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EAN : 9782013974011
448 pages
Hachette (30/09/2015)
3.86/5   104 notes
Résumé :
Même consciente du terrible sort qui l’attend, Shéhérazade se porte volontaire pour épouser le jeune calife Khalid Ibn al-Rashid. Même si elle sait qu’elle est promise à la mort au lendemain de ses noces, elle est prête à tout pour venger son amie Shiva, l’une de ses récentes épousées. Pour cela, elle doit d’abord gagner du temps, en narrant des contes à rallonge au calife. Chaque jour est une menace de mort et la jeune fille échappe plusieurs fois à l’exécution. À ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (60) Voir plus Ajouter une critique
3,86

sur 104 notes
Un très bon moment de lecture mais avec des défauts!
Le positif prime tout de même sur le négatif grâce aux talents de l'auteure. Si sa plume ne m'avait pas captivé autant, le négatif l'aurait sûrement emporté car des défauts il n'y en a pas qu'un mais plusieurs, et ça m'a gêné. Heureusement que l'auteure est douée car malgré cela j'ai persisté dans ma lecture. Et j'en suis très contente car au final j'ai vraiment beaucoup aimé et je lirai le 2 à sa sortie!

Voici donc (pour me facilité la vie) une liste du positif et du négatif. Je vais commencer par les défauts afin de finir sur une note favorable puisque c'est comme ça que j'ai terminé ma lecture.

Les - :

- Problème de mise en page. L'auteure d'un paragraphe à l'autre passe d'une scène à une autre. D'un personnage à un autre. Parfois du temps c'est écoulé entre les 2, il y a eu un changement de lieu...etc. Ça, ça ne me pose pas problème. Au contraire ça apporte du dynamisme au récit. Ce qui ne va pas c'est que c'est mal exécuté. Ce n'est pas assez clair visuellement que l'on change de contexte. L'auteure saute une ligne simplement et ce n'est pas suffisant car parfois elle saute aussi une ligne sans raison particulière. Il faut que ce genre de chose soit explicite pour le lecteur. Pierre Bottero le faisait dans ses livres, et lorsque ça se produisait c'était limpide. L'espace entre les 2 actions était évident et il insérait un symbole entre les 2 paraphes qui devenait une sorte de code pour le lecteur. le lecteur était ainsi prévenu et l'on se familiarise très rapidement de cette manière. Or, ici, parfois on tourne la page et on passe du coq à l'âne sans être prévenu. Parfois je suis revenue en arrière pour être sûre de ne pas avoir sauté une page.

- Je déplore également quelques fautes. Que je n'ai pas noté (j'aurai dû). Fautes d'orthographe et de syntaxe aussi. Problème de traduction? Je ne sais pas. Mais en tout cas je me souviens d'une phrase notamment qui même en la relisant plusieurs fois et à haute voix n'avait aucun sens.

- J'ai failli abandonner à la page 55. Ce n'est pas que l'histoire était inintéressante et/ou longue mais j'ai trouvé ça un peu facile que Shéhérazade en lui racontant une petite histoirounette arrive à avoir un sursis avec ce roi que tout le monde craint. À juste titre, puisqu'il fait exécuter toutes ses épouses à l'aube après le mariage. Cette facilité m'a contrarié. Elle lui raconte une histoire et il lui accorde un jour de plus. Normal. Bon ça c'est la sensation que j'ai eu sur le moment. J'ai trouvé ça bien trop facile. Mais en me renseignant j'ai découvert que telle était l'histoire de Shéhérazade dans les 1001 nuits. (oui je suis une inculte des 1001 nuits, à par Aladin je n'y connaissais pas grand chose). Peut être a-t-il manqué quelque chose à ce passage afin de ne pas avoir ce ressenti...

- Et enfin dernier point négatif, la jeune demoiselle commence à tomber amoureuse de lui au bout de... 2 jours! Non mais sérieusement? (Et ça, ça ne fait pas partie de l'histoire des 1001 nuits!) J'ai trouvé encore une fois que 'était bien trop facile, peu crédible et même ridicule. Car remettons les choses dans leur contexte, il a tué des dizaine de femmes!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! En les pendant!!!!!!!!!!!!!!! TOUUUUTES!!!!!!!!!!!!!! Dont la meilleure amie de Shéhérazade (c'est d'ailleurs pour cette raison que celle-ci s'est porté volontaire afin d'accomplir sa vengeance). Et au bout de 2 jours elle commence déjà à flancher, alors que franchement il ne s'est pas passé grand chose qui aurait pu lui donner confiance ou la faire changer d'avis. D'habitude je craque pour les âmes torturées (dans les livres) mais là au début pour moi ce n'était pas possible! Bien trop torturé! Dans tous les sens du terme d'ailleurs!

Bon, je viens de suffisamment maltraité ce livre, passons aux points positifs, car il y en a plein aussi!

Les + :

- Un thème qui change un peu. J'ai adoré apprendre des choses et découvrir les 1001 nuits! le texte est riche en informations et en descriptions. On est complètement plongé dans cet univers. L'auteure s'est très bien informé. C'est dense et recherché. Certains connaisseurs disent que ce n'est pas les 1001 nuits. Moi je trouve que c'est plutôt bien exécuté. J'ai fait quelques recherches et je trouve que c'est quand même très fidèle, et très bien inspiré. Inspiré. C'est le mot. Il ne faut pas oublié que c'est une fiction et que donc l'auteure ne nous narre pas les 1001 nuits mais nous conte une histoire qui en est fortement inspiré.

