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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'avais littéralement dévoré le prologue de la page donnée à lire par lecteurs.com pour essayer de gagner ce livre et j'ai cherché rapidement à lire la suite!
Finalement, je n'ai pas pu attendre et une amie me l'a prêté; je l'ai dévoré! Une lecture très forte, une écriture si vraie. Cette catastrophe m'avait laissée sans voix en 86, lire le témoignage d'une femme de mon âge de l'époque a été bouleversant. Tout le livre est d'une justesse extrème, à la fois dur et touchant. Un livre remarquable!
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Le désastre de Tchernobyl est bien connu. On connaît la cause de l’accident, une épreuve échouée, et ses conséquences. On peut trouver les statistiques sur les suites humaines : sur le nombre de morts et de malades et sur le nombre de gens déplacés et déracinés. On a accès aux chiffres sur l’environnement détruit.

À l’époque, j’ai lu beaucoup sur cet accident de Tchernobyl ; les suites, les coûts humains et les coûts écologiques. Bien qu’ils ne soient pas toujours très clairs ou même crédibles.
Svetlana Alexievitch a ajouté une contribution précieuse à tous ces chiffres et connaissances techniques : les histoires des gens qui ont survécu Tchernobyl. Durant trois années, elle a voyagé et questionnée des travailleurs de la centrale, des anciens fonctionnaires du parti, des médecins, des ouvriers et des soldats qui ont dû réparer l’installation nucléaire et nettoyer les environnements. Elle a aussi parlé avec des émigrants et avec des personnes qui se sont installées dans la zone interdite. Elle présente tous ces témoignages en forme de monologues. C’est une nouvelle perspective historique sur l’accident de Tchernobyl, une perspective humaine et touchante.

Les témoignages sont bouleversants et fascinants. C’est une lecture presque hallucinante. Ce manque total de savoir et de compréhension quand le désastre se déroulait. Il y a des villageois qui n’ont rien su, qui ne connaissaient pas vraiment les risques et les dangers de la radiation. Il y a des autorités qui n’ont pas du tout été préparées à un accident nucléaire. Il y a des ouvriers et des soldats « volontaires » qui se sont trouvés sans protection dans une situation dangereuse : les moyens et les instructions sur la protection contre la radiation manquaient. Les gens locaux, soit habitants, soit ouvriers ou soldats, soit autorités, personne ne savait rien sur les conséquences inévitables de l’exposition à la radiation où sur les mesures de précaution nécessaires.

C’est vraiment incroyable, tous ces drames humains à cause d’un accident industriel. Je respecte le travail dur de l’auteur qui a enregistré tous ces témoignages émouvants et choquants. Je suis sûr qu’elle a écouté beaucoup plus d’histoires touchantes qu’on trouve dans le livre. Elle a dû trier et sélectionner les témoignages les plus appropriés pour la publication.

C’est un livre impressionnant et comparable à « La fin de l’homme rouge » du même auteur, mais beaucoup plus émouvant.

L’auteur a gagné le Prix Nobel de littérature en 2015
Lien : http://nebulas-nl.blogspot.n..
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La Supplication : Tchernobyl, chroniques du monde après l'apocalypse ou comment se confronter à la -réalité noire-, à la (sur)vie, à la mort de (sur)hommes devenus bien malgré eux, avec le temps, des sous-hommes, des êtres difformes pour certains, des monstres, qu'on se montre du doigt " Regardez, des Tchernobyliens !" , qu'on se garde bien d'approcher de peur d'être contaminés. Et pourtant ... On se laisse bien volontiers contaminer par cette lecture, qui ne nous laisse pas indemnes loin de là. On se sent véritablement atteints après cette lecture, d'un mal incurable, de cette réalité noire, glauque ... En même temps, on se sent irradiés par tant d'abnégation, par tant d'amour aussi ... Les témoignages des femmes qui entament et qui terminent le livre sont monstrueusement beaux. Je retiendrai aussi la naïveté des vieux (une âme simple, c'est beau) et la sagesse des enfants ... Avec une dernière pensée pour tous les animaux qu'on croise dans ces témoignages : les animaux que les gens n'ont pas eu le droit d'emmener avec eux, ceux qu'on a fusillés sur ordre d'en haut, avec ces scènes poignantes d'enfants qui courent après un soldat qui lui, court après un chat ... Et le témoignage du chasseur qui après tant de massacres ne se remet pas du petit caniche qu'il n'a pas pu achever ... Et cet enfant qui a un petit mot pour son hamster qu'il a laissé dans sa cage avec de la nourriture pour deux jours alors qu'ils sont partis pour toujours ...
On ressent tellement dans ces chroniques l'ampleur du traumatisme collectif avec en prime tous ces traumatismes individuels ...

