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EAN : 9791097515270
203 pages
Editions la Trace (06/02/2020)
3.73/5   15 notes
Résumé :
Tout a commencé, avec ce jeune homme en mal de précision horaire. Pourquoi l’avais-je assassiné ? Je n’en sais toujours rien aujourd’hui. « Je ne sais pas ce qu’il m’a pris, j’ai eu un trou noir… » Et tout ce genre de choses que l’on dit devant un juge, aux Assises. Sauf que moi, devant un juge, je n’y suis jamais allé. Puisqu’un autre y est allé à ma place. Un pauvre type, comme on dit. Un type qui n’a pas su se défendre.
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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« Moi, comme vous le savez, c'est Anatole. Je sais, ce n'est pas courant, mais cela me correspond. Je ne suis pas un objet standard. Je suis unique. »

Pour être unique, il l'est, ce brave Monsieur Anatole !

Enfin… brave…

Toujours impeccable dans son costume cintré et ses chemises blanches sans plis, son noeud pap', sa pochette assortie à la chemise et son petit chapeau vissé sur la tête… On lui donnerait presque le Bon Dieu sans confession…

Enfin… presque…

C'est que, derrière son air de gendre idéal… quoi que… plus tout jeune quand même… Monsieur Anatole est un solitaire… un peu angoissé… un peu susceptible aussi… et puis légèrement imbu de sa personne… voire un chouïa égocentrique… avec une petite dose de cynisme… oh trois fois rien ! hypocondriaque, ça compte ? Oui bon, ok… D'accord…  Mais il n'est pas si toqué que ça… Enfin, à peine… Et puis ce n'est quand même pas sa faute s'il est paranoïaque et schizophrène, Monsieur Anatole
Et puis marginal, c'est vous qui le dites ! C'est vrai, quoi, les gens n'ont qu'à être polis, faire moins de bruit, arrêter de se moquer,  être moins cupides, dégonfler du melon ! Non mais… Et puis quoi encore… Monsieur Anatole, il voulait juste qu'on le laisse tranquille, tout seul, dans son p'tit appart'… avec son p'tit chapeau… avec son p'tit manteau… avec ses p'tites cassettes pornos…

Monsieur Anatole, c'est un peu le fils in vitro caché de Dexter Morgan, d'Adrien Monk et d'Andrew Laeddis… Une pathologie à lui tout seul… Oui oui… Paraît même qu'elle s'appelle l'Anatolite, la garce.

Alors, quand ça dérape, pour une histoire de yaourt aux cerises ou d'escargot qui vous regarde du coin de l'oeil, vaut mieux pas le chercher Monsieur Anatole… Parce que vous pourriez vous retrouvez à jouer aux échecs avec Saint Pierre plus tôt que prévu…

- - -

Je ne sais pas si le yaourt ou les escargots étaient toujours frais au moment de leur consommation mais les effets secondaires se sont bien fait ressentir. Philippe Alessandri a du s'amuser pour écrire ce roman :o)

Un roman frais, sympathique, drôle… Une écriture simple, facile à lire, à la première personne, qui rend ce brave Monsieur Anatole si attachant… On s'en sentirait presque coupable !

Un chouette moment de lecture :0)
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« Monsieur Anatole », cinquante ans, est un modeste employé de banque exemplaire et sans histoire à l'image du commun des mortels. Pourtant - taciturne et solitaire, misanthrope et aigri (il aime voir les gens malheureux, P.9), mégalomane et narcissique, accro au porno et voyeur, maniaque, perclus de contradictions et tourmenté ; toutefois élégant et raffiné autant que grotesque et ridicule - cet individu est un criminel. Il relate avec cynisme les circonstances qui l'ont conduit à commettre ses méfaits. Alors même que ses meurtres sont impulsifs, et consécutifs à de banales circonstances et encore typiques du crime imparfait, cet olibrius ne rend jamais compte de ses actes à la justice. Comment cela est-il possible ?


« Monsieur Anatole » est le personnage éponyme du premier roman de Philippe Alessandri publié aux éditions La Trace. Il convient de souligner la qualité des romans de cette maison d'édition : la couverture, toujours illustrée par la reproduction de magnifiques peintures - ici « le Marquis d'Alfredo » d'après l'oeuvre de Lempicka (1926) de même que la qualité remarquable du papier sont autant de détails qui accroissent le plaisir de la lecture. Les éditions « La Trace » favorisent la qualité des auteurs et des récits à leur quantité.


