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EAN : 9782020367547
Seuil (16/04/1999)
3.79/5   28 notes
Résumé :
Beauté sensuelle d'un texte flamboyant, impudique, brutal, qui dit avec un plaisir égal les voluptés des sens et les ardeurs de l'âme. Michèle Gazier, Télérama
Ce roman, ce conte-histoire débute aux temps où finissait un monde. Au IVe siècle, les dieux anciens quittaient l'Egypte. A Alexandrie, capitale de la volupté, vivait Marie, la plus belle et la plus libre de toutes les prostituées de la ville. Près du port, elle se donnait aux hommes jour et nuit, dans... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Excellente surprise. Alexandrie pendant les premiers siècles du christianisme. Et déjà l'intolérance de Frères chrétiens. L'exact contraire du message de Jésus. On brûle et on détruit tout ce qui est païen, les temples et les gens. le salafisme n'a rien inventé. Marie est une prostituée. Elle aime cette activité. Elle n'a d'ailleurs connu que cela. Sa vie tourne autour du sexe. Mais peu à peu, elle prend conscience du message des ermites chrétiens, de leur recherche de Dieu. Elle va elle aussi suivre cette quête, dans le désert. Jusqu'à se purifier, s'oublier, se dessécher. C'est écrit avec beaucoup de poésie et de lyrisme.
Ce qui me gène un peu, c'est cette idée, induite par le christianisme, de définir ce qui est pur de ce qui ne l'est pas. Se purifier de quoi ? D'avoir été une prostituée ? Et alors ? Cette dichotomie entre le corps et l'esprit est assez insupportable. Dans d'autres religions/philosophies, on ne retrouve pas cette séparation arbitraire. Dans l'hindouisme, on trouve la notion de brahmacharya, cette énergie sexuelle, vitale, disponible qu'on utilise comme on le souhaite, pour satisfaire le corps ou l'esprit. Si on satisfait le corps, on ne s'élèvera pas spirituellement. Ça me parait beaucoup plus pertinent, plutôt que de se culpabiliser par une activité sexuelle jugée excessive. C'est la condition humaine. Nous sommes fait de substances, d'envies, d'émotions, de pensées. Nous sommes des êtres de chair avec des désirs. Cette morale judéo-chrétienne, qui n'a certainement rien à voir avec le message initial, mais inventé à travers les péchés par l'institution ecclésiale est une manière totalitaire d'assujettir le peuple. Une de plus.
Je ne suis pas certain de la nécessité, pour Marie, de devoir se purifier par une ascèse mortifère dans le désert. Mais le livre de Jacques Lacarrière excelle à montrer l'intolérance des premiers chrétiens, une fois leur religion reconnue religion d'état, dans cette ville d'Alexandrie, présentée comme un riche creuset de plusieurs civilisations.
Un livre que je recommande à tous ceux que le sujet intéresse.
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Je n'oublie pas que c'est par Jacques Lacarrière que j'ai découvert la Grèce avec la collection « Terre humaine » de chez Plon. Jacques Lacarrière, « grand spécialiste », s'il en est des Grèce, contemporaine et antique…
Sauf que là, il ne s'agit pas De Grèce, mais Égypte. Après tout, ne sont-ce pas là les deux chapitres d'histoire collégienne qui m'ont probablement le plus marqué…Moi et beaucoup d'autres…

Nous sommes au IVe siècle à Alexandrie, "capitale des voluptés" …Au IVe siècle qui correspond à un des moments charnière de l'Histoire. C'est l'époque où les égyptiens abandonnent leurs divinités pour s'ouvrir au christianisme.
Au milieu de tout cela, Marie, Marie l' Egyptienne… La prostituée. Dans cette ambiance troublée, elle partira au désert, et entendra l'appel… Sainte Marie du Désert…

« Marie Égypte », premier roman de l'auteur : un texte porté par une prose efficace aussi bien pour décrire la vie voluptueuse et pleine d'odeurs de la ville d'Alexandrie, que la sécheresse brûlée par le soleil du désert, ce texte nous propose à travers la vie (réelle) de Sainte Marie Égypte, une véritable méditation sur l'ascèse et le désert… de la part d'un auteur qui fréquenta le Mont Athos, une autre forme de désert…fascinant désert…
Un texte « éblouissant » !

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Ce roman de Jacques Lacarriere est basé sur quelques textes en grec du VI-ième siècle, écrits par un moine inconnu.
Marie, une prostituée , vit à Alexandrie et y exerce le plus vieux métier de monde. Elle est jolie, plait aux hommes, adore faire l'amour et prend son pied à chaque fois;
On est au IV-ième siècle et le christianisme commence à se propager. Marie alors regrette sa vie de prostituée, elle veux se repentir, elle quitte la ville d'Alexandrie et va vivre toute seule dans le désert pour se faire pardonner, pour prier jour et nuit.
Un superbe roman dont je suis étonné que tellement peu de lecteurs l'aient lu !
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Abandonné au bout de 50 pages, je ne suis pas du tout rentrée dans ce récit de Jacques Lacarrière. J'ai beaucoup de mal avec la littérature complaisante autour de la prostitution, on est en plein dedans.

