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Gérard Bonal (Éditeur scientifique)
EAN : 9782752907479
576 pages
Phébus (20/09/2012)
4.58/5   6 notes
Résumé :
Ce recueil établi et présenté par Gérard Bonal, écrivain et spécialiste de l’œuvre de Colette, contient quatre cents lettres adressées à Colette par sa mère Sido entre 1903 et 1912. Au-delà du témoignage sur l’époque qu’il constitue, il nous dévoile une relation particulière, teintée d’amour et d’amertume.
Que lire après Lettres à Colette : 1903-1912 suivies de vingt-trois lettres à JulietteVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Recueil de lettres de Sido à sa fille entre 1903 et 1912, année où elle est morte. Ces lettres sont autant de cris d'amour d'une mère qui supporte difficilement l'absence de sa fille qui ne vient pas assez souvent la voir., à son goût. Une mère inquiète de voir sa fille gâcher son talent sur les planches, alors qu'elle considère qu'elle ferait mieux de se consacrer à ce pour quoi elle est douée : l'écriture. Une mère avide de connaître tous les détails de la vie de sa fille ; fière de lire ses articles dans les journaux, même si là encore, elle estime qu'elle perd son temps.

A travers les lettres de Sido, on apprend les drames de la famille (la mort du père, le suicide de Juliette), les événements nationaux comme les inondations de 1910 ou encore la vie quotidienne de son fils adoré Achille, médecin de campagne à Chatillon. C'est une correspondance riche et intéressante qui dévoile aussi le portrait d'une mère aimante mais possessive, réclamant dans chaque lettre ou presque la venue de sa fille, son « chef d'oeuvre ». Sido meurt le 25/09/1912, Colette ne viendra pas à son enterrement. Fou de rage, son frère Achille détruira toutes les lettres de sa soeur, nous privant certainement d'une foule d'anecdotes sur elle.
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«Minet-Chéri », « Ma gnou », « Bijou » et d'autres surnoms d'affection recouvrent le diminutif « Gabri » pour Gabrielle, plus connue par le grand public sous l'appellation Colette qui était en réalité son patronyme.
Nul autre que Sido, sa mère, n'eut le privilège de ces tendres mots d'amour qui fleurissent tout au long des lettres regroupées dans cette édition de 2012, année du centenaire de la mort le 25 septembre de l'incomparable figure maternelle rendue si familière par l'écrivain.
Une première édition nous avait été proposée par les Éditions des femmes en 1984. Cette nouvelle édition,chez Phebus, nous offre des lettres inédites, une chronologie et quelques explications en bas de page, le tout établi par Gérard Bonal, un des spécialistes de Colette.
Certes il est parfois dérangeant de pénétrer à ce point dans l'intimité de personnes aujourd'hui disparues mais tel est le revers de la gloire : tout est livré, tout se décortique...
La compréhension des écrits d'un écrivain qui a tellement mêlé fiction/réalité passe par ce qui pourrait sembler être de l'impudeur dans ces publications privées.
Au-delà de cet aspect, la lecture des lettres permet un éclairage des écrits de Colette, relie entre elles différentes informations biographiques (cfr les relations Willy/Colette, l'entrée en écriture...) mais est aussi un témoignage sur une époque et ses conditions de vie (classes sociales évoquées, conditions matérielles de vie, maladies dont on ne meurt plus, l'auto, l'aviation,etc...).
Le caractère de la mère apparaît : humour piquant, intransigeance, lucidité, culture, prémonitoire et en avance sur un temps où la femme devait se battre pour exister en tant qu'être humain à part entière (ses réflexions sur le mariage – en 1907 – sont absolument avant-gardistes!)
Personnage attachant et impressionnant au style à la fois dru et élégant, Sido existe et on ne comprend que trop « l'originalité » de ses enfants. Certains parlent de sa « cupidité » (Cfr Philippe Delerm), d'autres de la jalousie de sa fille envers le fils bien-aimé. Il faut se replacer à l'époque vécue (ah ! le froid de sa « petite-maison »), la gestion calamiteuse du patrimoine par son deuxième mari,la vente des meubles et le départ de la maison bourgeoise de Saint-Sauveur en Puisaye, le village natal de Colette, la crainte d'une vieillesse sans le sou pour sa fille, etc... et comprendre les inquiétudes d'une femme vieillissante qui tire les enseignements de ses propres déboires.
Quant au « bien-aimé » Achille qui s'occupera de Sido jusqu'à la fin et ne lui survivra que quinze mois, il y a un dévouement et un amour qui arrache les larmes mais cet amour dut en faire souffrir d'autres... comme Colette ? Comme Jeanne de la Fare, son épouse ?
Pendant tout ce livre, ils nous deviennent familiers, on parle d'eux, on vibre avec eux, on les aime ou pas, ils nous accompagnent et tout ce que Colette nous raconte (La Maison de Claudine, Sido, le Sieur Binard, et tant d'autres textes) prend les contours d'une réalité que l'on touche de lettre en lettre.
Une merveille pour les épris « colettiens » (on suit tout le parcours littéraire, théâtral et personnel de Colette) comme un document pour ceux qui, curieux, auraient envie de découvrir les lettres d'une maman à sa fille dont elle comprit et encouragea le talent particulier.