Il y a des livres qui font le succès des « rentrées littéraires », dont certains nous délectent - d'autres beaucoup moins – et puis il y a ceux dont on parle moins. « Monsieur Anatole » fait partie de ces derniers, mais c'est un très bon roman.


Sur le mode à la première personne avec pour narrateur le personnage principal, « Monsieur Anatole », Philippe Alessandri écrit une fiction aboutie et passionnante. le prétexte du roman pourrait sous-entendre que «Monsieur Anatole » est un récit policier. L'auteur orchestre et conduit le suspense d'une d'intrigue de manière totalement captivante ; jusqu'au terme du roman l'on se demande où celui-là veut nous emmener. Philippe Alessandri ne déçoit pas. Et si quelques digressions peuvent sembler surréalités, elles sont totalement inhérentes à l'histoire. Mais n'allons pas trop vite…


Les meurtres « en série » de Monsieur Anatole » ne sont que des prétextes à une tentative d'approche au plus profond de l'âme humaine, d'incursions dans les méandres de son inaccessible immensité, bref d'une immersion au plus profond de l'intelligence et de la pensée humaine.


Car, au fond, cette fiction est au coeur même de l'Homme pour qui consent, un tant soit peu, à l'introspection. Philippe Alessandri avance au plus près de l'esprit humain en permettant au lecteur, après la lecture de la dernière ligne, de méditer ceci : « je ne suis tout de même pas monsieur Anatole !  ?  » … (Note personnelle).


Certains questionneront la justesse du présent avis, l'auteur lui-même peut-être – Philippe Alessandri pardonnera que sur lui je renchérisse - mais force est de constater que celui-ci explore, d'un point de vue saugrenu, un sujet bien plus sérieux de ce qui pourrait paraître une simple farce. Et c'est très habilement conçu. La lecture du roman est un régal – drôle, intrigant et captivant de bout en bout. Et assurément, l'auteur n'est pas avare de scènes et de dialogues burlesques et ubuesques lorsqu'il met en scène le personnage, haut en couleur, de Monsieur Anatole.


Celui-ci est d'une construction admirable. Il est le contraste parfait du héros attendu d'un roman traditionnel que l'auteur réussit à connecter intelligemment avec les autres personnages, eux-mêmes, parfois, des antihéros à leur manière : Monsieur Anatole élimine son maître chanteur parce qu'elle s'est tout simplement moquée de son chapeau et non en raison de l'intimidation exercée ; ou encore sa jeune maitresse (sa voisine de palier) à la suite de ses moqueries quand il perd en elle sa semence «presto rapidos » …


L'on saisit immédiatement alors la perspective romanesque de l'auteur : Monsieur Anatole, prisonnier de ses délires, est l'ambassadeur d'individus ratés, ce que nous serions tous si notre propension, profondément enfouie, n'était pas réfrénée à la faveur du discernement, de l'éducation ainsi que des conventions et règles sociales.


À partir de ce constat, Philippe Alessandri ne pouvait que provoquer l'intérêt du lecteur, retenir son attention et susciter une forte identification inconsciente à l'égard de Monsieur Anatole, ce personnage mystérieux qui cache sans cesse quelque chose que seule la fin du livre révèle. À aucun moment, l'on ne reste passif et l'on participe activement à l'histoire. Ce personnage dissimule quelque chose et l'on veut découvrir de quoi il s'agit. C'est un des tours de force de ce roman.


L'auteur emploie un autre procédé romanesque efficace en mettant à nu les deux visages de l'inénarrable Monsieur Anatole. En effet, le lecteur recherche à s'identifier dans un roman. Il y consent avec Monsieur Anatole, mais il peut cacher un tel processus à sa morale.


La morale de Monsieur Anatole


Les délires de Monsieur Anatole ne sont pas uniquement la cause des meurtres commis à l'occasion de réactions impulsives, mais ils révèlent aussi une personnalité ambivalente et insaisissable. À la fois réservé et raffiné, en même temps grotesque et folklorique, Monsieur Anatole suscite continuellement des effets comiques.


Par exemple, il n'avait jamais rencontré sa jeune voisine de palier ; le soir, il espionnait les bruits à travers la cloison commune avant de se masturber devant un film pornographique. Mais un jour- il est chez elle depuis quelques minutes - il doit effectuer un gage suite de la perte d'un pari :

— « Tu veux que je te masse, que je te fasse des trucs comme ça…  » ?...

