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sur 855 notes
- Tokyo vice - est un cousin nippon de - Gomorra - d'Alberto Saviano. Leurs deux auteurs ont eu d'ailleurs besoin d'une protection rapprochée de la police pour éviter la caresse mortelle des tentacules de la pieuvre.
C'eut pu être aussi un cousin d'Amérique, de Russie, d'Albanie de Colombie et de tant d'autres pays concernés par ce phénomène.
Car au-delà de "l'exotisme" et de l'adaptation géographique, culturelle, contextuelle et circonstancielle, les yakusas font partie à part entière de l'histoire moderne de la société japonaise, au même titre que les familles des pays précédemment cités.
Et je suis surpris de lire dans les commentaires certains lecteurs s'étonner de ce "scoop", de cette "révélation" de la face cachée du Pays du Soleil-levant.
Que n'ont-ils lu de grands auteurs japonais ou vu certains films !
Car c'est presque un folklore, une carte postale touristique que ces hommes entièrement tatoués et aux mains orphelines d'un petit doigt...
En Europe, nous sommes, pour la plupart d'entre nous, familiarisés (hélas) avec des noms comme Toto Riina, Giovani Falcone, Paolo Borsellino, comme nous le sommes aux US avec ceux de Capone, de Luciano... de Cosa Nostra ou de la Mano Nera.
Naïfs sont ceux qui, séjournant à Vegas, ignorent que c'est là que les Parrains blanchissent une partie de l'argent du crime, et que la ville leur appartient.
Oublieux ceux qui n'ont plus en mémoire que Kennedy fut élu grâce aussi à la mafia, mais également assassiné aussi "à cause d'elle".
Tout ça pour dire que la mafia est au Japon ce qu'elle est à l'Italie et à de beaucoup d'autres pays... la différence n'intervenant qu'au niveau des sushis ou de la pasta... et encore ! La globalisation ayant déjà depuis quelques décennies consanguinisé ces familles. L'exemple US est là pour le démontrer, lui qui, depuis longtemps, héberge sur son sol les principales mafias des pays du monde entier.
Ce qui fait l'intérêt d'un roman journalistique, d'un roman du réel, c'est, comme pour un chasseur de vampires, de réussir à s'approcher au plus près du monstre afin de pouvoir mieux le connaître.
Et c'est ce qu'a fait Jake Adelstein, petit juif américain du Missouri, élève dissipé qui, à 19 ans, frôlant l'exclusion, est parti étudier au Japon. Diplômé d'une université tokyoïte, il va devenir le premier citoyen du pays de l'Oncle Sam à intégrer la rédaction du grand journal nippon "Yomiuri Shinbun", y faire ses classes... comme tenta de le faire en son temps dans une entreprise une certaine - Amélie-san"... mais en plus hard... cadavres, hémoglobines, alcool, drogue, prostitution, trafics en tous genres en plus !
Peu à peu Jake, passionné par son job, va devenir un gaijin plus et mieux qu'assimilé. Se faire des amis dans son milieu, dans celui des flics, et dans celui très interlope des yakusas et de tous ceux qui gravitent autour d'eux.
C'est de cette proximité que va naître ce livre qui raconte une partie de l'histoire de son auteur, son itinéraire personnel et professionnel au Japon, ses amitiés, ses amours, les affaires auxquelles il a eu accès en tant que journaliste, et celle surtout qui l'a opposé à l'un des plus célèbres yakusas du pays.
C'est le livre d'un journaliste et d'un homme, les deux se confondant parfois de manière troublante. Car à force de flirter avec la bête, on finit par lui ressembler...
"Jake, est-ce que tu as déjà pensé au fait que, si tu le détestes autant, c'est parce que tu lui ressembles beaucoup.
Vous êtes tous les deux des acharnés de travail avec une forte libido, vous êtes accros à l'adrénaline et d'incorrigibles hommes à femmes. Vous buvez trop, vous fumez trop et vous exigez de la loyauté. Vous vous montrez généreux envers vos amis et impitoyables envers vos ennemis. Vous êtes prêts à tout pour obtenir ce que vous voulez. Vous vous ressemblez beaucoup."
Ce roman a effectivement le "charme" venimeux du réel, lequel s'emploie à maquiller subtilement les repères entre "la belle et la bête."
Il n'a de déconcertant que l'effet produit par l'auteur pour brouiller les pistes afin que la plupart des protagonistes de l'oeuvre ne puissent être reconnus, identifiés, menacés... ce qui crée dans le temps et l'espace narratifs une distorsion dont il est bon d'en connaître la cause.
C'est, à ce jour, le meilleur témoignage que j'ai pu lire sur cette face méconnue ( mé... pas inconnue ) du Japon.
On ne peut pas réduire un pays, l'image qu'on en a, à un de ses composants. Mais il serait angélique de nier l'existence de ce composant, de refuser d'en comprendre le pourquoi et le comment.
Les yakusas sont nés au Japon. le Japon a donné naissance aux yakusas et contribue à leur pérennité et à leur prospérité.
Si vous voulez comprendre le rapport nébuleux et complexe entre cet oeuf et cette poule nés au "pays d'où sort le soleil", ce livre contient des éléments de réponse plus qu'intéressants.
Écrit par un journaliste qui a du métier, la lecture est aisée et jamais ennuyeuse... malgré une foule d'infos... nécessaires.
J'ajoute que pour ceux qui sont sensibilisés à la question du trafic des êtres humains, Adelstein, qui s'est investi dans ce combat, contribue à lui donner un éclairage cru, authentique et révoltant.
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Vous pensez les Japonais courtois, polis, honnêtes, réservés.
Certes, ils le sont. Mais savez-vous que le Japon recèle aussi un nombre incalculable de meurtres, de disparitions, de règlements de compte, d'usuriers sans scrupule, et bien d'autres méfaits tous plus sordides les uns que les autres. Et c'est ce que Jake Adelstein, journaliste de son état, nous dévoile ici, non sans un certain sens de l'humour.

