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sur 854 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
- Tokyo vice - est un cousin nippon de - Gomorra - d'Alberto Saviano. Leurs deux auteurs ont eu d'ailleurs besoin d'une protection rapprochée de la police pour éviter la caresse mortelle des tentacules de la pieuvre.
C'eut pu être aussi un cousin d'Amérique, de Russie, d'Albanie de Colombie et de tant d'autres pays concernés par ce phénomène.
Car au-delà de "l'exotisme" et de l'adaptation géographique, culturelle, contextuelle et circonstancielle, les yakusas font partie à part entière de l'histoire moderne de la société japonaise, au même titre que les familles des pays précédemment cités.
Et je suis surpris de lire dans les commentaires certains lecteurs s'étonner de ce "scoop", de cette "révélation" de la face cachée du Pays du Soleil-levant.
Que n'ont-ils lu de grands auteurs japonais ou vu certains films !
Car c'est presque un folklore, une carte postale touristique que ces hommes entièrement tatoués et aux mains orphelines d'un petit doigt...
En Europe, nous sommes, pour la plupart d'entre nous, familiarisés (hélas) avec des noms comme Toto Riina, Giovani Falcone, Paolo Borsellino, comme nous le sommes aux US avec ceux de Capone, de Luciano... de Cosa Nostra ou de la Mano Nera.
Naïfs sont ceux qui, séjournant à Vegas, ignorent que c'est là que les Parrains blanchissent une partie de l'argent du crime, et que la ville leur appartient.
Oublieux ceux qui n'ont plus en mémoire que Kennedy fut élu grâce aussi à la mafia, mais également assassiné aussi "à cause d'elle".
Tout ça pour dire que la mafia est au Japon ce qu'elle est à l'Italie et à de beaucoup d'autres pays... la différence n'intervenant qu'au niveau des sushis ou de la pasta... et encore ! La globalisation ayant déjà depuis quelques décennies consanguinisé ces familles. L'exemple US est là pour le démontrer, lui qui, depuis longtemps, héberge sur son sol les principales mafias des pays du monde entier.
Ce qui fait l'intérêt d'un roman journalistique, d'un roman du réel, c'est, comme pour un chasseur de vampires, de réussir à s'approcher au plus près du monstre afin de pouvoir mieux le connaître.
Et c'est ce qu'a fait Jake Adelstein, petit juif américain du Missouri, élève dissipé qui, à 19 ans, frôlant l'exclusion, est parti étudier au Japon. Diplômé d'une université tokyoïte, il va devenir le premier citoyen du pays de l'Oncle Sam à intégrer la rédaction du grand journal nippon "Yomiuri Shinbun", y faire ses classes... comme tenta de le faire en son temps dans une entreprise une certaine - Amélie-san"... mais en plus hard... cadavres, hémoglobines, alcool, drogue, prostitution, trafics en tous genres en plus !
Peu à peu Jake, passionné par son job, va devenir un gaijin plus et mieux qu'assimilé. Se faire des amis dans son milieu, dans celui des flics, et dans celui très interlope des yakusas et de tous ceux qui gravitent autour d'eux.
C'est de cette proximité que va naître ce livre qui raconte une partie de l'histoire de son auteur, son itinéraire personnel et professionnel au Japon, ses amitiés, ses amours, les affaires auxquelles il a eu accès en tant que journaliste, et celle surtout qui l'a opposé à l'un des plus célèbres yakusas du pays.
C'est le livre d'un journaliste et d'un homme, les deux se confondant parfois de manière troublante. Car à force de flirter avec la bête, on finit par lui ressembler...
"Jake, est-ce que tu as déjà pensé au fait que, si tu le détestes autant, c'est parce que tu lui ressembles beaucoup.
Vous êtes tous les deux des acharnés de travail avec une forte libido, vous êtes accros à l'adrénaline et d'incorrigibles hommes à femmes. Vous buvez trop, vous fumez trop et vous exigez de la loyauté. Vous vous montrez généreux envers vos amis et impitoyables envers vos ennemis. Vous êtes prêts à tout pour obtenir ce que vous voulez. Vous vous ressemblez beaucoup."
Ce roman a effectivement le "charme" venimeux du réel, lequel s'emploie à maquiller subtilement les repères entre "la belle et la bête."
Il n'a de déconcertant que l'effet produit par l'auteur pour brouiller les pistes afin que la plupart des protagonistes de l'oeuvre ne puissent être reconnus, identifiés, menacés... ce qui crée dans le temps et l'espace narratifs une distorsion dont il est bon d'en connaître la cause.
C'est, à ce jour, le meilleur témoignage que j'ai pu lire sur cette face méconnue ( mé... pas inconnue ) du Japon.
On ne peut pas réduire un pays, l'image qu'on en a, à un de ses composants. Mais il serait angélique de nier l'existence de ce composant, de refuser d'en comprendre le pourquoi et le comment.
Les yakusas sont nés au Japon. le Japon a donné naissance aux yakusas et contribue à leur pérennité et à leur prospérité.
Si vous voulez comprendre le rapport nébuleux et complexe entre cet oeuf et cette poule nés au "pays d'où sort le soleil", ce livre contient des éléments de réponse plus qu'intéressants.
Écrit par un journaliste qui a du métier, la lecture est aisée et jamais ennuyeuse... malgré une foule d'infos... nécessaires.
J'ajoute que pour ceux qui sont sensibilisés à la question du trafic des êtres humains, Adelstein, qui s'est investi dans ce combat, contribue à lui donner un éclairage cru, authentique et révoltant.
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Vous pensez les Japonais courtois, polis, honnêtes, réservés.
Certes, ils le sont. Mais savez-vous que le Japon recèle aussi un nombre incalculable de meurtres, de disparitions, de règlements de compte, d'usuriers sans scrupule, et bien d'autres méfaits tous plus sordides les uns que les autres. Et c'est ce que Jake Adelstein, journaliste de son état, nous dévoile ici, non sans un certain sens de l'humour.