- Une plume fluide et une histoire bien contée. J'ai été aimantée dans ce monde, l'auteure a su éveiller ma curiosité, et cette attraction a fait que j'ai continué à lire se livre, encore et encore jusqu'à sa fin. Tout ça c'est grâce à sa plume fluide et à la richesse du récit.

- le rythme. Ce premier tome est très dynamique. Il y a beaucoup de scène d'action qui arrivent soudainement. Dans ces moments là on est aussi désorienté que les protagonistes! Et c'est un régal.

- Des personnages attachants.
Khalid : Ce n'est pas faute d'y avoir résisté à ce Calife! Bien plus longtemps que Shéhérazade d'ailleurs! Toute la violence qui émanait de ce personnage ne m'a pas attiré. Je n'arrivais pas à faire abstraction de tout ça. C'était sans moi! Mais au final j'ai quand même craqué. Mais tardivement, il a commencé à me toucher à la moitié du livre seulement (le passage du souk) mais ensuite il a eu raison de moi!
Shéhérazade : Bien que je l'ai trouvé peu crédible au début à cause des ses sentiments qui se développaient au bout de 2 jours. J'ai aimé son caractère. Les femmes fortes, combatives et avec du répondant me plaisent toujours!
Jalal : Un personnage fort sympathique, zéro défaut. C'est un sentimental c'est indéniable. Il est fidèle et loyal. J'aime aussi ses taquineries!
Despina : Il est vrai que quand on y pense, une servante avec autant de mordant dans la réalité se serait très certainement fait exécuter! C'est une impertinente! Mais je l'ai tout de même aimé. Ses conversations piquantes avec Shéhérazade m'ont plu. Sa liberté d'expression peut s'expliquer vu sa relation avec un personnage...
Tariq : Et bien moi il m'a plu! Même s'il ne fait pas l'unanimité. C'est beau la façon dont il aime Shéhérazade.

En conclusion, malgré des défauts indéniables, c'est un pari réussi pour l'auteure! Une histoire différente de ce qu'on a l'habitude de lire, des personnages attachants, un bon rythme et une plume fluide et attractive! Je serai au rendez-vous pour le 2ème et dernier volet afin de connaître la suite des aventures!

Ps: incroyable comme je pouvais craquer quand Khalid appelait Shéhérazade " joonam"...!
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Captive fait partie de ces romans que j'aurais adoré aimer, mais qui ne m'ont hélas pas convaincue malgré quelques atouts et bonnes idées. Entre l'ennui, les facilités, le manque de développement des personnages, des comportements invraisemblables et incohérents, un manque de profondeur… j'ai eu beaucoup de mal à prendre plaisir à ma lecture. Je dois d'ailleurs avouer que si je n'avais pas entrepris de lire ce roman dans le cadre de différents challenges littéraires, je l'aurais abandonné sans aucun regret.

Il faut dire qu'une scène au début du roman m'a d'emblée braquée et très fortement agacée. Shéhérazade, pour se venger du meurtre de sa meilleure amie, se porte volontaire pour épouser son assassin, le calife Khalid. Un calife qui a tendance à tuer chacune de ses nouvelles épouses le lendemain du mariage sans que personne, ou presque, ne sache pourquoi. Alors qu'elle le déteste, qu'elle en aime déjà un autre, qu'elle est vierge, et que le calife lui explique bien qu'il ne s'attend pas à ce qu'elle lui donne son corps en plus de sa vie, Shéhérazade s'offre à lui ! Cet acte est un exemple parmi tant d'autres de comportements complètement incohérents, soit par essence soit par manque d'explications et de développement comme si l'autrice n'allait jamais vraiment au bout de ses idées.

Tout va trop vite et semble suivre une logique inaccessible aux lecteurs, ce qui se traduit notamment par une romance éclair et donc peu réaliste. Shéhérazade déteste Khalid qu'elle considère comme un monstre sans coeur mais ses réserves s'envolent fort vite, ce qui fait que ses tergiversations quant à ses sentiments me sont complètement passées au-dessus de la tête. Je n'ai pas cru un seul instant en ses doutes ni à son dilemme moral quant à savoir si elle était en droit d'aimer un assassin implacable, a fortiori l'assassin de sa meilleure amie. On est loin de la profondeur de la relation entre Céphise et l'Ombre dans les Brumes de Cendrelune, alors qu'on suit plus ou moins le même schéma. Peut-être que certaines personnes ne seront pas dérangées par ce manque de profondeur, mais j'avoue que pour moi, c'est rédhibitoire.

