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EAN : 9782253036159
382 pages
Le Livre de Poche (01/03/1985)
3.56/5   72 notes
Résumé :
Voici l'histoire d'une femme et d'un amour, et aussi l'histoire d'un peuple. Au temps des crinolines, alors que surgissent les somptueux grands magasins et les immenses usines qui annoncent l'entrée de la France dans une ère nouvelle, Maria Vadamme, jeune femme du Nord, belle et ardente, qui compte pour rien, aspire à devenir quelqu'un. Habitée de la passion de comprendre le monde, d'être heureuse et d'aimer, elle sera entraînée, de Lille en 1862 à Versailles au tem... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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"Au nord, c'était les corons
La terre, c'était le charbon
Le ciel, c'était l'horizon
Les hommes, des mineurs de fond..."

Avec "Maria Vandamme", Jacques Duquesne nous propose une version féminine (abrégée et édulcorée) de "Germinal".

Le thème des mines et du travail des mineurs au XIXème siècle est fertile et permet à l'auteur, à travers un destin de femme, de développer une narration sociale autour des conditions de vie et de travail des ouvriers tout en montrant l'importance économique du filon de la houille, dans le contexte de la révolution industrielle.

Une lecture instructive donc mais qui ne m'a pas complètement séduite, sans doute parce que je ne me suis pas attachée à Maria, pourtant personnage principal. J'ai davantage été convaincue par "Catherine Courage", la suite de ce roman qui met en scène le destin de la fille de Maria.
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L'action se passe dans le nord de la France. Maria Vandamme a été embauchée au Vert Pinson, un cabaret situé dans un quartier pauvre de Lille tenu par Monsieur Léonard et Ursule, son adjointe, qui s'occupe de l'étage où des “filles” reçoivent des hommes, ce qu'ignore Maria. Cet établissement lui a été recommandé par une ancienne collègue de travail en usine lorsque Maria lui a avoué n'avoir plus d'argent. Maria est tombée dans un piège, le Vert Pinson pratique la prostitution.
Quand Monsieur Léonard quitte le cabaret, il enferme les serveuses, elles deviennent donc complètement prisonnières. Maria refuse d'être une fille de passe. Monsieur Léonard la frappe à coups de gifles et de canne (entre 50 et 150 coups par jour) jusqu'à ce qu'elle accepte. C'est sans compter sur sa forte personnalité habituée à la lutte. Elle n'est pas une femme à se laisser mener par le bout du nez. Elle ne voit pas d'autre issue pour s'échapper de la souricière que d'y mettre le feu. Ou la porte cédera ou elles mourront dans les flammes.
Maria Vandamme est née sous une mauvaise étoile en 1843, abandonnée au tour de l'hospice des enfants à Saint-Omer avec son nom autour du cou, un papier accroché sur une ficelle : Vandamme. On lui donne le prénom de Maria. Elle passe quatre ans à l'orphelinat qui s'en débarrasse bien vite dans une ferme à Méteren en Flandre pour avoir une bouche de moins à nourrir. Main-d'oeuvre à bon marché, elle deviendra un outil au service de l'agriculture. Les fermiers sont jeunes, exigeants, avides de progrès pour plus de rendement. En grandissant, sa sécurité de femme est menacée par les valets et le fermier lui-même. Elle s'enfuit pour se protéger.
La malchance la poursuit aussi en amour : elle s'éprend d'un contrebandier, puis d'un révolutionnaire !
Aloïs Quaghebeur est cocher et jardinier chez les Rousset. Un jour, il rencontre un autre cocher qui lui propose de s'associer pour faire un trafic de tabac. Celui qui le fournissait s'est fait prendre à la douane et il est en prison. Aloïs, avec ses origines belges pourrait le remplacer et gagner beaucoup d'argent pour faire des cadeaux à sa belle. le tabac belge est revendu jusqu'à trois fois son prix d'achat.
Maria retrouve celui qui l'a sauvée dans l'incendie du cabaret, Blaise Riboullet, maçon, originaire de la Creuse. Blaise est hostile à l'empereur. Il milite en politique contre les bas salaires des ouvriers, leur exploitation et celle des femmes et des enfants dans les mines. On le traite d'anarchiste. Il est sans cesse poursuivi par la police.
L'auteur nous offre une belle page sur une période de notre histoire entre 1843 sous la Monarchie et 1871, l'insurrection de la Commune de Paris. Il nous éclaire aussi sur le comportement des différentes classes sociales de cette époque.
Maria apprend à lire en cachette auprès d'Henri, le fils de ses patrons âgé de 10 ans. Elle en a honte vis à vis de sa patronne, comme si elle avait commis un crime. Pour Céleste Rousset, une servante ne doit pas savoir lire, une femme du peuple n'a pas besoin d'être cultivée. Chacun doit rester à sa place. Même le jeune frère de Céleste, Jérôme Dehaynin, médecin qui prétend être à la pointe des pratiques médicales modernes, qui dénonce le manque d'hygiène dans les foyers et les espaces publics, qui joue un rôle social, trouve inutile que Maria sache lire. Maria est renvoyée, elle a trompé leur confiance.
Il y a dans ce livre une magnifique description de la mine et du métier difficile de mineur.
De plus, j'ai beaucoup apprécié le portrait qui est fait d'Aloïs Quaghebeur lorsqu'il quitte Denain pour s'engager comme volontaire dans la guerre de 1870.
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L'ouvrage:
Maria s'est forgé une carapace après s'être heurtée à des personnes mal intentionnées. Elle se démarque de sa condition. Elle ne se laisse pas faire par les valets des fermes où elle travaille, qui essaient de la posséder. Elle ne se résigne pas, comme d'autres. Elle ne voit pas d'inconvénients à coucher avec un homme, mais elle veut qu'il lui plaise. Elle ne supporte pas qu'on fasse du mal aux animaux. Elle n'accepte pas les événements en se disant que c'est sa condition de femme qui le veut. Elle voudrait savoir lire, pour découvrir, et apprendre des choses. Elle passe sa vie à travailler...
Un jour, sa patronne, Céleste Rousset, lui propose d'épouser Aloïs, le cocher de la maison Rousset, qui est très amoureux d'elle. Maria accepte, parce que le garçon est gentil, et qu'elle n'est amoureuse de personne. Mais elle rencontre Blaise Riboulet. Il ne se souvient pas d'elle, ce jour-là, mais elle se rappelle que c'est l'homme qui l'a sauvée, lors d'un incendie, allumé par elle, un jour où on voulait la forcer à travailler dans une maison close. Elle lui avait demandé son nom, se disant qu'il faudrait qu'elle le remercie, un jour. Elle ne sait pas encore que c'est lui, le seul homme qu'elle aimera.

