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Alexis Snell (Illustrateur)Régis de Sá Moreira (Traducteur)
EAN : 9791095604013
240 pages
Belleville éditions (09/03/2017)
3.88/5   38 notes
Résumé :
Après avoir parcouru pendant des jours et des nuits les paysages hostiles du Nordeste brésilien, Samuel trouve refuge dans une grotte à l'étrange forme de tête. L'endroit parfait pour s'installer paisiblement à l'abri des regards ! Mais Samuel se rend vite compte que, depuis son nouveau repaire, il entend les prières d'amour que les villageoises adressent à saint Antoine. Voilà l'occasion de s'occuper un peu... Les prédictions de Samuel à travers la voix du saint de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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Fruit d'un atelier d'écriture animé par Gabriel Garcia Marquez, dans cette fable au réalisme fantastique, la fantaisie qui en ressort est intimement nourrie par la croyance populaire et la religion.
Le nord-est du Brésil est la toile de fond de ce conte qui évoque l'importance de la dévotion aux saints catholiques et les pérégrinations dans la vie des millions de croyants.

L'auteure utilise une écriture crue et kinesthésique pour décrire ce qui ressentent les personnages.
En phrases courtes et bien construites elle compose une réalité palpable qui nous accapare et nous transporte.
La complexité psychologique des personnages nous met face à la simplicité et le contexte régional en différentes couches sociales retranscrit une belle échappée dans le sertao nordestino.

Socorro Acioli pratique avec talent l'art du comique dans le tragique dans une oeuvre iconoclaste, excessive et réjouissante et à sa manière célèbre les liens qui unissent l'humain à l'univers.


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Dans la famille de Samuel, les femmes ont un don étrange, celui de pouvoir prédire le jour de leur mort, cela remonte à son arrière arrière grand-mère Mafalda. Mariinha, la mère de Samuel, lui annonce qu'elle va mourir et lui fait part de ses dernières volontés. Elle veut qu'il allume trois cierges : le premier au sanctuaire du padre Cicero, le second à la statue de saint François de Canindé et le dernier à saint Antoine. Elle souhaite également qu'il se rende à Candeia rencontrer sa grand-mère et son père, qui restent sa seule famille.

Après avoir traversé les paysages hostiles du Nordeste brésilien pendant seize jours, Samuel arrive enfin à Candeia. Il se rend chez sa grand-mère qui lui annonce que son père est mort et le chasse de la maison. Samuel, crasseux et exténué, trouve refuge dans une grotte au pied de la colline. le lendemain il se rend compte que cette grotte est en réalité la tête d'une immense statue de saint Antoine. Les jours suivants, le jeune homme se met à entendre les prières d'amour que les villageoises adressent à saint Antoine. Très vite, Samuel et son nouvel ami Francisco voient une occasion de gagner de l'argent et de s'amuser un peu. Après le mariage entre Madeinusa et le docteur Adriano la rumeur du faiseur de miracle, du messager qui vit dans la tête du saint se répand comme une traînée de poudre dans toute la région. Les femmes arrivent toujours plus nombreuses, toutes avec le même souhait se marier, car dans cette région une femme qui ne se marie pas est comme un cactus sans fleur. de nombreux commerces se mettent en place, les plus lucratifs étant l'alimentation et celui des images pieuses. La radio relaye les miracles toute la journée sur les ondes et le village semble retrouver son lustre d'antan. Mais tous ne voient pas d'un bon oeil cet afflux constant de pèlerins et de croyants dans le village...

Sainte Caboche est un conte universel, une peinture d'une société très superstitieuse, où la religion a une place très importante, inspirée de véritables lieux du Nordeste, dont la tête de saint Antoine de Caridade (Ceara). le réalisme magique est au coeur du roman de Socorro Acioli, à la manière de Gabriel Garcia Marquez, dont on sent la patte (ce dernier est devenu le mentor d'Acioli après l'avoir repéré à un atelier d'écriture qu'il animait). On se prend d'affection pour Samuel et les personnages qui peuplent ce récit. Les croyances et les moeurs des habitants de Candeia, la malédiction de saint Antoine, les histoires de familles et les lourds secrets que renferme le village font de Sainte Caboche est roman passionnant où l'on ne s'ennuie pas une seule seconde !
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Je remercie les Editions Belleville pour l'envoi de ce livre, reçu dans le cadre de l'opération « Masse critique » de Babélio.