PS : A retenir aussi les liquidateurs qui depuis leur intervention sur le site de Tchernobyl, depuis qu'ils ont enterré les maisons, les arbres, la terre dans la terre, depuis qu'ils ont enterré la vie, prennent conscience, justement, de l'existence du vivant : ils remarquent alors, étrangement, pour la première fois, les fourmis.
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Il est très difficile de mettre des mots sur ce livre et je n'ai personne à convaincre de la nécessité de le lire.
Dix ans après l'explosion nucléaire qui a bouleversé le monde, l'autrice interroge celles et ceux qui sont restés ou qui sont (re)venus : les liquidateurs, leurs épouses, les enfants, les hauts gradés comme les gens simples. Leurs lettres, dialogues ou monologues dressent en trois parties un tableau de la manière dont leur vie a été déchirée.
Alors que je suis plutôt bien informée sur la catastrophe et que je connaissais Alexievitch pour l'avoir vue dans des documentaires sur Tchernobyl et la fin de l'URSS, j'ai été surprise d'à quel point j'étais ignorante de certaines réalités, tellement effrayantes qu'elles sont encore tues.

C'est très souvent le registre de la guerre qui est utilisé : "Grande Guerre Patriotique" des anciens qui ont transmis la mémoire, guerre d'Afghanistan dont revenaient à peine de nombreux liquidateurs, guerre de Tchétchénie qui se déroule à l'époque des témoignages. C'est la seule comparaison possible, mais qui est à chaque fois repoussée car Tchernobyl, c'est pire. Depuis 1986 et pour des millions d'années.

Il y a évidemment le contexte de déliquescence de l'Union Soviétique, puis celui de son implosion, mais cet ouvrage pose une question plus large sur ce que nous sommes capables de faire et d'accepter en tant qu'êtres humains.
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Je pense que si je n'avais pas été incitée par un Meps à lire ce livre, je ne l'aurai probablement pas fait avant plusieurs années. Et cela aurait été bien dommage car il s'agit à mon avis d'une lecture nécessaire, tout comme il apparaît nécessaire de lire certains ouvrages sur les événements les plus marquants de notre histoire. Ici, il s'agit de montrer l'universalité de notre condition d'être humain face à l'impensable et l'inimaginable.
Dès le prologue, le ton du livre est donné. J'ai alors senti que ma lecture serait rude, âpre, difficile et me laisserait un sentiment étrange qui risquait de persister. Et bien, je ne me suis pas trompée.

Je ne peux que saluer le travail de récolte et de compilation des témoignages effectué par l'auteur. Celui-ci est en plus doublé d'un travail de réécriture très juste qui permet de fluidifier les récits. Ainsi, ceux-ci retranscrivent parfaitement la douleur et la difficulté pour les personnes interrogées à parler de cet événement et de ce qu'ils ont vécu, vu et fait pendant cette période. C'est un formidable travail de mémoire, nécessaire et indispensable, que Svetlana Alexievitch a effectué avec ce livre. Cette lecture m'a permis de me rendre compte que je connais bien peu de choses sur l'explosion de Tchernobyl et ses conséquences, qu'on en parle peu et que le sujet n'est que peu traité par d'autres auteurs (à ma connaissance en tout cas).

