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EAN : 9782259282642
198 pages
Plon (30/01/2020)
4.18/5   112 notes
Résumé :
Le témoignage qui a provoqué le #MeToo du sport ! " Vous étiez mon entraîneur. Je venais d'avoir quinze ans. Et vous m'avez violée. Il aura fallu trente ans pour que ma colère cachée se transforme enfin en cri public. Vous avez détruit ma vie, monsieur O. , pendant que vous meniez tranquillement la vôtre. Aujourd'hui, je veux balayer ma honte, la faire changer de camp. Mais je veux aussi dénoncer le monde sportif qui vous a protégé.
Quand j'ai voulu parler, à... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
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La patineuse Sarah Abitbol plusieurs fois championne de France de patinage artistique en couple, sur le podium aux championnats d'Europe et du monde, nous livre le drame qu'elle a vécu pendant plusieurs années à partir de ses 15 ans, quand son entraîneur, Monsieur O., a abusé sexuellement d'elle. Pendant longtemps, elle a caché à ses proches ce qu'il se passait jusqu'au jour où suite à une blessure qui l'immobilise, elle se confie à son petit ami. Elle sombre alors dans la dépression, angoisse de sortir de chez elle, n'arrive pas à porter plainte contre son agresseur. Elle va constater que dans le monde du sport, il faut taire certaines vérités et le soutien viendra de personnalités qui ont vécu la même chose qu'elle.

A la parution de ce témoignage, j'étais curieuse de le découvrir car on en a entendu beaucoup parler par les médias.
Ce témoignage glaçant de 150 pages environ se lit rapidement. Il permet de vivre de l'intérieur les viols répétés subis par la jeune adolescente et de partager les horreurs qu'elle a vécues des années durant, enfouies pendant longtemps puis réactivées brutalement. Ces viols et agressions sexuelles sont d'autant plus horribles qu'ils se produisaient quasiment devant témoins, dans des lieux où l'agresseur aurait pu être à tout moment démasqué. C'est même incroyable que la vérité n'ait pas éclaté avant. Malheureusement, les actes dont il est ici question n'ont pas été punis par la Justice, faute d'avoir été connus à temps.
Il est vraiment temps que les victimes osent parler, même des années après, pour que cessent ces actes inqualifiables de la part d'adultes qui ont le pouvoir sur des jeunes qui leur sont confiés.
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L'auteure témoigne avec beaucoup d'honnêteté et de force fasse aux cicatrices jamais refermées que laisse une pareille violence.
C'est une battante qui se confie à nous, une femme qui a aussi peur, peur de décevoir, peur de perdre ses fans, peur de faire du mal à ses proches.
Elle témoigne avec courage de ce qui gangrène le sport depuis toujours. Bravo
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Depuis plusieurs années la parole se libère sur les violences sexuelles vécues par les femmes. Pour que cette cause soit devenue cause nationale du gouvernement Macron, il a donc fallu que des personnes célèbres osent témoigner à visage découvert afin que l ensemble des victimes puissent oser parler.
Le cinéma, La photographie, le mannequinât, la littérature et avec le livre de Sarah Abitbol : le milieu sportif.

Son témoignage, bien que glaçant, est finalement assez classique de ce que les victimes d abus sexuels vivent.
Elle exprimé parfaitement la sideration, la dissociation (thèmes chers à Muriel Salmona, psychologue, elle même citée) et le sentiment de culpabilité et de honte inversé. La honte qui pèse sur la.victime tant que la parole n'est pas libérée et le coupable montré du doigt.

Ce qui est douloureux dans ce témoignage précisément c'est l omerta dans un milieu censé protéger et épanouir les enfants.
des parents ont eu confiance, des enfants ont eu confiance puis peur, les gens savaient et ne faisaient rien. peut on alors dire qu'ils cautionnement ? non. qu'ils sont complices ? peut être. coupable de non assistance à personne en péril ? à mon sens oui.

mais est ce si facile dans un milieu où les agresseurs se protègent de réagir ? n'est ce pas plus facile de fuir et d oublier ? et nous aurions nous eu la force ?

Sarah l a eue. bravo à elle et merci pour ces enfants qui ont ou seront épargnés grâce à son témoignage.