Ceci est d'autant plus vrai que le manque de profondeur se retrouve également dans la personnalité du calife tout juste ébauchée, bien qu'au fil de la lecture, on en apprend un peu plus sur son passé et son histoire familiale difficile. Mais ce qui m'a le plus gênée, c'est le fait qu'il renonce à tuer Shéhérazade en un claquement de doigts alors qu'il a tué des dizaines de femmes avant elle sans jamais fléchir. Il suffisait donc qu'une femme le fascine par son port de tête altier, sa haine et sa capacité à raconter une histoire prenante pour être épargnée, malgré les conséquences tragiques d'une telle décision ? Ce revirement soudain m'a semblé très mal amené et des plus invraisemblables. Au lieu de rendre le personnage presque attendrissant, il l'a rendu, du moins à mes yeux, monstrueux, parce que cela veut dire qu'il aurait pu agir bien avant sa rencontre avec Shéhérazade… Il n'était juste pas assez motivé pour briser ses chaînes et par-là même, sauver la vie de toutes ses futures victimes. Mais les plus romantiques y verront peut-être là le pouvoir de l'amour.

Si les moments entre les deux jeunes époux sont ceux qui m'ont le moins ennuyée, ils n'ont pas vraiment réussi à me transporter ni à insuffler en moi la moindre émotion, du moins, pas avant les derniers chapitres. À la limite, j'ai plus été touchée par le père de la jeune femme que l'on voit peu, mais qui, de son côté, tente de faire ce qu'il peut pour l'arracher aux griffes d'un homme qu'il pense être son bourreau. Pour ce faire, il va prendre des décisions plutôt radicales et jouer avec des forces surnaturelles qui vont le dépasser. J'aurais d'ailleurs adoré que le surnaturel soit bien plus présent, l'autrice ne l'évoquant que par petites touches… En plus de Shérazade et de son père, on suit également l'amour d'enfance de la jeune femme qui, lui aussi, semble bien décidé à la sauver et à passer sa vie à ses côtés. Mais les choses ne vont pas forcément se passer comme il l'aurait souhaité et certaines vérités vont être difficiles à accepter.

Je ne me suis attachée à aucun personnage parce que leur psychologie n'est pas assez poussée à mon goût, mais j'ai quand même trouvé Shéhérazade courageuse, bien que parfois agaçante. À l'inverse, j'ai adoré sa suivante qui, comme sa maîtresse, a un sacré tempérament ! Les interactions entre les deux jeunes femmes m'ont beaucoup amusée, chacune d'entre elles n'hésitant pas à dire ce qu'elle a sur le coeur, et a titillé l'autre pour lui faire admettre des choses qu'elle préfère se cacher. Plus qu'en l'histoire d'amour entre Shérazade et le calife, c'est donc en la naissance de cette amitié improbable entre deux jeunes femmes pleines de fougue et de répartie que j'ai cru.

Comme vous l'aurez compris, l'autrice n'a pas su me convaincre avec ses personnages qui auraient mérité d'être bien plus travaillés. J'ai, en revanche, adoré l'ambiance orientale qu'elle a su insuffler à son histoire que ce soit à travers les paysages, le palais, les habits, les armes, les références aux contes des Milles et Une Nuits avec cette idée d'histoire pour survivre et d'histoire dans l'histoire… À cet égard, je retiendrai plus particulièrement le conte d'un voleur sans moral qui, au gré de ses péripéties et d'une rencontre, va connaître une belle et très touchante évolution. C'est ce genre d'émotions que j'aurais aimé ressentir avec l'histoire de Shérarazade et de son époux maudit.

Quant à la malédiction entourant le calife, si elle introduit une dimension dramatique intéressante, j'avoue que les explications de l'autrice quant à ses origines m'ont laissée sceptique, car bien trop théâtrales à mon goût. Je comprends les désidérata de vengeance, mais faut-il encore qu'elles soient orientées vers la bonne personne, parce que si bien sûr, la malédiction affecte le calife, c'est quand même loin d'en être la première victime.

La lecture a été laborieuse, mais je reconnais que le rythme s'intensifie et prend véritablement son envol dans les cinquante dernières pages. Entre un complot politique, le déchaînement de la magie et des forces de la nature, des cartes redistribuées, de nouvelles épreuves qui se profilent… mon intérêt s'est enfin éveillé ! Pas assez pour que je poursuive l'aventure, mais assez pour me donner envie de lire des avis spoilant sur la suite, d'autant que contre toute attente, j'ai fini par développer un semblant d'attachement à un couple irréaliste, mais que j'aimerais néanmoins voir triompher de l'adversité.

En conclusion, j'attendais beaucoup de ce roman, au point de l'avoir acheté en français puis dans une superbe édition en anglais, mais je dois hélas reconnaître être ressortie de ma lecture déçue. le livre n'est pas mauvais en soi, mais manque cruellement d'approfondissement et, en ce qui concerne la romance, de réalisme. Néanmoins, si vous avez envie d'une romance maudite, d'une histoire dépaysante qui s'inspire des contes des Milles et Une Nuits et de vous plonger dans une ambiance orientale et non dénuée de sensualité, je vous invite à lui donner sa chance. Mais si vous recherchez quelque chose de plus, avec une intrigue poussée dans laquelle la psychologie des personnages est bien développée, je ne suis pas certaine que vous trouverez ici votre bonheur. Pour ma part, il m'a vraiment manqué un point d'ancrage et une certaine maturité dans le déroulement global de l'histoire pour me donner envie de poursuivre l'aventure.
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Que dire de ce livre ? Il est super. Quand on commence à le lire on ne s'arrête plus. Un véritable coup de coeur ! Dès la fin du premier chapitre, j'ai su que ce roman resterait à jamais gravé dans ma mémoire. Moi qui durant toute mon enfance lisait et relisait les merveilleux comptes des milles et une nuit, je ne m'attendais pas à ce qu'ils réapparaissent de cette manière. L'auteur à fait un travail vraiment minutieux, et vraiment magnifique sur ce livre. La magie livresque a intégralement opéré sur mon âme. Cette chronique sera totalement différentes des autres alors découvrons ce livre ensemble.

