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EAN : 9782081323957
125 pages
Flammarion (02/10/2013)
4.14/5   7 notes
Résumé :
Non, la France n'est pas en retard, elle est en avance sur la protection, la loi, de la dignité des personnes et de leur corps.En posant la question des mères porteuses , ce livre n'a pas d'autre but que de défendre cette dignité. La femme n'est pas un outil vivant.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
"Corps en miette", de Sylviane AGACINSKI a été publié en 2009. La nouvelle édition que je viens de lire (Flammarion, 2013), a été revue, complétée et actualisée par l'auteure.
Le propos reste le même. Quel sens éthique peut-on donner à l'enfantement par une mère porteuse ? Quel est le baby business qui se cache derrière cette pratique rebaptisée, pudiquement ‘GPA' pour ‘gestation pour autrui' ?
Dans la foulée d'une kyrielle de grands penseurs de l'humanité mais avec des termes simples, des mots et des phrases à la portée des citoyens que sont les lecteurs, Sylviane AGACINSKI, philosophe, dénonce la violence extrême qui prévaut dans cette pratique de ‘location d'un corps, usine biotechnologique à bébés !'
Avec justesse, elle démonte les manigances des lobbies qui tirent les ficelles et des bénéfices juteux, en invitant les femmes ‘au grand coeur' à donner ‘un peu de leur personne' pour ‘sauver de la détresse les pauvres couples vivant l'horreur de ne pouvoir avoir d'enfant' ! Avec brio, pour qui accepte de la suivre, elle démontre les énormes erreurs qui entachent ces raisonnements faussement altruistes. Les mères porteuses, partout dans le monde sont les pauvres, les couples qui passent commande sont les riches. L'incapacité pour une femme à être enceinte est un problème médical qui n'est en rien guéri par le fait qu'une autre se prive de son corps, de sa vie affective, de son identité fondamentale de mère et de l'enfant - le sien ! – qu'elle doit ‘livrer' dès la naissance. ...
Replaçant toute son analyse dans une approche très documentée, avec de nombreuses références et commentaires en bas de page, l'auteure resitue le saisissement actuel du Corps par l'Economie. Elle montre combien la servitude des femmes de jadis a évolué sans pour autant, peut-être, vraiment régresser. Plus spécifiquement, elle s'attache à montrer combien, de nos jours, il existe trop de possibilités favorisant la production d'enfants ‘fabriqués' au coeur même d'un marché du corps qui pousse l'homme, la femme, à se séparer de son ‘insubstituable corps'.
Aller dans le sens de l'apologie mystificatrice de la GPA, c'est perdre la dignité de l'Être.

En conséquence, l'auteure appelle au maintien de la Loi française interdisant toute pratique commerciale du corps, interdisant donc la gestation pour autrui. Elle appelle notre société à laisser prévaloir la suprématie de la dignité sur celle de la liberté individuelle.

Alors que le débat refait surface au coeur du monde politique français et européen (voir JT de ce 3 juillet 2015), ce livre a, pour moi, l'excellent mérite de replacer la GPA dans un cadre éthiquement plus large que celui habituellement souligné par ses partisans. Une vraie réflexion morale, éthique, profondément humaine...