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Après l'affaire Polanski lors de la cérémonie des Césars (oh ! la prestation mesquine et lamentable de Florence Foresti ! ) voici les révélations de Sarah Abitbol sur des actes perpétrés sur elle, jeune adolescente, par une "personne ayant autorité", en l'occurrence son entraîneur. La victime ayant tout juste quinze ans au moment des faits, on pourrait qualifier ces agissements d'actes de pédophilie. Pire, ces actes se sont répétés pendant plusieurs années . La jeune patineuse, très douée, mais visiblement sous l'emprise de cet homme, et terrorisée à l'idée de voir s'envoler ses rêves de championne si elle dévoilait les faits, a attendu des années pour révéler ce qu'elle avait subi, laissant finalement ces actes impunis, puisque le livre paraît trente ans après les faits, et qu'il y a désormais prescription.
On peut se demander comment Sarah a pu garder, pendant de si longues années, un secret aussi lourd à porter ... à tel point qu'il lui a valu , tant sur son plan personnel que sur celui de sa jeune carrière, des aléas multiples... Phobies, telles que la peur de l'avion, découragement à la veille d'une compétition majeure, cauchemars, psychothérapies multiples, antidépresseurs bien sûr, voici une jeune vie profondément affectée par les actes d'un homme qui continue, et c'est sans doute cela le pire, d'encadrer le patinage féminin ... en toute impunité.
Beaucoup d'empathie à l'égard de cette femme, cette jeune mère résolue à faire cesser, grâce à son livre, l'omerta sur les agressions sexuelles dans le monde du sport féminin, et cela surtout pour sa fille , et toutes celles qui pourraient être exposées à ce genre d'actes ignobles, et bien sûr, s'agissant de Sarah, pour son honneur et sa reconstruction.
Le parallèle avec l'affaire Polanski était dicté par l'actualité, je n'ai aucun jugement à porter sur ce grand cinéaste, je dirai simplement que l'on ne sonne pas l'hallali sur quelqu'un qui, d'une part, n'est pas présent, et d'autre part, signe un film remarquable sur un événement majeur , l'affaire Dreyfus, intrusion au coeur de l'injustice ...
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Ce livre est un document plutôt saisissant sur le milieu du patinage artistique et ses déviances.
L'auteur a été la victime durant deux ans de viols par son entraineur, lequel était a priori réputé pour ses relations "inappropriées" (pour reprendre ses termes en réponse au livre) : écoeurant.
Comment peut-on accepter que ce genre d'évènements puisse arriver ? et surtout qui savait ?
Très intéressant, il ne peut éviter d'apporter des interrogations sur le sport et ses pratiques.
Sans compter qu'il est clairement dit ici en filigrane que c'est totalement truqué, ce que tout le monde sait finalement..
Un très bon livre, à charge, qui sera probablement suivi d'une enquête (même si il y a prescription) et de nouvelles révélations.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Monsieur O., vous étiez mon entraîneur. Je venais d'avoir quinze ans. Et vous m'avez violé.

Je devrais être heureuse, monsieur O., mais je n'y arrive pas. Je suis une handicapée de la vie, murée dans l'angoisse. Dans ma tête, je suis une proie.

Peut-être n'en avez-vous pas conscience, monsieur O., mais ce que vous avez imposé à mon corps m'a atteinte au plus profond, dans ma construction de femme. Notre société sous-estime encore trop, je crois, les conséquences d'une agression sexuelle : « C'était il y a longtemps » « il faut savoir passer à autre chose ». C'était en effet il y a trente ans. Mais le traumatisme reste gravé dans mon esprit et dans ma chair, au cœur de ce qui fonde la relation à l'autre et au monde.

C'est comme les mots. Certains ont vrillé. Ils ont aujourd'hui encore une résonance insupportable. Vous m'avez dit « Je t'aime », monsieur O., quand vous avez abusé de moi. Sachez que je n'ai quasiment jamais pu dire « Je t'aime » à un homme, ni même à ma propre fille. À mes oreilles, ce mot est sale, insupportable.

Aujourd'hui encore, j'ai beaucoup de mal. Je l'écris pour la première fois aujourd'hui. Je le regarde sur le papier. Il me répugne, il m'angoisse. Il occupe toute la page. Il dévore l'espace. Il va sauter aux yeux des lecteurs. Il va éclabousser mon image, bouleverser mon entourage, faire exploser l'omerta. Il me terrifie. Il me salit. Je voudrais l'effacer, ce mot « viol ». Et pourtant, c'est le mot juste. Vous m'avez violée.

Je n'ai jamais fait le moindre geste. Je n'étais qu'une planche inactive sur laquelle vous assouvissiez vos pulsions malades, le jouet passif et tétanisé de votre perversité.

« Elle pourra demander ce qu'elle veut, elle aura tout. » J'aurais tout ? C'est quoi, tout, quand on a perdu l'essentiel, c'est-à-dire la dignité et le respect de soi ? C'est refermer le couvercle en croyant que la boue va rester dedans, continuer sa petite carrière en faisant semblant, et vous laisser continuer la vôtre impunément ?

Vous connaissez cette sensation, lorsqu'un aliment vous a rendu malade, monsieur O. ? Votre corps s'en souvient et vos tripes aussi. Des années après, sa simple vue vous révulse. Voilà ce que votre seule présence provoque chez moi, monsieur O., la nausée.

Début janvier 2020, vous tenez encore le micro pour présenter le grand show de la troupe du club. J'espère que ce sera le dernier. Bientôt, grâce à ma parole et à celle des autres, ce sont les agresseurs qui devrons fuir, et non les victimes.