Dans « Sainte Caboche », nous suivons le personnage de Samuel, qui a fait deux promesses à sa mère, sur son lit de mort : déposer trois cierges pour son âme et se rendre au village de Candeia pour y rencontrer son père et sa grand-mère. Ce n'est pas de gaité de coeur que Samuel s'exécute, poussé par le désir de se venger de l'abandon de son géniteur en tuant ce dernier plutôt que par l'envie de lui pardonner. Arrivé au village presque entièrement déserté de Candeia, affamé et épuisé, Samuel est très mal reçu et se voit contraint de s'abriter dans l'immense tête décapitée d'une statue de Saint Antoine, ce même saint qui, croit-on là-bas, a apporté le malheur avec lui, et dont le nom est banni. Mais un miracle se produit alors : dans sa cachette, Samuel se met à entendre les prières d'amour des villageoises. Avec son nouvel ami, le jeune Francisco qui n'a pas son pareil pour les affaires, il monte un stratagème censé leur rapporter gros, mais qui va aussi permettre aux habitants de trouver l'amour et, peut-être, au village de renaître.

J'ai été étonnée de voir que ce livre se présente comme un « livre connecté » ; les NTIC semblent avoir encore frappé ! Ici, il est question de proposer un contenu ajouté, presque sous forme de réalité virtuelle, en plaçant de petits logos signifiants « note connectée » au bas de certaines pages. Un mot accompagne chaque logo, mot qu'il suffit de retaper dans la barre de recherche du site des Editions Belleville, et des informations supplémentaires sont obtenues sur un élément particulier. Est-ce que, personnellement, ça me plait ? Je ne sais pas trop. Evidemment j'ai tenté la chose, par curiosité. On n'ira sans doute pas tout regarder, seulement les notions qui nous intéressent le plus. Pour ma part, j'ai été tentée par « recette », pour commencer, et pas vraiment convaincue par les informations récoltées. Que celles-ci ne soient pas forcément de la même qualité que le livre, ou tout simplement qu'elles nous sortent de la lecture, de l'univers de l'auteur, est, je trouve, assez dommage. Pour moi, il s'agit d'une innovation amusante mais somme toute assez « gadget ». Je suis peut-être un peu trop « vieux jeu », mais j'aime que ma lecture reste une simple lecture ; je n'apprécie pas nécessairement qu'on m'en tire par mille stratagèmes. Si j'ai le besoin, ou l'envie, d'explorer une notion, je peux le faire comme une grande avec Google sans qu'une ribambelle de logos saturent mes pages.

