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EAN : 9782283028087
160 pages
Buchet-Chastel (21/08/2014)
3.71/5   60 notes
Résumé :
En ce jour de Fête de la Rentrée, à Beslan, Anushka est heureuse. Elle court avec Miléna, sa meilleure amie, sur le chemin de l’école. A peine arrivée, elle se retrouve prise au piège dans le gymnase. Ils seront plusieurs centaines d’enfants, prisonniers de terroristes tchétchènes. C’était il y a dix ans.

D’un bout à l’autre de ce roman émouvant, le lecteur va suivre les pensées d’Anushka, qui égrène les souvenirs. Progressivement, avec la faim et la ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (33) Voir plus Ajouter une critique
3,71

sur 60 notes
Une petite fille, mignonne comme tout, le teint blanc et slave, un matin comme tant d'autres, un jour de rentrée des classes. le sourire et la joie de vivre respirent de chacun de ses petits pas. Elle discute de tout et de rien, d'hier ou de la semaine dernière, sur un chemin caillouteux quelques touffes d'herbes éprises de rosée, avec sa meilleure copine, comme deux pipelettes qui ne se sont pas vues depuis la veille. Derrière, le grand-père ferme la marche, à son allure, une allure de grand-père. Elles rentrent toutes deux dans le gymnase, habillées comme deux princesses des steppes, rubans dans les cheveux. J'ai soif, et je te dis qu'il va m'en falloir un peu plus qu'une gamine aussi jolie soit-elle dans l'enceinte de son école pour m'émouvoir. J'ai chaud. Elle semble avoir oublié son grand-père, mais il connait la route et il la rejoindra dans quelques minutes, le souffle toujours un peu plus court chaque jour.

Bien que j'ai passé l'âge de lire des histoires de princesses – même de la taïga - ou de petites filles, je suis pris dans l'histoire, la petite dans la grande. Dois-je y mettre une majuscule ou n'est-ce qu'un fait tragique de l'humanité ? L'émotion arrive lentement en moi, comme cette bière salvatrice qui s'écoule tout aussi lentement en moi. Elle a soif, moi aussi. le roman commence par un poème de Rimbaud, un truc sur l'enfance du genre « au bois il y a un oiseau, son chant vous arrête et vous fait rougir...il y a enfin, quand l'on a faim et soif, quelqu'un qui vous chasse. le roman finit ainsi : à Beslan, en Ossétie du Nord, dans la Fédération de Russie, le 3 septembre 2004, trois cent trente et une personnes, dont cent quatre-vingt-six enfants, ont trouvé la mort au terme d'une prise d'otages qui les a tenues emprisonnées trois jours durant, sans eau, dans un gymnase surchauffé. Tam ta tam,

Tam ta tam

Des bruits sourds et répétitifs qui parviennent aux oreilles de la petite fille. Ni l'orage, ni le pêt d'un grand-père... Détonations successives, des cris et un moment de stupeur entrent dans le gymnase. Des hommes et des femmes en cagoule, des kalachnikov entre leurs mains. Tout le monde s'assoit sur le parterre de béton. L'attente. L'air, qui devient de plus en plus irrespirable. La chaleur qui devient de plus en plus étouffante. Il fait soif, il fait chaud. Je me reprends un shot de vodka, Anushka ne rêve que d'une goutte d'eau ; elle serait prête à traverser la Sibérie pour ramener, juste une cuillère d'eau du lac Baïkal qu'elle tiendrait avec tant d'attention qu'elle aurait une démarche de grand-père. D'ailleurs où est-il ? Elle espère simplement qu'il n'a pas réussi à atteindre l'école avant ce Tam ta tam,