Ce livre est très certainement la meilleure surprise depuis ce début d'année ! Assez fan des milles et une nuit, j'ai été très contente de retrouver cette ambiance de conte dans lequel se mêlent autant modernité que passé. Les comptes des milles et une nuit comptés par Shéhérazade est sans conteste le recueil à l'ancienne, celui que tout petits et grands connaissent depuis toujours en dehors des comptes des frères Grimm, et est surtout et avant tout un livre pour enfants. Mais là ! Chapeau ! Quand on lit ce livre il nous rappelle à quel point la vie est éphémère. Mais bon passons. C'est une histoire captivante et si bien écrite qu'elle nous transporte du début à la fin, les personnages sont géniaux, presque aussi vrais que vous et moi, et surtout très attachants. Ils sont certes tous différents les uns des autres, mais ils ont tous quelque chose bien à eux.

Sachez toutefois, que pour la première fois depuis des années de lectures derrière moi, c'est par sa couverture sublime qu'il m'a attirée, dans un premier temps. Je trouve le choix de cette couverture vraiment très pertinent : les motifs, la police d'écriture correspondent parfaitement à l'ambiance du roman ! Bien évidemment on voit bien que c'est un livre qui parle d'une jeune femme vivant en Orient. Ces motifs sont joliment dessinés, et fait planer un air de mystère autant pour le livre que pour l'histoire en elle-même, et bien attendu il nous attire. Idem pour les débuts de chapitres qui sont joliment décorés avec ces mêmes motifs orientaux.

Parlons maintenant de l'histoire en elle-même. Shérazade est une jeune fille de 16 ans, fiancé et aimant un homme valeureux, qui veut venger la mort de son amie Shiva tué par le Calife au petit matin de leur noce. Mais la pauvre enfant n'était pas la seule car bien d'autres avant elles sont mortes dans les mêmes circonstances. Car chaque soir, le jeune calife du Khorassan prend une nouvelle épouse et chaque matin il la fait assassiner. Consciente du terrible sort qui l'attend, Shéhérazade se porte pourtant volontaire à ce mariage. Mais à chaque nouvelle aube qui arrive, la jeune fille sent la mort se rapprocher. Cependant comme elle ne veut pas mourir, et tuer le Calife à la place afin de sauver toute la population féminine du royaume et ainsi venger son amie, la jeune fille échappe jour après jour à l'exécution en narrant des contes à rallonge au calife. Mais d'un autre côté, l'amour fleuri comme une belle rose rouge car tous deux se mettent à éprouver des sentiments l'un pour l'autre, des sentiments qui apportent le bonheur au peuple, mais de la peur au calife, qui est en réalité sous l'emprise d'une terrible malédiction.

Il y a quelque chose de très mystérieux dans ce roman puisque le Calife assassine chaque épouse qu'il prend la veille dès l'aube, et pourtant, le lecteur n'arrive pas réellement à le détester mais cherche au contraire à comprendre ce qui se cache derrière cet homme sans pitié. le début du roman est véritablement intrigant et j'aurais aimé pourtant que l'auteur dévoile bien plus les moments où le Calife et Shéhérazade apprennent à se connaître. Il parait un peu étrange que simplement par des histoires qu'elle lui raconte, il souhaite lui laisser la vie sauve. Mais il faut dire que c'est aussi cela le mystère des contes des Mille et une nuits. Néanmoins ce n'est que seulement après avoir supplié le Calife de lui laisser la vie sauve que cet homme accepte afin de pouvoir continuer à écouter les histoires contées par sa jeune épousée, tant sa curiosité est intense. Je trouve que l'auteur a manqué de décrire plus approfondissement ces passages pour les rendre plus crédibles qu'ils ne le sont déjà et surtout pour nous faire comprendre un peu mieux ce changement soudain de comportement du Calife. Car pour moi j'ai eu comme l'impression que ce n'était qu'une ébauche ou plutôt un brouillon. Çà à manquer de convictions dans les passages des soirées en têtes à têtes et des moments où on avait pourtant le sentiment que la jeune femme allait passer l'arme à gauche.