D'abord quelques mots à propos de cet auteur. Originaire du Missouri aux Etats-Unis, Jake est parti étudier le japonais sur place. Puis, en 1993, pour mettre à l'épreuve son niveau de langue, il a passé le concours d'entrée du plus illustre journal de Tokyo, le Yomiuri Shinbun. Concours qu'il a réussi contre toute attente de sa part et des nombreux autres candidats au poste. Il a donc été le premier journaliste étranger à travailler pour un journal japonais. Je vous passe les déboires qu'il a traversés lors de sa première année. Déboires également évoqués par Amelie Nothomb si vous avez lu « Stupeur et tremblements ». Travailler au Japon lorsque l'on n'est pas Japonais n'est pas une sinécure !

Mais passons ! Voilà Jake au coeur des scandales de toutes sortes.
De faits divers en faits divers, il monte en grade au sein du journal pour se retrouver au coeur des événements du crime organisé et de la prostitution dans le quartier chaud de Tokyo. Là, il va découvrir et dénoncer le trafic d'êtres humains et la place qu'occupent les yakusas (mafia japonaise) qui disons-le carrément ont pignon sur rue, avec leurs sociétés écrans et où on peut suivre leurs aventures grâce aux fanzines ! Oui, c'est assez troublant de constater que le vice est assez voyant au Japon...
La vie de Jake va être menacée lorsqu'il va comprendre qu'un yakusa, qui n'a pas respecté leur code d'honneur, a vendu les siens pour pouvoir subir une greffe de foie aux Etats-Unis... Là aussi, la surprise est de taille mais je n'en dévoilerai pas plus. Je vous laisse le poids des mots et le choc des photos.

La lecture de ce livre est plus qu'étonnante. La société japonaise et ses codes nous sont complètement étrangers. Les règles et les lois qui régissent ce pays ne sont pas toujours comparables aux nôtres et il est donc parfois difficile d'établir un parallèle dans le degré de scandale qui peuvent faire naître les crimes organisés. Mais l'auteur, qui a appris les codes au risque de sa vie parfois, réussit toujours à nous expliquer ce qui semble irrationnel à notre logique occidentale.

