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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Le fait est que les humains sont sans doute ainsi faits : toujours en mouvement. » D'un côté une vague de migrants venus tout droit d'Afrique, débarqués dans un village sarde perdu au fin fond du Campidano. de l'autre une vague de désertion qui les a précédés, la descendance des habitants de ce même village partis voir ailleurs si l'existence valait mieux le coup d'y être vécue. Parfait se dit-on alors, dans une logique de vase communicant : voilà de quoi compenser les uns, voilà de quoi satisfaire les autres. Sauf que la nature humaine encline à se déplacer n'est pas tout aussi apte à accepter la différence, ni s'adapter à l'imprévu :
- Les locaux âgés sont mal embouchés. Encore accrochés à l'espoir du retour des leurs, ils accueillent à leur manière butée cette horde de migrants avec leurs humanitaires, tous venus d'on ne sait où, vite qualifiés d'envahisseurs
- Les migrants quant à eux n'envisageaient pas vraiment l'Europe à l'image de ce village décrépi, vieillissant et sclérosé. Encore moins par l'entremise de la Ruine qui leur a été allouée, le temps de trouver autre chose.
D'autres dynamiques se mettront alors en place. Un mouvement d'attraction et de compassion tout d'abord, d'un groupe de « sardes campidanaises d'heureuse et pipelette nature », enfin débarrassées de leur rejet initial, mais aussi un mouvement de repli sur soi et de rejet définitif pour les Autres, ces maris fermés, ces villageois irrémédiablement obtus aux migrants comme aux humanitaires qui les accompagnent. le village est désormais divisé, même si les liens se créent par ailleurs. Des liens palpitants, le savoir-faire de l'autrice parvenant à nous faire aimer ses personnages à travers leurs aspérités, en donnant du relief à cette humanité en souffrance. Avec Miléna Agus, personne ne semble épargné, mais personne n'est délaissé non plus. le ton déployé, impertinent et drôle, donne toute la saveur à ce récit vu de l'intérieur, avec une narratrice et son « nous » pour évoquer l'action de ces villageoises aidantes, un judicieux point de vue au service de ces femmes libres, drôles, exubérantes, insolentes et fières, en plus d'être actives : « Nous avions au moins une bonne raison de vivre : nous rendre utiles à ceux qui avaient eu encore moins de chance que nous. Mais que pouvions-nous faire ? Nous avons un dicton, nous les Sardes : « Commence par sauver tes brebis, tu penseras au reste plus tard. » »

N'empêche, sans avoir la prétention de résoudre le douloureux sujet des migrants, ce roman aux contours vaguement utopiques s'attife par moments de la panoplie du sauveur, de par les idées d'échanges mises en place, la dynamique humaine qui s'y instaure, tout en prenant les richesses là où elles se trouvent, c'est à dire pas forcément où l'on croit. Une chouette bouffée d'oxygène, vitaminée de rires et de tendresse bougonne.



« Toujours en rêve, Le Professeur, en dévisageant Lorena, lui disait : « Et pourtant, qu'est-ce que tu me fais bander. Tu me fais bander à mort. Mais tu n'affoles pas mon coeur. »
Lorena manquait défaillir, mais le rêve prenait fin avant qu'ils ne passent à l'acte. »
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Je l'avoue : j'attendais avec impatience de lire un nouveau livre de Milena Agus – le souvenir de « Mal de pierres » ayant été un vrai coup de foudre littéraire.
Je l'avoue également : je suis toujours perplexe en ayant refermé ce livre depuis quelques jours.

Le thème avait pourtant tout pour me plaire : des migrants fraichement débarqués dans un petit village sarde, tout d'abord regardés avec beaucoup de défiance, puis gagnant peu à peu la confiance des villageois qui comprennent enfin l'intérêt de faire revivre le village avec du sang neuf – fût-il lointain. Tout démarre plutôt mal, puisque les migrants rêvent de Londres ou de Paris, et que pour eux ce petit bout de terre sarde n'a rien d'un paradis.
Est-ce l'emploi du « nous », censé porter la voix des femmes du village, celles qui au départ se répandent en commérages sur cet afflux de migrants, mais peu à peu se laissent gagner par leur enthousiasme ? Ce livre est pétri de bons sentiments et on suit bien volontiers ces personnages féminins, tour à tour agaçantes, irritantes, un brin bornées, et petit à petit curieuses, voire généreuses. Mais quelque chose ne prend pas pour moi et je reste en dehors du récit.