Tous les témoignages sont bouleversants mais chacun à leur manière avec pour certains une façon poétique d'évoquer ce moment charnière de leur vie. Car on sent bien que pour tous il y a un avant et un après Tchernobyl. J'ai même eu le sentiment qu'il perdait leur identité propre pour se fondre dans le groupe des “Tchernobyliens” comme certains les appellent.
En fil rouge tout au long de ces récits, on retrouve l'évocation de l'esprit slave et du régime communiste. La notion d'appartenance à un même peuple, à des valeurs communes et à une certaine manière de voir la vie et la destinée individuelle est très présente. J'ai été frappée par le fatalisme de bon nombre de ces personnes lorsqu'elles évoquent la catastrophe et ses conséquences dramatiques. Elles ne cherchent pas à savoir ce qui s'est réellement passé et qui peut être tenu pour responsable. Elles essaient de survivre comme elles peuvent en enfouissant au fond d'elles-mêmes les souvenirs qui s'y rapportent ou en les chérissant. Quoi qu'il soit on ne peut qu'essayer d'imaginer leur peine à défaut de réellement la comprendre et la partager.
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Mon Dieu, quel coup de poing !
Ecrit 10 ans après la catastrophe de Tchernobyl, ce livre rassemble quantité de témoignages, sans jamais aucun commentaire, regroupés par thématiques. Il s'ouvre et se referme sur des textes plus longs et plus marquants, qui expriment toute l'horreur et l'ampleur des conséquences de cet accident. Entre les scientifiques qui ont minimisé les dangers en s'adressant aux habitants mais en se mettant à l'abri, les habitants de la zone qui n'ont pas quitté leur maison ou qui y sont rentrés et les petits soldats courageux qui se sont esquinté la santé pour le "nettoyage", on retrouve aussi beaucoup de parents désemparés et d'amoureux désespérés.
Et on mesure la honte du régime soviétique.
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En exergue:
Nous sommes l'air, pas la terre
(Merab Mamardachvili)

Ecrire un commentaire sur ce livre qui parviendrait à retranscire les émotions éprouvées? Impossible.

Tchernobyl, on croit savoir beaucoup de choses, faits, noms, chiffres. Mais les sentiments de ceux qui étaient sur place?
C'est donc ce qu'a cherché à faire Svetlana Alexievitch. Donner la parole. Parole difficile car il s'est produit un évènement pour lequel il n'y avait ni système de représentation, ni analogies, ni expériences.
Donner la parole à des gens divers car:" Un évènement raconté par une seule personne est son destin. Raconté par plusieurs, il devient l'Histoire.
Ce livre de témoignages est leur histoire."

Son histoire aussi, dans un court chapitre intitulé " interview de l'auteur par elle-même sur l'histoire manquée" pour expliquer que Biélorusse elle-même, elle est aussi témoin .
Elle intervient aussi bien sûr dans la diversité des paroles reçues, dans la construction et les titres donnés à chaque témoignage .

Un prologue et un épilogue, deux voix solitaires, deux femmes, femme de pompier et femme de liquidateur, les deux témoignages les plus déchirants.

Quatre choeurs, le choeur des soldats,le choeur populaire, le choeur des femmes et le choeur des enfants, choeurs qui regroupent plusieurs voix.

Et puis une suite de monologues, dont je vais simplement énumérer certains titres qui disent déjà beaucoup de choses et dont la succession forme une sorte de litanie:
Monologues sur la nécessité du souvenir, sur ce dont on peut parler avec les vivants et les morts, sur une vie entière écrite sur une porte , monologue d'un village ( comment appeler les âmes du paradis pour pleurer et manger avec elles) , monologue sur la joie d'une poule qui trouve un ver, sur une chanson sans paroles, sur une peur très ancienne, sur l'homme qui n'est raffiné que dans le mal , mais simple et accessible dans les mots tout bêtes de l'amour, monologue sur de vieilles prophéties, à propos d'un paysage lunaire, sur un témoin qui avait mal aux dents et qui a vu Jésus tomber et gémir, sur la difficulté de vivre sans Tchekhov ni Tolstoï, sur ce que St François prêchait aux oiseaux,
Monologue sans titre(un cri,) monologue sur une chose totalement inconnue qui rampe et se glisse à l'intérieur de soi, sur la légèreté de devenir poussière, sur les symboles d'un grand pays, sur le fait que , dans la vie, des choses horribles se passent de façon paisible et naturelle, sur le fait qu'un Russe a toujours besoin de croire en quelque chose, sur la physique ( dont nous étions tous amoureux), sur ce qui est plus insondable que la Kolyma, Auschwitz et l'holocauste.
Monologue sur l'éternel et le maudit: que faire et qui est coupable, sur le pouvoir démesuré d'un homme sur un autre, etc..

