L’auteur haïtien signe «Quelque pays parmi mes plaintes», son cinquième recueil chez Cheyne éditeur, hommage poétique à son pays frappé par la douleur.
Lire la critique sur le site : Liberation
après l'éternité les bourgeons, après l'infini les feuilles vertes, puis fleurs et fruits, en attendant nous domptons la dignité d'une lessive à la main, parfois l'aube arrive, et dans le lit-tourment nous couchons à nouveau nos espérances, le jour trop lourd pour ces épaules où pendues nos mains vides...parfois surgit le pain, et nous accordons l'avantage à un soupir, nos jeunes âges préfèrent sans doute le dernier.
maintenant qu'épaissies nos salives, la chanson boite, peine à décoller, nos êtres se retrouvent gisants sur un quai à jamais esseulés, dépouillés de toute locomotive qu'on salirait du nom de vie : pour qui ne songe à tremper son cri au soleil, la nuit sera un certificat de silence
Je garde de toi le seul poème qui vaut le coup: un flot humain qui court les rues sans marcher sous l'ordre des feux rouges.
ce pays, ah ce pays, terre de poètes, dit-on souvent, mais il n'y a pas de poème dans les couloirs du parlement, parlement de poches à remplir, il n'y a pas de poésie dans les plaies corrodant nos étreintes, il n'y a pas de poésie dans le protocole des ambassades qui pissent dans nos chambres, nos lèvres blanches devant la musique vide des gamelles n'honorent pas le poème, I'enfance sommée de miser sa chair contre le pain n'enfante aucune poésie, il n'y a de poésie possible ni dans les cordons de police, ni dans les mitrailleuses officielles qui trouent nos soleils, il n'y a pas de poésie dans le trésor public qui vit loin du peuple, nul poème nul trésor
ce pays, ah ce pays, terre de poètes, dit-on souvent, par toutes fenệtres pour conférer à son visage quelque grâce, sous l'aile arrogante de nos caresses une formule qui parfois bégaie : au-delà des pages, au-delà des lumières chaudes de notre rage de vivre, aucun symptôme pour nous diagnostiquer république contaminée à la poésie
Avec douze écrivains de l'Anthologie
Avec Anne le Pape (violon) & Johanne Mathaly (violoncelle)
Avec Anna Ayanoglou, Jean d'Amérique, Camille Bloomfield & Maïss Alrim Karfou, Cyril Dion, Pierre Guénard, Lisette Lombé, Antoine Mouton, Arthur Navellou, Suzanne Rault-Balet, Jacques Rebotier, Stéphanie Vovor, Laurence Vielle.
Cette anthologie du Printemps des Poètes 2023 proposent 111 poètes contemporains et des textes pour la plupart inédits. La plus jeune a 20 ans à peine, le plus âgé était centenaire. Tous partagent notre quotidien autour de la thématique corrosive des frontières. Leurs écrits sont d'une diversité et d'une richesse stimulantes. Ils offrent un large panorama de la poésie de notre époque. Avec notamment des textes de Dominique Ané, Olivier Barbarant, Rim Battal, Tahar Ben Jelloun, Zéno Bianu, William Cliff, Cécile Coulon, Charlélie Couture, Jean D'amérique, Michel Deguy, Pauline Delabroy-Allard, Guy Goffette, Michelle Grangaud, Simon Johannin, Charles Juliet, Abdellatif Laâbi, Hervé le Tellier, Jean Portante, Jacques Roubaud, Eugène Savitzkaya, Laura Vazquez, Jean-Pierre Verheggen, Antoine Wauters…
Mesure du temps
La fenêtre qui donne sur les quais
n'arrête pas le cours de l'eau
pas plus que la lumière n'arrête
la main qui ferme les rideaux
Tout juste si parfois du mur
un peu de plâtre se détache
un pétale touche le guéridon
Il arrive aussi qu'un homme
laisse tomber son corps
sans réveiller personne
Guy Goffette – Ces mots traversent les frontières, 111 poètes d'aujourd'hui
Lumière par Iris Feix, son par Lenny Szpira
+ Lire la suite