C'est un essai de mythologie américaine appliquée à quelques moments ou artistes du rock. Et pour une fois chez Marcus, il y a plus de bonnes idées et de musicologie pertinente que de délires spécieux.
Et ça parle de Harmonica Frank : jamais rien entendu de ce gus, mais ça donne envie, ça doit ressembler à un proto-Hasil Adkins plus proche du vieux country rural.
Puis d'excellents chapitres sur
Robert Johnson, Sly Stone, Randy Newman (moins bien, mais c'est peut-être parce que je ne suis pas très sensible au bonhomme), Jerry Lee Lewis et enfin Elvis.
Dans l'édition Allia, il y a plus de notes et discographies sélectives en fin d'ouvrage que la longueur du livre lui-même. Et encore, c'est écrit en plus petit. Mais c'est une mine de bons tuyaux qui donne envie de reprendre toute l'histoire, de retrouver les racines country et blues, de ré-écouter le catalogue blues de Sun, puis le rockabilly qui en dériva. de passer de longs moments en compagnie de tous ces pouilleux mal dégrossis qui ont quand même enregistré tous ces petits bijoux d'excitation sonores.
Et puis il y a dans les notes la retranscription d'un dialogue hallucinant entre Jerry Lee Lewis et
Sam Phillips (probablement enregistré sur la bande de la session) où le premier refuse absolument de chanter Great Balls Of Fire parce qu'il vient de comprendre que c'est une allusion à la Pentecôte agrémentée de paroles grivoises, et que ce serait pêché que de chanter une horreur pareille alors que la Bible dit qu'il ne faut pas visiter le côté obscur... Bref un grand délire mystico-n'importe quoi entre deux noeuds passablement allumés.
Et dire que si
Sam Phillips n'avait pas eu le dernier mot dans cet échange, hum... théologique, Jerry Lee Lewis serait resté sur sa position et la face du rock en eut été changée.