Trop de bons sentiments peut-être ? La vision idyllique d'un village s'emparant de ses migrants, jusqu'à regretter leur départ final pour les capitales européennes ne m'a pas convaincue, et j'en suis bien navrée. On voudrait y croire. Mais ce conte contemporain distille une utopie à laquelle je n'ai pas réussie à croire, la perplexité l'emportant sur l'adhésion : dommage, parce que Milena Agus est une très belle plume italienne, sans aucun doute.
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Au coeur des terres sardes dans un trou perdu dont tout le monde se fichait bien , habitants d'un village de bicoques et de rues délabrées , de vieilles baraques rafistolées , là où même le train ne s'arrêtait plus——- il passait en sifflant, en ignorant le hameau ——- où la plupart des habitants sont de vieux couples ne substituant tant bien que mal , plutôt mal , de la monoculture d'artichauts , un jour «  Les Envahisseurs » débarquent, et personne , sur le coup ne veut de cette caravane de Migrants Exilés ……

C'est qu' «  avant l'invasion du village par ces migrants et les humanitaires blancs , qui les accompagnaient , il y avait eu celle des aides - soignantes étrangères » , venues d'Europe de l'Est que les derniers célibataires du lieu avaient épousées , fascinés bien sûr par leur blondeur et la finesse de leur taille …
Alors cette fois, c'est non.

Pourtant , ils vont rester …Car où aller ?

Cinq ans après «  Sens dessus dessous  » l'auteure se saisit à nouveau de la tragédie des migrants . …..de manière directe …

Ils vont rester grâce à la volonté des femmes narratrices : les migrantes et les villageoises , car la place principale est donnée aux femmes …dans «  Une saison douce  » .

Dans l'état de torpeur et d'abandon où les villageoises étaient , elles auraient pu se laisser aller à la paresse, au contraire , elles ne jetteront point l'éponge .
Elles trouveront une nouvelle raison de vivre , de rêver , de s'activer, reprenant goût au potager partagé , sachant de nouveau écouter la nature, instaurer un rapport d'amour et de solidarité avec les végétaux qu'elles cultiveront avec «  les noirs et les noires » , elles sauront se rendre utiles auprès de ceux qui avaient eu beaucoup moins de chance qu'elles .

Jusqu'à engager un labeur frénétique en faisant mûrir à nouveau oranges , mandarines , citrons , tomates et pommes de terre , en sauvant un local dit «  La Ruine » en rebouchant les trous , à l'aide de leurs hommes, en remplaçant les portes pourries, fenêtres et volets .

Le village vivra une nouvelle vie , redeviendra une communauté par la force de l'échange, bien qu'au départ rempli de défiance, maris et femmes se réconcilieront , les moments d'inquiétude et de vide se feront moins vifs .

Mais certains «  grincheux noirs » se refusaient tout même à parler la langue car ils désiraient à tout prix rejoindre la véritable Europe , leur place , estimaient - ils n'était pas ici …..
Un jour ? Ils repartirent au grand désarroi des villageois …..

Bien sûr , l'angoisse et la peur , la défiance ne diminueront pas tout à fait .

Conte moderne? , fable humaniste ?.

Ton drôle malgré la douleur du sujet , dynamique des échanges mis en place , remises en question, et renouveau , originalité du traitement de ce sujet si polémique ,méfiance puis entraide acceptation douce , sourires , haine qui cède parfois le pas à l'empathie, genre comédie «  merveilleuse ».

Bienveillance et engagement discret de l'auteure , rêves et condition humaine, c'est tout cela à la fois ce nouvel opus .

Un agacement ,pour ma part trop de pages consacrées à la religion .
Mais ce n'est que mon avis , bien sûr !
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Un joli conte mais....
Joli conte bien rédigé bien construit. Un groupe de migrants d'Afrique et de Syrie se retrouve parqué dans une ruine d'un village sarde. Village peuplé de vieux, village quasi à l'abandon, village pauvre, très pauvre. le choc se fait entre chacun des deux groupes : les migrants ne s'attendant à "ça" comme Europe, les Sardes déboussolés face à ces "envahisseurs".
.
Mon "mais". En choisissant de rédiger ce roman avec comme narrateur un "choeur des femmes sardes", il m'a manqué une personnalisation. Nous avons quelques personnages ébauchés, mais trop peu à mon goût. Or c'est censé être l'originalité du livre, originalité qui m'a quelque peu échappé, car ce principe (l'absence d'identification) éloigne l'empathie, la proximité.
Sans doute était-ce voulu pour être la plus neutre possible ? En ce qui me concerne, j'ai trouvé justement que le roman n'avait pas réussi à me toucher.
Donc une pointe de déception.
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Dans un village sarde, des migrants conduits par des humanitaires et des paysans vont vivre une cohabitation inattendue qui les marquera à jamais.