Critique:
L'histoire de Maria est toujours intéressante à lire: elle montre une femme qui ne se résigne pas à faire ce que font toutes les autres. Elle est intelligente, et fine. Elle sait que le savoir l'aidera à mieux comprendre le monde où elle vit, et elle veut l'acquérir. Bien sûr, l'avancée de Maria n'est pas aussi grande que celle de sa fille, Catherine, (héroïne de "Catherine courage", du même auteur, qui fera l'objet de la prochaine critique), mais elle est déjà grande pour son époque. Il est un peu dommage que plusieurs hommes soient amoureux de Maria, d'abord parce qu'elle les fait souffrir en ne pouvant pas les aimer, et aussi parce que cela fait un peu cliché: ils sont tous amoureux d'elle. le fait que Blaise et elle s'aiment presque aussitôt est aussi un peu cliché: ils se rencontrent, et c'est le coup de foudre. Mais à part ça, Jacques Duquesne sait bien nous replonger dans l'ambiance de l'époque qu'il décrit. Et le personnage de Maria est attachant: c'est une femme qui essaie de s'en sortir, qui fait ce qu'elle croit être juste, mais qui n'est pas non plus une sainte ou superwoman. Je n'aime pas les héroïnes trop parfaites, et il me semble que les imperfections de Maria la rendent plus crédible, et plus aimable aux yeux du lecteur.

Il y a une petite incohérence, mais je la souligne parce que je pinaille. A un moment, il y a tout un passage expliquant que Maria n'a jamais pleuré quand on la maltraitait. Ca fait partie de sa carapace. A ce moment, elle apprend à exprimer sa peine par les larmes. Sauf qu'au début, lors d'un événement antérieur à celui-ci, elle pleure...

Le film en plusieurs épisodes, avec Corinne Dacla, est bien. Il suit assez bien le roman, et ce qui s'en écarte est bien, et reste dans l'esprit de l'ouvrage. Ca fait plaisir, une bonne adaptation d'un livre.

Anecdote amusante: Maria travaille chez Arthur et Céleste Rousset. Alice van Meulen (l'héroïne du roman éponyme), est leur fille. Plus tard, dans "Les héritières" (série en trois tomes, dont le tome 1 est bon, le tome 2 un peu moins, et le tome 3 beaucoup moins, à mon avis), Jacques Duquesne explique que Laurent Surmont, l'un des personnages principaux, a épousé Célestine Rousset, une lointaine cousine d'Alice van Meulen. C'est un clin d'oeil au lecteur qui a suivi Maria, Alice, et Catherine.

La version audio que j'ai entendue a été enregistrée par Nicole Vautier pour les éditions VDB.

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(...)
(...) Ce qui m'a le plus intéressée dans ce roman, c'est l'aspect historique et féminin(iste) qui est mis en avant. J'ai découvert une période de l'histoire de France que je connais très très mal: le Second Empire, à la veille de la guerre contre la Prusse et de la Commune. Sur fond de socialisme naissant et de débat sur les conditions de vie déplorables des ouvriers, on aborde beaucoup de sujets et en particulier comment les femmes vivaient ou survivaient à cette époque. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que ce n'était pas joyeux-joyeux. Si tout n'est pas traité en profondeur (il n'y a que 383 pages), l'auteur expose les faits avec suffisamment de clarté pour qu'on comprennent les enjeux.