Cela dit, l'histoire a été suffisamment prenante pour que je ne fasse rapidement plus du tout attention au reste. Les dix ou vingt premières pages m'ont toutefois un peu rebutée, je ne suis pas tout de suite entrée dans l'univers de l'auteur et ai même trouvé son style un chouïa indigeste, mais ces impressions n'ont vraiment pas duré longtemps. Dès que Samuel arrive à Candeia et que l'intrigue commence à se nouer, j'ai été prise dans le flux de l'histoire. Celle-ci m'a surprise par son humour, léger et piquant à la fois. On y trouve un certain cynisme, mais aussi des passages émouvants et la mise en avant de belles valeurs : l'amour, certes, mais aussi (et surtout, dirais-je) l'amitié. Avec « Saint Cabocle », l'originalité est au rendez-vous et ce petit livre, assez vite lu, est une véritable bouffée d'air frais. J'ai pris réellement beaucoup de plaisir à découvrir Socorro Acioli et à la suivre dans le récit léger de cette histoire sympathique, à la rencontre de toute une ribambelle de personnages vraiment très attachants.
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Juste avant de mourir, Mariinha, la mère de Samuel, lui confie quatre choses à faire.
« Je veux que tu allumes trois cierges pour le salut de mon âme. le premier au sanctuaire de mon petit padre Cicero, le deuxième à la statue de saint François de Canindé, … Et le troisième à saint Antoine, parce que c'était le saint patron de ma mère. Les trois bougies à leurs pieds, mon fils. Posées sur leurs, c'est un détail important pour moi. Mais ma première requête, c'est que tu ailles à Candeia rencontrer ta grand-mère et ton père. »
Samuel, malgré sa haine d'avoir été abandonné, par son père, dans le ventre de sa mère, sait qu'il ira là-bas pour le repos de l'âme de sa mère.
Voyageant à pied, souffrant sous le soleil, de la faim, la soif, il arrive comme une loque humaine devant sa grand-mère qui… l'envoie se coucher dans la forêt
« Toi, pars d'ici et va dans la forêt. Continue la rue, passe l'église Matriz et le cimetière, avant dans els bois, toujours tout droit sans tourner. Quand tu verras un goyavier, prends à droite, là tu trouveras un coin couvert où dormir. Hâte-toi d'y aller et repose-toi, il y a un gros orage qui arrive.
Puis elle claqua fermement la vieille porte en bois et elle disparut. »
Encore mieux que l'hôtel du Bon Accueil !
Samuel, obéit et après avoir été mordu par une meute de chiens, arrive à l'entrée d'une grotte obscure et nauséabonde qui s'avère être l'intérieur d'une tête de saint dont le corps gît plus loin. Il dort dans la tête d'un saint décapité !
« Peut-être qu'un géant avait décapité le saint, pensa t-il. Lui avait tranché le cou avec une épée, après quoi e crâne avait dévalé la colline. Il ne voyait pas d'autre explication à une telle aberration : la caboche avait roulé comme un ballon et s'était arrêtée en bas. »
A cinq heures du matin il est réveillé par des voix de femmes, alors qu'il n'y a personne. Est-ce la fièvre due à la morsure qui s'est infectée ? Pourtant, même guéri, il les entend, toujours aux mêmes horaires. Son comparse Francisco, lui, n'entend rien, seul Samuel peut les entendre et… il y a ce chant qui l'envoûte, ce chant qui l'empêche de partir, de quitter la tête.

S'ensuit un job lucratif de prédictions qui s'étend à la région, relayé par une radio locale. le village quasi abandonné à son arrivée, renait, s'anime avec tous les marchands du Temple et les autochtones qui reviennent. C'est beau un village qui renait, même pour des raisons peu « catholiques »
Pourtant, il doit partir, sa vie est en danger. Il y a des intérêts financiers, des politicards véreux, des constructions que son commerce gêne
« le projet du maire était de vendre le terrain de Candeia à une entreprise pour la construction d'une usine. Mais il ne pouvait le faire avant que toutes les maisons soient –illégalement- à son nom. »
Je n'en dirai pas plus pour ne pas divulgâcher.
Dans une très belle écriture, merci à Régis de Sa Moreira pour la traduction, Socorro Acioli me conduit dans le Nordeste brésilien pays où tout peut être superstition.
Le récit passe du cocasse au poétique, des rires aux larmes. Un voyage onirique dans une très belle langue. Une lecture envoûtante, enfin qui m'a envoûtée et que je n'ai pu lâcher. Un très beau roman populaire entre conte et modernité.

Le petit plus ? Une lecture connectée ; des balises avec un mot à copier sur le site des Editions Belleville pour écouter, voir… je n'en sais pas plus car ce livre n'étant pas encore paru, la connexion n'est pas active, à surveiller.
Sainte Caboche est le premier livre des Editions Belleville, toute nouvelle maison d'éditions. Je gage qu'avec de tels titres, elle se pérennise pour notre grand plaisir. La couverture de Fernando Chamarelli me plait beaucoup. Une jolie marque d'originalité.
« Chez Belleville, chaque livre est illustré par un artiste du pays de l'auteur. Pour le premier roman de la maison, Sainte Caboche, nous avons eu la chance de travailler avec Fernando Chamarelli, un street artist aux magnifiques oeuvres colorées, remplies de créatures exotiques étranges. »
« En 2017, embarquez avec nous au Brésil, en Moldavie, en Turquie, en Egypte et en Iran. » Préparons nos valises, les deux éditrices nous promettent de beaux voyages