Des anecdotes avant de conclure : au Japon, il existe des manuels de bonne conduite sur tous les sujets, comme par exemple le manuel du parfait suicide. Les Japonais aiment suivre les codes de bonne conduite, connus sous le nom de Tao.
Dans ce livre, écrit comme un polar, la place des femmes est peu gratifiante. Elles sont soit hôtesses de bar, soit prostituées. Jake Adelstein n'a croisé qu'une femme-journaliste dont la carrière a été brève ; il faut aussi savoir que le Japon est un pays très sexiste !

Bref, une lecture qui secoue et vous envoie un sacré uppercut dû au choc des cultures.

NB : Jake Adelstein continue à vivre au Japon car il tient à préciser que ce pays a de très bons cotés aussi, ne serait-ce que pour sa sécurité sociale...
Par contre, son livre n'y a jamais été publié !

Lien : http://mespetitesboites.net
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Tout est vrai dans ce livre-enquête au point de vue unique : celui du seul journaliste occidental admis dans le club de presse de la police métropolitaine de Tokyo. Une dizaine d'années à couvrir les aspects les plus sombres du Japon avec en fil conducteur, les fameux Yakuzas : extorsions, assassinats, corruption, traite des êtres humaines, prostitution, une vraie plongée dans les bas-fonds de Tokyo jusqu'à l'ultime scoop qui met sa vie en danger. S'il reste en vie, c'est que les Yakuzas croient qu'il est agent de la CIA.
Voilà une chronique extrêmement informative, souvent trépidante avec des scènes souvent truculentes comme lorsque le narrateur se rend chez un inspecteur important et cherche à l'amadouer en apportant des glaces à sa fille.
Cela peut faire penser à Gomorra sur la mafia napolitaine, mais Tokyo vice manque un peu de " chair ", comme si l'auteur avait eu besoin de recul pour pouvoir décrire ce qu'il a vécu. Certains chapitres s'enchaînent comme une suite de micro- enquêtes sans qu'on s'y intéresse complètement. Mais dès que l'auteur revient sur le terrain des Yakuzas, cela redevient passionnant.
A noter que ce livre n'a jamais été publié au Japon, les éditeurs n'ont pas osé suivre ...
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En 1993, Jake Adelstein a 24 ans quand il intègre le Yomiuri Shinbun, le quotidien le plus vendu de la planète. Contre toute attente, un juif américain, un ''gaijin'', est embauché pour travailler à l'égal des journalistes japonais dans ce journal conservateur qui recrute les meilleurs dans les grandes universités de Tokyo. Il y restera 12 ans, commençant sa carrière par des affaires mineures en banlieue pour finir au press club de la police de Tokyo à enquêter sur les yakuzas, du blanchiment d'argent au trafic d'êtres humains. Quand, menacé de mort par la mafia nippone, il quitte le journal, et même le pays, il continue son travail d'investigation pour faire tomber Tadamasa Goto, l'un des dirigeants yakuza les plus importants. Sa femme et ses enfants en sécurité aux Etats-Unis, il revient à Tokyo, protégé par la police et se payant les services d'un garde du corps personnel.
Dans Tokyo vice, le journaliste raconte par le menu sa difficile intégration au sein du journal, sa découverte de l'entreprise, le respect de la hiérarchie, les horaires de travail étirables à l'envi, la recherche d'informateurs dans tous les milieux, les rapports parfois houleux avec la police, son immersion dans les quartiers chauds de la ville, ses relations ambiguës avec les voyous et, bien sûr, ses enquêtes au sein de la pieuvre yakuza.

