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EAN : 9782381400655
800 pages
Viviane Hamy (05/04/2023)
4.08/5   6 notes
Résumé :
Vera Brittain décrit le choc de la Première Guerre mondiale, l'enthousiasme et les idéaux romantiques de sa jeunesse.
Elle aborde son combat en tant que femme pour entrer à l'université d'Oxford, son premier amour brisé et la nécessité de s'engager comme infirmière volontaire.
Entre désillusions d'une société et culpabilité des aînés, elle forge un récit féministe, pacifiste et engagé.
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Quatre-vingt-dix ans après, Testament of Youth de Vera Brittain, paru en Grande-Bretagne en 1933, a été traduit pour la première fois en France par Josée Kamoun et Guy Jamin pour les Éditions Viviane Hamy sous le titre Mémoires de jeunesse.
Ce best-seller plusieurs fois adapté à l'écran et encensé en son temps par Virginia Woolf, est l'un des grands classiques de la littérature anglaise du XXe siècle.
Bien qu'un peu réticente dans un premier temps à me plonger dans ce pavé de 720 pages, je n'ai à aucun moment regretté d'avoir sauté le pas, tant j'ai trouvé d'intérêt à découvrir cette autobiographie bouleversante de Vera Brittain, témoin exceptionnelle d'une génération sacrifiée, ce récit sans concession sur ce que fut le choc de la Première Guerre mondiale.
Cette jeune femme féministe, à l'esprit frondeur, née en 1893, dans un milieu aisé, revient tout d'abord sur son combat de femme et sa résolution à passer les examens d'admission à l'université d'Oxford pour étudier la littérature, malgré l'opposition de ses parents. Décidée à devenir écrivain, elle est encouragée dans son projet par son frère cadet Edward à qui elle voue une admiration sans borne et par un ami de celui-ci Roland Leighton également épris de littérature et qui deviendra son fiancé.
Quand, en août 1914, l'Angleterre entre en guerre, Edward et Roland ainsi que leurs deux amis Victor Richardson et Geoffrey Thurlow, vont s'engager très vite dans l'armée, craignant de perdre l'occasion d'y participer.
Les quatre garçons, comme on l'apprend assez rapidement, connaîtront tous un destin funeste, son premier amour, Roland, dès fin 1915. Son frère adoré, Edward, sera tué, lui, au combat en Italie, quelques mois seulement avant l'armistice.
Vera, afin de participer elle aussi aux efforts de guerre, et être au plus près des souffrances endurées par ses amis a renoncé à ses études pour s'engager comme VAD (Voluntary Aid Detachment), infirmière volontaire, à Londres, puis à Malte et en France. Affectée quelque temps au service des prisonniers allemands, cette expérience la marquera et sera une des origines de son engagement militant pour le pacifisme.
Ce sont des conditions absolument effroyables qu'elle doit affronter pour apporter des soins et apaiser les souffrances de ces jeunes soldats gravement blessés. le froid, la boue, le manque d'hygiène, le manque de place, le manque de reconnaissance de leur dévouement seront autant de difficultés et d'obstacles que ces VAD devront surmonter et ce, pendant des années, la fin de la guerre paraissant ne jamais devoir advenir.
Dans ce récit autobiographique sans concession, écrit en 1933, Vera Brittain ne se limite pas à nous faire partager la vie insouciante des étudiants avant le début de la guerre et à nous relater ensuite de manière saisissante, cette tragédie qui a endeuillé tant de familles. Elle raconte aussi son difficile retour vers un monde et des jeunes qui n'ont rien vécu de la guerre et son retour à la vie étudiante à Oxford avec cette décision d'étudier l'histoire dans le désir de comprendre pourquoi un tel désastre avait pu se produire et faire en sorte que cela n'arrive plus à personne à l'avenir. « Je commençais déjà à suspecter qu'on avait trompé ma génération, exploité avec cynisme son courage juvénile, trahi ses idéaux ... »
Quand on sait aujourd'hui les troubles psychologiques engendrées par des situations comme celles qu'a vécues cette jeune femme au sortir de ses vingt ans, le stress enduré à savoir ses êtres les plus chers sur la ligne de front, puis d'apprendre leur perte, tout en soignant de jeunes soldats mutilés et en en accompagnant d'autres à la mort, on a de la peine à comprendre qu'aucune mesure n'ait été prise pour tenter d'aider ces personnes de retour chez elles
L'amitié que nouera Vera avec Winifred Holiby, toutes deux désirant devenir écrivaines, l'aidera beaucoup à surmonter cette effroyable tragédie. Elle entamera alors une carrière de journaliste puis d'écrivaine tout en défendant l'urgence et la nécessité d'une paix durable devenant une pacifiste militante en oeuvrant pour la Société des Nations.
Pour raconter ses Mémoires de jeunesse, l'écrivaine entremêle dans son récit des extraits de ses journaux intimes, des lettres échangées avec ceux partis au combat, des poèmes de sa composition ou écrits par son fiancé, déjà poète de talent, ou par d'autres poètes.
Ce qui m'a fascinée chez cette jeune femme, c'est également l'importance qu'avaient pour elle les paysages et la nature, sa faculté à apprécier et parfois à se souvenir des teintes chatoyantes des fleurs, à ressentir la joie et l'immense beauté d'un coucher de soleil ou à en appréhender la menace selon le cas…
Beaucoup de références notamment en dernière partie à des personnalités britanniques que je ne connaissais pas m'ont un peu ralentie dans ma lecture, mais n'ont cependant pas du tout nui à l'immense dimension humaine de ce roman d'apprentissage où les sentiments amoureux sont magnifiés par l'urgence de vivre.
Mémoires de jeunesse de Vera Brittain est un manifeste féministe et pacifiste poignant, en résonance absolue avec ce que nous vivons aujourd'hui.
Je remercie vivement les Éditions Viviane Hamy pour m'avoir offert l'opportunité de découvrir cet ouvrage richissime, inoubliable.
Je n'ai plus qu'un souhait, voir le film au titre éponyme, sorti en 2015 qui retrace fidèlement la vie de Vera et de ses amis.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Je viens d'acquérir “Témoins”, le pavé de Norton Cru qui répertorie les livres de la guerre 14-18 et leur attribue un blanc seing ou non de véracité.
Mémoires de jeunesse” n'y figure pas à double titre : il date de 1933 alors que “Témoins est un “essai d'analyse et de critique des souvenirs de combattants édités de 1915 à 1928” et il était initialement en anglais et vient seulement d'être traduit en français cette année.

