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EAN : 9782845900714
106 pages
Arfuyen (02/06/2005)
3.5/5   3 notes
Résumé :

On dit: demain. On dit: il fait froid. La bouche parle, les mots se perdent. L'arbre et la clôture se confondent, les choses se rapprochent, se serrent dans une attente qui n'attend rien. Il n'y a plus de place. On se tait. Jacques Ancet

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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
La cloche qui sonne. Ici. Ailleurs. Le chat derrière le grillage. Le râteau. Je tends la main. Elle se perd. Comment la retrouver ? Mouches et oiseaux ponctuent l’instant. Le jour me regarde tant que j’en perds mon regard. Ce que je dis, je ne le comprends pas. Mais ce que je ne comprends pas me dit. Ce qu’on appelle dire. Je me tais, je parle. Ou l’inverse. Je suis perdu même quand je me trouve. La vie n’est pas son nom. J’essaye de lui en donner un pour qu’elle puisse se reconnaître. Sans se voir. Elle serait là. Je serais là. Nous nous regarderions. Sans nous voir puisque de l’une à l’autre, plus de distance. Des nuages, une ombre sur le mur. Brun rouge, un insecte me court sur la main. L’infini travail des cellules, le vertige de l’électron. Les mots sont toujours en avance –– ou en retard. Jamais à l’heure.
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Le vent revient. La lumière tremble, les ombres. Il me semble que quelque chose passe, mais quoi ? Je ferme les yeux, je les ouvre. Tout est mortel. Et pourquoi cet amour si violent de ce qui passe ? Dans le vertige des branches, la montagne s'avance. Je perds ce que je vois - je me perds. La main hésite. Ce qu'elle trace est illisible. La bouche voudrait jouer : ba bi bo bu comme alors - mais elle a oublié. Je dis adieu. Pour dire dire quelque chose. La lumière tremble, le vent revient toujours.
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Au même instant – n’importe où – , ce qui se
déchire. Sous le ronflement du tracteur
poussière et hurlements. Au bord du toit, le
trille du pinson. L’arrosoir près de la porte.
Tout ce qui rassure. L’ombre passe derrière la
vitre, le visage s’arrête. Dans la sandale, le pied
remue. Le soleil est une porte entr’ouverte.
Celui qui va parler ne parle pas. Seule sa main
bouge. Et ses cheveux, avec le vent. J’écoute.
Je n’entends rien et j’entends tout : la porte
qui grince, le chat, la mobylette, les mouches
le cœur posé sur la main, l’avion, la montagne
qui vibre et le silence par dessous. Fourmis et
pucerons rivalisent dans l’infime. Je suis
perdu en plein milieu du jour.
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Le cri de la corneille, je ne le comprends pas
non plus. Mais je l’écoute longtemps, insistant,
intermittent. Soudain il est plus fort, terrible
même, un croassement qui se rapproche.
Est-ce pour que je n’oublie pas, tout près,
le noir dans la lumière, ou que j’entende
le silence et sa rumeur vivante. Que je
m’enfonce mieux dans l’instant de chaleur et
de mouches ? Demain, hier n’ont plus de sens
face au chat immobile. La corneille crie
toujours, comme s’il ne l’entendait pas. Seule
frémit la point de ses oreilles. Couché dans
l’ombre, il est l’image du présent. Il vibre. Il vibre
entre deux éclats : on y est, on n’y est pas. On
y entre, on est perdu.
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Au matin, pourtant, tout ressemblerait au
bonheur. Si on savait ce qu’est le bonheur. La
lumière et la chaleur pourraient en donner
une idée sans cette sorte d’ombre qui glisse
entre objet et regard. C’est peut-être pour ça
qu’on est perdu. Parce qu’on ne coïncide pas.
Ou si peu. Et c’est ce peu qu’on cherche.
Entre deux gestes, deux mots, au milieu de
la foule, dans une pièce vide. Faute de
mieux, on dit : c’est un souffle, c’est de l’air.
Comme celui, léger, qui entre par la fenêtre
entr’ouverte. L’embrasure, oui mais sans la
beauté du mot. Alors on guette. Ça ne viendra
pas, mais on guette.
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Vidéo de Jacques Ancet
POÉSIE HISPANIQUE – l’Espagne contemporaine : de l'Ultraísmo à Sanchez Ortiz (France Culture, 1982) Une compilation des émissions « Albatros », par Gérard de Cortanze, diffusées les 3, 10, 17, 24 et 31 janvier 1984 sur France Culture. Invités : Jacques Ancet, Saül Yurkievich, Claude Miniere et Severo Sarduy. Poètes évoqués : José Angel Valente, Pere Gimferrer, Andres Sanchez Robayna, Julian Rios et Emilio Sanchez Ortiz.
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