Opération masse critique spéciale BD, arf… Les BD j'ai bien quelques souvenirs de quelques séries de chez Glénat genre « Les 7 vies de l'épervier » ou « Giacomo C », de XIII ou Largo Winch, des Bidochons ou de Pif gadget mais c'était au siècle dernier. Depuis, nada. J'ai cru comprendre que ça ne s'appelait plus forcément BD mais roman graphique, comme il n'y a plus de femmes ou d'hommes de ménage mais des techniciens de surfaces, plus de cons mais des mal comprenant enfin bref que je me dis, et si j'essayais une fois de plus de passer outre un apriori? C'est parti, je vais demander un roman graphique sans le savoir, croyant me faire une BD. Monsieur Jourdain, sort de ce corps!!!
Je n'ai pas eu à faire défiler les titres pendant longtemps avant d'arrêter mon choix. Lettre A,
Abyssinie, une traversée dessinée de
Joël Alessandra.
Déjà la couverture me séduit au premier coup d'oeil. L'Afrique est là à portée sans bouger de mon canapé, Cette Afrique qui me fascine. Les dessins, je ne sais pas je ne suis pas spécialiste mais le noir et blanc entre esquisse et croquis façon encre de chine, des sépias, une aquarelle, des photos, une recherche sur Google pour voir de quoi il en retourne ne font que confirmer l'évidence de mon choix. Je coche.
Quelle belle surprise à la réception, le livre est magnifique. Peut être est ce parce que je n'ai pas l'habitude de ce support dans mes lectures mais je trouve vraiment un bel objet entre mes mains. Je feuillète, le papier est épais, le toucher doux, quant à l'odeur elle est envoutante. Cette odeur du papier me rend la lecture « vitale », j'ai pas forcément le temps là mais je vais le prendre tant pis.
Je commence à comprendre ce qu'est un roman graphique (enfin je crois). Des dessins, des textes, liés et déliés en même temps qui laissent le lecteur libre d'associer le texte avec l'image qui lui parle, qu'il ressent. Rien n'est imposé.
Abyssinie, une traversée dessinée, c'est un carnet de voyage et quel voyage!!!
« Quand tu aimes il faut partir » écrivait
Blaise Cendrars. Ce sont les premiers mots, le ton est donné.
L'auteur va nous emmener dans les traces de
Rimbaud,
Kessel, Monfreid et
Thesiger à travers Djibouti et l'Ethiopie.
Un grand moment pour moi quelques pages plus loin. Une phrase toute simple mais au sens infini.
« Je suis sur le port, adossé à l'Afrique, ouvert sur l'Arabie et tourné vers l'océan Indien et son grand large... »
Adossé à l'Afrique, quelle image, ce continent comme fondations d'une humanité qui se perd, une Afrique colonne vertébrale de nos civilisations, scoliosée par notre présomption.
Ouvert, tourné vers, heureux homme qui tient une telle position, j'aime ce bouquin.
le voyage continue, un voyage en 3D dans la corne de l'Afrique. En trois dimensions qui s'épousent parfaitement, se complètent, se répondent, les unes faisant écho aux autres. D'abord les lettres du voyageur à sa femme, des instantanés, des ressentis des émotions, un partage. Ensuite un peu d'histoire du lieu où il se trouve. Enfin des extraits des auteurs qu'il piste correspondant aux lieux où il est.
3D… non 4D parce que le tout accompagne une multitude de dessins, d'aquarelles et de photos magnifiques pour qui aime ce style qui snife bon l'authentique. J'avoue que certains portraits (dessins ou photos) m'ont profondément touché.
De Djibouti à Addis Abeba le voyage est merveilleux et instructif.
Et puis il y a la rencontre. Dawit, un allumé qui va le conduire jusqu'à Axoum dans un but que vous découvrirez en lisant cette traversée dessinée.
Et puis il y a la cérémonie du Buna (que vous découvrirez blablabla…), je ne boirais plus un café sans y penser (sauf à 4h du mat parce que là, je pense pas à cette heure).
Et puis il y a, il y a mille et une raison de lire ce bouquin mais ça va faire long pour babelio. Si j'ai déjà réussi à en donner deux ou trois ça sera pas mal.
Pardon aux amateurs de BD si je me suis un peu planté dans certains termes ou certaines techniques mais quoi qu'il en soit des romans graphiques ou du nom qu'on veut, j'en veux bien plus souvent. Je crois que je vais m'en faire plus souvent.
Merci à Babelio et aux éditions Paulsen de m'avoir mis ce joli cadeau entre les mains et merci à
Joël Alessandra pour ce voyage aux pays des merveilles.