J'avais été attirée par ce livre d'abord car je n'avais jamais lu cet auteur, pourtant l'un des préférés de ma maman, et par intérêt pour le traitement littéraire de la figure de Marie l'Égyptienne.
Effectivement cette sainte a été assimilée au Moyen âge à celle de Sainte Marie Madeleine, confusion entretenue par le schéma de la "prostituée repentante". On retrouve donc dans ce livre, pour ce que j'en ai lu, les biais de certains discours sur Marie Madeleine... J'ai lu quand même les quelques pages historiques qui terminent l'ouvrage.
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Je suis fan de cet auteur.

Mais ici je suis un peu heurté dans ce dualisme si judéo-chrétien : corps / esprit, mal /bien, femme = représentation du mal. Mais je pense que c'est peut être un filtre déformant de ma part.

J'ai stoppé la lecture presque au milieu. Mais j'y reviendrai certainement car comme d'habitude le verbe, la flamme, la poésie, la richesse des paraboles et "images" de cette plume me fascine.

En même temps il y a tellement de livres de lui à lire que je ne suis pas frustré, car je le retrouve avec plaisir très prochainement dans son oeuvre si riche.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Capitale de la volupté : Alexandrie. Capitale des désirs. Des déviances. Tous les amours y avaient cours : l'amour fou, lubrique, angélique, démoniaque, platonique, primate, vénal, anal, homo, hétéro, lesbien, pédophile, nymphophile, zoophile même (assez naturel dans un pays où les animaux passaient pour le réceptacle des dieux). Alexandrie sut dépasser Athènes et Rome dans l'art d'apparier féeriquement en l'homme l'ange et la bête.
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Marie est dans la grotte d'un ascète ! Elle s'éloigne sur la pointe de ses pieds nus. Elle n'ose plus regarder dans la grotte. Le vieillard assis n'a pas bougé. Ses mains, sans doute en prière, sont figées devant l'invisible. Ses cheveux, longs et blancs recouvrent tout son dos. Pas le moindre bruit. Dans un coin, une planche de bois qui doit servir de lit .Une cruche, un pain noir à moitié rongé. Elle s'avance doucement vers l'orant, tout près de lui, sa main se pose sur l'épaule et ...
...plus rien ! Absolument rien ! Plus qu'un nuage de poussière humaine. Le corps s'est effrité d'un coup. La poussière, les particules d'un ascète émietté. Dans son émoi, elle heurte ses orteils à la planche de bois : nuage à nouveau.
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Elle frissonnait de froid. Ses bras, engourdis par des heures d'immobilité, commençaient seulement à reprendre vie. Elle haletait là dans le noir sans pouvoir s'endormir, appuyée de toutes ses forces contre le sol pour y meurtrir son corps. Son ventre lui faisait mal, un mal complexe, car il était fait d'un violent désir de se plaquer contre la terre pour y sentir son sexe éraflé par les pierres et d'un désir tout aussi violent de clore ce sexe à jamais, de l'obturer, de le séquestrer en sa propre chair. Et se séquestrer elle aussi, à l'infini.
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Prier dans le désert en plein soleil exigeait un certain nombre de techniques. La plus élémentaire consistait à façonner avec de l'eau et de la boue une brique qu'on laissait sécher au soleil. On la prenait ensuite sous son bras et on partait en plein désert en se mettant dessus, debout orteils nus, les bras en croix. Et on ne cessait la prière que lorsque la sueur ruisselant du corps avait fait fondre la terre de la brique. Presque tous s'écroulaient d'épuisement ou d'insolation.
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Marie s'éveilla juste avant l'aube, le corps froissé contre la roche, et regagna l'oued. Le désert, à nouveau. Du bout de ses orteils , elle effleura le sable encore frais de la rosée nocturne. Devant elle, le jour. Elle commença d'avancer sur un sol qui se réchauffait à mesure que le soleil montait. Qui bientôt serait brûlant à ses pieds nus. Brûler, exténuer sa chair et ses pensées, pour devenir ou redevenir cendres.
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Videos de Jacques Lacarrière (15) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jacques Lacarrière
Bruno Doucey lit un extrait du recueil "grécité", de Yannis Ritsos, reproduit dans notre livre spécial dix ans "Un bateau nommé poésie". Nous avons publié "grécité" en 2014, en bilingue grec/français, dans la traduction de Jacques Lacarrière.
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