Mon coup de coeur, pour ce livre, trouve son origine dans ma satisfaction d'avoir pu, grâce à la fluidité étayée de pensée de l'auteure, mettre des mots et un cadre conceptuel à ce qui était mon ressenti à propos du sujet traité !
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Je la sais philosophe et « accessoirement » compagne de Lionel Jospin mais je ne l'ai jamais lu. Je la rencontre avec cet essai sur le G.P.A (Gestation Pour Autrui), un procédé aujourd'hui interdit en France mais ouvert au débat avec la légalisation du mariage pour les couples homosexuels. Et je dois dire que j'ai pris plaisir à découvrir ce texte. Il est brillant, intelligent et très bien écrit. Il est éminemment convaincant. Il n'est pas difficile de me convaincre, je l'avoue, puisque je suis, comme l'auteure, contre la G.P.A. Ce, au nom de la dignité de l'être humain qui, pour moi, est un principe supérieure. On ne le négocie pas, ne le soumet pas. Et parce qu'elle participe à la fragmentation du corps humain, parce qu'elle pense l'utérus indépendamment du corps et de l'être, parce qu'elle tend à considérer la grossesse comme une machine à produire, parce qu'elle renie sa complexité, parce qu'elle occasionne la marchandisation du corps, je refuse, pour ma part, la G.P.A et rien, aucun argument, ne saurait me faire changer d'avis. A tous et toutes qui n'auraient pas d'opinion sur le sujet, qui n'auraient pas d'avis, je conseille cet essai d'une grande précision et richesse intellectuelle. Ce livre, par sa qualité, m'incite à lire d'autres livres de Sylviane Agacinski.
Lien : http://kanimezin.unblog.fr/2..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
En apparence, la circulation des parties du corps s'opère selon deux régimes: le don ou l'échange marchand. Elle combine en fait souvent ces deux régimes: d'un côté, des tissus sont effectivement donnés sans contrepartie par des donneurs bénévoles mais, de l'autre, ils sont exploités financièrement par des laboratoires ou des cliniques (par exemple pour fabriquer des vaccins). On en appelle à la générosité des donneurs, quitte à les indemniser parcimonieusement, pour vendre très cher ensuite les fruits de leurs dons.

Le paradoxe du marché du don s'esquisse déjà avec le don du lait, par exemple. En France, les "Lactariums" organisent la collecte et la conservation du lait maternel, un lait qui peut sauver la vie d'enfants prématurés dont la mère ne peut allaiter. Le don du lait est absolument gratuit, comme celui du sang, mais il doit ensuite être acheté comme un médicament, délivré sur ordonnance et remboursé par la Sécurité sociale.
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La liberté et la dignité d'autrui sont les conditions sine qua non de ma propre liberté, et leur respect est le cadre même dans lequel elle peut s'inscrire: ce n'est pas une question subsidiaire. Le but de la loi est d'abord de protéger: elle "doit être la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse". N'inversons pas l'ordre des choses en croyant que "l'individu", c'est-à-dire celui qui en a les moyens, doit pouvoir tout vouloir, après quoi l'on cherchera à atténuer les dommages collatéraux en "encadrant" des injustices. L'urgence est aujourd'hui en France, pour la loi, de conserver ou de renforcer la protection des plus vulnérables, et non pas d'imiter l'exploitation biologique effrénée qui existe ailleurs.
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Comme le relèvent le marché mondial du corps et le business procréatif, ce ne sont pas seulement les barbaries d'Etat qui, aujourd'hui, menacent les êtres humains dans leur dignité, c'est la conjugaison du nihilisme et des effets d'une économie déréglée. En revanche, les Etats sont en situation de pouvoir mettre des limites à la puissance de l'argent et à celle des techniques. Eux seuls peuvent dire le droit, fixer la limite entre l'humain et l'inhumain et par là protéger les citoyens.
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Il y a quelque chose de terriblement petit, et même ignoble, dans les humanismes qui ne parviennent à estimer l'homme qu'en rabaissant la bête, aveugles à la beauté et à la dignité du vivant.
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On le sait bien, dans des sociétés dominées par la terreur ou l'argent, personne n'est à l'abri de la corruption. De même, "dans un contexte d'extrême pauvreté, le besoin d'argent détourne des valeurs humaines les plus fondamentales". Chacun s'efforce de vivre, de survivre ou de s'en sortir, y compris en renonçant à sa propre dignité et en sacrifiant sa propre intégrité morale ou physique. Les plus faibles sont ainsi naturellement les premières proies de tous les marchés humiliants, comme le marché du sexe ou pire, celui des organes.
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