Entre la fable satirique du chameau, de la belette et de la baleine au moyen de laquelle Hamlet, pointant vers des nuages défilant au - dessus du château d'Elsinore ou tissés dans les tapisseries ornant la grande salle et décryptant leurs formes, teste la servilité du courtisan chez Polonius et la grande homélie de Prospéro sur l'insubstantialité du monde, à la fin de La Tempête, Shakespeare ouvre ici pour Antoine le livre du ciel vespéral, qui est aussi celui d'une sagesse païenne devant la mort.
C'est en 1603 que l'on trouve la dernière allusion à Shakespeare l'acteur; il figure dans la distribution de la tragédie Sejanus écrite par son ami Ben Jonson. La pièce ne remporta pas le succès espéré par Ben, et le ton des plaisanteries échangées à la Sirène dut refléter ce désappointement. Le vin de maître Johnson — le maître de céans, et non le poète dont le nom s'orthographiait indifféremment «Jonson» ou «Johnson» comme ci-dessus —, comme tous les vins, devait délier les langues jusqu'au moment où il embrumait les esprits, et celui à qui il restait le plus de clarté devait se lever, comme Octave au terme de la fête offerte aux triumvirs par Sextus Pompée sur sa galère.
Tout est bien qui finit bien.
Cette pièce, qui pose des problèmes de datation complexes et dans laquelle beaucoup ont voulu voir la pièce perdue Peines d'amour récompensées, titre sa source d'une novella de Boccace, Gillette de Narbonne, traduite en anglais par William Painter dans son Palais du plaisir. Dans ce que Shakespeare fait de l'histoire, Helena, fille d'un médecin réputé, trouve refuge, à la mort de celui-ci, chez la comtesse douairière de Roussillon et tombe bientôt amoureuse de son fils Bertram. La comtesse, qui a noué des liens d'amitié avec Helena, encourage ce sentiment mais le jeune homme, plein de morgue, demeure distant.
On a longtemps voulu chercher dans la vie personnelle de William Shakespeare ou dans les vicissitudes de la fin du règne d'Élizabeth les raisons de cet assombrissement. Ce que nous savons de l'existence de Shakespeare nous fournit bien peu d'éléments pour soutenir cette thèse. Certes, la mort de son fils Hamnet pendant l'été 1596, puis la disposition de son père John en septembre 1601 sont des événements dont on sait assez qu'ils ébranlent généralement l'âme de façon profonde et durable et nous avons vu dans La Nuit des rois la cicatrice laissée par le premier deuil.
Un livre très intéressant parce qu'il y a beaucoup de détails et d'anecdotes! On n'a l'impression que l'auteur nous raconte la vie et le milieu où a vécu Shakespeare oralement! Très bon livre comme la plupart des livres des éditions Fayard!