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EAN : 9782844850256
168 pages
Allia (31/01/2000)
4.29/5   7 notes
Résumé :
“Que quelqu’un entreprenne de dire aujourd’hui ce que n’a pas été sa vie est devenu quasiment impossible, non certes à cause de la nouveauté du sujet, mais parce que ceux qui auraient le plus à dire ont perdu leur conscience en même temps que leur vie, et que ceux qui ont su en dire quelque chose n’avaient pas entièrement perdu leur vie.”

La Vie innommable, dont le titre doit être compris au triple sens du terme, figuré, littéral et symbolique, génér... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Alexithymie : pas-de-mot-pour-la-souffrance.
Dans La vie innommable, le médecin et essayiste Michel Bounan diagnostiquait et décrivait ce trouble moderne de l'expression qui se manifeste par l'incapacité à nommer adéquatement son malheur.

Conditions d'apparition de l'alexithymie : isolement socioculturel, univers concentrationnaire.
Extraits :
« Les psychiatres ont reconnu vite que derrière les altérations du langage, malformation des mots, confusion syntaxique ou sémantique, s'inscrivaient de véritables perturbations de la conscience : si, depuis vingt ans, de plus en plus d'enfants bafouillent, s'ils ne reconnaissent plus la langue de leurs parents, c'est d'abord qu'ils ne reconnaissent plus leurs parents eux-mêmes (on a remarqué qu'ils sont davantage à l'aise dans leurs rapports avec les ordinateurs…) ».

De même, le « syndrome d'hyperactivité » qui caractérise de nombreux enfants est « une fuite devant leurs émotions », un « refus de fixer leur attention », qui rend « impossible un apprentissage réel ».

« Jamais les mots ne se sont usés si vite (…). Et surtout, comment dire son angoisse, sa souffrance, ses désirs ? On s'y refuse. On triche avec des signes sans qualité, extra, nul, super, zéro, génial (…). Au contraire, le langage de l'alexithymique est plus abondant, et même riche, mais exclusivement pragmatique et impersonnel. Et notre époque, devenue alexithymique, sans conscience et sans langage pour sa souffrance, est aussi très bavarde. Son discours incessant, et qui prétend à l'objectivité, s'exprime à travers les médias actuels ».

« le désespoir est devenu incapable de nommer son objet ».

Selon Michel Bounan, l'effondrement de l'expression adéquate s'accompagne d'un effondrement des défenses immunitaires , et anticipe «l'imminent désastre écologique et épidémique». C'était en 1993.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Ceux qui souffrent de leur étrangeté dans un monde qui ne peut se réformer qu'en se renforçant doivent donc admettre que la cause de leur souffrance est en eux, comme une tare qui les rend inaptes au bonheur.
C'est cette "conscience contre soi" qui pousse tant de gens au suicide, à la drogue, au désir de dormir. C'est elle encore qui permet que se maintiennent les conditions d'organisation actuelle.
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La conscience de ces gens, devenue sourde à leur propre souffrance, n'est pourtant pas muette. Les mêmes médecins ont ainsi découvert - toujours chez leurs malades - " une forme de pensée utilitaire, une tendance à diriger exclusivement leur réflexion vers le monde extérieur" et même " à utiliser sans cesse leur activité pour ne laisser aucune place à leur propre envahissement émotionnel, ressenti, à juste titre, comme menaçant ". Toute leur conduite est élaborée " de façon à éviter d'être blessé, ou seulement effleuré ". Ces malheureux, socialement très actifs, sont, en réalité, des plaies à vif.
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En 1973, P.E. Sifneos a décrit, pour la première fois, une extraordinaire folie, qu'il a nommé alexithimie ( a-lexi-thymie : pas de mot pour la souffrance ).
Il s'agit d'une perturbation de la conscience entraînant "une impossibilité de saisir ses propres émotions, de les différencier, de les nommer ".
Ce sont littéralement des souffrances sans nom.
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Mais on rappelle aussi, à mots couverts, la disparition de toute communication réelle dans nos sociétés modernes, et ces juxtapositions de solitudes qu'on appelle pudiquement "le relâchement du tissu social".
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