D'abord quelques mots à propos de cet auteur. Originaire du Missouri aux Etats-Unis, Jake est parti étudier le japonais sur place. Puis, en 1993, pour mettre à l'épreuve son niveau de langue, il a passé le concours d'entrée du plus illustre journal de Tokyo, le Yomiuri Shinbun. Concours qu'il a réussi contre toute attente de sa part et des nombreux autres candidats au poste. Il a donc été le premier journaliste étranger à travailler pour un journal japonais. Je vous passe les déboires qu'il a traversés lors de sa première année. Déboires également évoqués par Amelie Nothomb si vous avez lu « Stupeur et tremblements ». Travailler au Japon lorsque l'on n'est pas Japonais n'est pas une sinécure !

Mais passons ! Voilà Jake au coeur des scandales de toutes sortes.
De faits divers en faits divers, il monte en grade au sein du journal pour se retrouver au coeur des événements du crime organisé et de la prostitution dans le quartier chaud de Tokyo. Là, il va découvrir et dénoncer le trafic d'êtres humains et la place qu'occupent les yakusas (mafia japonaise) qui disons-le carrément ont pignon sur rue, avec leurs sociétés écrans et où on peut suivre leurs aventures grâce aux fanzines ! Oui, c'est assez troublant de constater que le vice est assez voyant au Japon...
La vie de Jake va être menacée lorsqu'il va comprendre qu'un yakusa, qui n'a pas respecté leur code d'honneur, a vendu les siens pour pouvoir subir une greffe de foie aux Etats-Unis... Là aussi, la surprise est de taille mais je n'en dévoilerai pas plus. Je vous laisse le poids des mots et le choc des photos.

La lecture de ce livre est plus qu'étonnante. La société japonaise et ses codes nous sont complètement étrangers. Les règles et les lois qui régissent ce pays ne sont pas toujours comparables aux nôtres et il est donc parfois difficile d'établir un parallèle dans le degré de scandale qui peuvent faire naître les crimes organisés. Mais l'auteur, qui a appris les codes au risque de sa vie parfois, réussit toujours à nous expliquer ce qui semble irrationnel à notre logique occidentale.