Tam ta tam

Un roman poétique sur un acte terroriste. Terrible, terrifiant. Terre, je tremble pour cette petite fille, cette Anushka au ruban défait dans les cheveux. Je souffre, je souffle un brin d'air, même chargé de mon haleine de vodka, pour lui apporter ce vent de fraîcheur et d'oubli. Une abeille s'échoue sur son genou. Que fait-elle ainsi, ici, si frêle. Si fatiguée. Même épuisée, elle ose se lever, quitte à marcher sur une jambe, entre les pas des mourants pour s'approcher d'une fenêtre et la libérer. Si elle pouvait s'envoler...
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Un deuxième roman fort pour ce début d'année 2018. Après "Les loyautés" de Delphine de Vigan, je viens de terminer la lecture de "L'incertitude de l'aube". J'avais déjà apprécié et admiré le style et le point de vue particuliers de l'auteure dans "La fabrique du monde". Malgré un autre sujet très dur, j'ai encore été conquise. La petite Anushka nous entraîne dans ses souvenirs, ses comptines, ses poèmes, son monde onirique. Pendant la prise d'otages de Beslan, nous vivons donc ces trois jours avec Anushka et Milena sa meilleure amie. Elles étaient arrivées à l'école bien habillées, comme les autres enfants, pour la fête de la rentrée. Mais tout bascule avec l'arrivée de terroristes. Roman dur, fort, poignant, mais aussi très poétique. Bravo
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A Beslan,Ossetie du Nord (fédération de Russie ) le 1er septembre 2004 ,jour de fête et de rentrée scolaire ,Anushka, petite fille de huit ans ,court avec Miléna, sa meilleure amie sur le chemin de l'école, accompagnée de son grand- père qu'elle aime tant mais il marche si lentement......
A peine arrivée elle va se retrouver avec un millier d'autres personnes, adultes et enfants, prisonnière de terroristes tchétchènes dans un gymnase, sans eau, ni nourriture, dans la chaleur, séparée de son grand-père ...
Elle ne comprend pas ce qui arrive.
Elle avait pris le bruit des mitraillettes pour des pétards et ne pouvait rien imaginer d'autre que la fête de la rentrée scolaire.
Brutalement, Anushka découvre la violence, le chaos, la peur, l'injustice, l'horreur.
Elle a faim ,soif,trop chaud terriblement soif, essaie de penser à autre chose ............
Les souvenirs, sensations et sentiments de son quotidien la rassurent , puis viennent des prières, des comptines, des chants, des poèmes , des contes.
La déshydratation la fait délirer et son imagination crée des esprits et des animaux qui la réconfortent....
Au terme de la prise d'otages, trois jours après, explosion....
panique, les terroristes tirent faisant trois- cent trente et une victimes dont cent- quatre - vingt six enfants.....

L'auteur ne" raconte pas ", elle a choisi la petite fille en guise de narratrice....
Nous pénétrons peu à peu dans son imaginaire protecteur.
L'écriture lumineuse, délicate, sans pathos, aérienne , dans l'innocence est d'une telle force poétique, si intense et si sensible qu'elle nous place, nous lecteurs , en souffrance, enfermés en nous- mêmes lorsque la chaleur devient insupportable et l'air irrespirable,
tout imprégnés d'une saleté poisseuse et d'une angoisse décuplée !
Ce roman historique grave, court, poétique, pudique, poignant, fort et bouleversant qui prend aux tripes est un bel hommage à l'enfance !
UN ouvrage magnifique, lumineux et terriblement humain , actuel , Hélas!!


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Après le coup de coeur éprouvé à la lecture de « La fabrique du monde » de Sophie van der Linden, je m'étais promis de suivre cette auteure.
Après Meï, la petite chinoise, nous faisons ici la connaissance d'Anushka.
C'est le jour de la fête de l'école. Anushka s'y rend accompagnée de son grand-père. Elle est heureuse de retrouver sa copine Miléna et les fillettes sont très excitées à la perspective de cette journée.
Une fois dans le gymnase de l'école, la situation devient déroutante.
Anushka perd de vue son grand-père, c'est la bousculade, on entend des pétards. Il s'agit en fait de coups de feu. La prise d'otages de Beslan, qui, en septembre 2004, ébranla la Russie et le monde, commence…
Anoushka a peur. Elle rêve et s'évade dans sa tête, seule fuite possible.

Avec beaucoup de sensibilité et un souffle poétique lumineux, Sophie van der Linden nous fait vivre ces événements de l'intérieur, à travers le regard d'une petite fille. Les faits sont durs, le texte est beau et les événements retracés n'en sont que plus marquants. L'Incertitude de l'aube est un texte magnifique, brûlant d'humanité.

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Cela aurait dû être un jour de fête pour Anushka. Miléna, sa meilleure amie, est venue la chercher avec sa mère pour qu'elles aillent ensemble à l'école. Demain c'est la rentrée des classes alors aujourd'hui on fait une fête où tout le monde sera là, parents, enfants et enseignants. La mère d'Anushka n'a pas pu l'accompagner car elle est enceinte et a besoin de se reposer, mais peu importe puisque son grand-père, qu'elle adore, sera là. Malheureusement, rien ne va se passer comme prévu et la cérémonie va rapidement tourner au drame…


Sophie van der Linden s'empare ici d'une tragédie survenue il y a dix ans et dont certains se souviennent probablement encore… Je préfère ne pas trop en dévoiler afin de ne pas faire perdre au récit une partie de sa tension dramatique… Néanmoins, je dois dire que j'ai été profondément émue et bouleversée par l'intensité du texte. L'histoire est racontée du point de vue d'Anushka, à travers ses yeux d'enfant. Ce qui frappe d'abord c'est, malgré son jeune âge, l'absence de candeur dans sa voix. Elle a conscience que quelque chose de grave est en train d'arriver et que sa vie est en danger. Alors, pour échapper aux pensées macabres qui l'assaillent, elle s'évade dans son imaginaire, libère son esprit dans des contrées lointaines et enchantées. La violence de la réalité se mêle donc à une vision fantasmée, créant un véritable décalage entre les deux situations et augmentant la tension du texte.