Rien ne sert d'ajouter quelque chose à ce qu'ils disent, leur douleur, leur incompréhension, leur héroïsme,leur fatalisme, les mensonges et l'incurie du pouvoir, tout y est , il faut les lire.
Et puis quand même aussi le rôle qu'a joué l'explosion de la centrale dans l'explosion du système communiste :
"Nous disons toujours « nous » et pas « je »: nous allons leur montrer l'héroïsme soviétique, le caractère soviétique. au monde entier.. Nous apprenons à dire »je ».. Je ne veux pas mourir! J'ai peur! "

Encore une fois ce sont les témoignages, le vécu raconté ,l'hétérogénéité des points de vue , les réflexions diverses et même les contradictions , toutes ces voix qui se répondent, qui peuvent le mieux, à mon avis , lutter contre l'ignorance et l'oubli.

" Les mythes ne craignent qu'une seule chose: les voix humaines, vivantes. Les témoignages. Même les plus modestes."
Svetlana Alexievitch

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Une série de témoignages très forts des survivants de Tchernobyl et de tous ressort l'idée qu'ils se sont sentis abandonnés.
Aucune info ne devait passer les frontières, donc aucune info ne leur était donné, les communications étaient censurées, jusqu'à la bêtise même de ne surtout pas leur dire de prendre de l'iode (qui aurait protégé leur thyroïde) pour éviter la panique.
Ce n'était pas grave, ce n'était pas possible que cette centrale, fierté de l'Union Soviétique, symbole de la grandeur du pays, soit dangereuse.
Ils expriment leur peur, non pas sur l'instant car ce danger, ils le rappellent tous, était invisible et puisque les autorités ne disaient rien, tout allait bien! C'est après, et pour l'avenir qu'ils ont peur : peur car ils sont mis à l'écart, les lucioles qui risquent de contaminer les autres, car ils redoutent d'avoir des enfants, comment seront-ils? en bonne santé? Peur aussi car c'est la confiance qu'ils plaçaient dans leur gouvernement qui a été trahie : le système communiste, avec normalement le peuple comme priorité, a failli : aucune info, aucune protection, des cadres qui profitent de la situation ...
Bref, après la guerre en Afghanistan qui venait de s'achever, certains hommes sont repartis au front : les liquidateurs, chargés de nettoyer et sécuriser le réacteur après l'explosion. Des héros? Parfois oui, motivés par leur foi en leur gouvernement, parfois contraints, sous la menace de sanctions ... tous en tout cas bien loin d'imaginer à quel point leur vie en serait bouleversée.
Des témoignages vraiment essentiels dans un monde qui semble avoir oublié cette catastrophe.
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25 avril 1986. En Ukraine (alors Russie), se produit le plus grave incident nucléaire du XXe s. Les effets se feront sentir dans toute l'Europe. le vent pousse le nuage vers la Biélorussie. 10 ans plus tard l'écrivaine et journaliste Svetlana Alexivitch recueille les témoignages des survivants. "Ce livre ne parle pas de Tchernobyl mais du monde de Tchernobyl [.] je m'intéressais aux sensations, aux sentiments des individus qui ont touché à l'inconnu, au mystère."

Présenté comme une suite de monologues répartis en 3 chapitres / thèmes (La terre des morts / La couronne de la création / Admiration de la tristesse), c'est le récit du peuple biélorusse, chassé de sa terre de tradition par une catastrophe dont on ne leur dit rien. Un cri d'amour d'un peuple pour la terre de ses ancêtres. Des populations qui vivaient tranquille, loi de Moscou, oubliés des autorités. du jour au lendemain arrachés à leur maison, leurs souvenirs, leurs morts, leurs animaux de compagnie ou d'élevage, leur vie, sans explication. Un peuple en exil interne, rejeté de tous comme des pestiférés.

C'est aussi la parole de ceux qui sont devenus des héros malgré eux. Envoyés sur le site, sur la zone, pour nettoyer, liquider, ils rentreront auprès de leurs proches pour y mourir dans d'atroces souffrances plus ou moins rapidement.

Pour tous (ou presque) 10 ans après, alors qu'ils avaient interdiction de parler, il reste beaucoup de "pourquoi ?". Ne reste que la maladie, la mort, la torture d'une mémoire qui ne veut pas oublier, la frustration de ne par avoir la possibilité de parler, d'exprimer un questionnement. Svetlana Alexievitch leur donne la possibilité de dire, enfin. Elle n'intervient pas et construit avec cette suite de monologues une dramaturgie saisissante.