Dès le début du livre on entre dans l'histoire et on rencontre Shéhérazade, cette "kamikaze», si je puis ainsi l'appeler, en mission suicide pour venger sa meilleure amie. Elle nous apparaît comme une fille courageuse et intelligente. Dès la première nuit, elle arrive à charmer Khalid avec ses histoires et le Calife lui promet une journée de répit. Shéhérazade est une jeune femme fougueuse, fidèle et extrêmement courageuse. C'est la première image que j'ai eu d'elle. On découvre rapidement une héroïne qui a un fort caractère et qui est prête à se battre pour les siens et pour ce en quoi elle croit. Je l'ai beaucoup apprécié pour le courage dont elle fait preuve en se portant volontaire pour épouser le calife mais aussi pour son envie de venger son amie et toutes les autres femmes ayant subi le même sort qu'elle devrait avoir au petit matin. L'ensemble de l'histoire se centre sur son personnage et sur son imprévisibilité, sur les choix qu'elle va devoir faire, sur les doutes qui vont l'étreindre et sur les sentiments qui vont naître chez elle. Des sentiments qui sont intenses que même elle n'aurait pensé pouvoir ressentir pour cet homme froid, alors qu'en réalité elle en aime un autre. Mais ici dans ce palais merveilleux, elle découvrira pour la première fois, l'amour, ou plutôt le grand amour.

Néanmoins si je me suis attachée à elle, un autre personnage m'a encore plus touché : Khalid. Ce jeune calife est au premier abord assez détestable. Je ne savais pas comment l'appréhender et je me demandais vraiment comment l'auteure allait tourner les choses autour de son personnage. On découvre un jeune homme qui ne ressent que peu de chose à part de la haine, de la solitude et un semblant de peur. Il est aussi froid comme un glaçon, dur comme le roc, sans coeur comme une banshee et sans pitié comme le guerrier impitoyable qu'il est. Alors que je pensais qu'il serait difficile de l'apprécier, je me suis vite attachée à lui et à son mal-être. Malgré tout c'est quelqu'un qui fait preuve de force et qui essaye tout le temps d'affronter la vie. Et le coté attachant de ce personnage réside qu'en Khalid on trouve un Calife, certes froid, mais attentionné. Il faut dire que cet homme est extrêmement froid et dur pendant une grande partie du livre, et c'est peut-être le seul problème que j'ai vu à tout ça. Il se dévoile à Shéhérazade, même s'il garde le secret sur le pourquoi des exécutions de ses anciennes épouses. J'aurais aimé qu'on découvre un peu plus rapidement ce qui se cache sous cette carapace et qui me la rendu attachant. Son coté cruel fond au fur et à mesure que le temps passe et uniquement grâce à sa femme. Et quand on découvre qu'en réalité il est sous l'emprise d'une malédiction, on se dit, c'est plus compréhensif, mais que cela doit être dure pour lui.

Tout le roman se joue sur cette relation en Shéhérazade et Khalid qui s'apprivoisent un peu plus chaque nuit. Renée Ahdieh révèle des indices au compte-goutte, mais arrive à garder un brouillard autour des épouses condamnées. On a donc un duo très différent que ce soit par leurs caractères, leurs personnalités, leurs vies ou même leurs comportements… pourtant une véritable complémentarité et complicité semble se créer malgré l'indécision dont font preuve Khalid et Shéhérazade.

Le roman m'a beaucoup plu même s'il m'a manqué de l'action. L'ensemble tourne autour de l'histoire entre nos deux héros et finalement les rebondissements n'arrivent qu'assez tard dans la lecture. Cependant ils laissent présager une suite haute en couleurs. On ne sait pas trop que penser de tout ça, Shéhérazade elle-même n'est pas sure d'être sur la bonne voie, de faire les bons choix et il n'est pas facile de comprendre le calife et d'imaginer ce qu'il peut lui arriver

D'autres personnages souhaitent la déchéance de ce cruel Calife. Certains chapitres s'alternent avec leur point de vue, entre autres, le père de Shéhérazade qui apparaît comme un père aimant, mais couard ou encore Tahir, le premier amour de Shéhérazade qui part en guerre aveuglément. Ces deux hommes s'inquiètent pour la jeune femme, ce que tous peuvent comprendre, mais de là à déclarer la guerre ou faire de la magie noir, cela c'est une autre paire de manche.

Ce premier tome n'est certes pas un livre d'action, et il ne se passe pas grand-chose en dehors des interactions entre les différents personnages, jusqu'aux derniers chapitres. Mais ce n'est absolument pas rébarbatif. Tous les personnages sont tellement intenses et les sentiments qui les lient sont profonds et irrévocables. On rit avec eux, on souffre avec eux. D'autant que tout s'accélère vers la fin, les actions se font de plus en rythmé et chaque chose est déclaré en son heure.

Inspiré des Mille et Une Nuits, ce roman aux airs d'Orient envoûte par ses décors ainsi que par son ambiance. En effet le décor est incroyable. Renée Ahdieh emploie les mots justes et décrit les décors qu'il a inventé avec tant d'amour que personne ne peut rester sans coeur devant un tel panel de magnificence. Les senteurs, les saveurs, le touché, les tissus et le langage nous transportent en Orient en un battement de cils. En fermant les yeux, j'ai pu respirer le sable chaud, goûter le lavash, sentir la douceur du shamla de Shéhérazade glisser sur ma peau et comprendre d'instinct cette langue si sensuelle. Renée Ahdieh nous entraîne dans un univers désertique où la chaleur nous paraît écrasante, mais où les décors sont de toute beauté, dans un château fait de long couloirs, de chambres chaleureuses et de jardins suspendus. C'est féérique, magique, ensorcelant, envoutant, c'est comme un rêve qui se réalise.

