans doute est-ce la raison pour laquelle elles sont si percutantes. Mais aussi, vraisemblablement, parce que l'écriture est en même temps travaillée et épurée, les mots justes, les phrases courtes.

Les personnages sont des femmes, mais pas de celles que l'on peut voir dans les magazines. Non, celles-ci sont plutôt livrées à elle-même, atteintes d'une maladie, en attente de nouvelles d'un fils parti à la guerre… J'ai beaucoup aimé, notamment, "Jackie" qui, bien que malheureuse avec son mari, ne parvient pas à le quitter "…Je sais bien que tu as envie de me lâcher, mais si tu pars un jour, je te préviens, je me pends." Elle en trouvera pourtant la force après une discussion avec sa voisine. J'ai, de plus, adoré la chute. "La gourmande" m'a beaucoup plu aussi, peut-être parce que la scène se passe dans une librairie et que la chute, encore une fois, est délicieuse. Beaucoup sont tristes comme "Deux doigts en dessous de la clavicule" ou encore "Une chambre à soi" qui parlent de maladie, mais c'est toujours avec une immense délicatesse, des mots posés avec tendresse. Toutes ces femmes sont admirables qui pensent avant tout à préserver les enfants.

Une nouvelle belle découverte de vies simples à travers les mots d'une auteure dont j'ai beaucoup aimé la sincérité de ton.

Je remercie chaleureusement les Editions Quadrature pour cette belle lecture.

Lien : https://memo-emoi.fr
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
- Vous êtes les bienvenues, répondit l’autre. Vous aimez lire ?

Elle se tournait vers la gamine que seule la question devait concerner, elle l’avait deviné.

- Je crois.

La libraire sourit de l’étrange réponse.

- Et qu’aimez vous lire ?

- Oh des comics, des bandes dessinées. Et tout ce qu’on me donne à l’école.

- Elle a vidé l’armoire des voisins, dit la mère d’un ton de réprobation. Se reprochait-elle cette faute d’éducation ? Mais elle s’avisa que la dame en face était probablement aussi mal éduquée et elle rougit un peu. (p. 85-86)
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Le soir parfois elle confie à son homme cette fatigue immense qui lui mange ses forces et alors il lui masse le dos, décharné le dos, que doit-il penser, songe-t-elle, lui qui aimait ses épaules, ses rondeurs, son dos large comme un mur de protection face à toutes les adversités.

Que pense-t-il de ce lâchage, oui elle se dit qu’elle l’a lâché en entrant seule et si vite dans la vieillesse, pas eu le temps de s’habituer, il l’aime, le lui répète, il ne pleure jamais en sa présence mais elle le sent désemparé, il a peur, sa fille aussi fait semblant de vivre comme si de rien n’était, les soirées folles, les guindailles, ne pas rentrer alors qu’elle voudrait peut-être rester là comme une toute petite qui se blottit le plus possible, on ne sait jamais ce pourrait être la dernière fois dans les bras de sa maman si forte que rien ne pouvait lui arriver, elle pensait. (p. 49)
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Il fouille dans ses souvenirs. Il n’y a rien qu’une faille de douleur. Avant, il y a longtemps, c’est si loin, il y avait maman et les rires puis plus rien. Ciel nuageux à perpétuité. Pourquoi on ne lui a rien dit ?

Il lit qu’il est un assassin et un des pires, un matricide. Mais ce ne sont que des mots, ils butent contre un mur noir, infranchissable. Il n’arrive pas à y croire, il ne peut pas y croire sinon… La folie gronde à ses oreilles, il se les bouche mais ça continue de l’Intérieur. Il se répète que ce n’est pas de lui dont on parle, il ne se reconnaît pas. (p. 76)
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