Le personnage de Maria est au centre de l'histoire, mais on la quitte parfois pour suivre les autres protagonistes, en particulier la famille Rousset, de riches industriels, ou Blaise, un « agitateur socialiste ». Ce qui permet d'avoir une vision d'ensemble du contexte. C'était intéressant, mais j'avoue que j'ai préféré les chapitres consacrés à Maria, les autres personnages ne m'ayant pas semblé attachants.

Le style est fluide, ça se lit vite et sans problème. Il y a quand même quelques facilités qui rendent l'histoire un peu trop optimiste pour mon goût. L'accent est mis sur l'évolution de Maria et, dans la 2e moitié, sur celle de ses sentiments. On n'est pas chez Zola ou Hugo, mais l'intention est semblable sur certains points.

Dans l'ensemble, une lecture intéressante et agréable, sans être non plus inoubliable.
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Quoi de plus classique, pour thème de roman, que celui de la jeune fille sans famille et pauvre, confrontée à la violence de l'existence, à la mesquinerie de ses patrons, à la dure condition ouvrière, aux grossiers appétits sexuels d'hommes sans scrupule? Après tant d'autres, J.Duquesne s'y est essayé, - il y a 40 ans -, et ceci avec un certain succès, puisque son livre a eu droit à une sorte de consécration, la série télévisée. On disait: le feuilleton.
On y rencontre un bon travail de documentation, sur la vie des pauvres dans le Nord au milieu du XIX° siècle, sur la mine, et, pour finir, sur le Paris de la Commune. le personnage de Maria, pauvrette victime qui va s'émanciper, apprendre à lire, et aussi à se défendre, est attachant. Convoitée par les hommes, et aimée par trois d'entre eux, elle sera un peu perdue. Et nous aussi: l'auteur court plusieurs lièvres, en terme de personnages, d'action, de lieu, de temps: il a rempli son texte d'ingrédients multiples, qui, pris isolément, ne sont pas sans intérêt, mais qui ici se bousculent dans un certain désordre. La rigueur de la construction romanesque en souffre. Tout le monde n'est pas Zola, ni Maupassant: cela, on ne peut pas le lui reprocher.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
La prostitution, elle la connaissait de longue date. Il était impossible de vivre plus de huit jours dans ce quartier en l’ignorant. Et plusieurs de ses compagnes, à l’usine, trouvaient là un moyen d’arrondir leur pécule : quand elles sortaient le soir pour arpenter les petites rues de Saint-Sauveur, on disait qu’elles allaient faire le cinquième quart de leur journée, le mieux payé. Maria ne s’en indignait pas : chacun, chacune devait s’organiser pour survivre. Et la clientèle de ces filles n’était pas spécialement repoussante : quelques ouvriers, des gens du quartier, surtout des soldats,des garçons venus des Flandres, qui parlaient à peine le français, d’autres encore, recrutés dans les régions des mines et qui racontaient d’étranges histoires de chevaux tirant des chariots de houille à des centaines de mètres sous terre. Quand ils n’avaient pas trop forcé sur la bière ou le trois-six, ces hommes-là n’étaient pas terribles.
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Mais il n'avait pas imaginé le froid glacé, la boue, la pluie des sources, la puanteur du goudron, de l'urine, de la merde répandus au hasard des galeries, ni ce sentiment d'étouffement qui l'avait étreint à la première minute, dès l'entrée dans le labyrinthe noir. Oui, c'était l'enfer.
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Maria Vandamme n’avait pas eu d’enfance. Un jour de 1843, la religieuse de garde au tour d’abandon de l’hospice des enfants de Saint-Omer trouve, dans un panier, une petite fille de quelques semaines, ou même un peu plus. Une blonde rieuse; et potelée, ce qui semble indiquer qu’elle vient de la campagne. Mais allez savoir : à cette époque, on fait beaucoup voyager les enfants indésirables; des femmes se chargent même, moyennant finance, d’aller les déposer aux tours d’abandon des villes lointaines, histoire de brouiller les pistes.
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- Monsieur Henri, vous voulez m'apprendre à lire ?
- Quoi ?
Il était ahuri.
-Oui, m'apprendre à lire, à moi. Et à écrire aussi.
Il rit.
- Mais, tu es la bonne, Maria, tu n'as pas besoin de savoir lire.
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La jeune fille apprend à dormir sur le qui-vive, une houe à portée de la main, dissimulée dans la paille, pour le cas où. Elle s’étonne parfois que ses compagnons d’étable ne s’associent pas pour la forcer, car alors elle ne pourrait résister. Mais ils n’ont pas cette idée, ils ne sont pas si méchants. Et ils finissent par
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Videos de Jacques Duquesne (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jacques Duquesne
Judas (avec Jacques Duquesne) Emission diffusée en 2008
Site de Pierre Macias : http://psiland.free.fr
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