Deux sentiments dominent pour les témoins comme pour le lecteur : l'incompréhension et la colère. Les deux tournés contre un gouvernement qui a menti et cette nation qui a abandonné ses enfants. Un cri de colère. Un cri d'amour. qui nous laisse en proie à une émotion intense.

"Un complot de l'ignorance et du corporatisme. Nous vivons dans un pays de pouvoir pas d'êtres humains" résume l'ancien directeur de l'institut biélorusse de l'énergie nucléaire.

Un livre choc, bouleversant, nécessaire
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Sinistre matin du 26 avril 1986...
À 1 h 23, ce matin là, les techniciens de la centrale nucléaire, vont à la suite d'une fausse manoeuvre de sécurité, donner une célébrité mondiale à cette ville ukrainienne...Ils vont par la même occasion faire vaciller tous ceux qui prônent le développement de l'énergie nucléaire et donner un argument de poids à tous ceux qui au contraire en craignent les dangers.
Le réacteur numéro 4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl vient d'exploser !
Affolement général : on envoie immédiatement sur les restes du toit béant, des hommes armés de pauvres lances à incendie tenter pour éteindre ces flammes, des hommes marchant avec leurs bottes de pompiers ...Ils y restent quelques heures puis sont remplacés.
La fonction de "liquidateur" vient d'être créée. Ces hommes feront tous les métiers et prendront tous les risques pour tenter d'éteindre ces flammes, pour intervenir à proximité de la centrale...des fourmis sacrifiées par le pouvoir en place, par Moscou..."Le bordel russe habituel"
Drame écologique, drame technique, drame humain, dont on tait les chiffres. Combien de morts ? Top secret.
Les habitants à proximité de la centrale sont évacués, ils ont le temps de prendre une petite valise d'objets personnels, ils laissent sur place les animaux domestiques, adieu veaux, vaches, cochons, chevaux,chiens, chats. D'autres liquidateurs s'en chargeront, les liquideront.
Et même, comble du pire et de l'ignoble, certains seront vendus sur des marchés loin de la centrale, portant en eux leur radioactivité.
Certains chiens redeviendront sauvages.
Non, ce n'est pas un roman, mais une sinistre réalité faite de témoignages que Svetlana Alexievitch recueille, de confidences de veuves de liquidateurs morts en quelques heures dans d'horribles souffrances, jeunes mariées, ou mères de famille perdant un époux ou un fils si radioactifs qu'on leur interdit de le voir et de le serrer dans les bras une dernière fois, des témoignages tous plus dramatiques les uns que les autres, tous plus révoltants, démontrant si besoin était le peu de valeur d'une vie humaine face à de tels drames, témoignages démontrant également que l'Homme est bien démuni face à de telles catastrophes.
Héroïsme et abnégation de ces liquidateurs qui rappelle un peu celui de ces hommes, décrits par Vassili Grossman, combattant pour sauver la patrie face aux armées nazies
Alors on décide de tout cacher, d'enterrer les animaux morts, les affaires trouvées dans les logements...on enterre même la terre trop polluée...beaux cadeaux pour les générations futures. On cache la poussière sous le tapis !
Chacun garde en mémoire ces photos de barres d'immeubles abandonnés dont les parkings sont gagnés par la végétation, ces bagnoles rouillant sur leurs parkings, ces manèges enfantins à jamais au repos; ces écoles vides, et aussi ce sarcophage en béton coulé grâce à de hélicoptères survolant la centrale éventrée...Un sarcophage pour tenter de limiter la radioactivité....et présentant des fuites."Mais l'on procéda à son montage “à distance” : les dalles furent raccordées à l'aide de robots et d'hélicoptères, d'où des fentes. Aujourd'hui, selon certaines données, la surface totale des interstices et des fissures dépasse deux cents mètres carrés et des aérosols radioactifs continuent à s'en échapper..."
L'Homme n'a pas pu anticiper l'accident et toutes ses conséquences techniques ou humaines. Cette longue suite de témoignages terrifiants le démontre et fait froid dans le dos."Il n'y a pas de roman de science-fiction sur Tchernobyl. La réalité est encore plus fantastique!"
Une lecture indispensable et terrifiante.
"Avec une hache ou un arc, ou même avec un lance-grenades et des chambres à gaz, l'homme ne peut pas tuer tout le monde. Mais s'il a l'atome à sa disposition...."
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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