Vera Brittain nous raconte ses années d'infirmière volontaire pendant la première guerre mondiale à Buxton, Londres, Malte et Etaples.
Jeune, il lui en a fallu de la volonté pour convaincre son père d'aller étudier à Oxford au début du XXe siècle.
Tout au long du texte, on sent la pression des moeurs de l'époque victorienne.

Elle a fait paraître ces “Mémoires” en s'appuyant sur des lettres échangées avec son fiancé Roland, ses amis au front, ainsi qu'avec son frère et ses parents. Les souvenirs de l'époque sont soutenus par les écrits de son journal, souvent magnifiques.

L'absurdité de la guerre est évoquée avec la sensibilité d'une femme, offrant un angle particulier sur les Tommies anglais blessés et les infirmiers en France.
J'ai éprouvé du respect pour le combat quotidien de cette femme auprès de mutilés de guerre.

Les références sont pointues ; elle nous parle de célébrités, de surcroît anglaises, qui m'étaient inconnues.
Le charme d'une écriture datée d'une époque révolue opère dans le récit.
Cependant, le style (ou la traduction ?) est parfois compliqué(e).

Après la guerre, Vera Brittain ouvre des réflexions sur le retour à la vie civile qui ne pourra jamais plus être comme avant.

Elle fera émerger la femme qu'elle voulait être : moderne, féministe et indépendante.
Une femme qui envisage une vie sans conjugalité du fait des modifications des mentalités et du déséquilibre démographique.

Elle ne cessera ensuite de militer pour le pacifisme et de revendiquer des droits égalitaires pour les femmes qui avaient pris une part plus active au travail durant le guerre.
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Je remercie Babelio et les éditions Viviane Hamy pour l'envoi de ce titre lors de la masse critique.
J'avais vu le film il y a quelques années et je l'avais beaucoup aimé. Malheureusement, le livre n'était pas traduit et mon niveau d'Anglais ne me permettait pas de le lire ! C'est aujourd'hui chose faite.
J'ai aimé la plume de Vera Brittain, précise, juste et profonde. Elle décrit avec force détails, mais sans lourdeurs, les évènements du quotidien, ses émotions, ses pensées, l'ambiance de l'époque de le Première Guerre Mondiale.
Sacrifiées sur l'hôtel des ambitions politiques et militaires des élites, des millions de vie ont été perdues, mortes ou disparues, des jeunes hommes et jeunes femmes qui ont perdu leur insouciance inhérentes à leur âge, qui ont basculé dans l'horreur et la peine plutôt que de vivre leur vies. Tout cela, l'autrice en rend parfaitement compte, et cela rend le récit proche de nous, émouvant et crucial.
A lire !
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Ce livre de la rentrée littéraire automne 2023 ne m'a pas convaincue.
Certainement passionnant et très intéressant, jolie fresque historique. Mais les longs descriptifs de paysages et le rythme, lent, ont eu raison de la lecture.

Je le reprendrai peut être un jour.