Des anecdotes avant de conclure : au Japon, il existe des manuels de bonne conduite sur tous les sujets, comme par exemple le manuel du parfait suicide. Les Japonais aiment suivre les codes de bonne conduite, connus sous le nom de Tao.
Dans ce livre, écrit comme un polar, la place des femmes est peu gratifiante. Elles sont soit hôtesses de bar, soit prostituées. Jake Adelstein n'a croisé qu'une femme-journaliste dont la carrière a été brève ; il faut aussi savoir que le Japon est un pays très sexiste !

Bref, une lecture qui secoue et vous envoie un sacré uppercut dû au choc des cultures.

NB : Jake Adelstein continue à vivre au Japon car il tient à préciser que ce pays a de très bons cotés aussi, ne serait-ce que pour sa sécurité sociale...
Par contre, son livre n'y a jamais été publié !

Lien : http://mespetitesboites.net
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Tout est vrai dans ce livre-enquête au point de vue unique : celui du seul journaliste occidental admis dans le club de presse de la police métropolitaine de Tokyo. Une dizaine d'années à couvrir les aspects les plus sombres du Japon avec en fil conducteur, les fameux Yakuzas : extorsions, assassinats, corruption, traite des êtres humaines, prostitution, une vraie plongée dans les bas-fonds de Tokyo jusqu'à l'ultime scoop qui met sa vie en danger. S'il reste en vie, c'est que les Yakuzas croient qu'il est agent de la CIA.
Voilà une chronique extrêmement informative, souvent trépidante avec des scènes souvent truculentes comme lorsque le narrateur se rend chez un inspecteur important et cherche à l'amadouer en apportant des glaces à sa fille.
Cela peut faire penser à Gomorra sur la mafia napolitaine, mais Tokyo vice manque un peu de " chair ", comme si l'auteur avait eu besoin de recul pour pouvoir décrire ce qu'il a vécu. Certains chapitres s'enchaînent comme une suite de micro- enquêtes sans qu'on s'y intéresse complètement. Mais dès que l'auteur revient sur le terrain des Yakuzas, cela redevient passionnant.
A noter que ce livre n'a jamais été publié au Japon, les éditeurs n'ont pas osé suivre ...
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En 1993, Jake Adelstein a 24 ans quand il intègre le Yomiuri Shinbun, le quotidien le plus vendu de la planète. Contre toute attente, un juif américain, un ''gaijin'', est embauché pour travailler à l'égal des journalistes japonais dans ce journal conservateur qui recrute les meilleurs dans les grandes universités de Tokyo. Il y restera 12 ans, commençant sa carrière par des affaires mineures en banlieue pour finir au press club de la police de Tokyo à enquêter sur les yakuzas, du blanchiment d'argent au trafic d'êtres humains. Quand, menacé de mort par la mafia nippone, il quitte le journal, et même le pays, il continue son travail d'investigation pour faire tomber Tadamasa Goto, l'un des dirigeants yakuza les plus importants. Sa femme et ses enfants en sécurité aux Etats-Unis, il revient à Tokyo, protégé par la police et se payant les services d'un garde du corps personnel.
Dans Tokyo vice, le journaliste raconte par le menu sa difficile intégration au sein du journal, sa découverte de l'entreprise, le respect de la hiérarchie, les horaires de travail étirables à l'envi, la recherche d'informateurs dans tous les milieux, les rapports parfois houleux avec la police, son immersion dans les quartiers chauds de la ville, ses relations ambiguës avec les voyous et, bien sûr, ses enquêtes au sein de la pieuvre yakuza.

