Ripley entre deux eaux

Patricia Highsmith - Ripley entre deux eaux - **** - fini le 30 mai 2023

C'est délicieux Patricia Highsmith, tout particulièrement son héros Ripley. Là il est « entre deux eaux », on ne sait pas bien lesquels finalement. Autant dire tout de suite que ce roman est directement la suite de « Ripley et les ombres », et y fait référence à chaque page (et dans une moindre mesure à Mr Ripley), donc il ne faut pas lire ce livre sans avoir lu « les ombres » auparavant.

Pour le reste, quel plaisir de lecture ! Ripley ne vit de rien, ne fait rien, il vaque tranquillement à ses occupations (lesquelles d'ailleurs?), son jardin, la musique, ses voisins, ses amis…étonnement, et bien que j'ai vu Plein Soleil récemment, je n'identifie pas Ripley à Delon mais plutôt à un acteur plus effacé, chaleureux mais d'apparence pas roublard pour deux sous entre Podalydès et Tom Hanks.

Dans cette histoire, un mystérieux Mr Pritchard (dont le nom sera écorché tout au long du livre de manière savoureuse) harcèle Ripley et lui rappelle ses méfaits passés (relatés donc dans Ripley et les ombres). Il le poursuit jusque dans sa maison (qu'il photographie) puis à Tanger où il passe des vacances bien méritées (?) avec Héloïse sa femme, dont on ne sait pas trop ce qu'elle fait non plus dans la vie. Ripley va bien entendu se défendre et de Londres à la banlieue parisienne va fomenter un chien de sa chienne à ce Mr Pritchard.

Attention spoiler : autant Patricia Highsmith n'avait pas hésité à faire de Ripley un tueur que ce soit dans Mr Ripley (Dickie) ou dans Ripley et les ombres (Mr Murchison et Bernard qu'il pousse au suicide), là elle fait se noyer Pritchard et sa femme dans le bassin de leur villa, sous les yeux de Ripley et de son ami londonien. Leur noyade est d'ailleurs hautement improbable. Est ce que finalement Ripley les a tués mais fonctionne dans le récit en auto persuasion qu'ils se sont noyés ? Il serait en effet beaucoup plus logique que Ripley les tue et s'en sorte comme à chaque fois… Mystère, je serais curieux de savoir si la question a déjà été posé du vivant de l'écrivaine et surtout si elle y a répondu…

En attendant, Ripley est magique, le lecteur est toujours de son côté et pourtant il incarne le mal. Reflet de notre part sombre, Highsmith nous manipule à l'envie…

Ripley mène toujours une vie bourgeoise, à Belle Ombre, près de Fontainebleau. Il a convolé avec Héloïse, et s'explique sur leur relation. Leur couple fonctionne au prix d'une entente tacite, sur leur choix de ne pas avoir d'enfant, sur une présence très mesurée des beaux-parents et sur le voile dissimulant le passé de Tom. Mrs Ripley, loin d'être innocente ou naïve, fait l'autruche. Elle a bien compris que là réside son intérêt. Elle s'évade fréquemment, alléchée par les escapades que lui propose son agence de voyage. En l'occurrence, la destination sera le Maroc. Tom ne peut que se réjouir de la latitude que cela lui offre pour régler ses affaires en toute tranquillité. Car de nouveaux voisins américains, les Pritchard, semblent vouloir troubler la quiétude de Belle Ombre.
Contre toute attente, Tom prend la décision d'accompagner Héloïse au Maroc. Il aurait été plus cohérent, étant donné le mode opératoire de Tom, de le faire rester à Belle Ombre où rôde l'ennemi. Patricia Highsmith choisit un scénario tout autre. Celui-ci s'avère un peu risqué pour Héloïse que Tom abandonne à Tanger. Et pourtant l'auteur donne à voir Tom comme un époux aimant et attentionné, sincèrement préoccupé de la sécurité de sa femme.

Ripley entre deux eaux est le cinquième et dernier roman de la série des Ripley – la «Ripliade». On y voit le fringant héros confronté aux fantômes du passé, avec notamment quelques réminiscences de son enfance malheureuse. Patricia Highsmith y fait référence aux crimes perpétrés dans les précédents opus ( Monsieur Ripley et Ripley et les Ombres ) qui hantent son personnage malgré le travail salvateur de sa mémoire. La sérénité de Ripley se voit encore une fois menacée. le héros toujours ambigu, élégant, raffiné, amoureux de son jardin, et de son clavecin, est poursuivi par ses méfaits et prompt à recourir à la violence pour préserver sa vie par ailleurs si paisible.

Ce dernier épisode ne manque pas d'humour. Celui-ci tient principalement du comique de répétition, lorsque Patricia Highsmith décline des variations du nom de l'ennemi Pritchard. Ripley fait toujours face, et devant la menace de danger, peut compter sur l'amitié de ses complices. le héros s'en sort encore une fois. L'auteur nous aurait certainement gratifié de nouvelles aventures si elle ne s'était éteinte en 1995.

On suit toujours avec plaisir les aventures de l'élégant Tom (et de son épouse, un peu plus présente ici que dans d'autres volumes de la série); comme pour Agatha Christie ou Simenon qui se sont choisi un héros vivant sur des années, il ne faut pas se formaliser du passage du temps: "Ripley entre deux eaux" est censé se passer cinq ans après "Ripley et les ombres" (1970) et l'on est à l'ère du compact disc (le roman a été écrit en 1991).

Les seuls points qui m'ont un peu gêné, et qui étaient déjà présents dans certains volumes précédents, mais à un degré moindre, sont les invraisemblances de plus en plus massives et le caractère un peu expéditif du dénouement (les deux points sont d'ailleurs, d'une certaine façon, liés).

Quoi qu'il en soit cela reste un très bon souvenir de lecture.

Les films sont bien sûr meilleurs que les livres : Plein soleil de René Clément et l'inconnu du Nord Express d'Hitchcock, toutefois bien que l'ensemble soit plan-plan et que l'on ait du mal à s'identifier à un assassin, on peut lire cet opus sans s'ennuyer.

il est écrit en quatrième de couverture que Patricia HIGHSMITH est considérée comme "une auteure majeure du XXe siècle".
Les bras m'en tombent, ce livre est tout simplement nul, il ne se passe quasiment rien, l'intrigue est d'une pauvreté sans nom, les textes sont mal écrits, le style utilise à l'envi le principe des questions à chaque page, il y a des passages entiers qui sont inutiles, encombrés de détails qui ne sont que du remplissage.