L'atmosphère est particulièrement oppressante. La faim, la soif, la chaleur et les meurtrissures du corps sont autant de sensations douloureuses parfaitement décrites par l'auteur et qui rendent la lecture encore plus réaliste et font accroître le malaise. La poésie du texte, où s'entremêlent prières et ritournelles, se mêle à l'horreur de la situation. Un récit court, plein de sensibilité et de talent, sur l'enfance gâchée par la barbarie des hommes. Une écriture puissante et terriblement poignante.
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critiques presse (1)
Actualitte
10 février 2015
A travers ce roman Sophie Van der Linden exprime la spontanéité d'Anushka, sa simplicité, son absolue sincérité, avec une justesse troublante, très sensitive. Le livre, en effet, semble respirer lui-même, ne plus contenir que le souffle de la fillette, se confondre avec.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
J'ouvre les yeux, rien n'a changé. Puanteur et chaleur. Sont dans un bateau. Personne ne tombe à l'eau. A l'au-delà. A l'eau de la fontaine. Croquemitaine.

Si j'avais encore des larmes, j'en ferais un ruisseau, comme Alice. Une mer, un océan, tous les océans de la planète réunie. Et je me noierais dedans en faisant exprès, en battant des mains pour m'enfoncer, m'enfoncer dans l'eau et y rester. Toujours. De mes larmes je vous ai abreuvés, Sans dormir la nuit, Sans dormir le jour.
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"Les oiseaux alors s'envolent,
Comme mille flammes folles,
Puis, formant un anneau de feu,
Ils s'éloignent dans les cieux.
L'oiseau...."..
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Et je vois. Je vois une larme qui se forme au rebord de son oeil. L'eau monte, monte. Et soudain, quand elle est trop haute, la larme passe par-dessus bord. S'accroche aux cils un bref instant. Et coule, lentement, sur la pommette. Je regarde Miléna, je ne peux détacher mes yeux de cette larme qui continue sa course sur sa joue. Si j'attends, elle va parvenir à la mâchoire et tomber dans le vide. Je pose ma main sur sa nuque. Pour la consoler. Pour prendre appui. J'approche mon visage vite, avant que la larme tombe. Et je plaque ma bouche sur sa joue. La joue rouge, chaude et salée de mon amie. J'entrouvre à peine les lèvres. Et j'aspire. Cette minuscule goutte de rien du tout. Il en faudrait d'autres. Je lui fais un baiser. Pour que Miléna ne se fâche pas de ce que je viens de faire. Ca la calme. Elle essuie ses yeux avec le dos de sa main. C'est foutu, les larmes sont écrasées. Elle m'a fait un petit sourire. De rien du tout.
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J'ouvre les yeux. Par les fenêtres, je m'aperçois que la nuit blanchit doucement. De minute en minute, le jour arrive et remplace l'obscurité. Je mets ma tête entre mes genoux en comptant jusqu'à mille et, lorsque je la relève, le ciel est encore un tout petit peu plus clair. C'est la première fois que je vois le matin arriver. Je ne pensais pas que cela se faisait si lentement, si précautionneusement. A un moment donné, d'un seul coup, des oiseaux commencent à chanter dans les arbres de la cour. Une nouvelle journée arrive. Elle sera différente. Il le faut.
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Anushka, ta richesse, c’est ce que tu as dans la tête, tu comprends. Ce que tu as dans la tête, personne ne pourra te le voler. Tous tes souvenirs, ils sont à toi, pour toujours. Tu peux les visiter à chaque instant, où que tu sois, les saisir à pleine main. Ils font partie de toi, c’est la seule chose qui ne pourra jamais t’être enlevée.

Je comprends, Grand-Père, je comprends, maintenant.
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Videos de Sophie Van der Linden (18) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sophie Van der Linden
Sophie van der Linden vous présente son ouvrage "Arctique solaire" aux éditions Denoël. Rentrée littéraire janvier 2024.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2981398/sophie-van-der-linden-arctique-solaire
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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