L'oreille contre les murs

Vous savez, l’ayant expérimenté, si tant est vrai que toute vérité découle nécessairement d’une expérience, que l’ouverture se déclenche automatiquement lorsqu’un corps opaque empêche un faisceau de pénétrer l’œil magique en son centre.
Vous avez fait, sans résultat, deux ou trois va-et-vient, ballet ridicule, devant l’œil mort. Vous êtes sûr d’avoir coupé à chaque fois ce fil d’or fondu. Pitoyable pantin que vous êtes ! Dieu merci, M. Mute n’est pas là pour apprécier votre lamentable exhibition ! Las, vous vous rendez à l’évidence : le dispositif est en panne, peut-être même refuse-t-il de fonctionner pour vous.
Vous vous sentez alors totalement impuissant, nié par les choses, dans une situation grotesque et comique, digne d’Ali-baba ayant oublié le sésame.

Les fantômes, pour la plupart d’entre eux, sont inoffensifs et irrémédiablement insipides, leurs pérégrinations se bornant à de sempiternels attendrissements sur leurs blessures et leurs morts. Presque tous consomment leur énergie à se construire un passé illusoire façonné de regrets rétrospectifs. Morts à la vie, ils se croient de ce fait devenus indispensables à « ceux qui ne sont nés qu’une fois » et s’imaginent que leurs parents passent toute leur existence à les regretter, à les appeler, à les supplier

La science dont on nous a assommés est inepte. Tout juste bonne pour les notaires et les épiciers. Mes trente et un rats n’en font qu’un, sachez-le. Un énorme, bien sûr. Ce n’est pas sans mal que le loup lui a croqué l’échine.

C’est étonnant comme on oublie vite l’âge dont on est accablé. La jeunesse est un de ces biens dont les jeunes mésusent, je ne vous l’apprends pas. J’ai fait de la musique le plus mauvais usage qui soit.

Ce n’est pas tant Mozart que je ne supporte pas que tout ce que l’on a raconté sur lui. Toute cette littérature ! Infect ! On est pourri par la littérature, voilà. Il faut avoir le courage de le dire. À tel point qu’il ne m’est pas possible de dire ce que je pense de Mozart, ou plutôt du Mozart de ceux qui en parlent, et qui en vivent, – à Salzbourg, pensez donc ! – sans passer presque pour sacrilège.