Il nous est d'autant plus difficile de parler, monsieur O., que nous avons en face de nous un véritable système. Plus j'avance dans mes recherches, plus j'en suis convaincue. Si vous avez tenu si longtemps, Monsieur O., c'est parce que tout, autour de vous, l'a permis. Beaucoup de gens ont intérêt à garder le silence. Le rompre, c'est casser des années de petits arrangements, c'est déséquilibrer tout un écosystème. Des politiques ont fermé les yeux. Des dirigeants vous ont maintenu en place. Des entraîneurs se sont tus pour ne pas risquer d'être virés ou pour protéger leurs propres turpitudes. Des femmes de coach ont mis un mouchoir sur les crimes de leurs conjoints. Des parents ont été aveuglés par leur volonté de voir leurs enfants réussir, des élèves eux-mêmes ont eu peur d'être discriminés s'ils parlaient. Chacun à son niveau, a nourri et continue de nourrir le crime.

Longtemps, mon témoignage a été inaudible. Il ne l'est plus. La petite fille qui est encore en moi ne veut plus se taire, monsieur O. Elle veut vivre en vérité. Dénoncer à visage découvert. Je ne le fais pas pour me venger, monsieur O., mais pour relever la tête et guérir, passer du statut de victime honteuse à celui d'exemple, pour aider les autres Sarah à parler, et pour protéger les Stella à venir. Ce livre sera la plus belle de mes victoires.
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Depuis, les médicaments et les souvenirs ne m’ont plus quittée. J’ai consulté des thérapeutes, des psychologues, des hypnotiseurs, des sophrologues… Lorsque des images ressurgissent, de moi et de ces gestes dégoûtants, j’essaie, comme on me l’a appris, de plaquer des images positives. Je visualise souvent un grand lac, avec un bateau au milieu. Je respire profondément, je m’allonge, je fais du yoga, je prends un bain, je mets de la musique. J’ai noté dans un grand cahier, à l’encre violette, des pages et des pages de conseils puisés dans Le moine qui vendit sa Ferrari, le livre de Robin S. Sharma : « Quand tu as une pensée négative, projette tout de suite une pensée opposée », « On peut faire des miracles avec un esprit fort et discipliné », « Ou bien tu contrôles ton esprit, ou bien c’est lui qui te contrôle »…
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C’est comme les mots. Certains ont vrillé. Ils ont aujourd’hui encore une résonance insupportable. Vous m’avez dit « Je t’aime », monsieur O., quand vous avez abusé de moi. Sachez que je n’ai quasiment jamais pu dire « Je t’aime » à un homme, ni même à ma propre fille. À mes oreilles, ce mot est sale, insupportable. Alors je le contourne. Le dire en anglais, « I love you », c’est plus simple pour moi. Ce ne sont pas les mêmes sons, du coup ce n’est pas votre voix que j’entends quand je le prononce. En parlant de sons… Savez-vous que quand la radio diffuse « Everything I Do », de Bryan Adams, qui tournait en boucle à l’époque, je coupe ? C’est plus fort que moi. Ma fille Stella me demande chaque fois pourquoi. Je lui réponds que ça me rappelle de très mauvais souvenirs. Je n’ai pas encore eu le courage de lui expliquer lesquels, elle n’a que huit ans. Mais il va falloir que je le fasse, maintenant que j’écris ce livre.
Ce n’est pas facile de dire à quarante-quatre ans qu’on a été violée à quinze ans. Je n’ai d’ailleurs jamais prononcé ce mot, sauf une fois devant ma psy, quatorze ans après.
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Ce que ces lettres désignent était trop inconcevable, trop répugnant, infiniment trop honteux pour être exprimé par la petite fille que j’étais encore. Je l’avais donc mis par écrit, de façon cachée et codée. Comme une protestation aussi dérisoire que vitale.
 
P pour « pelotée »
T pour « touchée »
S pour « sucée »
C pour « coucher »
Monsieur O., vous étiez mon entraîneur. Je venais d’avoir quinze ans. Et vous m’avez violée.
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Comme toutes les petites filles, j’ai rêvé du prince charmant. J’ai espéré le bonheur d’un premier amoureux. C’est important, dans la vie d’une femme, la découverte des corps avec quelqu’un que l’on aime. Vous me l’avez gâchée. Vous avez cassé quelque chose de fondamental en moi, je ne sais pas vraiment mettre un mot précis dessus. Je n’ai pas très envie d’exposer ici ma vie intime, ni celle de ceux qui la partagent, mais je vois bien que je dois le faire un peu, pour vous aider à comprendre. Par exemple, je ne supporte pas qu’on me touche le bout des seins. Vous vous souvenez que vous me les mordiez jusqu’au sang ? Eh bien, trente ans plus tard, les cicatrices sont toujours là, monsieur O., au sens propre comme au sens figuré.
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Vidéo de Sarah Abitbol
Avec Hélène Devynck, journaliste, autrice de impunité, Camille Kouchner, maîtresse de conférences en droit privé, autrice de la Familia grande, Axelle Jah Njiké, autrice et réalisatrice de podcasts, Hanane Ameqrane, militante féministe et lesbienne des quartiers populaires, et Sarah Abitbol, championne de patinage artistique, autrice de Un si long silence.
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