J'ai dévoré en peu de temps cette lettre magnifique! Ce titre tellement connu que je n'avais pas encore découvert, pourtant si rapide à parcourir, quel dommage... Mais en même temps, je ne regrette pas car je pense avoir une maturité suffisante aujourd'hui pour apprécier ce texte.
Cette oeuvre se classe en fait dans deux catégories : il s'agit majoritairement d'une longue lettre d'amour insérée dans une nouvelle mais celle-ci n'occupe que peu d'espace, c'est uniquement pour donner un cadre et une situation à la lettre.
Une jeune fille de treize ans tombe amoureuse de son nouveau voisin de palier de vingt-cinq ans, un jeune écrivain, insouciant, au regard tendre et envoûtant. du jour où elle le découvre, elle décide inconsciemment de vouer sa vie à l'aimer, ce qu'elle n'aura de cesse de faire. Observant à son insu ses allées et venues, elle apprend à le connaître, à découvrir son caractère et son fonctionnement, chaque élément ne faisant qu'accroître son amour pour lui. Mais un jour, c'est le drame, sa mère se remarie et le déménagement est inévitable. Pour la jeune fille, c'est le déchirement. A dix-huit ans, elle prend sa vie en main, revient à Vienne, travaille et fait en sorte de croiser à nouveau la route de l'amour de sa vie. Il ne la reconnaît pas mais succombe à son charme, ils passent trois nuits ensemble. Elle tombe enceinte mais ne dit rien et garde ce trésor pour elle...jusqu'à ce que son fils soit malade et meurt... Alors, n'ayant plus rien, elle décide de tout dire à l'homme qu'elle a aimé toute sa vie, croisé plusieurs fois mais qu'il n'a jamais reconnu. Elle lui envoie cette longue lettre que nous donne à lire le narrateur. Elle se décide à tout lui dire car elle sait qu'elle va rejoindre son fils, elle souhaitait rester dans l'ombre puisque lui n'a jamais souhaité davantage avec elle.
J'ai été remuée par cette lecture, par cet amour total qui n'exige rien, n'attend rien. Cette femme a refusé toutes les propositions de mariage qui ont pu se présenter par la suite dans l'espoir d'un éventuel retour possible de cet homme aimé sans condition. Premier amour, amour toujours, amour fou et incandescent mais amour sans retour, amour à sens unique... Quelle douleur! Ce texte est puissant, cette femme livre tout ce qu'elle a vécu, ressenti dans un dernier souffle, au moment de quitter la vie, en restant l'anonyme qu'elle a toujours été pour l'homme qu'elle a aimé.
Magnifique.
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Un texte qui se lit d'une traite, on ne le lâche pas. La description des sentiments amoureux de cette jeune femme est tellement réaliste, claire, limpide, prenante et loin de toute mièvrerie. le style est sans détour, vif, sincère et l'auteur prend le temps d'expliquer l'évolution des émotions et du caractère du personnage.
C'est vraiment un bon moment de lecture.
Cette édition, faite pour les élèves, est agrémentée de questions, qu'on saute vite, mais également d'informations documentaires sur l'auteur qui sont intéressantes et de quelques références culturelles dont on grappille des infos avec plaisir.
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J'aime ce livre car il a du suspense. On a envie de savoir qui sont les autres personnages.
Ce récit prend la forme d'une lettre. Une confession de femme sur l'amour de sa vie; un amour non partagé et pourtant si intense qu'il en est obsessionnel. Cette déclaration d'amour à un homme volage qui ne la reconnaît jamais lorsqu'à plusieurs reprises, il l'a croisée, est incroyablement émouvante tant les sentiments exprimés sont extrêmes mais toujours évoqués avec la délicatesse d'une jeune femme, qui profite du dessein de la lettre pour remonter le fil du temps et raconter depuis le début la naissance de cette passion dévorante.
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Cet enfant était toute ma vie puisqu'il était de toi. Oui, il était Toi mais sans plus être Toi le bienheureux et l'insouciant, l'homme que je ne réussis pas à retenir auprès de moi. Il était Toi pour l'éternité, je veux dire, reçu en moi, emprisonné dans mes entrailles, fait de ma chair et mon sang. Mien captif enfin devenu, je pouvais te sentir et sentir ta vie couler dans mes veines, te nourrir, te boire, te cajoler et t'embrasser quand de toi j'éprouvais la plus vive nostalgie. Tu comprends mieux, mon amour, pourquoi je fus transportée d'un tel bonheur lorsque je sus que j'attendais ton enfant, et aussi, pourquoi je te le tus : dès lors que je te portais en moi, tu étais à moi.
Désormais, je n'ai plus que toi en ce monde, toi qui pourtant ne sais rien de moi. Toi l'insoucieux qui, en ce moment sans doute, joue et jouit des choses de la vie et d'autrui. Toi qui ne m'as jamais connue. Toi que j'ai toujours aimé.
"Mon enfant est mort. Notre enfant. Je n'ai désormais plus personne à aimer au monde que toi. Mais qui es-tu pour moi? toi qui jamais, au grand jamais, ne me reconnus…”
Stefan Zweig, auteur à succès, se voulait citoyen d'un monde qu'unifiait une communauté de culture et de civilisation. Il n'a pas survécu à l'effondrement de ce «monde d'hier» qu'incarnait la Vienne impériale de sa jeunesse.
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