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Remarquable témoignage que celui de Vera Brittain, témoin et "actrice" de la Grande Guerre. Un texte "cri du coeur" rendant compte et hommage à la génération détruite par le conflit. Elle livre les faits et se livre avec humilité. C'est remarquablement écrit (la première partie cependant est un peu confuse: traduction?). Encore une fois le bon chemin que celui du témoignage pour appréhender au mieux 14-18 - Ouvrage des Editions Viviane Hamy reçu dans le cadre de la Masse Critique.
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critiques presse (1)
LeFigaro
07 décembre 2023
Premier volet des Mémoires d’une infirmière-écrivain qu’admirait Virginia Woolf.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Pour moi comme pour mes contemporains, avec notre joyeuse confiance dans la bienveillance du destin, la guerre était une chose lointaine, inimaginable, ses dégâts et ses malheurs monstrueux enfermés à double tour, tels la Peste noire et l’Incendie, entre les couvertures des livres d’histoire.
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Tout ce que portaient les filles à l’époque (1910) semblait avoir été conçu par leurs aînés selon le principe que la décence consistait à ne laisser exposer au soleil et à l’air aucune partie du corps susceptible d’être couverte de flanelle. De nos jours, lorsque je me prélasse au soleil dans un maillot de bain purement symbolique sur la plage animée d’une petite ville de la Riviera – voir si l’été est assez clément sur les rives tout à fait comme il faut du sud de l’Angleterre – et que j’observe les corps minces et bruns des petites filles qui cabriolent dans la mer presque nues sans le moindre embarras, je suis prise d’une furieuse rancune contre les conventions sociales d’il y a vingt ans, qui ont emmailloté mon joli corps adolescent dans des couches successives de lainages, des bas de cachemire noir, des corsets dits de « liberté », des culottes sombres en jersey, des jupons de flanelle et souvent pour faire bonne mesure, des spencers tricotés à manches longues et encolure montante.
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Pas plus tard que l’autre jour, une consœur journaliste me disait avec un mélange d’amusement et de regret que j’avais plaidé la cause de l’égalité des sexes avec plus d’efficacité qu’elle ne l’aurait cru possible étant donné les enjeux du sujet, et ce, en semant simplement dans les quotidiens et les hebdomadaires des articles sur l’égalité des salaires et les carrières des femmes mariées. S’il faut la croire, je dirai seulement que je n’ai rien écrit sur les divers aspects du féminisme qui ne procède d’une conviction authentique, et que les fondements de cette conviction sont paradoxalement le fruit de mon passage par une école où la plupart des parents mettaient leurs filles pour les conditionner à être les inférieures des hommes, décoratives et satisfaites de leur sort.
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De la gare de Victoria, le jeune aviateur, toujours d'humeur joyeuse et plein d'entrain après une traversée sur une mer agitée, insista pour me conduire directement à la maison de repos à Mayfair, où je trouvai ma mère, indéniablement malade, mais plus encore en plein désarroi.
Il me parut alors, avec mes jugements à l'emporte-pièce et mes valeurs simplistes, assez inexplicable que la genération de nos aînés, qui avait simplement assisté à la guerre puisse craquer tellement plus vite que ceux d'entre nous qui avaient touché la mort ou l'horreur de si près pendant des mois et des mois. Aujourdhui, avec l'âge múr qui approche et des enfants qui occupent anxieusement mes pensées chaque fois que je dois les quitter une semaine, je mesure combien j'ai totalement sous-estimé l'effet sur la population civile, année après année, de l'espoir qui s'amenuise, du ravitaillement rationné, des coupures d'électricité, de la réduction du chauffage, de l'attente interminable de nouvelles qui étaient presque toujours mauvaises quand elles arrivaient. Ceux des gens plus âgés qui, par chance ou par habile ingéniosité, ont échappé à la monotonie de la soumission passive aux circonstances de la guerre, les colonels, plus âgés que mon père, en charge des bataillons de la défense passive, les infirmières-chefs et les commandantes de la Croix-Rouge, plus âgées que ma mère, qui ont dirigé des hôpitaux de villes ou des centres de convalescence, avaient beaucoup plus de chances de survivre en gardant leurs nerfs que ceux qui étaient seulement réduits aux craintes de leur rôle de parents.
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Que ma vie serait donc vide et sans but s'il n'en était pas le centre, s'il n'en remplissait pas tout l'horizon, s'il n'était pas la raison même d'avoir abandonné la grâce et l'étude leur substituant des heures solitaires et monotones tenaillées par la douleur ! Oh, mon chéri, pourquoi ne reviens-tu pas ? Tu me permettrais de te montrer comme je n'ai pas su le faire la dernière fois à quel point je t'aime, et ceci que tu sois replié sur toi- même, repentant, tyrannique ou tendre. "Il m'arrive de me demander si tu n'es pas qu'un amoureux imaginaire, que j'aurais inventé de toutes pièces pour mettre une note romantique dans mon existence actuelle, si morne. Mais quand on m'apporte tes lettres dans la salle, et qu'au milieu des bacs de désinfection j'aperçois ta merveilleuse écriture - ce qui me rappelle que cet amoureux imaginaire se double d'un homme de chair -, je désire si fort qu'il prenne corps, une fois de plus !... "
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