Reportage journalistique, documentaire sociétal, récit initiatique, polar noir non fictionnel...Tokyo vice est tout cela à la fois. C'est le témoignage engagé, sans doute partial, mais incroyablement vivant d'un jeune journaliste qui fait ses armes dans une société dont il apprend en même temps les usages. Loin d'un Japon idyllique, policé et zen, Adelstein raconte la violence, la prostitution, la traite d'êtres humains, les bas-fonds, les accointances entre politique et mafia, les policiers démunis, la puissance des yakuza. Parés d'une aura de mystère, craints et respectés, ces mafieux ont longtemps bénéficié d'une image romanesque mais les temps ont changé, le code d'honneur n'est plus respecté, les civils non plus, l'argent est devenu roi et justifie toutes les exactions. Usure, immobilier, drogue, commerce du sexe, les yakuza ont la main mise sur tout ce qui permet de soutirer, extorquer, engranger de l'argent, manipuler, menacer, tuer ceux qui résistent.
Un récit nerveux, parfois drôle, souvent effrayant, émouvant aussi quand il évoque ce policier intègre, mort d'un cancer dans l'indifférence générale ou cette collègue journaliste suicidée après une mise au placard injuste ou encore cette amie prostituée disparue sans laisser d'adresse alors qu'elle enquêtait pour lui. le style est journalistique donc sans grand relief mais le témoignage est suffisamment fort pour faire abstraction des imperfections et des répétitions. Sincère et instructif.
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Une plongée fascinante dans le Japon des yakuzas. L'auteur est un journaliste américain travaillant dans un grand quotidien japonais. Il raconte son parcours dans ce milieu dont il n'a pas toujours les codes, et qui va s'avérer dangereux. le style est vivant et enlevé, avec beaucoup d'humour.
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Coup de coeur des libraires, polar, Japon, il ne m'en fallait pas plus pour attiser ma curiosité.
L'histoire est celle du premier journaliste occidental à travailler pour le quotidien Yomiuri Shinbun. de nombreuses « critiques » vous donneront plus de détails si besoin.
Plus qu'un polar, c'est avant tout un livre de chroniques sur le Japon moderne.
Surprenante, intéressante, déroutante, une lecture idéale pour l'été
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Un récit autobiographique très bien construit, vivant, rythmé et précis à travers les rues sombres d'un Japon loin des cartes postales. L'humour de l'auteur et la qualité de nombreux dialogues accrochent ! Quelques descriptions sociétaires sont très intéressantes, malgré un ton parfois un peu trop... touriste américain !
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Un livre choc, une enquête vérité dans la partie sombre et méconnue du Japon. Ce journaliste d'investigation ne manque ni de courage, ni de détermination pour aller chercher ses informations auprès de la police ou encore des...yakusas. Il est totalement absorbé par son métier qui le mène à obtenir un scoop au risque de mettre en danger sa vie et celle de ses proches. Il est très sensible à la détresse des femmes étrangères esclaves sexuelles et se heurtera à un mur d'obstacles pour faire arrêter le trafic.
Mais il ne peut changer le système de lois, les organisations mafieuses tiennent le pays et les morts tombent quand on cherche de trop près.
Livre qui alerte, qui en apprend beaucoup, Comme Saviano en Italie, en plus teigneux.
Mise en pages étonnante, travaillée de façon efficace, du jamais vu, on devrait s'en inspirer chez nous, surtout pour les notes de bas de page qui viennent en encart à la bonne place, tout un art!
Mérite d'être connu.
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Livre acheté sur un coup de tête après l'avoir vu passer sur Babelio, Tokyo Vice aura été une lecture intéressante et fort instructive pour moi.
J'ai beaucoup appris sur le Japon en général, mais surtout sur son journalisme, sa police, et les liens étroits qu'il peut y avoir entre les deux.
L'auteur, Jake Adelstein, est un américain qui s'est retrouvé, un peu par hasard et après quelques pérégrinations, journaliste dans la presse japonaise ; il y aura passé de nombreuses années, côtoyant ses collègues journalistes mais aussi les policiers, et les bas fonds de la société japonaise.
C'est un récit journalistique intéressant à défaut d'être palpitant (quelques longueurs çà et là), en tout cas surprenant et inquiétant par son réalisme, tant la société japonaise semble gangrenée par les yakuzas et gangs divers et variés.
L'auteur en aura risqué sa vie et celle de sa famille.
Une lecture intéressante pour tous ceux qui voudraient approfondir leur connaissance du Japon...
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Quatre étoiles en hommage à l'audace (inconscience ?) de ce blanc immergé au pays du soleil levant sur les codes et méfaits de la grande famille des malfrats "Y".
La succession de scoops appelle à une lecture fragmentée. L'écriture est lapidaire, factuelle, dénuée d'attrait. Seuls fixent l'attention le coup de projecteur sur une facette fermée de l'étonnant Japon, ainsi que la découverte du journalisme façon nippon.
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