C'est sans compter l'intervention bienveillante d'un choeur d'épouses prêtes à défier l'hostilité de leurs maris envers les étrangers.

Milena Agus enthousiasme le public français depuis son Mal de pierres paru il y a 15 ans et joliment adapté au cinéma par Nicole Garcia.

Milena Agus déploie son intrigue, proche de la fable, autour de deux choeurs différentes de femmes narratrices: les villageoises, et les migrantes, dont s'extraient parfois des membres de ces collectifs, donnant à son récit une truculence et une fantaisie particulièrement bienvenues.
La romancière italienne possède cette tendre ironie qui ne cache pas un vrai optimisme mais évite de tomber pour autant dans le mièvre.

Une saison douce se savoure comme un bonbon légerement acidulé d'une profonde et salutaire humanité.

Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Un village de Sardaigne qui n'est d'ailleurs plus qu'un petit hameau, voit débarquer "les envahisseurs" et leurs "humanitaires",comprenez les migrants et leurs accompagnateurs !. le sujet est tristement banal mais entre les mains de Milena Agus, j'imaginais un développement inattendu et un brin décalé. Je suis un peu déçue comparativement aux deux ouvrages que j'ai lu récemment de cette auteure. Pour autant,ce sujet est effectivement abordé sous un angle singulier qui m'a bien fait plaisir car il rompt avec la vision asymétrique du pauvre hère et de ses bienfaiteurs. Ici,en effet, l'arrivée des migrants va provoquer un retour à la vie des villageois. le sang va à nouveau circuler dans les veines et l'émotion sera de retour. Colère,conflits conjugaux et de voisinage, solidarité,secrets, curiosité,amour ,bref toute la palette des sentiments. Ces étrangers vont modifier le propre regard des villageois sur leur village,un peu comme un anthropologue qui revisite sa propre culture. de ce nouveau regard le désir de redonner ses couleurs à leur lieu de vie,de se réconcilier avec la nature ,de se redécouvrir va émerger. En découvrant l'Autre à travers ces "noirs et noires" les femmes du village vont aussi accéder à l'Autre qui était pourtant tout proche mais étranger parce que différent. Les femmes sont à l'honneur dans ce roman,car ce sont elles qui font le premier pas,puis de grandes enjambées pour rejoindre l''Autre. Il y a de la poésie,de la tendresse et de l'humour dans cette saison douce. J'ai même parfois retrouvé un peu de l'ambiance d'Arto Paasalina pour le côté communautaire et solidaire ,ainsi que l'esprit bon enfant des villageois.
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Un village de modestes paysans, des réfugiés échoués par erreur sur les côtes de la Sardaigne, des humanitaires sans grands moyens d'assistance...
Mélangez tout cela pour observer un microcosme bigarré et hétéroclite qui va trouver un équilibre dans la chaleur amicale de quelques mois, où chacun apprend à se connaître.

De la thématique des migrants, Milena Agus fait un conte contemporain qui, par petites scénettes de vie, touche à l'humanité des êtres dans le dénuement, le partage, l'entraide, l'ingéniosité pour survivre et la curiosité à se comprendre.

Entre le monde moribond de la paysannerie de la Sardaigne qui a vu partir tant de ses enfants vers d'autres pays, et des étrangers en quête d'un Eden possible, l'équilibre se crée par un dynamisme commun et le bonheur des petites choses.
Raconté par quelques femmes sardes, pestiférées de leur village pour oser pactiser avec les envahisseurs, le quotidien se raconte en confrontant les modes de vie, les épreuves vécues, et les croyances religieuses de chaque camp. Avec un humour décalé et un oeil légèrement caustique se glisse une petite pointe de réflexion philosophique pragmatique.