— « Mieux que ça ! Un strip-tease, tu vas me faire un strip-tease !

— Moi, te faire un strip-tease à toi…  !

— Allez, hop ! En piste ! Fais le strip-tease comme il faut, hein ? Faut que ce soit émoustillant.  !  »…

Imaginez un peu la scène : un type de cinquante ans faire un strip-tease à une fille d'une vingtaine d'années. Cela devait payer… Effectivement cela payait…

— « Allez, enlève le haut… Trémousse-toi plus lentement… Putain, si mes copines me voyaient qu'est-ce qu'elles marreraient…  !  »

Elle s'amusait comme une folle… Je sentais la gêne m'envahir, puis la honte. Je songeais à mes collègues qui, s'ils avaient vu le tableau, auraient eu un sacré choc… Monsieur Anatole, l'employé-modèle, se livrant à la débauche devant une gamine qu'il connaissait à peine…

Elle voulait la suite. le strip-tease intégral. En suivant le rythme lancinant de la musique, je me retournais et ôtais mon vieux slip rouge, à l'élastique trop mou…je pris une décision brutale…je me retournais d'un coup.

— « ouh là là… Midi pile ! Vieux cochon, va…  » (P.21, 22, 23).


Les dialogues et le récit en général n'en sont donc pas moins savoureux et en totale harmonie avec l'esprit du roman et de son héros. L'écriture, à la réserve des dialogues propres à dépeindre certaines situations ou personnages, est parfaite : châtiée sans être ampoulée, limpide et agréable. Mais surtout, Philippe Alessandri est encore de ces écrivains modernes qui savent écrire des phrases composées d'un sujet, d'un verbe et d'un complément… Voilà au moins un point d'accord entre l'auteur et le narrateur, Monsieur Anatole :

« Je me mis à lire énormément. Je dévorais des livres par douzaines… Plutôt de la littérature classique que des auteurs contemporains que je trouvais trop égotistes.
J'appréciais davantage les phrases longues des écrivains du dix-neuvième et de la moitié du vingtième siècle, au subjonctif admirable, que celle en style télégraphique que l'on trouve aujourd'hui dans la plupart des bouquins…  ». (P. 89).


C'est avec conviction que je recommande vivement la lecture de ce livre. Non seulement parce qu'il est intelligent, passionnant, drôle et bien écrit, mais, de manière générale, pour la qualité des récits publiés par les éditions La Trace (1).


Bonne lecture,

Michel.


1) Ex : "Nous nous sommes tant aimés", par Mona Azzam

Lien : https://fureur-de-lire.blogs..
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C'est la première de couverture qui m'a donné envie de découvrir ce roman : "Monsieur Anatole", de Philippe Alessandri. Cette silhouette de dandy, loden élégant, chemise blanche, noeud papillon rouge et chapeau incliné, ont attiré mon regard. Mais c'est dans celui de l'homme ainsi vêtu que j'aurais pu deviner la suite…

Monsieur Anatole, hormis son élégance, n'a rien que de très banal. Petit employé de banque, il vit seul dans son appartement, n'a pas d'amis, et se comporte parfois bizarrement. le roman s'ouvre sur une dégustation de yaourt aux cerises, des taches… "Des taches larges et empourprées… " qui ramènent le personnage quelques années en arrière….

L'ouvrage a quelque chose d'étonnant, d'original et d'effrayant qui dès le départ m'a donné le frisson. En effet, derrière le côté "bien sous tous rapports", ce Monsieur Anatole présente des signes particuliers, des attitudes curieuses, des réflexions surprenantes. Il semble vouloir se venger d'une enfance malheureuse, faite de moqueries, de manque d'amour, de rejet. Mais raconter l'histoire serait la dénaturer. Il faut la lire attentivement, de bout en bout jusqu'à la dernière page, véritable illustration du sujet… J'ai, pour ma part, parcouru ce livre à toute allure et d'une seule traite. le rythme est vif qui entraîne d'une page à l'autre. le ton est addictif, l'écriture sèche qui traduit parfaitement la personnalité du narrateur, son manque d'empathie pour quiconque. La réflexion y est profonde et tout le long du récit, nous nous baladons entre réalité et illusion. C'est ce qu'un médecin explique à Monsieur Anatole, hospitalisé après un malaise : "En fait, le problème, c'est que vous voyez des choses qui n'existent pas et, précision fondamentale, à l'inverse, vous ne voyez pas les choses qui, elles, existent réellement."

