J'ai acheté ce Découvertes Gallimard récemment réédité sur un coup de tête, lors de l'une de ces si difficilement contrôlables frénésies d'achat de bouquins qui me chope parfois en plein vol. le prétexte ? L'envie de connaître un peu mieux la vie de cette reine avant les événements de la Révolution.
Évelyne Lever expose une fille d'abord dominée et contrôlée par sa famille, sa mère
Marie-Thérèse impératrice d'Autriche, puis son frère l'empereur Joseph II. Ces deux-là avaient l'espoir de pouvoir orienter la politique de la France en faveur de leur empire. Malheureusement pour eux, la politique n'intéresse pas Antonia. Dixit l'auteure : « elle désire naïvement faire plaisir à sa mère, comme une enfant aimante, reconnaissante et craintive, mais qu'on ne lui demande pas de se mêler des affaire de l'État ». La reine s'intéresse plus aux « délices des à-côtés du pouvoir », à des « futilités ». Voire. Elle ose tenter de « révolutionner » l'étiquette de la cour, bousculer les convenances.
Évelyne Lever la décrit ravie dès qu'elle peut s'approprier son petit domaine privé au petit Trianon. Elle y invite qui elle veut, et tant pis si elle froisse des vanités. L'auteure passe du temps à décrire son intérêt pour la mode, que ce soit en coiffure, en vêtements ou en ameublement. Et elle évoque bien sûr sa passion pour le comte Fersen.
En parallèle, on voit sa mauvaise réputation s'installer dans le public parisien. En l'absence de favorites pour faire paratonnerre, l'opprobre se focalise sur elle. Dépensière, pilotée par l'ennemi – on la surnomme l'Autrichienne –, on la hait de plus en plus. Lorsque peu avant les événements révolutionnaires, elle commence à se mêler de politique, elle le fait à l'instinct, en fonction de qui elle apprécie ou pas, ce qui n'arrange rien.
L'affaire du collier occupe un chapitre entier, et histoire rocambolesque le mérite.
Entre 1789 et la mort de
Louis XVI, sa vie ne se différencie pas de celle de sa famille. L'auteure la décrit arc-boutée sur les principes de l'ancien régime, donnant le change en faveur des réformes mais comptant sur l'Étranger pour ramener les choses « à la normale ». En cela il n'y a pas une feuille de papier d'écart avec son mari. Petit à petit, la colère cède la place au désespoir quand on la ramène aux Tuileries, puis après le retour de Varennes. Après la mort de son époux, c'est une femme brisée, méconnaissable. L'auteure décrit son procès comme véritablement inique ; un procès politique ni plus ni moins.
Comme tous les livres de la collection, celui-ci est rehaussé de nombreuses illustrations de peintures, de gravures et de copies de lettres. C'est l'occasion pour moi de découvrir une portraitiste à qui la reine a souvent servi de modèle : Élisabeth Vigée le Brun.
Évelyne Lever est une vraie écrivaine. L'exercice de synthèse imposé par le format ne l'empêche pas de faire passer l'émotion, mêlée habilement à l'information. J'ai ainsi lu l'ouvrage avec plusieurs plaisirs mélangés.