Ce que j'ai beaucoup aimé dans ce recueil de vingt courtes nouvelles, c'est la variété et la justesse des situations.
Line Alexandre met en scène, à la première ou à la troisième personne, des femmes, des battantes, des obstinées, mais aussi des fragiles, des dominées. Toutes affrontent la vie et tentent de se sortir de la maladie, de la violence, de la folie, avec les armes à leur disposition. Cela sent le vécu, avec un sens de l'observation, une connaissance des lieux (on devine bien Liège à travers quelques textes) et une proximité, une tendresse envers les personnages.
Quelques histoires appréciées parmi d'autres (dans le désordre) :
L'alliance : Une femme tente de sauver quelques souvenirs de sa maison inondée. Elle retrouve l'alliance de son frère, dont le mariage avec une Mexicaine a tourné au fiasco. Naufrage du couple et inondation se font miroir.
Deux doigts en dessous de la clavicule : Une femme affronte le cancer alors que la vie lui sourit. Elle se doit de paraître forte, heureuse jusqu'au bout. Mais qu'en est-il de la réalité de la peur, de la fatigue, du besoin de « vérité » ?
Une chambre à soi : Une autre femme malade du cancer qui vient régulièrement pour ses séances de chimiothérapie à l'hôpital de jour rencontre à chaque fois des voisines de chambre différentes, des trajectoires de vie marquées par la vieillesse, la peur ou au contraire une jeunesse heureusement (?) inconsciente.
L'enfant au revolver : Après la lecture de faits divers angoissants, une femme frôlée par un cycliste sur un « vélo-cargo » imagine le destin de l'enfant dans le vélo. Un récit en tension lié au père de la narratrice.
La gourmande : Trois pages serrées qui ne peuvent que ravir les fous de lecture. Une mère et sa fille se réfugient dans une librairie pour échapper à un violent orage. La mère est complètement indifférente aux livres mais l'adolescente est une lectrice d'autant plus dévoreuse de livres que son entourage y est fermé. La libraire conseille une lecture particulière à la jeune fille.
Ce ne sont que quelques exemples et extraits pleins de réalisme, de justesse (je me répète), d'humour parfois, de tristesse aussi, de courage et de résilience. Certains titres et contenus sont de belles références culturelles (Des divans profonds comme des tombeaux, The Kissing Sailor, Chambre avec vue), ce qui ne gâte pas le plaisir. Les textes sont courts, rythmés, mais leur brièveté ne rima pas avec pauvreté, au contraire :
Line Alexandre a l'art de croquer un portrait, de capter une ambiance sur le vif, pour le plus grand plaisir des lecteurs.
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