Je regrette toutefois comme un essoufflement au bout d'une centaine de pages. Les quelques trente dernières, particulièrement, me parurent longues, même si l'ultime – à ne surtout pas lire avant – m'a fait comprendre qu'elles étaient nécessaires.
En réalité, j'ai beaucoup aimé ce roman qui touche parfois au surnaturel, s'il n'était question d'une pathologie authentique.

Lien : https://memo-emoi.fr
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Sur les conseils d'une amie, qui savait que j'étais à la recherche d'un roman sortant quelque peu du ronron habituel que l'on trouve en ce moment en librairie, j'ai acheté "Monsieur Anatole", de Philippe Alessandri.
Et là... Eh bien, j'ai été happée par l'histoire dès les premières pages ! Impossible de décrocher, il fallait absolument que je continue à lire les aventures de cet étrange célibataire, qui s'ennuie ferme dans son métier d'employé de banque et qui a, entres autres "petites manies", le fait d'être addict au films pornos... Ce singulier bonhomme pourrait être notre voisin de pallier, car il est à première vue un quidam comme tous les autres. Mais les évènements, au tragi-comique de haute qualité, s'enchainent autour de lui à une vitesse folle, et entraine le lecteur dans un tourbillon de rencontres toutes plus cocasses les unes que les autres. Chose étrange, et c'est là que l'on peut dire sans crainte que l'auteur, Philippe Alessandri, a l'étoffe des grands écrivains, ce "Monsieur Anatole" a tout pour qu'on le déteste, mais on se met tout de suite à l'aimer et à souhaiter qu'il se sorte des situations délicates auxquelles il se trouve confronté, notamment lors de cette partie d'Echecs dans une lugubre villa au fin fond d'un cordon lagunaire...
L'action, contemporaine, se situe en grande partie dans une ville qui n'est pas définie. Mais cela n'a aucune importance, car l'essentiel dans ce récit se situe dans la galerie de personnages qui se succèdent autour du héros. Tout le monde porte un masque, un faux-nez, et ces êtres peu sympathiques sont avides d'argent, imbus d'eux-mêmes et pleins de vices. Il y a pourtant un Ange, mais attention ! Celui-ci pourrait bien être un Démon. Tiens, on dirait là que l'on parle de la vraie vie, de celle que l'on vit tous les jours...
Le style de Philippe Alessandri est vif et de haute tenue littéraire. On voit que cet écrivain est un fin lettré et est un grand amoureux de la langue française, car ses phrases sont ciselées, extrêmement travaillées sans jamais être pompeuses ni prétentieuses. Les dialogues sont savoureux, le lecteur se délecte des réparties et des échanges entre ces individus sans scrupules. Il y a du Balzac et du Dostoïevski chez Philippe Alessandri, avec des situations à la Kafka. Quel régal et quelle excellente surprise que ce premier opus, car il s'agit là du premier roman de cet auteur qui, espérons-le, nous donnera certainement l'occasion de nous délecter d'autres titres.
Une fois parvenue à la fin du récit, où le dénouement tout à fait inattendue explique toute la trame de cette histoire où le réalisme se mêle au loufoque de manière quasi-mystique, comme cette désopilante élection truquée de Miss, je n'avais plus qu'une hâte. Celle de recommencer à relire "Monsieur Anatole", dont le célèbre chapeau entrera bientôt dans la légende...
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Monsieur Anatole
Philippe Alessandri
Editions La Trace