Reportage journalistique, documentaire sociétal, récit initiatique, polar noir non fictionnel...Tokyo vice est tout cela à la fois. C'est le témoignage engagé, sans doute partial, mais incroyablement vivant d'un jeune journaliste qui fait ses armes dans une société dont il apprend en même temps les usages. Loin d'un Japon idyllique, policé et zen, Adelstein raconte la violence, la prostitution, la traite d'êtres humains, les bas-fonds, les accointances entre politique et mafia, les policiers démunis, la puissance des yakuza. Parés d'une aura de mystère, craints et respectés, ces mafieux ont longtemps bénéficié d'une image romanesque mais les temps ont changé, le code d'honneur n'est plus respecté, les civils non plus, l'argent est devenu roi et justifie toutes les exactions. Usure, immobilier, drogue, commerce du sexe, les yakuza ont la main mise sur tout ce qui permet de soutirer, extorquer, engranger de l'argent, manipuler, menacer, tuer ceux qui résistent.
Un récit nerveux, parfois drôle, souvent effrayant, émouvant aussi quand il évoque ce policier intègre, mort d'un cancer dans l'indifférence générale ou cette collègue journaliste suicidée après une mise au placard injuste ou encore cette amie prostituée disparue sans laisser d'adresse alors qu'elle enquêtait pour lui. le style est journalistique donc sans grand relief mais le témoignage est suffisamment fort pour faire abstraction des imperfections et des répétitions. Sincère et instructif.
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Chapeau bien bas pour le tour de force et saluons l'audace de Jake Adelstein. Il semble qu'intégrer un des plus grands journaux japonais , pour un étranger, soit tout un exploit.
Avant d'exposer mon opinion, permettez-moi de commenter l'édition. Mention spéciale 5 étoiles pour le travail léché. Magnifique illustration de couverture de Guillaume Gullpart, les titres de chapitre à la japonaise, donc à la verticale, les notes et commentaires à côté du texte, vraiment, une mise en page exemplaire et innovante. Bravo.
Tokyo Vice ce sont les mémoires de ce "gaijin", embauché comme journaliste au Yomiuri Shinbun (rien que plus ou moins 15 millions de lecteurs) . C'est aussi un peu l'histoire de son intégration à la société japonaise ce qui ne semble pas si évident.
Il commence donc par couvrir la banlieue tokyoïte et ses petites délinquances durant quelques années. Et vient la mutation vers le grand Tokyo où il suivra les enquêtes pour homicides, suicides, disparitions, prostitutions, trafics, etc.
Il y découvre le "grand crime organisé". Enquêter sur les "yakuzas" avec tout ce que cela comporte de dangers, de menaces personnelles ou pour l'entourage, relève clairement de plus que de l'esprit d'aventure.
Jake Adelstein s'acharnera en particulier sur un leader de cette pègre japonaise surnommé le "vautour". Vautour qui a fait son argent dans les prêts usuraires entre autres choses.
Toutefois, je ressens un malaise en refermant ce livre. Malaise qui ne concerne pas l'exploit de l'auteur mais plutôt sa personnalité. Je ne crois pas que j'aimerais ce genre de personne. Malgré que ce qu'il a fait en dénonçant les pratiques hautement criminelles des yakuzas soit des plus louables, ce genre de personnage ne me plait pas. Centré sur lui-même, égoïste, individualiste, plein de soi, non il ne m'a pas plu. Je suis peut-être trop sévère mais c'est ce que j'ai ressenti. Même quand il nous raconte son inquiétude pour sa famille ( 2 petits enfants, 1 conjointe) ou pour son amie (Helena) ça m'a semblé artificiel comme préoccupations, bien loin d'être senti. Son empathie devenait obligation et non compassion...enfin...
Mais soyons honnête c'est une lecture hautement intéressante et Tokyo Vice se lit comme un roman de chroniques du Japon moderne.
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Le Yomiuri Shinbun est le grand quotidien japonais, le plus vendu de la planète à 13 millions d'exemplaires par jour. Sur sa page The Japan News - Breaking News, ce mardi 14 juillet fameux défilé : Japan to digitize tax data management system / Tokyo, centrals goverments to adress problems of losing contact with virus carriers / July sumo tournament to be held with spectators / The Emperor Emiritus finds new goby species.


Fascinant Japon aux multiples facettes. Intrigants Japonais plus complexes que les kanjis, plus fuyants que les noodles au bouillon (ramen), plus insaisissables que les Anglais ! Un soir ou plutôt une nuit de mai 1989, alors que nous étions à Akashi, un collègue m'informait que le Japon était un des pays les plus sûr au monde, la mafia suppléant au besoin la police pour assurer la tranquillité des rues. Ouf ! Encore fallait-il pouvoir retrouver son chemin.