L'un des points fort du roman est sans conteste l'écriture de l'auteure. En effet la plume de l'auteur est fluide et le vocabulaire en langue étrangère est expliqué au fur et à mesure par des notes en bas de page. du fait de l'époque à laquelle se déroule l'histoire, le langage est plutôt soutenu, ce que j'adore. Mais surtout le point le plus fort est sans conteste la manière dont elle arrive à transmettre des émotions au lecteur. le récit est écrit à la troisième personne mais il arrive que le lecteur se retrouve directement plongé dans les pensées de certains personnages. Les réparties de Shéhérazade sont drôles et cinglantes. A chaque fois qu'elle parle, c'est jubilatoire. On navigue entre l'histoire d'amour, les conflits politiques et la magie. On est partagé entre la haine et la compassion durant tout le livre, comme Shéhérazade on ne sait pas vraiment que ressentir dans la situation et il n'en est que plus difficile de réaliser que le calife n'est peut-être pas si mauvais qu'il y paraît.

En conclusion un premier tome agréable à découvrir qui donne envie d'en apprendre plus sur la suite ! Il m'a envouté et je suis encore sous son charme. J'ai adoré et attends avec beaucoup d'impatience le tome deux des aventures de nos deux tourtereaux qui ont été séparés de force. En attendant je mange ma rage et vous dis à la prochaine pour vous laisser transporter loin, très loin, dans ce pays qui ont tant fait rêver plus d'un lors de sa prime jeunesse.

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Un récit captivant, dépaysant qui nous fait voyager au pays des contes qui ont bercé notre imaginaire. Et nous offre également un voyage en Orient, au pays des senteurs, des tissus soyeux et riches, des pierres précieuses, des palais et des jardins suspendus...

Voilà donc une nouvelle version de l'histoire de "Shéhérazade et des mille et une nuits". L'auteur s'est appropriée le contexte, ce magnifique Orient. Tout y est décrit avec minutie, chaque détail ou parole nous plonge dans cet univers. On croirait sentir le lilas et les roses, boire le thés à la cardamone, ou évoluer dans les salles du palais... Un véritable voyage.
Et puis il y a cette histoire, si romantique et dramatique à la fois. Celle d'une vengeance. Shéhérazade veut tuer le Calife, ce bourreau qui fait tuer toutes ses nouvelles femmes à l'aube. Déjà tant de jeunes filles sacrifiées... Shiva, en était une, c'était la meilleure amie de Shéhérazade. L'héroïne, forte et déterminée compte bien comprendre pourquoi son amie est-elle morte, ainsi que la venger. le roman s'ouvre sur le dernier jour de Shéhérazade en tant que jeune femme libre, elle vient de se porter volontaire pour épouser le roi, et par la même, se condamne à une mort prochaine. Sauf qu'elle pense bien essayer de repousser sa condamnation. Shéhérazade va user de son charme, de son don de conteuse, et surtout de cette franchise qui fait d'elle une femme libre et courageuse, pour atteindre le Calife... Quant à Khalid, il reste insaisissable pendant bien des pages. Un être secret, tourmenté qui cache sa culpabilité et son secret derrière un masque de froideur. Un homme bien difficile à atteindre.

Les pages se tournent à une vitesse inouïe, et le récit évolue agréablement, nous offrant quelques surprises. L'auteur s'est permise de glisser des petits clins d'oeil, des libertés. Ainsi nous retrouverons Barbe bleue, Aladin ou le tapis volant. Nous retrouverons surtout, de la magie, un fakir, un mage, un père doué de dons étranges, un vieux grimoire... Et le récit se transformera en histoire fantastique, en conte revisité.

Alors, certes j'ai trouvé parfois que les personnages allaient un peu fort, un peu vite, que leur histoire d'amour si passionnée ne sonnait pas juste. Un romantisme exacerbé, avec une héroïne parfaite, sans faille... trop de perfection pour plaire aux jeunes lectrices, mais au final peu crédible. Comment Shéhérazade peut-elle passer de la haine à l'amour en un clin d'oeil, surtout envers un être froid, secret et distant... Mais bon, cela reste un conte "young adult", ne nous posons pas trop de questions, laissons nous porter...

Le tout forme une histoire romantique à souhait, notamment grâce au style léger et raffiné de Renée Ahdieh. Elle nous offre de la sensualité, de grandes déclarations d'amour, un triangle amoureux, de l'amitié avec des personnages secondaires attachants... mais aussi du suspense, une intrigue qui se tient, et une fin qui nous laisse sur notre faim et nous annonce un prochain tome. Après tout, c'est déjà pas mal !

Ce fut une réelle belle découverte, un très bon moment de lecture, où on se laisse porter par le romantisme et le dépaysement.
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Nouveau coup de coeur pour moi. Ce roman m'intriguait depuis très très longtemps et je ne sais pas pourquoi j'ai mis autant de temps avant de me le procurer. A force de voir des avis très positifs concernant Captive j'ai fini par l'acheter. Et j'ai bien fait ! J'ai adoré cette histoire. Moi qui ne connaissais pas tellement l'histoire des Mille et une nuits, cette réécriture par Renée Ahdieh m'a énormément donné envie de découvrir l'oeuvre originale.