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Née Adèle Eugénie Sidonie Landoy, dite Sido, née en 1835 à Paris, mariée une première fois en 1857 à Jules Robineau-Duclos, dont elle aura trois enfants : Juliette, Achille et Léo, épousa en secondes noces Jules-Joseph Colette, père de l'écrivain.
Sido fut immortalisée par sa fille Colette, qui fit d'elle "le personnage principal de toute [sa] vie" et de plus de quatorze de ses ouvrages. Sido fut également une mère à nulle autre pareille, une belle-mère à la dent dure, et une libre penseuse revendiquée. Riche de plus de quatre cents lettres, sa correspondance avec sa fille cadette révèle -au-delà du témoignage sur l'époque - l'envers du miroir où l'on découvre une Sido intransigeante et pourtant profondément aimante, qui s'inquiétait de la voir perdre son temps dans le monde du music-hall au détriment de sa carrière d'écrivain. Une femme à la personnalité à double-tranchant, une fille qui le lui rendait bien : ce recueil rétablit l'équillibre et nous dévoile une relation particulière, teintée d'amour et d'amertume.

Sido passait beaucoup de temps à écrire et à transmettre les nouvelles de la famille étendue, des amis, de tout ce qui se passait alentours, décès, maladies, mariages, avec considérations d'un mauvais esprit hilarant. Elle vivait auprès de son fils ainé, Achille, mais chacun sa maison. En effet, Achille était medecin "de campagne" et il était alors semble-t'il de mise qu'il fût accompagné dans ses visites, soit de sa mère, soit de sa femme, Jeanne, soit d'un domestique. Mais il sera là tous les jours, aux repas, le dimanche, pour la soigner, jusqu'à la fin.



Lorsqu'on parle de la fin de Sido, et c'est très perturbant pour moi, dans toutes ses lettres Sido réclame la présence de sa fille. Colette n'a-t-elle pas pris au sérieux la lourde maladie de sa mère qui la réclamait à son chevet? Pourtant même Achille lui écrira deux fois, lui disant que c'est très grave. En tous cas Colette ne revient que deux fois pendant la maladie de sa mère, la dernière fois le 26 août pour juste trois jours, et la sachant mourante, elle ne fera pas l'effort de retourner la voir. Sido est morte le 25 septembre 1912, et Colette ne se déplacera même pas pour son enterrement.. Je trouve ça.. c'est une découverte pour moi.

On se demandera longtemps où sont passées toutes les lettres de Colette à sa mère, s'entrelaçant entre les lettres maternelles, et dont Sido faisait lecture aux amies et à la famille. On le saura plus tard lorsqu'une des filles d'Achille avouera que son père, fou de douleur, à la mort de sa mère et face à l'absence de sa demi-soeur Colette, a tout brûlé : lettres, photos, cartes, articles de journaux, livres, programmes. Il est lui-même mort juste un an après Sido.

Ce recueil de lettres permet, avec les annotations de bas de page, de retrouver les personnages qu'on retrouvera dans les livres de Colette, les dates et les moments charnière de la vie de l'écrivain.

Je suis passionnée de Colette, et vraiment, j'ai beaucoup appris sur l'influence de Sido, que je ne m'imaginais pas si grande.. Une source de renseignement sur ces deux femmes, sur la vie à l'époque.

Un livre de plus pour ma déjà grande collection !



Sido- Lettres à Colette 1903 - 1912, editions Libretto, Janvier 2019, 570 pages, 12,80€


Lien : https://melieetleslivres.wor..
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Lettres de la mère de la célèbre Colette
(cette dernière se révélant ici entre les lignes: enfant gâtée distraitement ingrate à l'égard de sa mère),
correspondance témoignant aussi de la vie simple d'une villageoise du début du 20e siècle, d'une mère et grand-mère, très fine, drôle, perspicace et cultivée, restée empreinte d'un bon sens paysan.
Cette correspondance regorge de détails sociologiques, d'expressions savoureuses, et m'a évoqué ma grand-mère bourguignonne.

Écrits poignants d'une mère admirative, attendant les trop rares visites - souvent annulées - de sa fille évoluant à Paris, qui compense son absence par des envois de fruits confits et autres douceurs raffinées de la capitale...

Colette écrira "Sido", ce bel hommage à sa mère, 17 ans après la mort de cette dernière. Comme une prise de conscience tardive.

Pour nous lecteurs, p​r​endre connaissance de l'expression de l'affection voire la vénération de Sido pour sa fille et pour son fils le médecin du bourg, partager ses épreuves et ses joies, si longtemps après avoir lu "Sido"; c'est ​​parfois bouleversant, amusant, toujours émouvant.
Une histoire particulière d'un monde révolu.
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critiques presse (2)
Telerama
21 novembre 2012
Près de quatre cents lettres rédigées entre 1903 et 1912 par Sidonie Colette née Landoy (1835-1912), présentées et annotées avec respect et enthousiasme par Gérard Bonal, qui connaît la famille comme personne.
Lire la critique sur le site : Telerama
LaLibreBelgique
23 octobre 2012
Vingt-trois lettres de Sido à Juliette, sa fille aînée qui s’est suicidée, et quelques photos complètent ce livre-portrait d’une femme pleine de contradictions mais vibrante et libre.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique

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