L'intelligence du coeur est présente dans chaque page, constituant un récit doux-amer qui se lit avec grand plaisir.
Un roman empli de bienveillance dans le partage, qui évite le piège du pathos tout en se faisant discrètement militant.
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Dans un petit village de l'arrière-pays sarde, la vie des habitants se déroule sans secousses, à l'abri des murs des maisons rénovées en parpaings et de celles abandonnées. Beaucoup sont parti et l'économie se réduit à la culture d'artichauts et de biomasse. C'est un pays "perdu", oublié du monde. Jusqu'à l'arrivée des « envahisseurs » : une poignée de migrants venus de loin et d'humanitaires qui les accompagnent. Stupéfaction des habitants et stupéfaction des migrants qui rêvaient d'une autre Europe. Pourtant de cette étrange rencontre, une saison douce va éclore.

Un roman bourré de charme et d'une humanité infinie autour du thème de la rencontre. Ce village va retrouver un sens à une existence qui semblait s'être définitivement évanouie. Agir au lieu de parler, comprendre au lieu d'avoir peur.

Un roman choral qui a la saveur des histoires orales. de ces récits qui se transmettent depuis la nuit des temps, adaptables à toutes les époques". Raconté par le "choeur des femmes », presque comme dans le théâtre grec, ce conte a en même temps quelque chose d'archaïque et d'une profonde actualité.

Le cadre est également très important : une Sardaigne "oubliée", loin de tout et de tous. Loin du tourisme. Une terre qui a perdu ceux qui sont partis, qui ne reviennent jamais, et qui a éteint les espoirs de ceux qui sont restés. Cette terre parvient à être le protagoniste de cette agrégation humaine qui a le goût d'une renaissance, du retour d'un temps bienveillant qui montre que tout n'est pas perdu. Et ce renouveau de vitalité a quelque chose de sacré, car il part de la terre, de la réapparition des vieux vergers et des vieux jardins.
La rencontre avec « les autres » d'aujourd'hui renouvelle le monde d'hier en le déclinant au présent. Les "envahisseurs", en fin de compte, ne sont que le catalyseur d'une renaissance qui n'attendait que d'être déclenchée.

Trop utopique diront certains mais un peu d'idéalisme ne fait pas de mal par les temps qui courent.
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Très beau livre ,si doux, comme son titre . Mais ne vous y trompez pas ! Milena Agus fait de petits livres qui traitent de sujets très forts .
Une petite ville Sarde , endormie dans son passé ,voit débarquer un groupe de migrants et leurs humanitaires . La peur de l'inconnu va tout d'abord engendrer le rejet. Petit à petit une partie des habitants va faire le premier pas vers ce groupe venu d"ailleurs". L'aide va s'organiser . Bon coeur, curiosité, ennui,autant de facteurs qui vont pousser une partie du village à aller voir de plus près qui sont ces étrangers . Des liens vont se créer ,chacun apprenant de l'autre. Mais tout n'est pas rose . Ce bouleversement va faire surgir tous les problèmes que le village avait "avant" . Les jeunes sont partis faire leur vie ailleurs ,fuyant leur propre misère,les vieux sont restés ,oubliant leurs coutumes . Si beaucoup de choses changent pendant cette "douce saison "qu'en restera t'il après le départ des migrants .
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Quelle belle découverte..........Au début je ne savais pas trop où l'auteur voulait nous conduire mais peu à peu avec une grande délicatesse elle va nous conter une belle histoire, une rencontre entre des êtres que rien ne prédestiner à se côtoyer à cause de leur mode de vie totalement opposé. Mais il a suffi que les femmes de ce village aient envie de faire un pas de côté, de laisser certains de leurs préjugés et d'oser affronter leur mari pour se laisser aller à de belles rencontres. C'est un beau récit poétique, l'auteur nous amène à petits pas vers une découverte mutuelle de deux mondes. Oser aller à la rencontre de l'étranger, de l'autre, de l'envahisseur. Mais au final cet être qui nous semble si différent n'est rien d'autre qu'un humain avec ses forces et ses faiblesses. Cette histoire un peu hors du temps, un peu irréelle aborde un sujet fort et d'actualité. Tous les jours le journal télévisé nous déverse des histoires d'hommes et de femmes prêts à tout pour accoster dans un nouveau monde qui leur semble magique et qui au réel ne correspond pas tout à fait à leurs rêves. Mais au final il s'agit avant tout d'une d'histoire d'hommes et de femmes.
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