Plus d'une fois j'étais comme Bill Murray Lost in Translation(*) à ceci près que manquait Scarlett Johansson. Akashi n'est absolument pas Tokyo, mais je m'égare. Tout ceci pour souligner le mérite de l'auteur Jake Adelstein premier journaliste occidentale à intégrer le Yomiuri Shinbun qui dans ce livre nous emmène dans un grand reportage sur les pratiques des yakuzas, plus précisément dans une filiale des Yamaguchi-gumi la plus importante famille mafieuse japonnaise, aux basques de Tadamasa Goto.


Cette passionnante enquête se lit facilement, elle lève un coin du voile, mais pas plus sur des pratiques de collusions entre mafia-police-presse-politique-finance dans un pays dont la corruption et le mode de fonctionnement déboucha en 1994 sur la dérive du système bancaire et la faillite de plusieurs banques et entreprises. Donc un éclairage intéressant mais forcément parcellaire de la face cachée d'un archipel tentaculaire et singulier. Un grand reportage ou devrais-je dire un grand témoignage au vu de l'implication totale de l'auteur.


Pour ma part je déplore un peu la façon, du coup très américaine, dont Jake Adelstein en profite pour se mettre en scène, mais je suis particulièrement peu réceptif aux autobiographies et cet aspect qui le rendra sympathique à beaucoup m'a semblé parfois du remplissage. L'écriture sinon est efficace, les faits dignes d'intérêt, le réalisme éclairant.


(*) Un film émouvant qui permet de ressentir le choc culturel d'un séjour prolongé au Japon.
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Ça aurait pu être un roman ; ça aurait pu être une enquête ; ça aurait pu être un récit autobiographique… Jake Adelstein a choisi de prendre un peu de tout ça pour écrire Tokyo Vice traduit par Cyril Gay, ce qui donne un livre hybride pas toujours facile à suivre.

Rare journaliste américain ayant réussi à se faire embaucher au sein du prestigieux Yomiuri Shimbun, Jake va au fil de ses reportages découvrir la face sombre de la société japonaise des yakuzas et du sexe tarifé : corruption, exploitation, avilissement et assassinats comme symboles de la puissance.

Avançant sur l'étroite ligne de crète sensée positionner la presse entre les gangs mafieux et la police qui les combat à son rythme passif quand elle n'est pas corrompue, Jake va se lancer dans un véritable duel personnel contre Tadamasa Goto, fer de lance du Yamaguchi-gumi.

Un combat risqué d'influences et de corruptions, où tous les coups – surtout bas – sont permis, y compris pour Jake : « Évidemment que je coucherais avec une femme pour des infos. Je suis une irrémédiable pute de l'info. »

Bon, on ne va pas se mentir, malgré l'agréable compagnie de mes yakouzettes de co-lecture @BeaBooks et @Hanyrauz, je me suis ennuyé ferme dans cette lecture peu structurée où le sexe est triste, l'auteur peu empathique et l'intrigue très nébuleuse. Reste un angle sociétal intéressant, mais pas suffisant.