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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« Sainte Caboche » de Socorro Acioli est le premier roman publié par les Editions Belleville. Traduit du portugais brésilien par Régis de Sa Moreira, il est illustré par Alexis Snell tandis que la couverture est l'oeuvre de Fernando Chamarelli. le livre renvoie à des notes connectées qui permettent d'approfondir et d'illustrer les références locales (une ville…), un personnage (un Padre…) ou un genre musical (un chanteur brésilien…)
Le lecteur est plongé dans « un roman réaliste magique », posé en sous titre du livre… Repérée par Gabriel Garcia Marquez, Socorro Acioli développe la trame de l'histoire dans l'univers fantastique, le conte, la religion et ses superstitions…
L'histoire de Samuel, le personnage principal, est propre au rite initiatique qui permet d'accéder à une autre vie. Samuel doit exaucer les dernières volontés de sa mère. Il se rend dans le village de son père qu'il ne connaît pas. La rencontre avec sa grand-mère le désoriente, alors qu'il a faim et sans abri, elle lui indique un gîte … qui se révèle être la tête d'une grande statue de saint Antoine qui n'a jamais été terminée. Blessé par de chiens et en proie au délire, il entend la voix de femmes qui prient le saint. Aidé par un garçon du village, il décide d'exploiter le don de clairaudience.
Ainsi peuvent se réaliser le changement de vie de Simon et la renaissance du village… Les jeunes femmes en quête d'un mari prient Saint Antoine, et Simon devient leur intercesseur. Argent et renommée favorisent le village et Simon… Mais les jalousies naissent, le maire corrompu est inquiet des changements… Menacé, Simon doit partir… Ainsi vont se révéler le mystère de ses origines, celui de la femme qui chante à heure fixe… L'histoire mêle faiblesses humaines, superstitions, et prédestination. Simon est contraint d'accomplir les voeux de sa mère et réalise sa destinée. le lecteur est entrainé dans un conte teinté d'exotisme, il en accepte l'accomplissement car la magie de l'histoire opère son charme.
Les chapitres sont courts, et illustrés en leur début. La langue est claire et fluide.
Les éditions Belleville ont soigné la présentation du roman. La lecture est rendue agréable par le papier et la typographie. le renvoi à des compléments et à des informations sur internet permet d'ouvrir le livre sur les techniques contemporaines.
Voilà un beau livre qui incite à poursuivre la découverte d'autres ouvrages de cette maison d'édition.
Merci aux éditions Belleville et à l'opération Masse Critique de Babelio.


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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Il restait beaucoup de choses qu’elle aurait voulu lui dire et les paroles qu’on ne dit pas aux défunts brûlent à jamais dans nos bouches.
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Era tudo tao lindo que nem coube nos seus pequenos sonhos, ela precisou aprender à sonhar mais.
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- La fin, Samuel, la vraie fin, ce sera seulement le jour où je descendrai ton cercueil dans la tombe. Tu as encore du temps.
- Tu rêves trop, Chico.
- J'ai appris de la mort. Une fois qu'on est sous terre, c'est trop tard pour rêver.
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- Eh bien, je crois que c’est un truc qu’on reconnaît seulement quand il arrive. La force étrange te prend, et bam ! Tu la sens. Une fois qu’elle te guide, tu fais ce que tu as à faire, contre vents et marées, rien ne peut t’arrêter.
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... elle n'avait pas saisi la chance de lui dire adieu. Il restait beaucoup de choses qu'elle aurait voulu lui dire et les paroles qu'on ne dit pas aux défunts brûlent à jamais dans nos bouches.
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Video de Socorro Acioli (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Socorro Acioli
Chronique de Sainte Caboche, de Socorro Acioli. Editions Belleville
Retrouvez toutes les vidéos ici : http://goo.gl/23DkUZ
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