Au Khorassan, le calife Khalid est connu pour tuer chacune des ses nouvelles épouses à l'aube, et ce pour une raison inconnue. Malheureusement, ce terrible sort a frappé la meilleure amie de Shéhérazade. Cette dernière décide donc de venger son amie en se portant volontaire pour devenir la nouvelle épouse du calife. Une fois au palais, Shéhérazade tentera de survivre à la première aube en contant au calife des histoires à rallonge pour éveiller sa curiosité et vivre un jour de plus à chaque fois. C'est ainsi que la jeune fille parviendra à rester en vie, et avec le temps, elle apprendra à découvrir qui se cache derrière cet homme froid qu'est le calife. Et si il n'était pas ce monstre que tout le monde croit qu'il est ?

Ce roman m'a fait voyager ! C'est la première fois que je lis un livre qui se déroule en Orient et les descriptions faites par l'auteur m'ont fait découvrir de nouveaux paysages, une nouvelle culture. Que ce soit par l'architecture, les vêtements ou la nourriture, cette histoire m'a complètement transporté dans un nouveau monde que je ne connaissais pas et je pense que c'est majoritairement pour tout cela que Captive à été un gros coup de coeur pour moi.

Mais pas que ! J'ai beaucoup aimé le personnage de Shéhérazade qui se montre forte et courageuse face à un époux que beaucoup de femmes pourraient craindre. Motivée par l'envie de vengeance qui l'anime au début du roman, c'est avec intelligence et détermination qu'elle affronte le calife et qu'elle parvient à passer la première nuit qui a été fatale à beaucoup de jeunes filles avant elle. L'évolution des sentiments de Shéhérazade pour Khalid est très intéressante à suivre. D'abord forte mais tout de même légèrement craintive face à cet homme, elle se laisse petit à petit aller à ressentir des choses pour lui. Car en effet, le calife ne semble pas être l'homme que tout le monde croit qu'il est et tous les crimes qu'il a commis jusqu'à Shéhérazade semblent lui peser sur la conscience, et il est loin d'être indifférent à cette situation. Lui aussi d'ailleurs, et pour la première fois de sa vie, semble avoir des sentiments pour Shéhérazade, elle qui est si différente des autres et qui a l'air de pouvoir le comprendre rien qu'avec un regard. Je me suis beaucoup attachée à ces deux personnages et il est intéressant de voir Shéhérazade tomber amoureuse de celui qui a ôté la vie à son amie d'enfance. Des sentiments totalement contradictoires envahiront la jeune fille qui se sentira coupable d'aimer le meurtrier de Shiva. J'étais totalement anxieuse durant ma lecture. Je ne savais pas quelle allait être la décision de Shéhérazade.

Ces deux personnages ne sont pas les seuls que j'ai apprécié. J'ai aussi beaucoup aimé la servante de Shéhérazade, Despina. Elle accompagne Shéhérazade tous les jours et elle m'a fait beaucoup rire à plusieurs reprises. Jalal est également un personnage que j'ai aimé. D'ailleurs Captive n'est pas seulement écrit du point de vue de Shéhérazade. Nous suivons parallèlement l'histoire de Tariq, l'amour de jeunesse de Shéhérazade qui fera tout ce qu'il pourra pour aller chercher la jeune fille et la sauver du calife Khalid. J'ai aimé le fait de suivre ce personnage plutôt que de rester uniquement dans la tête de Shéhérazade, cela dynamise le récit. Je ne me suis pas ennuyée une seule seconde durant ma lecture, malgré le fait que l'action ne soit pas omniprésente dans ce roman. L'ambiance qui règne et la tension entre les deux personnages principaux ont suffit à me tenir en haleine du début à la fin de cette histoire.

Parlons de l'objet livre en lui-même. Je trouve la couverture absolument magnifique, chaque début de chapitre est également très beau. Et la façon dont a été écrit le livre sur chacune des pages a rendu ma lecture super agréable car l'écriture est très aérée et ça me donnait la sensation d'avancer très rapidement dans ma lecture. C'est un roman qui se lit vraiment facilement.

Si vous voulez du dépaysement ce livre est fait pour vous !
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Citations et extraits (69) Voir plus Ajouter une citation
«Khalid ibn al-Rashid, le calife du Khorassan.

Le Roi des rois.

Un monstre qui hante mes cauchemars.

Au fur et à mesure qu’elle s’en rapprochait, Shéhérazade sentait sa haine bouillonner et raviver une inextinguible soif de vengeance.

Elle marchait sur le calife dont elle distinguait déjà les traits, car il avait un port de tête altier et le regard qui portait loin. Il était également grand, mince et musclé, et avait l’air martial. Ses cheveux sombres et raides étaient coiffés à la perfection.

Une fois sous le dais, elle resta bien droite, le front hautain. Il était roi ? Qu’à cela ne tienne, elle refusait de courber le front.

Donc elle le dévisagea. Ses yeux d’un brun clair aux reflets jaunes rappelaient l’or et l’étrangeté des prunelles des tigres et, pour l’heure, étincelaient sous ses sourcils sombres froncés par la perplexité.

Il la scrutait aussi, gardant une immobilité de statue. Dans son visage d’une fascinante beauté, ce regard étrange aux reflets d’ambre transperçait.