Monsieur Anatole, personnage éponyme du roman de Philippe Alessandri est un employé de banque âgé de cinquante ans. Enfant, il a été rejeté par les autres élèves de son école pour une simple affaire de chapeau. Cet isolement forcé a fait de lui un homme maniaque, solitaire, tourmenté, bien que raffiné et élégant.
En raison d'évènements a priori assez ordinaires dans sa vie quotidienne, il va être amené à commettre plusieurs crimes sans jamais en être inquiété.
Dès les premières pages du livre, le lecteur partage la vie du narrateur, qui n'est autre que Monsieur Anatole. Il nous décrit son quotidien, son travail, sa vie rangée, une névrose banale et ordinaire dans laquelle nous pouvons tous nous reconnaître : excès de propreté, excès d'ordre, excès de rangement.
Puis, grâce à l'intrigue du roman, le lecteur se trouve entraîné, sans s'en rendre compte, chapitre après chapitre, dans un glissement continu de la perception. Celle de Monsieur Anatole qui, étant le narrateur, pose pour réelle sa vision déformée du monde et des évènements... Et nous achemine insensiblement dans son délire et dans la déraison qui est la sienne.
Nous partageons avec lui sa souffrance face aux humiliations qui lui sont faites, et comprenons la rage qu'il peut ressentir face à certaines situations : oui, comme Monsieur Anatole, nous ressentons de la colère lorsqu'on se moque de nous, ne voudrions pour rien au monde qu'on joue avec notre joli chapeau neuf, ou qu'on ne vienne saccager notre jardin secret.
Mais la force de Philippe Alessandri est de n'être jamais dans du fantastique à proprement parler, mais dans du réel qui dérape, ce qui donne aux situations un aspect encore plus inquiétant. le lecteur, entraîné sans s'en rendre compte dans la pathologie du narrateur, finit par trouver presque « normales » ses réactions. Et il est par moments surpris de se voir basculer dans des situations totalement irréelles ou délirantes. Aussi, comment peut-il ne pas se sentir plus affecté par les crimes commis par cet homme ?
Philippe Alessandri, pour mieux happer le lecteur, procède par petites touches alternant plausible et improbable, sans que l'on ne sache jamais comment se situer.
Entre le personnage du livre et nous, il n'y a qu'une petite ligne rouge que le personnage franchit. Là où nous parvenons à contrôler nos pulsions lors d'épisodes marqués par la haine ordinaire, il y a pour Monsieur Anatole passage à l'acte.
Ce qui pose aussi la question du doute. Notre cheminement avec le personnage ne nous a-t-il pas révélé l'étendue de nos failles ? N'a-t-il pas ébranlé nos convictions en nous mettant face à notre propre confusion mentale et en créant un flottement entre ce qui est réel et sur ce qui ne l'est pas ?
Alors, jusqu'à quel point suis-je, ou ne suis-je pas moi-même atteinte d'Anatolite ?
Si vous-même cherchez une réponse à cette étonnante question, la lecture du livre de Philippe Alessandri saura déployer toute la finesse de la psychologie humaine pour une expérience proche de la déroute et de la mise à l'épreuve.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
- Cette pathologie, Monsieur Anatole, possède une caractéristique que j’ai pu isoler grâce à vous. En fait, le problème, c’est que vous voyez des choses qui n’existent pas et, précision fondamentale, à l’inverse, vous ne voyez pas des choses qui, elles, existent réellement. Voilà, c’est cela, « l’Anatolite ». (...)

- Mais comment je vais faire pour m’y retrouver, moi ? Si vous ne découvrez pas d’antidote à cette maladie, je vais vivre un véritable cauchemar...

- Ah, ça, mon cher ami, cela ne va pas être facile, je vous l’accorde. Et il faut bien avouer que la société dans laquelle nous vivons ne fait rien pour aider les cas comme le votre. Pour l’instant, le seul remède qui me semble le plus opportun, c’est de vous éloigner des postes de télévisions, de radios, et autres moyens de communications.

- Ah bon?... Vous pensez que cela a un rapport avec le mal qui me ronge ? Ces choses peuvent avoir une incidence néfaste sur ma santé ?

- Oh que oui, Monsieur Anatole. Fuyez-les. Ces affaires vous sont nocives.

- Et c’est également valable pour Internet ? (...)

- Internet ? Malheureux, n’y touchez surtout pas ! Dans votre cas, cela pourrait vous être fatal.

- Mais aujourd’hui tous les gens l’ont. (...) Alors pourquoi est-ce que moi je n’y aurais pas droit ?