À la croisée des genres, Tokyo Vice se cherche et se perd, et moi avec. Dommage…
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Une plongée fascinante dans le Japon des yakuzas. L'auteur est un journaliste américain travaillant dans un grand quotidien japonais. Il raconte son parcours dans ce milieu dont il n'a pas toujours les codes, et qui va s'avérer dangereux. le style est vivant et enlevé, avec beaucoup d'humour.
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C'est sûr qu'après ce livre, je ne verrai plus jamais le Japon de la même façon. Je connaissais les mangas, les cerisiers, les tsunamis. Dans cette bio, je découvre la mafia des yakuzas, officiellement 58 600 membres fin 2013. C'est la plus grande organisation au monde d'un groupe de crime organisé. Jake Adelstein est arrivé au Japon à 19 ans pour y poursuivre des études de journalisme. En 1993, il est embauché dans un quotidien japonais, le plus vendu sur la planète.
Il nous raconte son embauche, accompagné des rituels propres au pays. Je ne pensais pas qu'il y avait autant de codes en usage chez les nippons. Certains sont drôles, d'autres ridicules pour un européen. En tant que journalisme d'investigation, il nous entraîne dans les milieux de la prostitution et tout ce qui tourne autour et qui fait du fric. le tout chapeauté par la mafia. Beaucoup de similitudes avec Gomorra de Roberto Saviano. Normal puisque les deux ont le même métier et dénoncent à peu près la même chose. Par contre le style est différent. L'auteur se met en scène sans fausse pudeur ni orgueil. Des témoignages de prostitués qui font froid dans le dos. Ce qu'il dit de sa sexualité après ces révélations est d'une grande force. Il a porté une grosse pierre pour démanteler ces réseaux, au risque de sa vie et de ses proches. Espérons que cela continue à porter ses fruits.
Visiblement Marchialy est une nouvelle maison d'édition. J'ai apprécié les bas de pages (qu'il faudrait dans ce cas renommer) qui sont placés dans la marge au niveau de l'astérisque.
De la qualité comme ça, j'en redemande.

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C'est un ouvrage vraiment exceptionnel que ce témoignage de Jake Adelstein sur la mainmise des yakuzas au Japon dont je n'avais pas pleinement conscience avant lecture. Exceptionnel en ce qu'il est le premier occidental à avoir pu intégrer le plus grand quotidien du pays et à avoir pu enquêter comme il l'a fait sur divers milieux du crime au pays du Soleil Levant, finalement au risque de sa vie et de celle de sa famille.

Nous découvrons ainsi par son intermédiaire le fonctionnement des médias japonais, de la façon d'y entrer jusqu'à celle d'en grimper les échelons, bien différent de celui de nos propres médias, et ce que signifie y être journaliste. Tout un réseau est nécessaire pour pouvoir faire dans de bonnes conditions son métier : connaissance approfondie de nombreux policiers que l'on appâte par des « cadeaux » (gourmandises, cigarettes…) et à qui l'on doit rendre visite régulièrement, passage par de nombreux lieux de débauche, dans lesquels il faut parfois payer énormément pour obtenir la moindre petite information de la part des hôtesses, prostituées… La concurrence est rude entre les journaux, et le travail énorme pour s'y faire une place, qui plus est lorsque la majorité des articles sont publiés de manière anonyme.

De 1993, début de son contrat avec le Yomiuri Shinbun, à 2005, moment où il va en démissionner en raison de la menace qui pèse sur lui et sa famille suite à ses recherches sur les milieux du trafic d'êtres humains et du crime organisé, Jake nous raconte dans les moindres détails ses enquêtes, dignes d'un travail de policier, pour obtenir les infos dont il a besoin pour écrire ses articles. Il relate également les difficultés qu'il rencontre à ses débuts pour se faire accepter comme journaliste accompli, étant un gaijin (étranger) – une belle preuve que les japonais sont particulièrement xénophobes, donc pas facile de se faire une place dans ce milieu lorsqu'on est juif américain avec une tête d'iranien, comme le fait souvent remarquer l'auteur avec beaucoup de dérision au fil de son témoignage -, même s'il finira progressivement par grimper plusieurs échelons. Il revient aussi sur les conséquences de ce métier et des sacrifices qu'il demande à son entourage, et peut-être plus encore à sa propre morale qui va prendre de sacrés coups, et lui faire goûter à ce vice sur lequel il enquêtera pendant ces douze années au Japon. le tout se lit avec beaucoup de fluidité, et l'on a presque parfois l'impression d'être plongé dans un polar, tant le journaliste parvient à nous décrire avec minutie et brio tout ce qu'il a vécu durant sa carrière japonaise, notamment sa découverte progressive et plus que perturbante d'une image étonnante de son pays d'adoption.

Tokyo Vice est un témoignage passionnant, vraiment éclairant sur un pays qui fascine bien souvent, mais qui est finalement bien moins lisse qu'il n'y paraît, surtout lorsque l'on en découvre de diverses manières ses méandres, comme a pu le faire Jake Adelstein durant une décennie.
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