Enfin, il tendit la main. Shéhérazade l’imita et se souvint, à temps, qu’elle devait s’incliner.

Ainsi fit-elle, empourprée par la rage.

Mais elle se redressa vite.

Face à sa superbe, ostensible, il ne put réprimer un mouvement de surprise.

— Mon épouse.

— Mon roi.

Je vivrai ! Je verrai le soleil se coucher demain. Je le jure. Je garderai la vie sauve, je reverrai l’aube et le crépuscule, tant que je vivrai.

Longtemps ! Mais toi… toi, je te tuerai.

De mes propres mains. »
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- Où as-tu appris cela ? lui demanda Shéhérazade avec une admiration mêlée d’envie.

Despina mit ses mains sur ses hanches et leva un sourcil perplexe.

- Je veux parler de tes vêtements, de tes cheveux… de… de tout ça ! reprit Shéhérazade en passant ses doigts en peigne dans son abondante chevelure.

- Chez moi, à Thèbes en Grèce. C’est ma mère qui me l’a appris. Sa beauté était réputée dans toute la Cadmée. Et même dans toutes les Cyclades.
- Oh !… s’exclama Shéhérazade en étudiant les boucles lustrées de Despina pour rejeter en arrière sa propre crinière désordonnée.
- Je n’essaierais même pas, à votre place, continua Despina.
- Essayer quoi ?
- De m’appâter.
- Pardon ?
- Je sais quel genre de femme vous êtes ! J’en ai déjà rencontré de pareilles. Belles et charmantes sans lever le petit doigt. Elles séduisent les hommes sans paraître conscientes de leur charme et veulent en être aimées. Comme nous toutes. Ce n’est pas parce que vous ignorez comment mettre votre beauté en valeur qu’elle passe inaperçue, Shéhérazade. Mais je vous apprendrai cet art, si tel est votre désir. Et même si, a priori, vous n’avez pas besoin de mon aide, ajouta-t-elle avec un clin d’oeil. Car le calife vous apprécie telle que vous êtes.

- Et alors ? Il n’a rien d’exceptionnel. Combien d’épouses a-t-il eues au cours de ces trois derniers mois ? Soixante ? Soixante-quinze ?

Despina lui adressa un sourire ironique.

- Il ne leur rendait pas visite la nuit.
- Comment ça ?
- D’habitude, ses fiancées sont choisies au hasard. Il les épouse et puis… Enfin, bon, bref, vous savez ce qui arrive à l’aube.
- Ne mens pas, Despina !
- Mais je ne mens pas ! Vous êtes la première dont il recherche la compagnie après les noces !
- Je ne la crois pas !
- Au cas où vous vous poseriez la question, je n’étais pas censée vous le confier, ajouta Despina.
- Alors pourquoi me le racontes-tu ?
- Aucune idée.

Despina haussa les épaules.

- Peut-être pour que vous m’aimiez bien ?

Shéhérazade la jaugea longuement.

- Si tel est ton désir, aide-moi à choisir mes vêtements. Et puis, n’as-tu rien apporté pour mon petit déjeuner ? Je meurs de faim !

Despina sourit.
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Le calife regardait partout autour de lui avec curiosité. Son rida’ noir était retenu, au front, par un modeste agal.

- Connaissez-vous le souk de Rey ? murmura-t-elle.
- Non.
- Alors restez près de moi surtout, car c’est un vrai labyrinthe. Chaque année il s’étend davantage. Ses couloirs sont un enchevêtrement sans rime ni raison.
- J’ai cependant l’intention de te semer pour l’explorer selon mon bon plaisir.
- Vous essayez d’être drôle, sayyidi ?

Il fronça les sourcils.

- Tu ne peux utiliser ce terme ici, Shéhérazade.

Il avait raison. Surtout par ces temps si troublés où la rébellion contre son autorité agitait les rues de Rey.

- Vous avez raison… Khalid.

Il poussa un soupir et ajouta :

- Et toi, comment dois-je t’appeler ?
- Pardon ?
- Oui. Comment tes amis t’appellent-ils ?

Elle hésita. Pourquoi lui cacherais-je le diminutif stupide que Rahim m’a donné lorsque j’avais dix ans ?

- Shazi.

Une ombre de sourire surgit sur ses lèvres.

- Shazi… Cela te va bien.

Elle leva les yeux au ciel.

- Venez maintenant !
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- Est-ce de l'arrogance que de vouloir la constance contre vents et marées ? La permanence malgré l'adversité ?
- Tu désires l'impossible !
- Non, je désire l'absolu. Une femme capable de voir au travers, au-delà des apparences. Qui me complète. Soit mon égale.
- Et comment sauras-tu que tu as trouvé cette perle rare ?
- Elle sera comme l'air que je respire. Mon souffle de vie.
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- Je ne sais peut-être pas grand-chose, mais j'en sais plus que toi, Khalid-jan. Je sais par exemple que l'amour est fragile. Que t'aimer tient de l'impossible; C'est comme marcher dans le pire vent de sable avec le plus fragile des trésors. Si tu veux qu'elle t'aime, protège-la de cette tempête.
[...]
- Assure-toi de ne pas être la tempête de sable qui balaie tout sur son passge.
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