- Il ne s’agit pas d’une question de droit, Monsieur Anatole, mais de salubrité publique. (...) Et si vous ne faites pas ce que je vous dis, vous risquez, sans vous en rendre compte, de contaminer vos semblables. Puis, qui sait, de propager « l’Anatolite » à l’ensemble de la planète. Alors vous avez le choix : soit vous vous conformez à mes prescriptions, soit je serais obligé de vous mettre en quarantaine pour une durée indéterminée. (...) Sachez que je ne ferais pas cela de gaîté de coeur, mais maintenant que la Communauté Scientifique Internationale est au courant, je ne suis plus le seul à décider. Et puis il y a autre chose... Il y a les Américains. Ils sont furieux parce que ce ne sont pas eux qui récoltent les lauriers, ainsi qu’ils en ont l’habitude. Alors ils vont essayer par tous les moyens d’intervenir dans cette affaire. Et ce ne sont pas des tendres, croyez-moi.

Le praticien se leva. J’en fis autant. Maintenant, je savais à quoi m’en tenir. C’est-à-dire que je ne savais rien du tout. Ou si peu. Et qu’il faudrait m’en contenter.
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J'éprouvais la pénible impression d'avoir raté ma vie. Que faire alors ? M'acheter une Rolex ? Non...

Par contre, une autre idée me vint... Et si je me mettais en ménage ? Mais j'abandonnais presque aussitôt ce projet saugrenu. Les femmes étaient toutes des folles. La preuve, je n'arrive pas à en supporter une seule plus de quelques jours. Sans être misogyne, c'étaient tout de même de drôles de bestioles. Jamais contentes, toujours à râler. Quand on veut aller quelque part elles ne veulent pas, quand c'est nous qui voulons rester à la maison ce sont elles qui veulent prendre l'air. Elles ont toujours ou trop chaud ou trop froid, elle veulent conduire nos voitures, elles savent tout sur tout, et gnagnagna et gnagnagna...Bref, ce sont de sacrées enquiquineuses.

Je suis très tolérant et pas trop exigeant, mais il y a tout de même des limites. Non, décidément, prendre une femme ne me semblait pas la solution idoine pour me remonter le moral.

Tiens, et si je prenais un chien ? En voilà une idée qui était intéressante. A priori, un chien à la maison offre bien des avantages. C'est, somme toute, une compagnie agréable. C'est vrai, un chien ça ne dit rien, ça ne vous juge pas, c'est fidèle... Les mauvaises langues disent que c'est tout le contraire d'une femme.

En plus on n'a pas à les emmener au restaurant les soirs et les week-ends, ni à leur offrir des cadeaux pour la Saint-Valentin.. Cela fait faire de sacrées économies.

Mais, à bien y réfléchir, il y a un petit problème avec les chiens. Un chien, cela perd ses poils. Tandis qu'une femme...
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- Bienvenue Monsieur Anatole ! Je constate avec plaisir que vous avez retrouvé la grande forme. C’est bien. Vous voyez, je vous avais dit de ne pas vous inquiéter.

- Bonjour Docteur. C’est vrai que je me sens tout à fait remis, mais je suis toujours enfermé dans votre prison. Sans vouloir vous offenser, on est quand même mieux chez soi.

- Allons, vous voudriez déjà nous quitter ? Et pourquoi donc ? On est pas bien ici ?... Certes, la nourriture est degueulasse, mais que voulez-vous, nous n’avons plus aucun crédit. Et s’il n’y avait que la nourriture, mais vous avez dû remarquer également que tous les services sont bons à mettre aux urgences, si je peux me permettre ce mauvais jeu de mots. Vous savez, c’est toujours pareil. Le Ministère prétend qu’il n’y a pas d’argent, qu’il faut de la rentabilité... Un jour, vous verrez, ils nous demanderont de tuer nos malades.
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C'est fou les clichés que l'on a sur les habitants des quartiers populaires. On croit qu'il y a des malfrats partout.

Pour ma part, je suis convaincu que les gens y sont plus honnêtes que dans les quartiers huppés. Les pauvres espèrent simplement avoir un jour un boulot, d'autres bénissent les services sociaux et leurs allocations, d'autres encore se débrouillent comme ils peuvent, d'une manière ou d'une autre. Enfin, surtout d'une autre. Et tous espèrent toujours... gagner un jour le gros lot au loto.
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Finalement, j'aime beaucoup les enterrements. C'est une atmosphèrere qui n'est pas déplaisante. Je sais qu'il y en a qui préfèrent les cocktails d'inauguration, mais, si vous vous y rendez seul, comme c'est habituellement mon cas, vous risquez de ne pas trouvé grand monde à qui parler...certains dans les recoins de l'église commençaient à draguer, voire carrément à flirter
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