Il nous manque aujourd'hui un George Grosz, quelqu'un capable de reprendre son entreprise visuelle de dévoilement de la laideur viscérale de la bourgeoisie et de ses sbires, cachés derrière leur démocratie de pure façade. Quelqu'un en mesure d'aller la débusquer, derrière ses sourires faux et son déguisement de bon aloi, pour montrer toute la médiocrité et l'ignominie résidant dans la persistance de son calcul égoïste. Dans ce petit ouvrage, Günther Anders démontre fort bien la terrible colère qui fut celle de George Grosz devant la réalité sociale de son temps; cette colère qui ne cessa d'alimenter l'acuité du regard qu'il portait sur un monde qui se dirigeait tout droit vers le nazisme. Outrancier Grosz? Mais où se révéla donc être l'outrance en finalité. Est-ce l'artiste, le dessinateur, qui "exagérait". Force est pourtant de constater que l'oubli où est tombé aujourd'hui un George Grosz tient en grande part à cette malédiction poursuivant ceux qui ont eu raison trop tôt mais aussi ceux qui désignant un mal en sont, par retournement, rendus responsables.
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Il n'est pas d’œuvres dans l'histoire de l'art - et ni Bosch ni Goya eux-mêmes ne font ici exception - qui ne soient plus éloignées de la fonction décorative de l’œuvre d'art que celles de Grosz. Ce sont des "anti-images". Leur ambition n'est pas de dériver dans la grisaille du quotidien, telle des îles bienheureuse de la "belle apparence", mais, à l'inverse, d'en perturber la splendeur fictive ou l'indolence, à la manière de vérités insulaires (abominables du reste).
C'est à la philosophe Corine Pelluchon que nous consacrons notre épisode 5 de la série Filature : sa relation avec le mot “amour”, son engagement pour la cause animale, son approche de la philosophie entre science et art. La meilleure façon de terminer un livre ? Il n'y en a pas, on le sent.
Spécialiste de philosophie politique et d'éthique, Corine Pelluchon est aujourd'hui professeure à l'université Paris-Est-Marne-la-Vallée (rebaptisée université G. Eiffel à partir de janvier 2020). Elle a commencé par une thèse soutenue en 2003 sur Leo Strauss et sa critique des Lumières, puis, dès le milieu des années 2000, elle s'est intéressée aux défis anthropologiques et politiques que soulèvent les techniques médicales, les biotechnologies, et la prise en compte de la finitude de la planète et des intérêts des animaux. Parmi ses ouvrages les plus récents, on retrouve Pour comprendre Emmanuel Levinas. Un philosophe pour notre temps, janvier 2020 ; Réparons le monde. Humains animaux, nature, mars 2020, Rivages/Poche.
C. Pelluchon a reçu en 2020 le prix de la pensée critique Günther Anders pour l'ensemble de ses travaux.
Corine Pelluchon était l'invitée de la Fête du Livre de Bron 2023 pour “Grandeur nature” un dialogue avec l'écrivain et directeur de la rédaction de Philosophie Magazine Alexandre Lacroix.
Chaque semaine, retrouvez un invité dans un format court de 4 minutes et écoutez un peu de leur univers littéraire et personnel. À découvrir sur le Média et les réseaux sociaux de la FdLB.
© Collectif Risette/Paul Bourdrel/Fête du Livre de Bron 2023
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